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EAN : 9782877067775
542 pages
Editions de Fallois (12/10/2011)
4.09/5   29 notes
Résumé :
A vingt-deux ans, il passait pour l'égal de César et d'Alexandre. De 1643 à 1648, durant la guerre franco-espagnole, il accumula les exploits et devint l'idole de la jeune noblesse d'épée. Il avait tout, naissance et fortune. Il ne lui manquait que d'être roi.

Se croyant tout permis, il rejetait obstacles et interdits et cultivait le scandale. L'action politique, où il s'engagea imprudemment, fut son talon d'Achille. Il soutint d'abord Anne d'Autriche... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Nous sommes en 1643 à Paris et, que ce soit dans les rues de la cité, dans les loges des théâtres ou dans les couloirs du palais royal, un seul nom court sur toutes les lèvres : celui de Louis II de Condé, le prince d'Enghien. Qui s'en étonnera ? du haut de ses vingt-deux ans, celui-ci vient de remporter une des plus grandes victoires de la Guerre de Trente Ans en bottant le train aux armées espagnoles lors de l'éblouissante bataille de Rocroi, prenant ainsi sa place de plein droit auprès des plus grands généraux de son époque. Aucune élégie, aucune hymne, aucun poème ne semble assez flatteur pour célébrer une si éclatante réussite, un si incroyable talent ! Mais chaque victoire se solde toujours par sa contrepartie et, pour prix de la sienne, le jeune prince se voit condamné à incarner totalement le héros qu'il est devenu aux yeux de la nation française.

A charge pour lui de renouveler son exploit encore et encore, de faire mieux, toujours mieux, encore plus grand, toujours plus grand… Et parce que Louis de Condé a réellement du génie, le voici enchainant victoire sur victoire, triomphe sur triomphe dans une envolée vertigineuse vers les hauteurs de la gloire et de la célébrité. Trop vertigineuse peut-être car qui pourrait attendre d'un jeune homme d'à peine vingt ans qu'il conserve la tête froide face à une telle avalanche de louanges et de lauriers ? Et celle de Condé s'échauffe, elle brûle, elle boue comme l'eau d'une marmite. Malheur à celui qui osera s'opposer aux ambitions et à la quête effrénée de l'exploit du nouvel Alexandre ! Fut-il lui-même prince de sang, premier ministre ou même roi de France…

Louis II de Condé, « le Grand Condé », voici un nom qui flattera agréablement l'oreille de tout amateur d'histoire guerrière par son héroïque consonance. Pourtant peu de personnages ont laissé et laisseront dans l'Histoire de France des échos aussi ambigus que ceux du prince de Condé, brillant stratège militaire assurément mais aussi rebelle impénitent et même traitre à sa nation puisque, si celui-ci commença la Guerre de Trente Ans dans le camp français, il la termina hélas… au service du roi d'Espagne ! C'est un petit péché de l'histoire militaire que de souvent présenter les choses en noir et blanc, et nombreux ont été les historiens qui ont peiné à concilier ces deux images, celle du grand héros et celle du grand traitre, sacrifiant bien trop souvent la seconde à la première. C'est donc tout à l'honneur de Simone Bertière – historienne spécialiste du XVIIe siècle à laquelle on doit déjà plusieurs passionnantes biographies, dont celle du cardinal Mazarin et du cardinal de Retz – que d'essayer dans son nouvel ouvrage, « Condé, le héros fourvoyé », de donner une image plus nuancée de cet énigmatique, irritant, mais pourtant si fascinant personnage.

Essai transformé ! Solidement documentée, écrite dans un style toujours aussi délicieusement fluide et reposant sur une analyse profonde et subtile des moeurs de l'époque, cette biographie est un modèle du genre. Bertière s'y révèle aussi bonne conteuse que psychologue et son ouvrage se lit avec autant de plaisir et d'enthousiasme qu'un trépidant roman de cape et d'épée. Dieu sait pourtant que je n'avais guère d'inclination pour « le Grand Condé » à la base (que voulez-vous ? Moi, les courageux guerriers prêts à sacrifier la paix d'une nation entière à leur propre gloire me donnent des boutons…), mais la dame a su éveiller et fouetter mon intérêt jusqu'aux dernières lignes de son livre et cela malgré une envie répétée de bourrer de coups de pied les fesses à ce grand enquiquineur de Condé. C'est qu'elle est presque parvenue à me le rendre sympathique, l'agaçant lascar ! Encore une fois, un excellent ouvrage de vulgarisation à conseiller à tous ceux qui souhaiteraient approfondir un peu leurs connaissances sur cette tumultueuse période, doublé d'une très pertinente étude sur le statut de héros dans notre société comme dans celle du « Grand Siècle ».

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Avec cette biographie du "Grand Condé", Simone Bertière met une fois de plus son talent de conteuse et son érudition historique sans faille au service du lecteur qui dévorera ce pavé de presque cinq cent pages comme un roman de cape et d'épée à la sauce Dumas.
La matière est riche car le personnage tant par son caractère hautain et colérique, que par ses qualités militaires incontestables et sa vie privée houleuse, tient du personnage de roman.
Fils couvé d'un père qui cherche à en faire un érudit, marié contre son gré à une femme qu'il déteste, le jeune homme ne rêve que plaies et bosses et s'illustrera à 22 ans en capitaine victorieux à la bataille de Rocroi, sauvant la France du péril espagnol.
Après avoir combattu efficacement la fronde parlementaire, voici qu'il prend la tête de la révolte des nobles contre la Régente et le cardinal Mazarin, secondé par sa brillante soeur, la Duchesse de Longueville.
Il ne parvient pas à obtenir ce qu'il souhaite ? Qu'importe... Il passe à l'ennemi après avoir déclenché une guerre civile et fait bénéficier l'espagnol de son génie militaire, retardant ainsi la conclusion de la paix.
Et ensuite ? Et bien comme il est prince du sang, le pardon s'impose et le voilà revenu en grâce (ou presque), sous l'oeil vigilant de son Roi qui le surveille de près mais qui le remet en possession de ses domaines et lui restitue les prérogatives perdues pour le faire combattre à nouveau dans le bon camp, ce qu'il ne manque pas d'ailleurs de faire avec talent.
Ensuite le voici Prince en son domaine de Chantilly où il entretient sa cour personnelle et vivra une vieillesse (presque) apaisée, se consacrant aux sciences et aux lettres, chassant dans son magnifique parc et réunissant près de lui les esprits anticonformistes qui suscitent son vif intérêt.
Quel personnage fascinant cet homme que Simone Bertière parvient à camper d'une manière extrêmement vivante. Sous sa plume, la stratégie guerrière parait limpide, les complots de cour passionnants, la vie quotidienne au grand siècle familière.
Pour moi qui fréquente régulièrement le délicieux château de Chantilly et qui habite une rue portant le nom du Prince, cette lecture s'imposait et ce fut un moment de plaisir absolu qui m'a en plus permis de compléter mes connaissances historiques sur le Grand Siècle.
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Une excellente biographie, que je vais commencer par recommander à tout le monde, là au début de la critique, là où ça aura le plus de chance d'être aperçu.
Le style est impeccable, parfait mélange d'érudition,d'anecdotes, d'analyses, le tout dans une prose fluide qui fait parfois défaut aux oeuvres d'historien.
Ce que j'ai le plus apprécié c'est le réel effort que fait Simone Bertière pour toujours replacer les choses dans leur contexte. Telle ou telle réaction, qui peut nous sembler, nous lecteurs du 21ème, totalement incompréhensible ou orgueilleuse, dans le cas de Condé il y en a un paquet dans cette catégorie là, trouve en effet souvent racines dans les habitudes de l'époque et cette oeuvre explique merveilleusement l'époque, les habitudes, les traditions de la cour.
Condé a toujours eu une image un peu étrange, géniallisme général français passé à l'ennemi puis revenu dans le giron de son pays natal, et ici, l'auteur ne cherche ni à diaboliser, ni à dédouaner, ce qui en fait une lecture bien plus intéressantes que les biographies à charge ou à décharge qu'on trouve souvent sur les figures historiques complexes.
Je continue à penser que Condé est un superbe exemple des travers où peut jeter l'orgueil , avec cette particularité que sa naissance pouvait carrément l'amener à déclencher ou aider à déclencher des guerres civiles, ce qui n'est heureusement pas donné à tous les orgueilleux, mais je dois dire que cet excellent ouvrage m'a tout de même un peu réconcilié avec le personnage, en plus d'avoir été une délicieuse plongée dans son temps.
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"Je viens de perdre le plus grand homme de mon royaume", déclara Louis XIV à sa mort. Et pourtant, il lui en avait fait voir, au royaume, le grand homme. Rebelle longtemps impénitent, il incarna le dernier grand sursaut de la noblesse d'épée face à la toute-puissance croissante de l'Etat centralisé, déclencha contre Mazarin une guerre civile dévastatrice, passa à l'ennemi espagnol pour ne pas avoir à se soumettre... et plia, enfin, sur le tard, vaincu par les rouages d'une diplomatie à laquelle il restait fondamentalement étranger, et par la nécessité d'assurer à son fils un avenir plus stable que son présent.
Vaincu, mais pas brisé, et ce fut peut-être sa plus grande victoire : celle qu'il gagna sur lui-même, sur son orgueil démesuré et sa violence, pour retrouver une place, une place unique, incomparable mais pleinement acceptée par le pouvoir, dans un monde où le modèle qu'il avait longtemps incarné se trouvait à jamais périmé.
S'il en fut capable, c'est que le chef militaire génial capable de renverser les situations les plus désespérées, le guerrier impétueux menant l'assaut sans se soucier du danger, le héros d'épopée que retint surtout l'histoire, était aussi homme d'esprit et de culture - une intelligence vaste et curieuse, aveuglée un temps par sa propre arrogance mais capable, elle aussi, de tous les exploits.
Rongé par la goutte, retiré des champs de bataille dans son château de Chantilly, il sut se ménager une fin aussi belle que ses débuts, protecteur des sciences et des Lettres, de tous les esprits libres capables de défier les pesanteurs des traditions, les vieilles superstitions et l'opiniâtreté des bigots.

Plus admirable qu'attachant, odieux souvent, furieusement sympathique malgré tout, intéressé et prodigue, intellectuel et instinctif, libertin et austère, le Grand Condé est homme de toutes les contradictions apparentes, prouvant que les héros, moins que quiconque, savent entrer dans les moules trop confortables offerts aux caractères.

Tel est le portrait, de bout en bout passionnant, que dresse Simone Bertière dans cette belle biographie, où la richesse de la documentation s'allie à la finesse de l'analyse.
Question de caractère, qui n'ôte rien à l'objectivité de l'historienne, on sent bien que l'auteur est tout de même plus du côté de Mazarin - le diplomate, l'homme habile travaillant à la paix et à la stabilité de l'Etat -, plutôt que de celui de ce chien fou boucsulant allégrément les quilles du jeu politique, et forçant ses propres intérêts au mépris du bien des peuples et du royaume. Elle peine du coup quelque peu à en rendre, autrement qu'intellectuellement, toute la puissance de fascination, et perd un peu en ampleur ce qu'elle gagne en rectitude.
Pas réellement un défaut pour ce type d'ouvrage qui, les faits en tête, me donne toutefois une sacrée envie d'aller me replonger dans Dumas !

(Lu dans le cadre du challenge ABC 2014 - 2015)
Lien : http://ys-melmoth.livejourna..
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Une excellente biographie du Grand Condé, personnage aux capacités et au destin exceptionnels.
On retrouve toute la finesse d'analyse et la précision de Simone Bertière dans cet ouvrage.
Son style est toujours impeccable, même si j'ai trouvé que ce livre manquait un peu de souffle ce qui est paradoxal vu le personnage qu'il décrit.
Une mention spéciale pour le titre finement ciselé: "le héros fourvoyé", tout est dit!
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critiques presse (1)
Lexpress
08 novembre 2011
Simone Bertière excelle dans cet exercice qui consiste à éclairer une époque par le destin d'une de ses grandes figures
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
S'il fallait le caractériser d'un mot, nulle hésitation possible : il fut l'un des plus grands capitaines de guerre que le monde ait connus. Mais sa carrière présente une particularité rarissime. Elle débute très tôt et très haut, et elle se déroule, si l'on peut dire, à rebours. Elle commence par la fin. À peine sorti d'une jeunesse sévèrement encadrée par un père autoritaire, six années de campagnes victorieuses le hissent au niveau de César ou d'Alexandre. À vingt-deux ans, il entre de plain-pied, sans préavis, dans la légende. Il n'en sortira jamais. Par définition, les héros de ce genre n'ont d'autre issue que la mort. Une mort rapide, si possible. Car le temps ne peut leur apporter que dégénérescence. Or la mort, qui fut sa compagne quotidienne, n'a pas voulu de lui. Bien qu'il prît des risques énormes, il est sorti de tous les combats indemne et cette invulnérabilité a renforcé son aura. Il fait figure de surhomme, soustrait à l'humaine condition. Comment le rester au cours d'une vie qui se prolonge ? La plus rude épreuve infligée à Condé par le destin fut de survivre trente-huit ans aux six années glorieuses qui l'avaient porté au pinacle.
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L'historien est stupéfait, après coup,d'un pareil aveuglement. Comment Condé a-t-il pu sous-estimer Mazarin à ce point, comment n'a-t-il rien soupçonné de ses véritables desseins? A vrai dire, il fut loin d'être le seul. Les préjugés et le mépris de classe se sont ajoutés chez les grands à la xénophobie ambiante pour dénier tout courage et toute hauteur de vues à celui qu'on prend pour un aventurier en quête de fortune. Il faut dire à leur décharge que Mazarin, dans les premières années de la régence, a lui-même joué de cette image pour se protéger. Il affectait la modestie et l'ignorance. Il se défaussait sur sa mauvaise maîtrise du français pour excuser certaines paroles un peu vives. Feignant de ne rien connaître à nos lois et coutumes, il en profitait pour les enfreindre. Lorsqu'il n'était pas le plus fort, il n'hésitait pas à reculer, avalant les insultes sans réagir, impassible. Et nul, parmi ces grands seigneurs irascibles si prompts à dégainer, ne soupçonnait qu'une telle maîtrise de soi exigeait une force supérieure. On ne se méfiait pas de lui, donc il survivait. Et il gouvernait.
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Il n'est pas possible de se soustraire à l'humaine condition et de défier la mort sans que s'inhibent la raison et le sentiment. Il n'est pas d'héroïsme sans folie.
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