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EAN : 9782253908623
144 pages
Le Livre de Poche (03/04/2024)
3.11/5   270 notes
Résumé :
« Longtemps j'ai cru que la vie était une fête ; passé la cinquantaine, la vie est un interminable lendemain de cuite. J'ai toujours voulu être transgressif sans savoir que j'étais conformiste. Aujourd'hui, je me sens mieux dans un monastère augustinien qu'au bordel, et les militaires m'amusent plus que les fashionistas.
Mais se confesser dans un livre ne garantit aucune absolution ; passez votre chemin si vous cherchez dans ce livre autre chose qu'un homme q... >Voir plus
Que lire après Confessions d'un hétérosexuel légèrement dépasséVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (57) Voir plus Ajouter une critique
3,11

sur 270 notes
Lamentations d'un vieux beauf complètement à la masse

Oui j'ai lu ce livre. Non c'est pas une blague.
J'étais vraiment curieuse de lire par moi-même ce dégueulis de ouin-ouin.
Déjà, titre du premier chapitre : « Moi aussi, je suis une victime ». Ça donne le ton 🙃 Suit une intro à base de regardez, j'ai une fille, je ne peux pas être misogyne. En plus ma maison est pleine d'enfants, je ne peux pas être un violeur. Et puis à cause de tous ces traumatismes qu'on me cause je suis diabétique et je peux plus manger de sucre. Que tout le monde arrête d'être troméchant avec moi svp, je suis votre ami 🥹 Bref, le premier chapitre n'est qu'une longue tentative de justification d'un pauvre gars qui se victimise beaucoup mais qui a plutôt l'air de se sentir coupable d'il ne sait trop quoi. Mais tout ça c'est bien sûr la faute aux féministes, aux wokistes, aux communistes modernes et même aux gens de la radio… bref, du monde entier sauf lui (et ses potes cis hétéro blancs riches, sûrement).
Second chapitre, ode à la coke avec option étalage de tout son palmarès de jet-setteur camé. Enfin, c'est censé être un avertissement doublé de mea culpa avec glaçage regardez-comme-j'ai-tout-vu-tout-vécu mais bon, passons. Bon ok, je dois bien admettre qu'il livre dans ce chapitre deux ou trois réflexions assez intéressantes, mais il finit toujours par retomber dans son pathos ouin-ouin et c'est vraiment fatigant.
Vient ensuite un chapitre sur ses diverses retraites catholiques. En toute honnêteté, il n'est pas non plus dénué d'intérêt, mais cette fixette qu'il fait sur son zizi et sur son statut d'hétérosexuel éternellement victime du reste de l'humanité gâche vraiment tout son propos. Au final ça tourne toujours en branlette égocentrique dégoulinante de condescendance omnisciente. de même pour le chapitre suivant, traitant des armées et de la colonialisation, dont je n'ai pas vraiment compris ce qu'il venait foutre là, à part étaler encore un peu sa culture et sa science infuse. Plutôt que des confessions, ce livre est vraiment un ramassis d'auto-congratulation et de regardez-moi-comme-je-suis-humble-et-intelligent saupoudré de beaucoup de sarcasme larmoyant.
Et on termine en apothéose ultime avec ce merveilleux chapitre intitulé « le désir effrayant », dans lequel le monsieur nous explique qu'on peu s'estimer heureuses, nous les femmes si ingrates envers nos sauveurs les hommes hétérosexuels, que la loi et la prison existent : sans ça, les agressions sexuelles seraient infiniment plus nombreuses. Mais il faut remettre les choses en contexte : tout ça, c'est seulement la faute de la génétique et de la biologie ! 🤷‍♀️ Absolument pas du patriarcat et de la culture du vi0l bien sûr.
On y trouve également une apologie de la pornographie et de l'institution du mariage qui ne sont certainement pas des outils du patriarcat mais bien ce qui sauve, encore une fois, les méchantes femmes tentatrices du désir irrépressible des pauvres hommes hétérosexuels, dramatiques victimes de leur condition non choisie.

Il se fait porte-parole des hétérosexuels mais je crois que beaucoup d'hétérosexuels s'en sentiront insultés. Tout ce qui est représenté ici, c'est la classe des vieux porcs vexés et frustrés de ne plus pouvoir tremper leur biscotte comme bon leur semble, consentement ou pas.
Le meilleur moyen de devenir effectivement hétérophobe ? Lire ce livre. Heureusement, il mesure seulement cent pages et c'est bien sa seule qualité.

Ne faites pas comme moi, ne lisez pas ce livre svp et surtout n'allez pas donner d'argent à ce genre de caca. C'est une honte qu'une maison d'édition gaspille de l'énergie et du papier pour ça.
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« J'aime mieux être homme à paradoxes qu'homme à préjugés »
Célèbre confession, non pas d'un homme de pub à la formule bien perchée mais de Rousseau, philosophe ou douanier, mais ce n'est pas de sa faute. Nota bene, je parle de feu Jean-Jacques, pas de glaçon Sandrine, qui elle n'aime que les hommes déconstruits et qui n'aime pas trop Frédéric Beigbeder, ni Jean-Jacques d'ailleurs.
La barbe a blanchi, les idées aussi selon ses détracteurs, et Fredo Calimero passe aux aveux mais il s'accorde quand même beaucoup de circonstances atténuantes et charge une époque qui le laisse en rade avec ses couilles qui pendouillent. Il a la culpabilité douillette.
Le personnage public m'agace et ne m'intéresse pas mais je partage souvent ses goûts littéraires irrévérencieux et à défaut de tomber en pamoison devant son style, j'aime son sens de la formule et la fluidité de ses pages. Et puis, je souscris pleinement à sa lutte contre une littérature aseptisée à la sauce woke et aux bons sentiments.
Il nous raconte son histoire (et se la raconte beaucoup) de has been de la reniflette, sa retraite à l'abbaye Sainte Marie de Lagrasse et son stage au 21 ème régiment d'infanterie de Marine. Il se cherche ainsi peut-être un Dieu pour se faire pardonner (l y a du boulot) et un moyen de soigner sa maladie du nombril : le narcissisme.
Le récit démarre par le taguage de sa maison à Guethary suite à des prises de position contre la pénalisation des clients des prostituées. La tolérance, il n'y a plus de maison pour cela. de la tolérance, il n'y en a plus beaucoup pour le provocateur qu'il est. On a quand même du mal à le plaindre quand on connait le prix du mètre carré à Guéthary et les tous petits soucis qui l'affligent mais son petit acte de résistance ironique contre les outrances du féminisme radical et son portrait-robot de présumé coupable pas très repentant visent juste.
Catho + Hetero + ChroniqueurauFigaro + Blanco + cincuento + critiquedannieErnaux= la tête à toto sur l'échafaud LGBTQQIA+ (un signe de plus et on en fait un code Wi-fi !)
Au final, ce n'est pas le roman de l'année, ni du mois, et peut-être même pas de la semaine, et il est surtout inutile de sortir les extincteurs. Ce n'est pas un brûlot misogyne mais la chronique d'un anachronique narcissique (parfois pathétique) qui se rend compte que la fête est finie et qui aimerait sauvegarder sa liberté de penser et d'écrire ce qui lui plait.
Il partage avec les Confessions de Saint Augustin sa rupture avec les Manichéens… en moins pieux, les idées plus friponnes qu'Hippone.
Un mâle pour un bien.
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Ces « confessions », fort brèves, se divisent en cinq chapitres : « Moi aussi, je suis une victime » ; « Adieu la coke » ; « le refuge » sur une retraite que l'auteur a faite dans un monastère ; « Un chaos structuré » sur un séjour dans le 21e RIMA ; « Un désir effrayant » sur l'obsession sexuelle. ● Les deux premiers chapitres à la prose primesautière et espiègle, sont agréables à lire, pleins de formules amusantes, même si la thématique de la « coke » n'est vraiment pas nouvelle sous la plume de Beigbeder. ● Il a incontestablement le sens de la formule. Par exemple : « le seul moment où la France me manque, c'est quand je n'y suis pas. À l'étranger, je la regrette ; à domicile, je la déplore. » ● Les deux suivants, les chapitres 3 et 4 m'ont paru fastidieux, et du reste ne sont pas inédits, comme l'auteur le souligne en avant-propos. ● le dernier chapitre est sans doute celui qui prête le plus volontiers le flanc aux critiques car l'auteur y généralise à tous les hommes, hétérosexuels comme homosexuels, son obsession sexuelle particulière. ● L'ensemble m'a paru assez médiocre, en-dessous du niveau moyen de ses autres livres. Cependant, Beigbeder ne mérite pas d'être traîné dans la boue comme certaines critiques ici le font. En particulier, dire qu'il est has been me paraît assez à côté de la plaque puisque c'est précisément ce qu'il revendique dans tout l'ouvrage, dès même le titre. N'écrit-il pas : « j'avais une nouvelle ambition : vieillir. » ● J'ai trouvé ses critiques contre Annie Ernaux vachardes mais bien vues : « On peut jouer les victimes à vie comme Annie Ernaux. Elle est richissime depuis 1984 mais a répété pendant cinquante ans qu'elle était une transfuge de classe (quoique fille d'épiciers soit un sort plutôt enviable : il y a toujours de quoi manger dans une épicerie). […] Annie Ernaux a capitalisé toute sa vie sur la honte de sa jeunesse. Elle a hérité de ses parents épiciers un talent pour l'exploitation d'un fonds de commerce. […] Annie Ernaux a réussi à fabriquer une oeuvre à la fois creuse et plate. […] Sa façon de dénigrer Houellebecq quand elle a reçu son Nobel était aussi inélégante que celle du gardien de l'équipe de football d'Argentine, championne du monde, Emiliano Martinez, chambrant Kylian Mbappé après la victoire. Il ne leur suffit pas d'être consacrés, il leur faut encore enfoncer les perdants. C'est que la gloire ne rassure pas les imposteurs : ils doutent de leur valeur. » ● Il ne peut s'empêcher de faire de la provoc, comme lorsqu'il compare judaïsme et catholicisme avec une mauvaise foi certaine : « Quand Anne Berest, Lola Lafon ou Karine Tuil déclarent : « Toute ma vie, j'ai cru que je m'en fichais d'être juive, mais en vieillissant, je m'aperçois que je me sens juive au fond et blablabla », tout le monde salue leur sincérité touchante. Et quand moi je déclare : « Toute ma vie, je croyais que je m'en fichais de mon catholicisme, mais en vieillissant, je me prosterne devant Jésus dans une chapelle gothique et blablabla », je me fais traiter de sale réac, d'apôtre de l'intégrisme et de symbole de la bourgeoisie blanche conservatrice lectrice du Fig Mag, à jupe plissée, serre-tête en velours et carré Hermès », même s'il est vrai que sa conclusion me paraît pertinente : « La cathophobie est un racisme parfaitement autorisé, voire encouragé en France. » ● Ou bien : « Il faudra un jour qu'on m'explique la différence entre les Dom-Tom et les colonies. Pourquoi l'Algérie française, c'est mal, et la Calédonie française, c'est bien ? » ● Ou encore : « le point commun entre 1942 et 2022, ce sont les monceaux de cadavres de femmes et d'enfants. Et d'hommes aussi : plusieurs centaines par jour. Pourquoi trouve-t-on normal que les hommes meurent ? Cela ne me semble pas très féministe. » Même s'il est vrai qu'on peut s'étonner de trouver naturel que les individus de sexe masculin meurent à la guerre, le parallèle entre 1942 et 2022 laisse perplexe. ● En conclusion, c'est un livre vite lu et sans doute vite oublié, auquel on peut préférer L'homme qui pleure de rire (2020).
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Est ce que Frédéric Beigbeder a le droit de s'exprimer ?
Est ce que Frédéric Beigbeder a le droit de se victimiser ?
Est ce que Frédéric Beigbeder a le droit d'être en souffrance ?
Est ce que Frédéric Beigbeder a le droit de ne pas être d'accord avec certaines idées ?
Est ce que Frédéric Beigbeder a le droit à un minimum de respect en tant qu'homme blanc hétérosexuel de plus de 50 ans ?
La réponse à toutes ces questions est oui, évidemment.
Les personnes qui vous répondront le contraire ne sont que des fachos sectaires qui nous enfoncent un peu plus chaque jour et dangereusement vers l'obscurantisme.
L'idée d'un tel monde est effrayant. Chacun devrait pouvoir s'exprimer librement, et écouter respectueusement l'autre, même s'il n'est pas d'accord. Pas le monde des Bisounours, le monde, le vrai en réalité.
Sinon, un livre intéressant qui donne un point de vue masculin sur pleins de sujets actuels et hyper originaux, à savoir le féminisme, la drogue, le mal de vivre...mais qui a le mérite de secouer un peu le cocotier de la bienpensance qui, il faut bien le dire, devient grave relou et ringarde.
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IT'S JUST ME MYSELF AND I...

Frédéric Beigbeder nous offre une fois de plus (de trop ?) une dyatribe centrée sur les choses qui le préoccupent le plus : lui, la coke et sa bite.
Lire Beigbeder, c'est comme retrouver un vieux pote foufou qu'on observe de loin, qu'on ne veut pas trop fréquenter non plus, mais dont on aime bien avoir des nouvelles car il a toujours quelque chose de neuf à nous raconter... mais dont on se dit quand même que tout ça va mal finir un jour.
Dans ces 160 pages, on apprend que Fredo a déménagé de Paris, qu'il essaye de ne plus toucher à la coke (à voir parce que vu qu'il en parle à quasiment toutes les pages, on imagine fort bien que sa copine Blanche-neige lui manque), que son habitat s'est fait taguer par des féministes terroristes et qu'il pense avec son service trois pièces.
Dans ces 160 pages, on s'amuse bien les 120 premières pages, c'est distrayant, puis arrivent les 40 dernières qui sont profondément malaisantes. Fredo pense avec son sexe, ça ce n'est pas nouveau, mais là où il se plante, c'est qu'il pense que tous les hommes sont comme lui, et que toutes les femmes sont des furies féministes qui réclament un asservissement des porte-couilles. Non, non Frédéric, ce n'est pas vraiment comme ça que ça fonctionne. Peut-être dans le milieu où tu as vécu, mais pas dans les milieux normaux. Une femme ne demande pas à ce qu'on lui tienne la porte ou qu'on lui offre des bijoux, elle veut juste être respectée. Tous les hommes ne pensent pas qu'à tirer de la femelle a tour de bras.
Donc, s'il te plait, arrête de faire des généralités avec ton cas personnel. J'en connais des comme toi, mais ils sont loin de faire la grosse majorité.
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critiques presse (5)
Actualitte
25 avril 2023
Il y a beaucoup d’énergie dans ces Confessions où personne n’est épargné, surtout pas lui. Les réflexions contemporaines qui le composent disent toute son ambivalence, la zone grise qui le fait, le révèle, comme se précisent de livre en livre les angles morts de son histoire et de sa vie.
Lire la critique sur le site : Actualitte
SudOuestPresse
17 avril 2023
Autoportrait d’un homme vulnérable. L’écrivain et critique littéraire se donne à voir tel qu’il est, sans fard ni artifices.
Lire la critique sur le site : SudOuestPresse
LeFigaro
06 avril 2023
Les confessions d’un écrivain qui ne se reconnaît plus dans son époque.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
OuestFrance
06 avril 2023
« Confessions d’un hétérosexuel légèrement dépassé » de Frédéric Beigbeder sort le 5 avril chez Albin Michel. Nous vous livrons notre avis en avant-première sur cet ouvrage riche de savoureuses déclarations à l’ère post-MeToo et des réseaux sociaux.
Lire la critique sur le site : OuestFrance
LaTribuneDeGeneve
27 mars 2023
En pleine débandade, le «noceur» repenti le sait, plus il s’épanche, plus sa sincérité désarme la bêtise ambiante. Même si là, en plein trip christique chez les chanoines ou dans une caserne militaire, la rédemption peine.
Lire la critique sur le site : LaTribuneDeGeneve
Citations et extraits (82) Voir plus Ajouter une citation
Annie Ernaux a capitalisé toute sa vie sur la honte de sa jeunesse. Elle a hérité de ses parents épiciers un talent pour l’exploitation d’un fonds de commerce. Amélie Nothomb a été agressée sexuellement à l’âge de treize ans. Elle est devenue gravement anorexique… puis romancière. Elle n’a pas ressassé son traumatisme mais s’en est servie pour façonner une littérature étrange, gothique, féerique, entremêlant autobiographie et mythologie. Annie Ernaux a réussi à fabriquer une œuvre à la fois creuse et plate. Les physiciens s’interrogent encore sur la possibilité d’un tel artefact. Normalement, quand c’est creux, ça ne peut pas être plat, et quand c’est plat, ça ne peut pas être creux. Ernaux est une exception unique dans l’histoire de la trigonométrie. Sa façon de dénigrer Houellebecq quand elle a reçu son Nobel était aussi inélégante que celle du gardien de l’équipe de football d’Argentine, championne du monde, Emiliano Martinez, chambrant Kylian Mbappé après la victoire. Il ne leur suffit pas d’être consacrés, il leur faut encore enfoncer les perdants. C’est que la gloire ne rassure pas les imposteurs : ils doutent de leur valeur.
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J’aime beaucoup le théorème des 3G d’Isabelle Adjani. Elle a déclaré que la galanterie
entraînait la grivoiserie, qui précédait la goujaterie. Conséquence directe, je décide :

– de ne plus payer l’addition au restaurant quand je dîne avec une femme ;
– de ne plus me laisser doubler dans la queue par une femme ;
– de ne plus ouvrir une porte à une femme ;
– de ne plus complimenter une femme sur son physique ;
– de ne plus offrir de fleurs ni de bijoux à une femme ;
– de ne plus embrasser les joues d’une femme pour lui dire bonjour mais de lui serrer
la main ;

– de ne plus céder ma place dans le métro ou l’autobus à une femme ;– de ne plus défendre ma femme en cas d’agression mais plutôt de lui demander de me
défendre.

Bienvenue dans un monde enfin équilibré.
Je suis prêt à parier qu’au bout d’une décennie sans galanterie, toutes les femmes,
même Adjani, développeront une nostalgie de la goujaterie.
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Je prétends être un connard sensible, qui fait des efforts vestimentaires et se lave régulièrement avec du savon parfumé. Je suis un barbu muni de testicules mais qui se croit éloigné du gorille. Je revendique l'élégance de la condition masculine, qui n'est ni supérieure ni inférieure à la condition féminine. Simplement égale, et en tant que telle digne de respect et d'amour. Je hais les hommes qui méprisent les femmes; d'ailleurs, ils n'ont aucun succès avec elles. Mais je hais tout autant les femmes qui méprisent les hommes. On peut éliminer le patriarcat sans stigmatiser les dragueurs, même s'ils sont pitoyables avec leurs chemises ouvertes, leurs 4 × 4 polluants et leurs lunettes de soleil en hiver. Je continuerai toute ma vie d'admirer les hommes qui font cet effort hallucinant d'aller parler à une inconnue. Le risque, l'inconfort, le courage et l'agilité intellectuelle que cela suppose, d'affronter la rebuffade, l'humiliation, la gêne et la honte. J'ai souvent répété cette idée simple : le féminisme ne l'aura emporté que le jour où les femmes dragueront les hommes. C'est le cas en Suède ou au Québec. Des groupes de filles sortent ensemble pour baiser des gars. Elles abordent les types et leur paient des verres. Elles matent les fesses et les braguettes des hommes comme des sources de désir, avec leur female gaze. Je n'ai pas encore vu une seule Française accomplir ce geste miraculeux de libération ultime. La véritable hétérosexualité enfin équilibrée naîtra le jour où une femme sifflera un homme dans la rue. Pour l'instant, quand je suis seul dans un bar parisien, je vois d'autres mecs seuls qui se saoulent en bande et des groupes de femmes qui demeurent entre femmes. La communication est rompue.
La guerre est déclarée. Le dialogue n'existe plus. La rencontre ne peut pas avoir lieu.
C'est catastrophique. Voilà pourquoi, durant des années, je prenais mon téléphone, appelais un marchand de drogue et me cachais aux toilettes pour inspirer un produit nocif. J'anesthésiais ainsi ma libido, et mon chagrin d'être coupé du monde merveilleux des femmes.
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Avant metoo, on disait : « I want to fuck you. »
Après metoo, on dit : « Excusez-moi de vous déranger mais serait-il envisageable d'engager la conversation avec vous sans vous importuner ? »
Avant metoo : « Voulez-vous coucher avec moi ce soir? Be my Lady Marmalade. »
Après metoo : « Adieu, madame, je vais regarder une vidéo de soumise attachée sur You Porn. »
Avant metoo : « Vous embrasser est mon rêve. »
Après metoo : « J'ai peur que vous me dénonciez sur Twitter. »
Avant metoo : « Il y a tant de soleil dans tes yeux que quand tu me regardes, je bronze. » Après metoo : « J'ai adoré Portrait de la jeune fille en feu. C'est mon film préféré. »
Avant metoo : « Je t'aime, je t'adore, je te vénère et je t'admire. »
Après metoo : « T'es grave bonne, frère. »
Avant metoo : « Je suis tétanisé.
Paralysé par votre beauté. Je ne sais que vous dire. »
Après metoo: « Non, non, pas du tout, je ne vous ai pas regardée. Je regardais l'applique murale qui est derrière vous. »
Avant metoo : « Pas ce soir, chérie, j'ai la migraine. »
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Donnez-moi, s’il vous plaît, le mode d’emploi d’une passion qui ne ferait souffrir personne, d’une nuit torride de baise où personne ne domine personne, expliquez-moi comment faire jouir une femme sans jamais la surprendre. Une passion sans emprise, cela existe ? Rencontrer quelqu’un qui nous plaît est pénible. Ne pas lui plaire est atroce. Séduire est merveilleux – le moment où l’être qui vous enchante se penche vers votre bouche et entrouvre ses lèvres, oh merci, mon Dieu, est le sommet de toute existence terrestre. Mais ensuite surviennent mille malentendus douloureux. On se dispute (c’est violent), on se quitte (c’est tragique), on se réconcilie (c’est sublime), on s’ennuie (c’est sinistre).On se trompe ou l’on est trompé, et notre cœur est fendu en deux. Tout dans l’amour est épouvantablement dangereux. Et savez -vous le pire ? Rien d’autre n’a le moindre intérêt sur terre. Le seul truc excitant à vivre pour un humain est cette torture abominable. Bonne chance pour vibrer dans un monde sans emprise. Je bénis toutes les femmes qui ont exercé leur cruauté intense sur moi et les remercie pour leurs violences psychologiques qui m’ont évité de vieillir sans avoir vécu.
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Vidéo de Frédéric Beigbeder
L'écrivaine et philosophe Marianne Chaillan a répondu au décalé et intimiste Questionnaire de Trousp, autant inspiré par celui de Proust que des questions de Bernard Pivot. Site Internet: https://trousp.ch/
0:00 Introduction 0:14 L'amour qui liait Marc Antoine et Cléopâtre en 41 av. J.-C. est-il le même amour qu'il lie aujourd'hui Jay Z et Beyoncé? 2:13 Si votre maison brûle, qu'aimeriez-vous sauver en premier? 6:24 Avec quel écrivain ou philosophe décédé, ressuscité pour une soirée, aimeriez-vous boire une bière au coin du feu? 09:59 Quelle qualité préférez-vous chez L'Homme? 12:02 Si Dieu existe, qu'aimeriez-vous qu'il vous dise, après votre mort? 13:00 Que pensez-vous de cette citation? «Dans la vie on n'a qu'un seul grand amour et tous ceux qui précèdent sont des amours de rodage et tous ceux qui suivent sont des amours de rattrapage.» Frédéric Beigbeder 16:26 Que pensez-vous de cette citation? «L'amant est toujours plus près de l'amour que de l'aimée.» Jean Giraudoux 17:33 Si vous pouviez résoudre un problème dans le monde, lequel choisiriez-vous? 19:47 Peut-on tomber amoureux sur Tinder? 24:48 Qu'est-ce qui vous rend heureuse? 27:29 Quel mot vous inspire le plus de douceur? 27:29 Quel mot vous inspire le plus de douceur? 28:50 Comment imaginez-vous les années 2050? 30:59 Remerciements
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