AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782875230942
90 pages
Nevicata (10/10/2016)
3.9/5   10 notes
Résumé :
Parce que pour connaître les peuples, il faut d'abord les comprendre un pays ? Pas tout à fait, tant ses frontières sont convoitées et disputées. Un continent ? Pas complètement. Un peuple ? Pas si sûr. Alors, une fresque ? Évidemment ! Le Congo est un tableau peint au rythme de l'Afrique, sur une toile immense où l'ardeur de survivre et l'ingéniosité forment les ressorts d'une naïveté apparente et si séduisante.Le Congo est musical, il danse, il chante, il vibre qu... >Voir plus
Que lire après Congo : Kinshasa aller-retourVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Tout d'abord, merci de tout coeur à Babelio Masse critique du 14 septembre 2016 et à l'édition" L'ame des peuples" (qui porte merveilleusement son nom) pour ce beau cadeau qu'est le livre de Colette Braeckman "Congo-Kinshasa aller-retour". Je devais recevoir "Congo : la rumba du chaos", mais je ne sais pourquoi j'ai reçu cet autre titre. Aussi, je m'offre le plaisir de mettre mon modeste commentaire et tenir mon engagement vis-à-vis de Babelio.
Colette Braeckman, journaliste belge et membre de la rédaction du quotidien Le Soir publie régulièrement un article sur le Congo dans "le carnet de Colette Braeckman"
Elle s'intéresse depuis son jeune âge (12 ans) au Congo dont elle a découvert l'existence lors de l'expo 58 à Bruxelles où elle a vu les premiers Congolais. "Alors que je tirais sur le bras de ma mère pour les voir de plus, près, je m'entendis asséner une mise en garde sans appel : "Sois polie avec eux. Et sache que ces Congolais sont des Belges comme nous".
Collette nous livre ici un condensé extraordinaire sur ce beau et immense pays aux multiples facettes. Elle nous parle des différents régimes politiques qui se sont succédés depuis son indépendance du 30 juin 1960 avec son premier ministre Patrice Lumumba.
Elle nous parle de la corruption effroyable qui y règne, du courage inouï des femmes congolaises victimes de violences terribles.
Mais aussi des artistes qui mettent en peinture le quotidien de leur pays.
"Si ce pays est resté entier, ne s'est pas disloqué, c'est aux artistes qu'on le doit, pas aux politiciens. Ils ont créé l'identité nationale".
Il y a dans ce livre également des entretiens avec diverses personnalités congolaises. C'est un récit et un témoignage fantastique, j'ai ré-découvert ce Congo que j'ai quitté très précipitamment, une nuit de juillet 1960,
j'ai fait partie avec mes frères et soeur, des réfugiés qui ont fui Léopoldville (Kinshasa), un périple d'une dizaine de jours, avec un séjour à Brazzaville Congo français à l'époque et ensuite en Angola avant d'être rapatriés vers Bruxelles.
Malgré cela, ayant vécu toute mon enfance là-bas, j'en ai gardé la nostalgie des grands espaces, des odeurs, des couleurs, d'une nature sauvage, d'un peuple au sourire rayonnant. Tout cela reste ancré en moi depuis que je l'ai quitté.
Si ce pays vous intéresse, alors lisez vite ce petit livre dont les pages ne sont pas numérotées.
Mille mercis" Madame Colette" pour votre belle écriture et l'énergie que vous mettez à nous tenir au courant de ce qui se passe un peu "chez moi" car une partie de mon coeur s'y trouve toujours.

Commenter  J’apprécie          7312
Challenge ABC 2016-2017

90 petites pages pour parler du Congo ? Quel défi ! Demandez donc à « Madame Colette », alias Colette Braeckman, journaliste au quotidien belge Le Soir et spécialiste de l'Afrique des grands lacs. Malgré d'innombrables allers-retours au Congo, ce pays démesuré continue à lui échapper. C'est en 1961, peu après l'indépendance de l'ancienne colonie belge, et surtout juste après l'assassinat de Patrice Lumumba (figure de l'indépendance et éphémère premier Premier ministre) que la future reporter décide qu'un jour, elle ira voir là-bas « pour regarder. Pour comprendre. Pour raconter. Des décennies plus tard, je raconte toujours, ou en tout cas j'essaie, mais je ne suis pas encore sûre d'avoir compris ».
Dans ces 90 pages qui abordent un pays grand comme quatre fois la France, il est évidemment impossible d'être exhaustif, alors on approche le Congo par petites touches, petits effleurements qui donneront au lecteur l'envie (ou pas) de pousser plus avant ses investigations. On commence avec la colonisation et son paternalisme, à l'oeuvre jusqu'en 1960, mais qui se ressent encore aujourd'hui, à travers le manque de confiance en soi des Congolais, paradoxalement mêlé à la conviction orgueilleuse d'appartenir à un pays exceptionnellement riche. Puis vient le règne de Mobutu qui entreprit, avec la « zaïrianisation », de consolider l'identité du pays en nationalisant les entreprises et en revenant aux coutumes, aux vêtements et aux prénoms traditionnels. Mobutu, l'homme fort d'un pays aux ressources ultra-convoitées, dont les Américains profitèrent tant que dura la guerre froide. Une fois celle-ci terminée, « on » (Américains, Belges et surtout multinationales) s'aperçoit qu'il est temps de se débarrasser de l'encombrant dictateur. « On » pousse alors dans le dos Laurent-Désiré Kabila qui, surfant sur l'instabilité provoquée au Kivu par l'afflux d'1,5 million de réfugiés rwandais lors du génocide, finit par renverser le « maréchal » en 1997. Et le « grand capital » de piller le pays... Il y a aussi le Kivu, à l'est, à la frontière avec le Rwanda et le Burundi, indéfiniment en situation de guerre malgré la présence d'une mission des Nations Unies (Monusco). Il y a surtout les femmes, qui ont subi ces troubles en payant le prix fort, au plus profond de leur chair, et il y a, heureusement, le Dr Denis Mukwege, prix Sakharov du Parlement Européen en 2014, qui les « répare ».
Et puis il y a encore le contraste entre l'abondance des ressources naturelles (le coltan, notamment) et la pauvreté de ceux qui travaillent dans les mines, dans des conditions dantesques. L'importance de l'argent et d'un bon repas, la frime, la corruption, la débrouille, le fatalisme et le rôle de la diaspora. La bonne humeur, la sensualité et la musique. Un peu de légèreté dans un pays chaotique où il faut sans cesse revenir « pour vérifier si ça change vraiment, pour être sûre que ce n'est pas toujours la même chose ». Un solide petit aperçu du Congo par une auteure qui transmet parfaitement sa fascination pour ce pays inénarrable.
Merci à Masse Critique de Babelio et aux éditions Nevicata (collection L'âme des Peuples).
Lien : https://voyagesaufildespages..
Commenter  J’apprécie          320
Un peu déçue par cet opus de ma compatriote Colette Braeckman, journaliste spécialiste de l'Afrique Centrale. Dès l'entrée, elle explique pourquoi depuis toute petite elle est passionnée par cette région, puis nous propose de découvrir, à travers l'histoire (récente) du Congo, notre passé et notre avenir.

Pour notre passé, je suis d'accord, mais par contre j'ai eu beaucoup de mal à y lire une quelconque vision de notre avenir … Dommage que Madame Braeckman ne s'explique pas plus à ce sujet.

Certes elle rend hommage à ce peuple mythique et n'hésite pas à parler de la spoliation étrangère des immenses richesses minières du pays, qui ont surtout profité au Roi Léopold II et à la Belgique, avant d'être exploitées par les multinationales américaines et les Chinois. Elle aborde le sujet des femmes violées, de la corruption, de l'obsession de l'argent.

Clin d'oeil : j'y ai appris l'origine du mot « sapé », qui veut dire bien habillé, et qui est largement utilisé à Bruxelles. J'ignorais que ce mot provenait de la SAPE, Société des Ambianceurs et des Personnes Elégantes … Comme quoi, le Congo n'a pas fini de nous fasciner … et de nous enrichir, avec autre chose que des espèces sonnantes et trébuchantes …
Commenter  J’apprécie          130
Bonjour Madame Colette,

Non, tout ça ne nous rendra pas le Congo.

Le Congo vous fascine, vous éblouit et vous consterne, depuis toujours ou presque. Toujours l'incertitude, la précarité. Le bonheur, c'est au jour le jour qu'il se tisse, addition de petits moments, de chances modestes.

Tout d'abord on va au Congo parce qu'on est attiré par son aura. Ambiance à gogo, chaos apparent, histoire controversée. Les Congolais ont été autant marqués par les années Mobutu que par la colonisation belge. Puis sont venues les guerres internes mais aussi la mondialisation du secteur minier.

Puis on en revient, on rentre chez soi, pour se reposer…

Vous évoquez beaucoup d'autres sujets : le docteur Mukwege, l'homme qui réparait les femmes ; les creuseurs de mines artisanaux, merci le coltan ! ; Kinshasa « la ville qui ne dort jamais » et la rumba nationale ; la corruption et la politique ; la révolution de la modernité.

Suivent trois entretiens sur la colonisation belge qui a(urait) engendré un esprit de dépendance, la condition de la femme (qui doit impérativement avoir des attributs, c'est-à-dire des bras forts) et les artistes congolais qui sont des créateurs d'identité nationale.

Le Congo n'est pas un pays, c'est un continent ! Vous nous proposez de l'approcher par touches successives mais vous refusez à donner une réponse claire (il n'y en a pas) – et puis cela vous donnera l'occasion d'effectuer un nouvel aller-retour.

Un grand merci de nous faire partager votre engagement.

NB 1 : Merci à votre maison d'édition qui engage des vrais journalistes pour parler des peuples – j'avais déjà lu l'ouvrage sur la Pologne écrit par Jurek Kuczkiewicz, également journaliste au quotidien belge Le Soir.

NB 2 : Amusante controverse à propos du titre de l'ouvrage – annoncé comme étant « La rumba du chaos », à la dernière minute « Kinshasa aller-retour » a été préféré. Pourquoi ? Parce que le mot chaos n'était pas politiquement correct ? Allez savoir, mais j'aurais préféré le titre initial au second qui exclut un aller simple.

NB 3 : Coïncidence : le siège social des Editions Nevicata est situé à l'adresse où a vécu un autre grand journaliste, d'un autre quotidien belge, La Libre Belgique cette fois, Jacques Hislaire, décédé il y a juste un an.
Commenter  J’apprécie          70
Intéressante lecture pour mieux comprendre la RDC, en particulier les entretiens retranscrits dans la seconde partie du livre. J'ai lu la première partie avec plus de prudence, les travaux de Colette Braeckman ayant plusieurs fois été critiquée par des auteurs que j'apprécie (et ayant eux aussi fait l'objet de critique d'ailleurs !). L'auteur belge y répète son amour pour un pays au sous-sol richissime pillé par les multinationales minières, et ses habitants à la créativité inouie, que ce soit dans le domaine artistique ou pour mieux soutirer à ses proches, à ses amis ou aux touristes du coin un "sucré", un petit coup de pouce financier.

J'ai trouvé très intéressant les passages sur le rapport à l'argent de la population congolaise, que l'on retrouve d'ailleurs à travers les personnages des romans d'In Koli Jean Bofane. En revanche, la vision sur la situation géopolitique de la RDC m'a semblé un peu simpliste, Colette Braeckman s'attardant surtout sur les ingérences étrangères occidentales, et édulcorant celles des pays voisins, et notamment celle du Rwanda. Sa description des forcenés des mines "artisanales" laisse d'ailleurs presque transparaître une certaine admiration, comme si l'on était face à une organisation autogérée, où femmes et enfants auraient un rôle à jouer et une opportunité de gagner leur pain...

Plutôt déçue par cet opus donc, alors que j'apprécie généralement énormément cette collection.
Commenter  J’apprécie          60

Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Je n'ai jamais oublié les photos qui le montre enchaîné, blessé, jeté à l'arrière d'un camion. Son regard m'a longtemps poursuivie. Lorsque quelques jours plus tard, en janvier 1961, sa mort fut confirmée, annoncée à la radio comme un bulletin de victoire, je me suis retirée dans ma chambre et j'ai passé des vêtements noirs.
Même si j'étais trop jeune pour comprendre, il me semblait qu'il me fallait porter le deuil. Mais surtout, alors que je lisais et relisais les manchettes des journaux, j'avais le sentiment aigu d'un mensonge. Je sentais qu'on ne me disait pas toute la vérité, qu'il y avait autre chose.
C'est alors que j'ai décidé qu'un jour j'irais voir là-bas. Pour regarder. Pour comprendre. Pour raconter. Des décennies plus tard, je raconte toujours ou en tout cas j'essaie, mais je ne suis pas encore sûre d'avoir compris.
Commenter  J’apprécie          290
Si à Mwenga, au sud de Bukavu, des femmes furent enterrées vivantes, obligées de descendre dans la fosse commune avec des plaies avivées par des piments, c'est aussi parce que ces mères de famille avaient clandestinement fabriqué des onguents qui guérissaient les blessures de guerre ou détournaient les balles. Sorcières va... Héroïnes aussi, comme tant d'autres dont l'histoire écrite, souvent rédigée par des étrangers, n'a pas retenu les noms.
Commenter  J’apprécie          382
En ce temps-là, au début des années 2000, le docteur Mukwege , alors simple gynécologue à Bukavu, m'apostrophait avec véhémence. Sa clinique avait déjà été détruite et remplacée par un hôpital de campagne et à plusieurs reprises, il avait reconstruit un autre établissement à Panzi, au sud de Bukavu. Mais là, vers les années 2010, c'en était trop. Arpentant les couloirs, saluant des femmes qui cachaient sous leur pagne des poches d'où se dégageait une odeur pestilentielle (atteintes de fistules, elles étaient devenues incontinentes),
Mukwege s'enfermait dans son bureau, ouvrait son ordinateur pour prouver ses dires avec des images : "Je n'ai jamais vu cela. Ici, la guerre se mène sur le ventre des femmes. Le viol est devenu l'arme des conquérants, un moyen d'asservir le peuple. On veut briser sa résistance en s'attaquant à ses femmes, à ses enfants, en condamnant ses hommes à l'impuissance et au désespoir".
Commenter  J’apprécie          80
Vociféré, scandé, martelé, épelé, décliné avec tous les accents de la haine et du mépris, un nom émergeait des conversations, se détachait de tous les bulletins d'information ; Lumumba, Patrice Lumumba. Rentrant de l'école, je le retrouvai à la "une" de notre quotidien dont un correspondant réclamait qu'un "un geste viril" règle enfin le problème. Puisqu'il n' était question que de cet inconnu qui attirait tant de passion, je commençai à m'intéresser à lui.
Dans mon journal, je retrouvai les fragments du discours qu'il avait prononcé le 30 juin 1960 et qui avait été qualifié d'insultant. Pour ma part, je trouvai ce texte plutôt bien écrit : "Nous avons connu les ironies, les insultes, les coups matin, midi et soir, parce que nous étions des Nègres. Qui oubliera qu'à un Noir on disait "tu", non certes comme à un ami, mais parce que le "vous" honorable était réservé aux seuls Blancs?"
Commenter  J’apprécie          80
Je voyais aussi ce peuple se taire, tenter d'esquiver les coups qui pleuvaient. Cacher la honte, le désespoir. Mais lutter quand même, au jour le jour.
Commenter  J’apprécie          270

Video de Colette Braeckman (1) Voir plusAjouter une vidéo

Rwanda : la ségrégation
Historique sur le Rwanda. En 1973, des incidents raciaux font 300 morts. En juillet, un coup d'Etat militaire met de côté le Président KAYIBAMDA, et permet au major général Hutu, Juvenal HABYARIMANA, d'accéder au pouvoir. Images d'archives en couleurs datant de 1973. Interview de Colette BRAECKMAN , journaliste du quotidien "Le Soir", expliquant que la Belgique soutient le Rwanda. En 1979,...
autres livres classés : congoVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (27) Voir plus




{* *} .._..