Le titre des Contes des Cent Un matins renvoie au fait qu’à l’époque le journal national Le Matin publiait quotidiennement un conte, dans un ensemble intitulé Contes des Milles et Un matins. Le choix de retenir ou non un texte relevait de Jean Giraudoux. Les contes d’Ernest Pérochon ne font pas appel au merveilleux et c’est un choix qu’il a annoncé dans sa présentation du Livre des quatre saisons.
L’édition d’Héligoland a repris comme illustrateurs Monique Gode pour 15 contes et Nardini pour l’un d’entre eux "Le Terrible Bambouno du Congo" ; le dessinateur d’origine en 1932 était Ray-Lambert. On a éliminé ici l’appareil didactique qui accompagnait la première édition car celle-ci faisait classer cet ouvrage dans les manuels scolaires. Les adultes qui ont été à l’école primaire dans les années cinquante et soixante retrouveront ici ce qui se faisait de mieux en matière de livre de lecture pour la classe de CE 2 ou de CM 1.
Par expérience nous savons que les enfants de 7 à 11 ans du XXIe siècle apprécieront beaucoup de voir dénoncer ici les petits travers qu’ils perçoivent mieux chez les autres que chez eux comme la vantardise, la paresse, l’annonce de paris stupides ou la gourmandise. Ils voyageront dans l’univers de l’Entre-deux-guerres qui se décline ici en racontant les aventures d’enfants et d’animaux qui vivent en Chine, au Congo, au pôle nord ou dans la campagne française. Les héros adultes ne sont présents que dans trois contes, dont l’un permet de faire un petit tour du monde en suivant les aventures d’un cuisinier.
"La maladie des doigts écartés", "Les Aventures du cuisinier Benoît", "Le Modeste Amédée", "Les reines de la montagne", "Colette et Colas le panier au bras", "Petit Poisson vagabond" et "Avec le pêcheur de poissons fous" sont à l'usage les sept des contes qui plaisent le plus à des jeunes lecteurs de notre époque.
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L'édition de Delagrave des années 1930 comporte des questions de français, ce qui n'est pas le cas de l'édition de 1978 chez Delagrave, qui est reprise par l'éditeur Héligoland en 2010.
Cette édition de 2010 est présentée ici
http://www.babelio.com/livres/Perochon-Contes-des-Cent-Un-Matins/785676
Si on a à l'origine comme illustrateur Ray-Lambert, c'est Monique Gode qui réalise les dessins dans l'édition disponible chez Héligoland.
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Le lapin bondit comme une sauterelle. Au lieu d'aller tout droit
à son terrier, il fit un grand détour dans les vignes, les champs de
topinambours et de maïs. Quand il rejoignit ses frères, au fond du
terrier, le chien le cherchait encore de l'autre côté du plateau.
« Ouap ! Ouap ! » faisait le chien.
« Cherche ! Cherche bien ! » criait le petit homme, qui avait toujours le doigt sur la gâchette.
Le chien comprit enfin que le lapin avait disparu. Il s'arrêta. Ses pattes étaient en sang ; il avait chaud ; sa langue pendait. Pour se reposer, il se coucha à l'ombre d'un cep.
Benoît sortit de la hutte et sauta dans un traîneau tiré par six chiens. Puis il monta sur un bateau à voile qui allait aux États-Unis puis sur un bateau à vapeur qui allait en Amérique du Sud. Il avait apporté son huile de baleine et son lard de phoque. Il remonta le fleuve Amazone en pirogue. Il arriva chez les Indiens de la forêt vierge. Le chef des Indiens s'appelait Pytiratomba ce qui signifiait Griffe-de-jaguar.
Pytiratomba prit Benoît comme cuisinier. Benoît prépara le lard de phoque cuit dans l’huile de baleine. Le chef indien en colère ordonna qu'on jette Benoît aux fourmis rouges ou aux serpents boas. Alors Benoît s'enfuit avec six oeufs de tortue.
Benoît sortit de la hutte et sauta dans un traîneau tiré par six chiens. Puis il monta sur un bateau à voile qui allait aux États-Unis puis sur un bateau à vapeur qui allait en Amérique du Sud. Il avait apporté son huile de baleine et son lard de phoque. Il remonta le fleuve Amazone en pirogue. Il arriva chez les Indiens de la forêt vierge. Le chef des Indiens s'appelait Pytiratomba ce qui signifiait Griffe-de-jaguar.
Pytiratomba prit Benoît comme cuisinier. Benoît prépara le lard de phoque cuit dans l’huile de baleine. Le chef indien en colère ordonna qu'on jette Benoît aux fourmis rouges ou aux serpents boas. Alors Benoît s'enfuit avec six oeufs de tortue.
Le petit homme se mit à trépigner de colère comme un sot.
Le lapin à l'oreille cassée avait mis le nez à l'ouverture de son
terrier. Il s'amusait fort à regarder le petit homme.
Fronçant les sourcils, roulant de gros yeux méchants, le petit
homme n'était pas beau ! Il passa la bretelle de son fusil à son
épaule et il alla s'asseoir sur une pierre, à l'ombre d'un noyer.
Comme il avait soif, il but la moitié du vin de sa gourde. Après cela,
il essuya la sueur de son front et il parut un peu moins mécontent.
Toutes les bêtes de la forêt s’approchèrent pour voir le roi des boas étouffer les hommes. Mais l’homme qui avait tué le jaguar prit sa carabine, visa le serpent à la tête et le tua.
Les autres boas se sauvèrent, rampant à toute vitesse vers les profondeurs des fourrés. Toutes les bêtes de la rivière et de la forêt se mirent à trembler et à se désespérer. Oui, toutes ! Sauf, pourtant, le ouistiti des ouistitis.
Poésie - Si j'avais une bicyclette - Ernest PEROCHON