Intriguée autant par le titre que par la couverture, j'ai décidé de hisser ce livre hors de ma PAL pour le challenge Halloween. Et il faut dire que le titre n'est pas trompeur puisqu'on croise le malin au détour de chaque page, sous des formes très diverses, la plupart du temps dans la campagne écossaise ou anglaise.
Et de fait, c'est un recueil au curieux goût d'authenticité, héritage peut-être des veillées au coin du feu où l'on cherchait à comprendre son environnement en attribuant les bizarreries aux forces obscures ? Ou bien cherchait-on simplement à s'effrayer par plaisir, comme on le fait de nos jours avec un film d'horreur ? Ce parfum de vérité, on le ressent par exemple dans La Tordue de
Robert Louis Stevenson, écrite en grande partie en patois.
Je ne me suis pas plongée avec autant de plaisir que je l'aurais voulu dans ces nouvelles, assez éloignées finalement de ce à quoi je m'attendais. Je me suis cependant délectée à la lecture de L'homme au nez de
Rhoda Broughton qu'
Henry James, par ailleurs son ami, taxait de grossièreté et de vacuité. Et pourtant, j'ai trouvé que cette nouvelle avait plus de fraîcheur que les autres : on y rencontre un couple de jeunes mariés en voyage de noces en Belgique. Cette lecture a été l'occasion de découvrir un peintre romantique, Wiertz, dont le tableau L'inhumation précipitée occupe une place cruciale dans l'atmosphère du récit.
p. 164 « Aujourd'hui, nous avons vu les tableaux de Wiertz. Les as-tu jamais vus, lecteur ? Ils sont relativement peu connus, mais si tu as le goût pour le surnaturel, si tu veux siroter ton content d'horreur, hâte-toi d'aller les voir. »
J'ai beaucoup apprécié également Comment devenir un oiseau, une nouvelle de
William Henry Hudson, aux accents « apuléiens ». de la même manière que dans L'âne d'or, une sorcière se métamorphose en corbeau en s'enduisant le corps d'onguent… L'histoire se déroule par ailleurs en Amérique du sud, ce qui apporte une touche d'exotisme au recueil.
Sinon, j'avoue ne pas avoir été enthousiasmée plus que ça par les autres nouvelles. Je recommanderais néanmoins ce livre à tous ceux qui participent au challenge ou simplement à ceux qui sont mordus de fantastique parce qu'il met à l'honneur des classiques du genre (notamment
Sheridan le Fanu). La notice biographique consacrée à chaque auteur, instructive et poétique, m'a charmée presque davantage que les nouvelles ! Une lecture mitigée donc, mais pas désagréable pour autant et terriblement de saison !