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EAN : 9791097088125
135 pages
Divergences (12/01/2019)
2.9/5   15 notes
Résumé :
Le Macronisme est une nouvelle variante du fascisme, et il nous faudra avoir la plus grande attention à la façon de débrancher ces êtres de nos institutions au moment du changement démocratique nécessaire et qu’ils chercheront compulsivement à éviter. Telle est la thèse de Juan Branco, jeune normalien et docteur en droit, conseiller juridique de Julian Assange et de Wikileaks, spécialisé dans les viol... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
On pense d'abord a un canular. Mais non, l'auteur se prend manifestement très au sérieux (c'est le moins que l'on puisse dire).
Après quelques pages, on s'arme de patience, et l'on cherche, en vain, dans ce délire amphigourique une argumentation, un raisonnement, une analyse précise de faits ou de données socio-économiques. Mais non, rien. Rien qu'un discours verbeux, précieux, pénible, où des phrases de vingt lignes mêlent injures grotesques et circonvolutions risibles, rien qu'une logorrhée pédante, qui dissimule, assez mal, l'hystérie de son auteur, que je ne connaissais pas et que je n'ai nulle envie de connaitre davantage.
Résumons la « thèse » de ce livre : nous vivons en dictature et « le macronisme est une nouvelle variante du fascisme ». J'avoue humblement que j'ignorais qu'un régime fasciste organisait des élections présidentielles et législatives et dans l'intervalle laissait libre cours à toutes sortes de débats, critiques, dénonciations - voire invectives et insultes. Il va falloir que je relise mes cours d'histoire.

Que l'on soit pour (ce qui n'est pas mon cas) ou contre la politique d'Emmanuel Macron, lire ces pages n'apprend rien. On s'ennuie (ou bien, assez souvent, on éclate de rire) en tournant les pages de ce pamphlet pitoyable.
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Juan Branco propose de démontrer tout ce que « l'apparat » déployé par Emmanuel Macron cherche à dissimuler : un vide abyssal. « Nous sommes nombreux à avoir senti derrière la Geste l'esbroufe. Derrière l'apparence de compétence et d'impression que portèrent cette victoire et cette cavalcade victorieuse, le néant. » Il montre comment le processus démocratique a été dévoyé pour l'instauration d'un pouvoir reposant sur l'écrasement de l'autre, la satisfaction de son « bon plaisir » et le viol de notre souveraineté.
(...)
Cet ouvrage ne fera sans doute pas l'unanimité dans sa forme, tant le style parfois amphigourique de son auteur pourra agacer certains, voire décourager. Juan Branco donne cependant ici une grande leçon de sciences politiques à celui qui refusait des interviews au prétexte d'une pensée trop complexe pour cet exercice, et se réclamait d'une certaine proximité avec les philosophes soi-disant suffisante pour lui faire bénéficier de leur héritage symbolique.

Article complet sur le blog.
Lien : https://bibliothequefahrenhe..
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Juan Branco est avocat et collaborateur régulier du Monde diplomatique. Selon ce qui figure sur le quatrième de couverture, Contre Macron constitue le pendant théorique et politique de Crépuscule, ouvrage publié en 2018 dans lequel l'auteur critique les conditions très particulières par lesquelles Emmanuel Macron est parvenu au pouvoir.

Contre Macron nous propose un sous-titre étonnant : « Ontologie du monarque ». En effet, que ce soit sur le fond ou la forme, l'actuel locataire de l'Elysée ne ressemble en rien à un monarque, encore moins à un despote même si, aujourd'hui, beaucoup laissent entendre le contraire. Les personnes exprimant cette idée n'ont jamais vécu sous la dictature. Ceci étant dit, le livre débute par un récit de la rencontre de Branco avec Macron lors d'une conférence à Sciences Po. La description de l'événement est assez cocasse. L'auteur explique que Macron « venait d'aborder, à la Fondation Jean-Jaurès, l'un de ses anciens professeurs pour tenter de le convaincre qu'il l'avait eu comme élève à l'Ecole normale. »

Dans l'amphithéâtre Emile-Boutmy de Sciences Po, Macron a donné une conférence qui ne marqua pas positivement Branco : « Au cours d'un interminable exposé, bouillie intellectuelle jonchée, tels des cadavres avariés emportés par un microbiote saturé, de citations d'auteurs jetées indifféremment en pâture, dans un contexte d'énonciation où la lecture mot-à-mot tuait toute possibilité d'éloquence, emporté par un univers référentiel exclusivement libéral, c'est-à-dire de droite, le serviteur d'un pouvoir qui se voulait socialiste donnait l'impression d'une insignifiance si marquée qu'elle interrogeait, à travers ses hésitants mouvements, quant aux dysfonctionnements d'une élite qu'il avait ainsi conquise, et qui l'avait déjà en son sein intégré. » Quoiqu'on pense de Macron, il est vrai que celui-ci a souvent multiplié les phrases creuses, vides de sens ou totalement incompréhensibles lors de ses nombreuses et souvent atterrantes prises de paroles publiques. Qui ne se souvient pas de son fameux « pensez printemps » ?

Branco pointe du doigt les élites, car elles ont accepté et façonné Macron en leur sein. Il a raison de relever ce point. Cependant, une question se pose, et mêmes plusieurs : les élites sont-elles vraiment ce que leur titre prétend ? Comment d'ailleurs définir l'élite ? Par l'argent ? le pouvoir ? le copinage et les réseaux qui permettent d'occuper les meilleures places ? Branco répète en outre une erreur en présentant le libéralisme comme « de droite », alors qu'il est philosophiquement et ontologiquement de gauche. Il nous semble difficile de regarder John Locke et Montesquieu, pères de cette philosophie moderne, comme des penseurs classiques ou traditionnels…

Quand Branco rencontre Macron, celui-ci « était encore un inconnu du grand public, et j'en gardais un souvenir irrité. Nous étions en 2014. » Par la suite, l'auteur ne cache pas son étonnement, voire plus, d'apprendre que « quelques mois plus tard, l'inconnu qu'était encore M. Macron se retrouvait, à la surprise générale, nommé ministre de l'Economie du pays, et les unes de presse du groupe détenu par M. Niel et ses alliés – dont son beau-père, M. Arnault, détenteur notamment des Echos et du Parisien, M. Lagardère, quant à lui détenteur de Paris Match, Europe 1 et du JDD, et ancien client de M. Macron – ainsi que quelques autres commençaient à louer un être au regard bleu acier, porteur de mille qualités invérifiables, et dès lors par leurs rédacteurs inventées ». Chacun a pu constater le nombre de « unes » qui lui ont été consacrées entre 2016 et 2017 : c'était totalement disproportionné, si on prenait en compte – et de manière purement objective – ses mérites personnels… et surtout ses réussites politiques et économiques en tant que grand argentier de la Cinquième République.

Concernant le supposé libéralisme de droite de Macron, lui qui fut un ancien membre du Parti Socialiste, une fois arrivé au pouvoir, n'a clairement pas appliqué une politique nationale, et moins encore d'union nationale… le moins que nous puissions dire, c'est qu'à grand coup de petites phrases bien hasardeuses, il a divisé les Français comme jamais : les jeunes contre les anciens, les actifs contre les chômeurs, les retraités contre les travailleurs, les CRS contre les pompiers, les policiers contre les avocats. Il a aussi mis dans la rue aussi bien le personnel médical, que les enseignants, les étudiants, etc.

Que Macron soit critiquable pour sa politique qui ne favorise pas la grandeur de la France, bien au contraire – c'est une chose. Ceci étant, assimiler comme le fait Branco le macronisme au fascisme revient à méconnaître l'Histoire et notamment l'histoire des idées politiques. « C'est le propre des fascismes que de crever la gueule ouverte après en avoir laissé tant d'autres expirer, défigurés, humiliés, dévastés par l'inconséquence du dirigeant. » Branco relève cependant avec justesse : « Chaque jour, Emmanuel Macron nous le fait sentir un peu plus, nous sommes les riens. Nous sommes à ses yeux ceux qui sont fabriqués pour connaître humiliations, vexations, caprices et sourires en coin, exploitations par des jouisseurs et des vainqueurs couronnés. » Branco aurait-il lui-même été exploité une fois dans sa vie ? Humilié par des recruteurs ou des chefs de services à l'esprit étroit et médiocre, pétri d'idéologie sans souffle ni grandeur ?

Toutefois, nous soulignons qu'il existe du vrai dans les diatribes de Branco contre le président de la République : « Voilà un être qui promettait tout, qui était prêt à tout, dévoré par une ambition sans contenu, pourvu qu'on l'aidât à aller jusqu'au bout de son obsédante quête d'apparat. » L'auteur exprime une pensée que nous trouvons pertinente : « Une partie de nos élites s'est naturellement précipitée vers lui, trop heureuse d'enfin trouver un produit prêt à les servir. Voilà un être qui s'apprêtait à être, de bout à bout, et sans même le réaliser, exploité. » Branco poursuit de cette manière : « N'accablons donc pas M. Macron, car il n'aura été que cela, exploité, et qu'il faut de bien rares qualités pour en être arrivé à ainsi séduire pour se soumettre et se laisser dévorer par tant de pouvoirs et d'intérêts. » Chacun sait que le pouvoir corrompt… parfois même il dissout.

Branco effectue des rappels salutaires, pour ceux qui ont la mémoire courte comme pour ceux qui ne connaissent pas très bien le sujet : « de la commission Attali à la présidence de la République en passant par la Banque Rothschild, la direction intérimaire de l'Inspection générale des finances, le secrétariat général adjoint de l'Elysée ou encore le ministère de l'Economie, ce ne sont pas que des êtres mais aussi des institutions auxquelles M. Macron s'est asservi. » Il précise même que « tout au long de son parcours long de deux décennies, il n'a là encore laissé nulle part trace de sa personnalité, n'engageant jamais sa responsabilité, et se contentant, de dîners mondains (…) en passant par des projets de loi inconséquents et des opérations de fusions-acquisitions ». le constat semble sévère, mais l'est-il vraiment ? Ne s'agit-il pas tout simplement d'un propos objectif que tout être animé par un esprit libre et critique peut faire ? En tous les cas, c'est ce que nous pensons.

La victoire de Macron en 2017 est, pour l'auteur, le « fait révélateur d'une société en état de dégradation avancée, incapable de freiner les promotions d'êtres sans scrupules se déployant de façon prédatrice au détriment de l'intérêt général, loués au contraire pour des parcours faits d'errements, pillages et trahisons, en répondant aux impératifs de bienséance élaborés par ce qu'il reste des pouvoirs établis ». En fin de compte, Branco appelle à la révolte car il conclut : « A ceux qui pensent le nouveau monde, que la chose leur soit exigée : il est temps de se soulever. » Vaste programme !

Branco a le mérite de dénoncer Macron et ses puissants réseaux, sans pour autant aller au terme de ce mouvement intellectuel en tirant les conclusions qui réellement s'imposent. L'auteur appelle à une prise de conscience sur le pouvoir macronien et sur la dérive « policière et fascisante » que celui-ci connaît d'après l'auteur. Cependant, indépendamment d'un esprit satirique plutôt intéressant, jamais Branco ne remet en cause les piliers du système, qu'ils soient officiels ou officieux. Il ne produit de fait aucune critique profonde et sérieuse du suffrage universel ou des institutions républicaines.

En définitive, en bon élève de Sciences Po, Branco s'inscrit totalement, sur le plan philosophique comme sur le plan intellectuel, dans le cadre préétabli. Il ne veut pas dépasser la République pour un autre projet politique, il désire – seulement – changer de République en lui appliquant plus de démocratie. Pourtant, en deux cents ans, cette expérience a déjà été tentée de nombreuses fois. Nos diverses constitutions rencontrèrent-elles des succès ? Contre Macron prouve aisément et formellement que non. Faudra-t-il donc repasser une fois encore par une énième et forcément éphémère république inadaptée au génie français ? Nous ne l'espérons pas…



Franck ABED
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Rarement lu un livre aussi juste sur la façon dont le système techno médiatico financier a formaté un homme creux, égocentrique, déconnecté et pervers.

Indispensable
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Juan Branco décortique ici le cas Macron, un des personnages les plus ambigus qui ait jamais été porté au sommet de l'Etat. C'est finement analysé et un régal pour l'esprit. Dommage, comme le souligne dans son billet ici, ErnestLONDON , que le style soit aussi lourd, amphigourique, car l'auteur, avocat et collaborateur au Monde Diplomatique (qui a suivi strictement le même parcours que ledit Macron), est particulièrement talentueux et développe une pensée très perspicace.
(Son expression est nettement moins compliquée à l'oral et donc plus accessible ; voir vidéos d'interviews ou conférences, par exemple)
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Cet être cependant croyait par sa seule force, par la toute-puissance de la prise jupitérienne, avoir arraché au peuple une immunité autorisant tous les caprices, d’une piscine à Brégançon à des conférences privatisées à Versailles, d’une balade à Chambord à une réception à La Rotonde, d’une nomination de M. Benalla à l’humiliation d’un chercheur d’emploi, se contentant de la répétition de l’écrasement pour affirmer son soi. 
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… le processus électoral est réglé de façon si aberrante et arbitraire que quiconque y accorderait un temps seulement de pensée devrait se trouver en mesure de balayer l’apparence de rationalité et de sens littéral qui le recouvre et qui lui est attribué.
Ainsi suffirait-il, si l’on suivait la littéralité des textes, à l’impétrant chargé de saisir l’ensemble du pouvoir politique disponible et d’incarner la société dans son ensemble – ambitions déjà en soi démiurgique et aberrantes dont on pourrait, d’un point de vue ne serait-ce que procédural, interroger le sens – , le candidat à l’élection présidentielle, d’arriver à temps, dans le cadre d’une course contre la montre et contre lui-même, en un terme arbitrairement pré-défini, à tel degré de séduction d’une partie indéterminée du corps social convoquée aux « urnes », pour, s’il venait à atteindre l’une des deux premières places au premier tour d’une compétition sans critères pré-établis de jugement, se voir autorisé à se confronter, dans un duel de « second tour », caractérisé par une radicale mise en scène du « tout ou rien » singeant l’affrontement à la vie à la mort à un autre être s’étant soumis aux mêmes procédures, dans le cadre d’un face à face intellectuel et physique réduit temporellement à l’extrême où se décidera, en deux semaines, et l’on ne s’interrogera jamais assez sur l’arbitraire de ces choix, à la moitié plus une voix du corps électoral s’étant déplacé, de l’attribution de la place souveraine encore jusque-là occupée par un tiers, soigneusement tenu écarté de la joute, pour gagner et ainsi, tout le pouvoir, emporter.
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À toi, Emmanuel, je rappelle que l’autel sur lequel tu t’es érigé, les espaces sacrificiels et symboliques que tu es en train de piller, ont une raison d’être qui dépasse l’accomplissement de l’individualité, et que tu n’as nulle légitimité, ni capacité, pour en conscience les aspirer au profit de ta seule vanité. Nul pouvoir n’a de sens sans engagement. Il n’est sinon que fatuité, coquille s’évidant, fatras et apparat qui emporte au néant.

À toi qui croyais t’être extirpé de l’angoissante peur du rien en pratiquant la politique comme un jeu et une satisfaction inconséquente et joueuse, exclusivement disposée dans le rapport au soi, sache qu’en suivant ce chemin, tu n’as été, ne sera et ne restera que cela.

Insigne et putride vacuité.
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C’est bien en tant que célébrité construite de toutes pièces, auprès de sa femme, que M. Macron a été introduit de façon radicale et rapide, auprès du peuple français.
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Nous sommes nombreux à avoir senti derrière la Geste l’esbroufe. Derrière l’apparence de compétence et d’impression que portèrent cette victoire et cette cavalcade victorieuse, le néant.
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L'auteur explique son livre "treize pillards" qui raconte treize vies privées/publiques de personnages d'état actuels.
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