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EAN : 9782849505380
191 pages
Syllepse (02/02/2017)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :
Les sujets d’inquiétude sont légion. Ce numéro, sans les ignorer ni céder à un goût excessif du paradoxe, propose de porter l’attention sur ce que l’actualité recèle de positif.
Certes, la domination du néolibéralisme se traduit par un champ culturel saturé d’idées conservatrices, sinon réactionnaires, voire fascisantes… Ce constat ne doit pas interdire de s’intéresser à la vitalité d’une pensée critique qui dynamise les divers domaines de la connaissance.>Voir plus
Que lire après ContreTemps, N° 32, janvier 2017 : Vie intellectuelle et politiqueVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Dégager du commun du point de vue de la dénonciation et d’axes de solution

Comme pour les précédents numéros, je n’aborde, choix très subjectif, que certains articles et certains points traités.

Un premier dossier : Vie intellectuelle et politique, composé de quatre textes. « Il s’agit de proposer quelques analyses qui toutes interrogent la définition même du travail intellectuel dans son lien à la politique, en s’attachant à élargir l’approche habituelle ».

Ludivine Bantigny aborde, entre autres, la distribution instituée des savoirs, la politique comme rapport fort à l’égalité, « elle passe par la conflictualité et la lutte pour l’émancipation », comme consensus brisé. Elle souligne que bien des critiques du néolibéralisme font l’impasse sur la logique même du capitalisme, que la révolution semble avoir été jetée aux oubliettes du passé. L’auteure parle aussi du réel de l’utopie, du commun des savoirs, de « reculs intériorisés en échec historique de longue durée » en citant Isabelle Garo et d’un maillon « essentiel et devenu un impensé » : une perspective stratégique.

Isabelle Garo se penche sur quelques analyses du néolibéralisme, le déplacement des questions politiques sur le terrain de la culture et des mœurs, les tendances à la marchandisation généralisée et la non prise en compte de la spécificité de la force de travail, le rôle de l’idéologie néolibérale et la nécessité de « rendre compte de sa fonction et du paradoxe qui la caractérise », l’hégémonie historiquement inédite et les conditions matérielles de son expansion, « Dans tous les cas, la focalisation de la critique sur la culture néolibérale et les mentalités qu’elle engendrerait inévitablement prend la place d’une approche plus globale et complexe, celle d’une critique de l’économie politique, dialectisant le rapport aux idées aux pratiques et prenant acte du heurt croissant entre le discours néolibéral et le rejet populaire montant que suscitent ses choix politiques, ainsi que le rôle du contrefeu réactionnaire et néoconservateur », l’unification artificielle des différents niveaux des rapports sociaux, l’écrasement du réel, l’oubli de l’existence d’alternatives, « la construction en idées et en actes d’un autre monde ».

Comme le souligne l’auteure, ignorer les contradictions supprime à la fois les causes des crises et « les ressorts des protestations sociales et celui de la critique théorique ». Isabelle Garo a raison de mettre l’accent sur la place du salariat, du rapport salarial. Reste que ce rapport salarial ne peut être appréhendé sans prise en compte de la division sexuelle du travail, de la production du vivre donc du travail domestique, de l’imbrication des rapports sociaux. La « construction en idées et en actes d’un autre monde, fédérant les exploité-e-s et les dominé-e-s, et partant des individus tels qu’ils sont, contradictoires et vivants » pour reprendre sa formule implique de ne pas négliger la matérialité (y compris les dimensions idéelles) de tous les rapports sociaux et en particulier les « rapport de classe, de sexe, de racisation » pour utiliser la formule de Roland Pfefferkorn.
Michel Husson revient sur les « paradis artificiels du revenu », les postulats erronés, la soit-disant fin du travail, la redistribution des gains de productivité sous forme de temps libre, la fascination exercée par les nouvelle technologies, la non-interrogation des modèles d’entreprises nommées à tort « numériques », la surexploitation « de petites mains éparpillées » derrière les « merveilles » de la technologie…

L’auteur rappelle la différence entre transfert et création de valeur, que le transfert de revenu entre individus ne crée pas de valeur. Il montre le caractère fantasmatique du « digital labor » comme du « capitalisme cognitif », la transformation des réalités en monde parallèle « où tout devient possible » et insiste sur la régression sociale « qui consiste à remarchandiser ce qui a été socialisé ».

On ne passera pas au socialisme sans transition, sans affrontement avec les institutions du capitalisme, avec les pouvoirs constitués. Il faut pour cela, condition par ailleurs non suffisante, « une trajectoire crédible de transformation sociale » et des alternatives concrètes : réduction importante du temps de travail, version radicalisée de la Sécurité sociale professionnelle, logique d’Etat « employeur en dernier ressort », dans le cadre d’une transition écologique assumée. J’ajouterai, le développement de l’auto-organisation, du contrôle des salarié-e-s et des citoyen-ne-s, et plus généralement de faits autogestionnaires.
Quelques éléments sur les articles présentés sur la Loi travail et les mobilisations, « réfléchir au contenu politique de ce mouvement et aux formes critiques (du travail, de la représentation) dont il a été porteur ». Capacité à durer, renouvellement des participant-e-s, présence massive mais ponctuelle de salarié-e-s du secteur privé, Merci Patron, Nuit debout, articulation entre « le social et le politique », pétition en ligne, nouvelles formes fédératives, formes de conflictualité souterraines, défense politique des droits, mobilisation interprofessionnelle, place d’Internet, #OnVautMieuxQueÇa, « une nouvelle légitimité quand au moyen de faire société ensemble », temporalités décalées de mobilisation, intersyndicale réduite mais durable, répression, « la multiplication des cas démontre qu’il ne s’agit pas simplement de « bavures individuelles », et cela nous oblige à une riposte coordonnée et nationale », demande de démocratie…

Le réseau pour l’autogestion interroge, entre autres, l’élection présidentielle et sa compatibilité avec la démocratie, la concentration du pouvoir, la République et la République sociale, le personnalisation démultipliée par les primaires, l’ouverture de nouvelles potentialités de « pouvoir populaire et citoyen », le processus constituant, l’articulation des échelles de débat et de représentation – et les nouveaux lieux possibles de démocratie -, les verrous institutionnels, ce que pourrait être une nouvelle la citoyenneté…

Dans la rubrique culture, je souligne l’article sur Kandiski et l’« élan tempéré ».

Lien : https://entreleslignesentrel..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Dans tous les cas, la focalisation de la critique sur la culture néolibérale et les mentalités qu’elle engendrerait inévitablement prend la place d’une approche plus globale et complexe, celle d’une critique de l’économie politique, dialectisant le rapport aux idées aux pratiques et prenant acte du heurt croissant entre le discours néolibéral et le rejet populaire montant que suscitent ses choix politiques, ainsi que le rôle du contrefeu réactionnaire et néoconservateur
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Il s’agit de proposer quelques analyses qui toutes interrogent la définition même du travail intellectuel dans son lien à la politique, en s’attachant à élargir l’approche habituelle
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