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EAN : 9782849506523
192 pages
sylleps (15/01/2018)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :
Le monde, en ses diverses régions, est en proie à des bouleversements violents.
Qu’en est-il de l’Europe ? Pour elle, il semble que la tentation est de se croire menacée de périls survenant de l’extérieur.
Hier, la crise financière partie des États-Unis. Puis les attentats terroristes, retombées des convulsions moyen-orientales. Surtout les mouvements migratoires, issus de ce même Moyen-Orient et d’Afrique…
Autant de défis que, s’ils sont ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
L'accommodement aux normes englue la transformation dans l'ordre existant

Comme pour les précédents numéros, je n'aborde, choix très subjectif, que certains articles et certains points traités.

Geneviève Fraisse parle d'un événement, d'une révolte historique et politique, du corps qui se rebelle, de la démocratie, « Toute démocratie pose la question de l'égalité des sexes, tout en cherchant à freiner l'émancipation des femmes », du contrat sexuel (voir sa belle introduction « À rebours » à l'indispensable ouvrage de Carole Pateman : le Contrat sexuel (1988)), , du corps des femmes à la disposition des hommes, des corps invisibilisés, de l'impensé et de sa centralité, du formel ne faisant pas le réel, « le droit ne change pas automatiquement le réel et la hiérarchie des sexes », de l'autonomie économique condition décisive de la lutte, du refus de consentir (lire en particulier du consentement), « on ne doit pas discuter de la validité d'un consentement individuel mais se demander si c'est un argument politique, un argument pour le monde de demain », de déqualification, d'histoire et de politique.

Suzy Rojtman revient sur l'histoire de la caractérisation des violences faites aux femmes, la définition du viol selon la Loi du 23 décembre 1980, le viol comme crime mais souvent en justice déqualifié en délit et considéré comme une simple agression sexuelle. Elle rappelle la Convention d'Istanbul et la non traduction dans le droit français de certains articles, la difficulté à prendre en compte la parole des femmes. Elle insiste à juste titre sur la non-volonté politique de légiférer en profondeur contrairement à ce qui s'est fait en Espagne avec la « Loi organique contre la violence de genre ». Il ne peut y avoir de compréhension des actes de violences sexuelles envers les femmes si on oublie la domination masculine.

Sophie Binet souligne que l'Etat français refuse « toute approche spécifique des violences fondées sur le genre », les combats syndicaux sur l'égalité Femmes/Hommes, la parole libérée par #MeToo et la rupture de l'isolement de chaque victime, les discours réactionnaires « pour mesurer à quel point la parole des femmes est subversive et qu'elle remet en cause l'ordre établi ». La France devrait adopter une « norme OIT contraignante protégeant l'ensemble des femmes du monde des violences sexistes et sexuelle ». Il ne peut y avoir d'impasse sur les violences au travail. Cinq mesures principales sont énoncées : la sanction des employeurs qui ne respectent pas leurs obligations ; un plan d'urgence pour la formation et la protection des victimes. La mise en place d'une heure de sensibilisation obligatoire de tou·te·s les salarié·es ; la protection des victimes, l'extension des prérogatives et moyens des inspecteurs/trices et des médecins du travail, qui doivent être formé·es, mais aussi pouvoir sanctionner…

Michèle Riot-Sarcey indique que « La dénégation et l'effacement de l'intolérance, au cours du temps, rendent désormais possible la résurgence répétée, sous des formes actualisées, du racisme, de l'antisémitisme et de la misogynie ». Paroles libérées et paroles rendues silencieuses, complexité des antagonisme sociaux, certaine idée de l'émancipation des hommes « en excluant une fraction de l'humanité », égalité et liberté, impasses du mouvement ouvrier au détriment de l'autre « l'étranger, le colonisé, et leur femme », héritage des crimes du passé, fantasme de la culture pour évacuer les questions du pouvoir, « la prise de conscience collective des femmes anticipe sur le devenir d'une émancipation encore plus large ».
Michel Husson revient sur les discours sur la flexibilité. Il souligne que les luttes – le progrès social – ont contraint « le patron à payer ses salariés, même quand ils ne travaillent pas pour lui » (chômage, congés payés, arrêts maladie, accidents du travail, retraire, etc.). Ces discours opposent la « dénonciation des rigidités » (mais pas celles des actionnaires) aux nécessaires réformes pour assurer plus de « flexibilité » aux entreprises (dans l'invisibilisation de ces mêmes actionnaires). Il ne faut pas s'y tromper, la flexibilité exigée ne concerne pas que le temps de travail mais bien « toutes les dimensions du rapport salarial ». L'auteur analyse « la volonté d'adaptation » prônée par l'OCDE et Emmanuel Macron, devant être « « insufflée » à la société d'un point de vue surplombant ». Nul débat démocratique, nul choix possible, « Si le peuple est appelé à « se transformer en profondeur », c'est bien qu'il est le principal obstacle au changement ».

Je souligne l'extravagante idée qu'un frein à l'embauche serait lié à la difficulté de licencier ! « Comment un tel sophisme peut-il être sérieusement avancé, cela reste un mystère ». Comme le montre l'auteur les embauches sont générées par l'activité et la croissance, « la courbe de l'emploi s'obstine à s'enrouler autour de celle du PIB » et contrairement aux idéologies libérales (néo ou non) « une plus grande flexibilité ne conduit pas à des créations nettes d'emploi mais à une extension de la précarité ».

Michel Husson discute aussi des études « bidon(nées) » (Emmanuel Dockès cité : « on est en train de faire des mesures qui ne servent finalement qu'à des voyous »), du marché du travail, de taux de chômage, de retraits des marchés du travail, d'extension des emplois précaires, de durée de temps de travail, de travail à temps partiel, de dévalorisation de la force de travail. « La flexibilité est donc bien le nom de code d'une offensive totale contre le salariat »

Je souligne deux éléments développés par Karel Yon. le premier sur les formes politiques et deux niveaux de la lutte des classes « le plus évident est celui du conflit distributif, pour la répartition de la survaleur entre travail et capital. Mais ce conflit est lui-même conditionné par l'état de la lutte à un deuxième niveau, celui qui détermine les formes politiques dans le cadre desquels s'opère la lutte des classe ». La seconde sur la place reformulée du statut : « A l'affirmation d'une autonomie politique du travail se substitue une citoyenneté subalterne conditionnée par le statut d'emploi ».

Les développements de l'auteur sur la nouvelle architecture des relations sociales dessinée par deux décennies de réformes néolibérales me semblent particulièrement utiles. Il en est de même du rappel du pouvoir disciplinaire exorbitant (juge et partie) des employeurs ou « sur les frontières légitimes » de l'action syndicale…

Chacun·e pourra trouver de multiples pistes de réflexion dans le dossier sur l'Europe ou les 68 thèses pour l'autogestion et l'émancipation. Je partage l'idée d'une nécessaire « radicalisation du droit du sol » avancée par Etienne Balibar et la considération que « les communs sont des relations sociales, et non des choses » de Bruno Della Sudda, Patrick Silberstein et Romain Testoris. le titre de cette note est inspiré par une phrase de leur 68 thèses.
Lien : https://entreleslignesentrel..
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
la prise de conscience collective des femmes anticipe sur le devenir d’une émancipation encore plus large
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Le plus évident est celui du conflit distributif, pour la répartition de la survaleur entre travail et capital. Mais ce conflit est lui-même conditionné par l’état de la lutte à un deuxième niveau, celui qui détermine les formes politiques dans le cadre desquels s’opère la lutte des classe
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La dénégation et l’effacement de l’intolérance, au cours du temps, rendent désormais possible la résurgence répétée, sous des formes actualisées, du racisme, de l’antisémitisme et de la misogynie
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