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EAN : 9782843441431
112 pages
Le Bélial' (11/02/2016)
3.51/5   158 notes
Résumé :
Collection Une Heure Lumière - 03
Non, vraiment, la vie de Dixie Mae n’a pas toujours été rose… Mais grâce à LotsaTech, et au boulot qu’elle vient de décrocher au service clients de ce géant high-tech, les choses vont changer. Telle était du moins sa conviction jusqu’à ce que lui parvienne l’email d’un mystérieux expéditeur, message qui contient quantité de détails intimes liés à son enfance et connus d’elle seule… Dixie Mae, telle Alice, devra passer de l’au... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (45) Voir plus Ajouter une critique
3,51

sur 158 notes
Aaah, retrouver Vernor Vinge !!

J'ai tellement aimé ses romans space-opera intelligents et foisonnants ; j'ai tellement adoré sont roman de voyage dans le temps mâtiné de policier. Je rêvais d'en lire encore alors qu'il y a si peu de matière. Et voilà que paraît cette novella dans la jeune collection « Une Heure Lumière » des éditions la Bélial'. Il était inévitable que je croise son chemin.

Et pourtant au tout début j'ai cru que cela n'allait pas m'emballer, avec cette jeune Dixie qui a les crocs et vient de mettre le pied à l'étrier dans le service client d'une grosse boîte de haute technologie. Plutôt consciencieuse mais colérique la nana. Pire, elle est affublée d'un collègue relou, Victor, franchement agaçant (ce qui explique en partie la colère de Dixie). Bref je n'ai pas trop accroché aux persos.
Mais dès que l'intrigue démarre - quand Dixie reçoit un mail de demande de support qui contient en filigrane des infos sur des passages de sa vie que personne ne peut connaître - ça passe au second plan. Colérique oui, mais associé à une sacrée ténacité ; le mélange lui permet d'oser mener l'enquête pour découvrir le petit malin qui a envoyé ce mail… et au passage lui casser la gueule. Son enquête la mènera à se faire une idée assez précise de la véritable nature de l'endroit où elle se trouve et de ce que cela implique sur sa propre nature.

C'est très accrocheur. Selon le background de culture populaire du lecteur, celui-ci pourra soit s'extasier devant la vérité dévoilée, soit deviner ce qui l'attend et accompagner Dixie dans sa découverte pour vérifier s'il avait raison. J'ai été dans le second cas assez rapidement. Des flashs ciblés sur les films Memento, Matrix et Un jour sans fin ou la série Westworld m'ont bien guidé. Mais cela n'a pas atténué le plaisir qui se situe autant dans le chemin parcouru que dans sa finalité. La novella est composée de plusieurs tableaux successifs peints chacun dans un endroit différent. le mouvement accompagne l'accroissement de la compréhension des héros. Je dis « des » car Dixie se fait accompagner de Victor (la pauvre) et surtout de la géniale Ellen(s) rencontrée(s) plus tard. Vernor Vinge étant un scientifique, la physique et la science informatique participent au récit comme des personnages. Au-delà de l'histoire, on peut y voir un avertissement sur une utilisation éthiquement très discutable d'un progrès qui ne semble pas tellement hors de portée ; quelque chose qui ressemble à ce que la série Black Mirrors propose.

Je remercie l'autre Dixie, celle de Babelio, d'avoir pioché ce récit dans ma PAL. Mais je me demande… est-ce vraiment une coïncidence ? Ne serait-ce pas là un nouvel appel au secours de la part de la Dixie de l'histoire incarnée en membre de Babelio pour avertir le monde de ce qui se trame à son insu ?
Devrais-je avertir les autorités et la presse ?
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Décidément, la collection Une Heure Lumière du Bélial ne cesse de m'offrir de bons moments de lecture. Y a-t-il un seul mauvais bouquin dans cette collection ? Ce « Cookie monster » était aussi pour moi l'occasion de découvrir Vernor Vinge dont d'autres livres m'attendent dans ma PAL, ce qui me ravit puisque j'ai beaucoup apprécié cette novella qui a bien mérité les prix reçus.

Je ne veux pas trop en dire sur l'argument du récit qui s'apprécie d'autant plus quand on ne sait pas à quoi s'attendre en se lançant dans la lecture. « Cookie monster » est un heureux mélange de hard-sf mâtiné de cyber-punk et de thriller paranoïaque. Ces deux aspects sont parfaitement réussis. L'élément hard-sf est à la fois habilement traité et développé tout en étant parfaitement abordable. Quant au versant thriller parano, il est tout simplement excellent. le suspense est constant et malgré la brièveté du récit parvient à se développer en un crescendo réjouissant. D'autant plus réjouissant que l'auteur fait preuve de pas mal d'humour. J'ai souvent souri au cours de ma lecture. Autre point fort de cette novella, malgré la pagination réduite, les personnages ne se réduisent pas à l'état d'esquisses et se révèlent attachants.

« Cookie monster » est un divertissement de haute tenue servie par une maîtrise narrative exemplaire, un humour très agréable et une efficacité redoutable. Je conseille chaudement.
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Il fait toujours bon rattraper son retard dans les ouvrages de la collection Une Heure-Lumière proposés par les éditions du Bélial' ; ici, avec Cookie Monster, de Vernor Vinge, on se plonge dans un cauchemar au sein de la Silicon Valley prête à tous les dépassements.

Des geeks à la Silicon Valley
Los Angeles et sa profusion de géants de la haute-technologie font rêver bien des jeunes gens et ce fut le cas de Dixie qui réussit à se faire embaucher dans un des services de communication de ces multinationales interchangeables. Là, après une formation express et un contrôle des salariés grâce aux technologies de la communication, on emploie de jeunes précaires prêts à tout pour gagner un maigre salaire après des heures passées dans leur nouvelle entreprise. Tout irait donc parfaitement si Dixie ne recevait pas un mail étrange impliquant sa vie privée. Qui peut donc avoir accès à des informations aussi personnelles ? Sa quête de vérité débute tout simplement par la recherche de cet expéditeur anonyme et se fraye un chemin dans les méandres de ce campus qui abrite LotsaTech et ses filiales diverses. À chaque nouvelle découverte, d'autres employés hébergés sur le campus rejoignent son groupe d'infortunés, jeunes informaticiens à la recherche d'un emploi stable : elle n'est pas seule à chercher en quoi consiste le travail qu'on leur demande de faire.

Un récit transhumaniste dérangeant
À l'image de cette entreprise multinationale qui l'embauche et qui se la joue « start-up », le monde de l'entreprise proposé à Dixie est froid, calculateur et oppressant. L'environnement de travail est du genre stressant, puisqu'on a tendance à s'épier constamment, que ce soit voulu ou non. L'auteur met plutôt bien scène cette ambiance où les humains ne sont que des rouages qu'il faut faire fonctionner de la manière la plus efficace possible, logique capitaliste oblige. L'atmosphère est d'autant plus oppressante à partir du moment où l'héroïne recherche l'origine de son problème. le vocabulaire de type « hard science » est régulier mais abordable ; cela aide à se mettre dans l'esprit de l'héroïne et de ses comparses : immergés dans leur monde de technologie, se rendent-ils compte de ce à quoi ils participent ? Avec cette intrigue qui va chercher de plus en plus loin l'origine du problème, Vernor Vinge peint une description glaçante des multinationales qui lorgnent allègrement sur le transhumanisme, non pas pour le bien du genre humain, mais pour le profit de quelques-uns.

Cookie Monster est donc une novella très bien calibrée, faite pour nous retourner un brin le cerveau, ça marche plutôt bien en allant chercher (très) loin la perversité de certains usages de la science : un très bel exemple de ce que peut offrir la collection Une Heure-Lumière !

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Mail douteux.

Dixie Mae vient de prendre un tournant dans sa vie. Elle a trouvé un boulot au service client d'une grande entreprise de haute technologie. Mais un mystérieux mail pourrait tout changer.

J'ai lu cette novella sans attentes particulières et j'en ressors très satisfaite. Nous suivons une jeune femme ayant eu un parcours chaotique qui va prendre un nouveau départ suite à son embauche dans une grande entreprise. Mais les apparences peuvent être trompeuses.

Cette novella prend la forme d'une enquête pour comprendre pourquoi et dans quel but ont été embauchés Dixie Mae et ses collègues. L'auteur en profite pour aborder des thématiques de hard-sf, non en montrant les techniques elles-mêmes, mais en expliquant leurs impacts possibles sur nos vies.

Il aborde notamment la question du transhumanisme, toutefois sa mise en oeuvre n'est pas forcément pour le bien de tous. Il est également question de notre rapport au travail et de l'implication que nous pouvons y mettre ou non. le constat de l'auteur sur ce sujet est effrayant. La question est de savoir comment se désaliéner du travail.

Bref, je n'ai qu'un seul regret après avoir lu cette novella: qu'elle ne soit pas un roman plus long.
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Quel vertige !
Dixie Mae a enfin dégoté un travail correctement rémunéré, avec des conditions plutôt intéressantes, elle travaille au service client de chez LotsaTech, une société high tech dans le style de nos GAFA. Cette novella a été écrite en 2003. Difficile d'en parler sans en dévoiler trop. Ça démarre tranquillement, mais un petit cailloux va tomber dans l'engrenage et la première journée de travail de Dixie et finira par nous donner le vertige, genre de vertige qui nous fait nous poser des questions, sur la réalité, sur le pouvoir de la technologie, sur ces sociétés vampiriques. J'adore quand une petite histoire anodine finit dans l'ivresse de la perception, de la conscience, et là, on est servi.
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critiques presse (1)
eMaginarock
22 octobre 2019
Il s’agit d’une histoire atypique avec un scénario surprenant et une atmosphère générale pour le moins réussie. [...] Vernor Vinge possède une écriture simple et fluide à lire sans pour autant oublier le style. Pas de longueur dans le texte, pas de paraphrase inutile, bref pas de pause pour le lecteur.
Lire la critique sur le site : eMaginarock
Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Ils sortirent par une porte de service. Il y avait là un distributeur de confiseries et de boissons non alcoolisées. Victor s’approvisionna « pour l’expédition » et ils descendirent la colline.
« Fait chaud, dit Victor en mâchonnant une barre chocolatée.
– Ouais. » Le début de la semaine avait été typique de juin. Mais les nuages s’étaient enfuis, laissant le ciel dégagé – soudain, Dixie Mae prit conscience du confort que leur apportait la climatisation dans les locaux de LotsaTech. Son bon sens n’avait pas encore touché la pédale de frein, mais ça ne tarderait pas.
Victor fit passer sa barre chocolatée avec une canette de Dr. Fizz, qu’il jeta derrière l’un des lauriers-roses bordant l’allée. « Alors, à ton avis, qui t’a envoyé ce billet doux ? Hein ?
– Je n’en sais rien, Victor ! Sinon, je ne mettrais pas mon emploi en danger pour le découvrir. »
L’autre s’esclaffa. « T’inquiète pas pour ça, Dixie Mae. Hé ! Ça n’aurait jamais duré jusqu’à la fin de l’été. » Il la gratifia de son sourire supérieur d’homme bien informé.
« Tu es un imbécile, Victor. Un service client qui fonctionne bien, ça va rapporter des milliards.
– Oh ! peut-être… si on est du bon côté du manche. » Il marqua une pause, comme pour réfléchir à ce qu’il allait lui dire. « Mais dans ton cas… écoute : ce genre de truc coûte du fric. Il y a belle lurette que le public a fait savoir ce qu’il était prêt à payer. » Nouvelle pause, comme s’il cherchait à formuler un argument qu’elle soit en mesure de comprendre. « Et même si tu as raison, ta conception du projet n’est pas la bonne. Tu sais pourquoi ? »
Dixie Mae ne répondit pas. Il allait sûrement évoquer le médiocre niveau des employés recrutés pour ledit projet.
Et comme elle l’avait prévu : « Je vais te dire pourquoi. Et c’est cette cerise sur le gâteau qui va faire tout le prix de mes articles pour Bruin. Peut-être que les dirigeants de LotsaTech sont dans le camp du bien. Ce serait surprenant, vu la branlée qu’ils ont mise à Microsoft. Mais peut-être qu’ils se sont laissé entraîner par leur idéalisme. Hé ! Mais si leur projet est à long terme, ils n’ont pas choisi le bon personnel. »
Dixie Mae garda son calme. « On a passé tout un tas de tests psycho. Tu crois que le professeur Reich ne sait pas ce qu’il fait ?
– Oh ! bien au contraire, rassure-toi. Mais suppose que LotsaTech n’exploite pas ses résultats. Regarde-nous. Certains parmi nous – ton serviteur, pour n’en nommer qu’un – sont totalement surqualifiés. Je suis en train de finir mon master en journalisme ; il est clair que je ne ferai pas de vieux os ici. Puis il y a des gens comme Don et Ulysse. Ils ont le niveau d’éducation correspondant au service client, mais ils sont trop futés. D’accord, Ulysse a décidé de se défoncer afin qu’on reconnaisse ses compétences et son ardeur au travail. Mais je te parierais qu’elle ne tiendra pas un été. Quant aux autres… eh bien, je peux parler franchement ? »
Ce qui lui épargna une baffe, c’était le fait que Dixie Mae ne pouvait être furieuse que contre une chose à la fois. « Mais je t’en prie, Victor.
– Tu affiches les mêmes objectifs qu’Ulysse – mais je suis sûr que ton test multiphasique montre que tu es aussi stable que du fulminate de mercure. S’il n’y avait pas eu cet intéressant message signé Lusting, tu aurais tenu une semaine, mais tu serais tôt ou tard tombée sur un truc qui t’aurait orientée vers l’action directe – et tu te serais fait virer aussi sec. »
Dixie Mae feignit de méditer sur cette hypothèse. « Eh bien, oui, dit-elle. Après tout, tu seras encore là la semaine prochaine, pas vrai ? »
Il rit. « L’affaire est entendue. Mais, sérieusement, Dixie Mae, c’est à ça que je pense quand je parle du personnel. On a un groupe de gens brillants et motivés, sauf que leurs motivations partent dans tous les sens et que leur enthousiasme se dégonfle très vite. Hé ! Donc, à mon sens, la seule explication rationnelle – et ça m’étonnerait que ça marche -, c’est que LotsaTech pense que… »
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Page 11
Dixie Mae n’avait jamais travaillé dans un service client ; jusqu’à ce qu’elle passe le teste du Pr Reich, la semaine précédente, son job le mieux payé avait consisté à faire griller des hamburgers. Bien sûr, comme tout un chacun, elle avait souvent été la victime des services clients. Elle achetait un livre neuf, ou une jolie robe, et celle-ci était trop petite, et le dos de celui-là se cassait ; lorsqu’elle contactait le service client, on ne répondait pas à sa requête sauf avec des phrases préenregistrées, ou alors on cherchait à lui vendre un autre truc – quand bien même la pub affirmait que la priorité de la boîte était d’aider ses clients.

LotsaTech semblait résolue à changer tout cela. Ses patrons avaient compris que pour venir en aide à une clientèle humaine, mieux valait un personnel humain. Aussi embauchaient-ils des centaines et des centaines de personnes comme Dixie Mae.
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« Alors, il te plaît, ton nouveau boulot ? »
Dixie Mae leva les yeux de son clavier et découvrit une portion de visage boutonneux qui la fixait au-dessus de la cloison de son box.
« C’est mieux que de faire griller des hamburgers », répondit-elle.
Victor fit un petit bond, se rendant visible jusqu’au menton. « Tu crois ? Ça ne durera pas éternellement. »
En fait, Dixie Mae était du même avis. Mais un poste au service client de Lotsa Tech, c’était un vrai boulot, un premier pas dans l’organigramme de la plus grande entreprise high-tech du monde. « Lâche-moi un peu, Victor ! C’est notre premier jour. » Sans compter les six jours de formation aux produits de l’entreprise, bien sûr. « Si tu n’arrives pas à supporter ça, c’est que tu as la force de concentration d’un criquet.
– C’est un signe d’intelligence, Dixie Mae. Je suis assez futé pour écarter ce qui ne mérite pas l’attention d’un esprit créatif de premier ordre. »
Grr. « Alors ton esprit créatif de premier ordre aura pété les plombs avant la fin de l’été. »
Rictus de Victor. « Bien vu. » Il réfléchit une seconde, puis reprit sur un ton plus posé : « Mais tu comprends… euh… j’ai pris ce job afin d’avoir de la doc pour ma chronique dans Bruin. Je vois ça d’ici : des manchettes genre « Les nouveaux esclaves » ou « Mourir d’ennui au boulot ». J’hésite encore entre la veine purement comique et le commentaire social. Quoi qu’il en soit… » Il baissa la voix d’une octave. « J’ai l’intention de me casser… heu… au plus tard à la fin de la semaine prochaine, de façon à minimiser les dommages cérébraux que me vaudra cette expérience sordide.
– Et tu ne chercheras pas vraiment à aider les clients, hein, Victor ? Uniquement à leur raconter des bobards hilarants ? »
Les sourcils de Victor se soulevèrent. « Je compte me montrer sérieux et pédagogue dans l’assistanat… pendant un ou deux jours tout au moins. » Un sourire sournois déforma ses lèvres. « C’est juste avant de partir que je me transformerai en Salaud d’Assistant venu de l’Enfer. »
Normal… Dixie Mae se retourna vers son clavier. « Okay, Victor. En attendant, laisse-moi faire le boulot pour lequel on me paie, d’accord ? »
Silence. Un silence furieux et vexé ? Non, plutôt le silence salace du mec qui vous déshabille du regard. Mais Dixie Mae garda les yeux rivés à son clavier. Elle pouvait tolérer ce genre de silence tant que l’obsédé était hors de portée.
Au bout d’un temps, on entendit Victor s’affaler sur son siège dans le box voisin.
Ce cher Victor lui cassait les pieds depuis le début. C’était un beau parleur qui, s’il était d’humeur à cela, pouvait expliquer les choses mieux que personne. Mais en même temps, il ne cessait de la ramener sur ses études et de dénigrer ce qu’il appelait leur boulot pourri. Mr. Johnson – le formateur chargé de les familiariser avec les produits maison – était un bon prof, mais ce petit malin de Victor n’avait cessé de le provoquer durant toute la semaine. Sûr qu’il n’avait rien à faire ici, mais pas pour les raisons qu’il évoquait en se rengorgeant.
Dixie Mae mit près d’une heure à traiter sept nouvelles requêtes. L’une d’elles lui demanda pas mal de recherches, une question vraiment bizarre sur la version norvégienne de Voxalot. Ouais, elle finirait vite par se lasser de ce boulot, mais elle se sentait vertueuse à l’idée d’aider les gens. Et grâce aux cours de Mr. Johnson, elle savait que tant que la réponse était envoyée avant l’heure de fermeture, elle pouvait passer tout l’après-midi à chercher comment le programme de reconnaissance vocale de LotsaTech identifiait les voyelles norvégiennes.
Dixie Mae n’avait jamais travaillé dans un service client ; jusqu’à ce qu’elle passe le test du Pr Reich, la semaine précédente, son job le mieux payé avait consisté à faire griller des hamburgers. Bien sûr, comme tout un chacun, elle avait souvent été la victime des services client. Elle achetait un livre neuf, ou une jolie robe, et celle-ci était trop petite, et le dos de celui-là se cassait ; lorsqu’elle contactait le service client, on ne répondait pas à sa requête, sauf avec des phrases préenregistrées, ou alors on cherchait à lui vendre un autre truc – quand bien même la pub affirmait que la priorité de la boîte était d’aider ses clients.
LotsaTech semblait résolue à changer tout cela. Ses patrons avaient compris que pour venir en aide à une clientèle humaine, mieux valait un personnel humain. Aussi embauchaient-ils des centaines et des centaines de personnes comme Dixie Mae.
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En vingt-quatre ans d'existence, Dixie Mae s'était souvent demandé s'il existait rage plus intense que la brume écarlate qui lui apparaissait lorsqu'elle cassait des choses. Jusqu'à aujourd'hui, elle ne l'avait jamais su. Mais, oui, il existait bien quelque chose qui transcendait la rage de berserker. Elle ne balaya pas le terminal de la table, elle ne cassa la gueule à personne. Elle resta avachie un instant, se sentit complètement vidée.
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La voix d’Ulysse était sèche. « Alors, Victor, t’as découvert comment éditer les messages reçus ?
– Je suis innocent, nom de Dieu !
– Mais oui. » Ulysse sourit – éclair de dents blanches sur visage noir. Il y avait dans ces deux mots tout un monde de dédain.
Dixie Mae leva la main pour leur intimer à tous deux de faire silence. « Je… je ne sais pas. Ce message a quelque chose de très étrange. » Elle considéra l’écran durant quelques secondes. Une horrible boule de glace grossissait dans ses tripes. Maman et papa lui avaient construit cette cabane dans l’arbre alors qu’elle avait sept ans. Dixie Mae l’adorait. Pendant deux ans, elle avait été la Tarzane de Tarzana. Mais le nom qu’elle avait donné à cette cabane – Tarzanarama – était resté son secret. Dixie Mae avait donc neuf ans quand elle avait incendié cette merveilleuse cabane. Un terrible accident. Enfin, disons plutôt un méga-caprice qui avait mal tourné. Mais jamais elle n’avait voulu embraser tout le quartier. Les flammes avaient failli dévorer leur maison. Pendant les deux années suivantes, elle avait été sage comme une image, à tel point que c’en devenait effrayant.
Ulysse scrutait le message. Elle tapota Dixie Mae sur l’épaule. « Quel que soit ton correspondant, il n’a pas l’air très aimable. »
Dixie Mae acquiesça. « Cet enfoiré presse tous mes boutons… » Y compris sa curiosité. Son père était aujourd’hui la seule personne au monde à savoir qui avait déclenché cet incendie, mais cela faisait quatre ans qu’il avait perdu sa fille de vue – et jamais il n’aurait rédigé un message dans ce style vulgaire et obsédé.
Le regard de Victor allait de l’une à l’autre ; sans doute était-il vexé qu’elles aient trouvé un autre centre d’intérêt. « Alors, ça vient de qui, à votre avis ? »
Don Williams passa la tête au-dessus d’une cloison. « Qu’est-ce qui se passe ? »
Encore quelques minutes, et tous les occupants de l’étage auraient introduit dans le box de Victor une partie de leur anatomie.
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Video de Vernor Vinge (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Vernor Vinge
7 févr. 2011 Qu'est-ce que la Singularité Technologique ? Vernor Vinge, qui a inventé le terme, parle de l'évolution technologique rapide, du déchargement de notre intelligence sur l'environnement et du potentiel impressionnant de l'intelligence artificielle forte qui, selon lui, culminera dans la singularité technologique d'ici 2023.
"D'ici trente ans, nous aurons les moyens technologiques de créer une intelligence surhumaine. Peu de temps après, l'ère humaine sera terminée." - "La singularité technologique à venir" de Vernor Vinge, 1993
Vernor Vinge a popularisé et inventé le terme "singularité technologique" dans son essai de 1993 "The Coming Technological Singularity", dans lequel il soutient que la création d'une intelligence artificielle surhumaine marquera le point où "l'ère humaine sera terminée", de sorte que aucun modèle actuel de la réalité n'est suffisant pour prédire au-delà. Vinge a publié sa première nouvelle, "Bookworm, Run!", Dans le numéro de mars 1966 d'Analog Science Fiction, puis édité par John W. Campbell. L'histoire explore le thème de l'intelligence augmentée artificiellement en connectant le cerveau directement à des sources de données informatisées. Il est devenu un contributeur modérément prolifique aux magazines SF dans les années 1960 et au début des années 1970. En 1969, il a développé deux histoires connexes ("La princesse barbare", Analog, 1966 et "L'histoire de Grimm", Orbit 4, 1968) dans son premier roman, Grimm's World. Son deuxième roman, The Witling, est publié en 1975.
Vinge s'est fait connaître en 1981 avec sa nouvelle True Names, peut-être la première histoire à présenter un concept pleinement étoffé du cyberespace, qui sera plus tard au cœur des histoires cyberpunk de William Gibson, Neal Stephenson et d'autres.
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