« Si j'avais su que l'on pouvait mourir un jour, peut-être aurais-je alors mieux vécu. Si j'avais su que la verticalité pouvait céder, qu'un corps pouvait s'émietter et se désagréger tout entier, peut-être aurais-je alors mieux compris ce qu'il fallait accepter.
En te regardant aujourd'hui, allongée dans ce corps figé, ce corps insensible et éteint qui n'est déjà plus le tien, j'ai cru voir dans tes yeux un reflet de liberté.
Une promesse d'ailleurs. Tes yeux si clairs et si vifs qui savent encore sourire semblaient crier leur force et leur vigueur. Leur libération. Ton regard était libre, oui, libre de ton corps, qui n'est à présent là que pour gésir. »
Corps à corps, Arielle Siboni @ariellesib @editions_michalon
Ah! Me voilà sans voix au début de cette chronique! Que dire de mes émotions? de mon ressenti? de cette lecture poignante? Par où commencer? Par ces mots de l'autrice elle-même au sujet d'une oeuvre de
Victor Hugo: « Ce livre m'avait empoignée au sens littéral et physique du terme. » Voilà ce que j'ai ressenti pour ma part à la lecture de ce roman bouleversant 🔥
Deux soeurs: l'aînée, autrefois pleine de vie, dévorée par la sclérose en plaques; la seconde, en mal de vie, qui se jette à corps et coeur perdus dans la danse! Deux soeurs si différentes et pourtant si complémentaires… deux soeurs sur le fil de la vie, de ses souffrances, ses partages et ses joies; deux soeurs sur un fil épistolaire, une correspondance qui n'en est pas vraiment une, et qui pourtant se répond, se fait écho, s'entrelace, comme les fils du destin… avant la rencontre avec les Parques!
« Si javais su qu'on était mortel, que la vie d'un être était aussi fragile que capricieuse, quelle ne dure que le temps qu'elle veut, que le temps qu'elle s'invente, peut-être alors que j'aurais su la vivre, la vie. Cette vie qui est passée sans moi, oui, j'aurais dû savoir.
Vivre comme si on savait.
Si j'avais su que la vie était là, quelle n'attendait que moi, je l'aurais prise. »
Il est des plumes qui nous bouleversent en quelques mots, des romans que l'on n'oublie pas bien après que l'on ait tourné la dernière page, des mots, des maux, des bouleversements… et puis la vie!
« On attend toujours un futur en croyant qu'il nous sauvera du présent, mais on ne laisse aucune chance au présent, et il arrive que le futur n'arrive jamais. »
En refermant ce roman, on a envie de danser, oui, mais danser la vie! Danser les instants, danser l'expérience, et vivre, bon sang! Vivre!
« Toi qui savais être libre et absolue. Toi qui étais « cette fille pleine de vie », comme on entendait partout le dire. Oui, pleine de vies, capable d'en donner et redonner aux autres tant elle en a en soi, de la vie. Une fille pleine, une fille qui déborde et qui donne. C'est ce qui s'est produit, tes plusieurs vies faisaient de toi ma soeur, ma mère, mon père, et tout le reste. »
Remercier la vie pour tous les instants, les écueils qui nous façonnent, les bonheurs dont on frissonne, les souvenirs qui résonnent… et puis la vie ❤️
« Sur cette Terre, rien ne reste, mais les mots, eux, subsistent et triomphent.
L'écriture est immortelle. Voilà pourquoi j'écris, pour me donner de la vie. »
Merci @ariellesib pour ce livre que j'ai tant aimé: vos mots m'ont touchée, émue, portée, bouleversée… 🔥