AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782841869794
240 pages
Michalon Editions (25/08/2022)
4.2/5   15 notes
Résumé :
Aurore se refuse à être témoin de l'inexorable déclin de sa sœur, atteinte d'une sclérose en plaques. Elle fuit – dans la danse, dans l'ivresse des rencontres d'une nuit, dans les souvenirs qui ont forgé les manques de leur famille, quand sa sœur tente d'apprivoiser la mort en goûtant aux bonheurs que la vie peut encore lui offrir.

En écho aux lettres meurtries de la première, abîmée dans sa chair, résonnent les écrits lucides et lumineux de la second... >Voir plus
Que lire après Corps à corpsVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
4,2

sur 15 notes
5
5 avis
4
6 avis
3
2 avis
2
0 avis
1
0 avis
Deux soeurs, aussi différentes que l'on puisse l'être.
L'une est sèche, décharnée, le corps sculpté par la souffrance qu'elle s'est imposée depuis l'enfance, pour parvenir au prix de douleurs permanentes à assouvir sa passion de la danse.
L'autre fut pulpeuse, féminine, épicurienne, goûtant les plaisirs de la vie, jusqu'à ce que le destin brise son élan vital, au gré d'une maladie qui lui ôte peu à peu ses forces et son autonomie.

Leur voix alterne, dans la plainte. Refus de la perte, deuil anticipé, souffrance permanente, des corps et des âmes.

S'y superposent les portraits de l'entourage, la mère anorexique, qui n'a jamais assumer la maternité, le mari, trop aimant, et l'enfant préparé au départ annoncé de sa mère.

Ambiance très sombre, malgré la sérénité remarquable de la jeune femme alitée. Les thèmes abordés, la maternité, la mort, la maladie, tout ce que l'être humain est appelé à côtoyer un jour, de façon plus ou moins aiguë ou dramatique, hantent ces pages peu optimistes.

Un roman certes bien écrit, mais qu'il vaut mieux aborder avec un optimisme forcené au risque de sombrer dans la dépression.

240 pages Michalon 25 Août 2022
Lien : https://kittylamouette.blogs..
Commenter  J’apprécie          440
Deux corps se font face. 

Celui d'Aurore qui dompte ses fantômes par la danse, la souffrance acceptée et apprivoisée, le poids contrôlé. 

Et celui de sa soeur, pleine de vie, clouée dans un fauteuil roulant par la sclérose en plaques. 

Deux façons de vivre. Chacune prisonnière d'une façon différente de son corps.

Chacune décide de coucher sur le papier son ressenti, ses émotions. 

Une façon, pour l'une, de régler les comptes entre un père absent et une mère malade. Et surtout pour dire l'admiration pour une grande soeur : son modèle, son ancre, si proche et pourtant si inconnue. 

Une façon, pour l'autre, d'affronter l'avenir, l'après dont elle sera absente. Son enfant qu'elle ne verra pas grandir. Et en attendant, supporter la sollicitude oppressante des proches, gérer sa volonté de vivre mais son souhait aussi d'en finir de cette vie qui n'en est plus une. 

Un face-à-face servi par une plume magnifique. Une plongée dans les pensées intimes de deux soeurs. Un examen de conscience, tel le ressac de la mer, qui dit l'impossibilité de comprendre les êtres aimés.

Un très beau premier roman, tout en introspection et d'une grande sensibilité.
Commenter  J’apprécie          110
« Si j'avais su que l'on pouvait mourir un jour, peut-être aurais-je alors mieux vécu. Si j'avais su que la verticalité pouvait céder, qu'un corps pouvait s'émietter et se désagréger tout entier, peut-être aurais-je alors mieux compris ce qu'il fallait accepter.
En te regardant aujourd'hui, allongée dans ce corps figé, ce corps insensible et éteint qui n'est déjà plus le tien, j'ai cru voir dans tes yeux un reflet de liberté.
Une promesse d'ailleurs. Tes yeux si clairs et si vifs qui savent encore sourire semblaient crier leur force et leur vigueur. Leur libération. Ton regard était libre, oui, libre de ton corps, qui n'est à présent là que pour gésir. »

Corps à corps, Arielle Siboni @ariellesib @editions_michalon

Ah! Me voilà sans voix au début de cette chronique! Que dire de mes émotions? de mon ressenti? de cette lecture poignante? Par où commencer? Par ces mots de l'autrice elle-même au sujet d'une oeuvre de Victor Hugo: « Ce livre m'avait empoignée au sens littéral et physique du terme. » Voilà ce que j'ai ressenti pour ma part à la lecture de ce roman bouleversant 🔥

Deux soeurs: l'aînée, autrefois pleine de vie, dévorée par la sclérose en plaques; la seconde, en mal de vie, qui se jette à corps et coeur perdus dans la danse! Deux soeurs si différentes et pourtant si complémentaires… deux soeurs sur le fil de la vie, de ses souffrances, ses partages et ses joies; deux soeurs sur un fil épistolaire, une correspondance qui n'en est pas vraiment une, et qui pourtant se répond, se fait écho, s'entrelace, comme les fils du destin… avant la rencontre avec les Parques!

« Si javais su qu'on était mortel, que la vie d'un être était aussi fragile que capricieuse, quelle ne dure que le temps qu'elle veut, que le temps qu'elle s'invente, peut-être alors que j'aurais su la vivre, la vie. Cette vie qui est passée sans moi, oui, j'aurais dû savoir.
Vivre comme si on savait.
Si j'avais su que la vie était là, quelle n'attendait que moi, je l'aurais prise. »

Il est des plumes qui nous bouleversent en quelques mots, des romans que l'on n'oublie pas bien après que l'on ait tourné la dernière page, des mots, des maux, des bouleversements… et puis la vie!

« On attend toujours un futur en croyant qu'il nous sauvera du présent, mais on ne laisse aucune chance au présent, et il arrive que le futur n'arrive jamais. »

En refermant ce roman, on a envie de danser, oui, mais danser la vie! Danser les instants, danser l'expérience, et vivre, bon sang! Vivre!

« Toi qui savais être libre et absolue. Toi qui étais « cette fille pleine de vie », comme on entendait partout le dire. Oui, pleine de vies, capable d'en donner et redonner aux autres tant elle en a en soi, de la vie. Une fille pleine, une fille qui déborde et qui donne. C'est ce qui s'est produit, tes plusieurs vies faisaient de toi ma soeur, ma mère, mon père, et tout le reste. »

Remercier la vie pour tous les instants, les écueils qui nous façonnent, les bonheurs dont on frissonne, les souvenirs qui résonnent… et puis la vie ❤️

« Sur cette Terre, rien ne reste, mais les mots, eux, subsistent et triomphent.
L'écriture est immortelle. Voilà pourquoi j'écris, pour me donner de la vie. »

Merci @ariellesib pour ce livre que j'ai tant aimé: vos mots m'ont touchée, émue, portée, bouleversée… 🔥

Commenter  J’apprécie          10
Émotions garanties !

Aurore est une danseuse étoile qui a grandi entre une mère anorexique qui l'ignorait, un père accaparé par sa femme et une grande soeur qui jouait aussi les rôles de la confidente, de la maman et même du papa.

Sa grande soeur a une vie plus posée : avocate, mariée et mère d'un petit Élie, elle ne parcourt pas les continents comme le fait Aurore. D'ailleurs, elle ne parcourt plus non plus sa rue : elle passe désormais de son fauteuil roulant à son lit à cause d'une sclérose en plaques sévère et fulgurante.

Les deux soeurs couchent leurs sentiments et réflexions sur le papier, la grande en pensant que personne ne la lit, la petite en étant sûre de n'être jamais lue.
~
La première qualité de ce texte réside incontestablement dans son écriture : non seulement l'autrice s'amuse avec la langue française, mais en plus, elle a un don incroyable pour faire passer les émotions. Certains passages sont très douloureux à lire, d'autres sont beaucoup plus légers.

Sous cette jolie plume, l'amour se dévoile dans tous ses états : de l'amour filial à l'amour fraternel, de l'amour du conjoint à l'amour de la vie, chaque lien est passé au peigne fin par les deux soeurs. La jalousie, les regrets, les non-dits, mais aussi les moments de complicité remontent dans les souvenirs et se posent délicatement sur le papier.

Dans cet exercice d'introspection, l'esprit et le corps se débattent. La tête de l'aînée continue de fonctionner alors que son corps franchit lentement les portes De Saint-Pierre. La benjamine, au contraire, a toujours dompté son corps, mais qui ne sait ni ressentir les émotions, ni s'oublier.

Quant à la maladie, elle est évoquée sans galimatias. La perte d'autonomie est pourtant un sujet difficile à exprimer. Enfin, le choix de la fin de vie du malade revient plusieurs fois dans le roman, tout en sensibilité : bravo, chère Arielle, pour ces mots qui révèlent si bien les maux!
Commenter  J’apprécie          40
Voici un premier roman fort et puissant sur le corps, la féminité, la maternité, la maladie et la mort. Rien de très gai je vous l'accorde, mais il est très bien écrit.
La structure repose sur les lettres de deux soeurs. L'une est atteinte d'une sclérose en plaques et perd peu à peu l'usage de tous ses membres. Elle devient paralysée et dépendante. L'autre soeur, Aurore, la plus jeune, danse et recherche la maîtrise de son corps. Elle est anorexique comme sa mère qui s'est très peu occupée d'elle. Sa mère ayant réclamée toute l'attention de son père, Aurore est en manque d'amour et sa grande soeur a été cette mère qui lui faisait défaut. La perte inéluctable de sa soeur lui cause une immense douleur.
La grande soeur, qui n'est jamais nommée, a un enfant, Elie. Aurore adore ce petit garçon et se projette après la mort de sa soeur. Elle lui sera dévouée comme une mère et s'occupera de lui. Mère, elle ne veut pas l'être. Elle refuse de voir son corps changer. Elle se révèle plutôt égoïste, fuyant la vue de sa soeur qui dépérit.
La voix des deux soeurs alterne et offre deux points de vue différents, deux caractères. L'écriture les aide à se libérer, à aller mieux. Ce roman aborde également la fin de vie et l'euthanasie. Quand la maladie l'emmure totalement, la grande soeur aimerait avoir le choix de mourir mais elle sait que personne dans son entourage n'aurait le courage d'accéder à sa demande. Toute sa famille préfère la garder en vie le plus longtemps possible.
Avec lucidité et un ton sarcastique, faisant parfois penser à l'humour yiddish d'Isaac Bashevis Singer, l'autrice interroge sans donner de réponses : comment survivre au malheur ?
Arielle Sibony est une jeune artiste et écrivaine. Elle aime susciter des émotions et des questionnements. Il faut préciser que ce roman n'est pas autobiographique. Il est totalement inventé et c'est assez bluffant. Elle s'est certes documentée sur la maladie, mais elle réussit à se mettre à la place des autres, ce qui lui permet dit-elle de « s'évader de sa vie ». Avec une écriture instinctive, elle offre un « livre juste et drôle sur la mort ». Son éditrice n'a pas retravaillé le texte et a préservé le « jaillissement » de son écriture. D'origine juive, la famille est également un thème qui la fascine. Lors d'une rencontre VLEEL, elle a parlé notamment de son père, Daniel Sibony, philosophe et psychanalyste, ainsi que de ses soeurs.
Si vous aimez les romans intimes, introspectifs, ressentir des émotions et que vous n'êtes pas dépressif, je vous recommande la lecture de ce roman qui a de nombreuses qualités.
Merci à VLEEL et aux éditions Michalon pour cette lecture
Lien : https://joellebooks.fr/2022/..
Commenter  J’apprécie          50

Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Non, moi je voudrais vivre mes derniers instants là où je me sens vraiment vivre, où je sens le temps qui passe, lentement, presque péniblement, mais où je le ressens vraiment. Je serais à la maison, rien de neuf, rien de nouveau, rien de spécialement beau, juste la vie ordinaire qui se termine. Car lorsqu’on s’envole vers d’autres cieux, on rêve éveillé, on se perd dans l’irréalité de l’espace-temps et on ne sait plus qui l’on est, si l’on est ici ou si l’on est resté là-bas. Ce que je sais, c’est que je n’aurais envie de rien, et surtout pas de voir ailleurs, le trop vaste, le trop grand, le trop pénétrant, ce trop-plein de promesses qui m’auraient tuée de regrets avant même mon heure arrivée.
Commenter  J’apprécie          70
Si j’avais su que l’on pouvait mourir un jour, peut-être aurais-je mieux vécu.
Si j’avais su qu’on pouvait se courber sans plus jamais se redresser,
S’effondrer sans jamais se relever,
S’abattre sans plus pouvoir se battre, peut-être alors que j’aurais pu apprendre à rêver.
Commenter  J’apprécie          40
Ce matin, j’ai remarqué que toute ma main s’était paralysée. Ça y est. Ma main droite tout entière, déjà. Hier pourtant, elle se mouvait encore un peu, et ce matin, la voilà endormie à jamais. Toute la main à l’exception de l’auriculaire. Quelle bonne nouvelle ! Et qu’est-ce qu’on peut bien faire d’un seul et unique auriculaire ? Ce doigt n’est utile que lorsqu’il est connecté à ses pairs. Alors, en le voyant remuer fébrilement, j’ai souris, à défaut de rire, ou de pleurer. Puis j’ai appelé Elie, pour faire un « bras de fer chinois » en substituant le pouce par l’auriculaire. Pic d’inspiration, comme il m’en vient souvent depuis que je suis chaque jour un peu plus enrayée. Oui, il faut de l’imagination pour continuer à vivre, mais on s’y habitue vite. Notre bras de fer était drôle, presque ridicule, mais j’étais fière et soulagée de montrer à mon fils que je pouvais encore faire quelque chose avec lui. Que je suis toujours sa partenaire, son acolyte, car depuis que je me momifie, il ne joue qu’avec le autres. Cette sclérose qui éteint chacun de mes membres un à un veille à ce qu’il ne me reste plus rien.
Commenter  J’apprécie          00
Ce n’est que lorsque l’on voit la mort s’approcher, que soudain tout se libère, la tendresse, l’affection, l’amour enfoui se délie et on se laisse aller, on se laisse vivre et on se laisse enfin aimer. On donne tout ce qu’on a parce qu’on sait qu’il y aura une fin. Comme s’il fallait cette fin pour être sûr de ne pas trop donner avant. Mais donnez, bon sang ! Donnez, ça fait tellement de bien ! Aimez, montrez et partagez tout ce que vous avez, car elle viendra un jour, cette fin, c’est sûr et certain, et il ne restera plus rien.
Commenter  J’apprécie          10
La discipline, c'est ce qui sauve les êtres qui veulent se perdre, les êtres fragiles comme moi.
Commenter  J’apprécie          70

Video de Arielle Sibony (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Arielle Sibony
VLEEL 216 Rencontre littéraire avec Arielle Sibony, Corps à corps et les Éditions Michalon
autres livres classés : sororitéVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus

Lecteurs (35) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (2 - littérature francophone )

Françoise Sagan : "Le miroir ***"

brisé
fendu
égaré
perdu

20 questions
3661 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , littérature française , littérature francophoneCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..