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EAN : 9782743634834
448 pages
Payot et Rivages (13/01/2016)
3.88/5   20 notes
Résumé :
C'est un premier roman comme on en lit peu, qui donne les pleins pouvoirs à l'imaginaire. Les Corps conducteurs retrace la vie d'un personnage réel, Lev Theremin, musicien et inventeur de génie. Tel Wes Anderson dans Grand Budapest Hotel, Michaels narre chaque événement en technicolor : Lev traverse les rutilantes années 20 à New York, donne des concerts à guichets fermés, rencontre Gerschwin, adule Lénine, joue les espions pour le régime et atterrit au Goulag. Mich... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
C'est un livre étrange au premier abord. de même que l'appareil dont il nous parle : le thérémine… le narrateur en est l'inventeur : Léon Thérémine ou plutôt Lev Serguievitch Termen. Au long de ces 440 pages, il raconte sa vie, ses inventions, son amour unique Clara Rockmore. C'est à cette dernière qu'il écrit dans la première partie du roman. Nous y découvrons un scientifique , physicien passionné de musique qui allie ses deux passions en inventant un appareil le thérémine , qui permet de jouer de la musique en bougeant les mains dans un champ éléctromagnétique…. C'est entre autres, cette invention qui fera de lui un espion soviétique ; on l'envoie aux Etas-Unis pour commercialiser ses inventions mais aussi l'utiliser . Il prend goût à sa vie mondaine, mais surtout fait la connaissance de Clara Rockmore qui va apprendre à jouer en virtuose du thérémine et dont il tombe éperdument amoureux. En 1938, le NKVD de Staline le rapatrie de force et l'envoie à la Kolima puis le retient prisonnier dans des laboratoires clandestins où il continue à travailler sur des inventions : micros espions, divers systèmes d'écoute.
Toute sa vie est racontée par lui-même dans ce roman bien documenté et très facile à lire. Peut-être un peu long dans la première partie sur sa vie à New-York. La description de ses mois passés au Goulag n'apporte rien de nouveau à tout ce qu'on a pu lire, mais le rappelle avec force ; de même que sa vie dans ces laboratoires clandestins qui ont perduré pendant la deuxième guerre mondiale et après.
J'ai découvert l'histoire de cet homme et surtout l'existence de ces instruments de musiques, précurseurs de la musique électronique.
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Corps conducteurs de Sean Michaels est l'histoire de Lev Sergueïevitch Termen l'inventeur de l'instrument de musique le thérémine. L'auteur a pris beaucoup de liberté pour rendre l'histoire intéressante mais la plupart des faits relatés sont vraies. Reçu comme un génie en Amérique vers la fin des années 20 et sa déchéance a son retour six années plus tard en U.R.S.S. Sean Michaels Montréalais d'adoption nous amène dans l'Amérique de la prohibition et les années folles. J'ai adoré ce bouquin une belle histoire d'amour impossible ou le jazz et les grands orchestres donne le ton harmonique au récit et la mise en place d'une guerre froide à venir. Cette musique ne vient pas de la terre et le corps qui en joue deviens conducteur.
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Lauréat du prix Giller 2014, ce roman historique de Sean Michaels porte un titre intrigant et ésotérique. Corps conducteurs raconte l'histoire de Lev Sergueïevitch Termen, un ingénieur russe, inventeur, entre autres, du thérémine, instrument par lequel, avec les gestes précis d'une main et d'une antenne, on arrive à tirer des notes larmoyantes diffusant ainsi une musique « éthérée », un son qu'on disait ne pas appartenir à la Terre (en complément du récit, j'ai visionné sur le Net des vidéos très intéressants sur les performances réalisées avec ce bizarre machin). Recruté par l'État soviétique comme espion, Termen vécut à la fin des années 1920 à New York City en vue d'analyser les nouvelles découvertes de ses collègues américains tout en faisant connaître le fruit de ses propres inventions : le rythmicon, un piano produisant des rythmes, le terpsitone, une plateforme électronique qui captait la conductivité et les mouvements des danseurs, des détecteurs de métal et de mouvements. Il connut une parenthèse d'internement en camp de travail en Sibérie avant d'être libéré en 1947. L'écriture et le traitement de la première partie du roman ne m'a pas enchantée, mais paradoxalement, la seconde, portant sur les travaux forcés dans l'enfer de la Kolyma (« On se serait cru à la fin de nos vies, dans un entre-deux qui suit la mort »), m'est apparue plus aboutie et plus prenante. Un récit étonnant de la vie d'un scientifique entraîné dans la tourmente du bolchevisme et du stalinisme, amoureux éconduit de la violoniste, Clara Reisenberg, elle-même élève du maître et virtuose du thérémine.
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CORPS CONDUCTEURS est un roman musical envoûtant! Avec un sens aiguisé du rythme et une plume de chef d'orchestre, l'auteur-virtuose, Sean Michaels, nous raconte le parcours pas banal du tout de l'inventeur russe Lev Sergueïvitch, que l'on connaît aujourd'hui sous le nom de Léon Thérémine, créateur de l'instrument éponyme.


Le son du thérémine n'est rien d'autre qu'un pur courant électrique. C'est le chant de l'éclair tapi dans les nuages. Jamais sa mélodie ne vacille ni ne s'épuise; elle persiste, reste, tient, dure, s'attarde. Elle ne vous abandonne jamais. À cet égard, elle est meilleure que nous tous.

Si sa trajectoire comme savant, inventeur prolifique, espion et musicien nous fascine, c'est son amour pour Clara Rockmore qui nous fait vibrer à l'unisson. Et c'est à elle qu'il s'adresse tout au long de cette symphonie, nous offrant à lire un roman comme une longue lettre à la femme aimée, mais inaccessible, « la plus grande joueuse de thérémine que le monde connaîtra jamais ».


La nuit, lorsque tout le monde était parti, j'inventais avec un crayon court des objets qui n'existaient pas encore […]. Et puis, un jour, je t'ai rencontrée.

CORPS CONDUCTEURS est à la fois une histoire de science et d'espionnage, d'amour et de musique sur fond de guerre froide et d'une Amérique de tous les possibles. Une histoire plutôt fantaisiste, mais bien ancrée dans le réel afin d'ajouter une touche de magie et d'étincelles à la réalité. Parce que nous avons tous besoin de rêver un peu… et c'est là que nous transporte l'auteur avec sa plume enchanteresse : dans le rêve. J'ai eu le sentiment, après quelques pages seulement, d'être happée par l'histoire. J'avais l'impression joyeuse d'entrer dans un livre de contes avec aucune envie d'en ressortir avant d'avoir rencontré le point final.


Tu m'as souri et j'ai réalisé que jamais nous n'avions été ainsi tous les deux, dans un endroit comme celui-ci, un lieu sans projecteurs ni recoins, où l'éclairage nous révèle tels qu'on est, brillants ou ternes. Mais nous avons souri ensemble, encore en couleurs.

Soulignons aussi le travail de traduction de Catherine Leroux (La marche en forêt, le mur mitoyen, Madame Victoria) qui a su respecter le texte original et nous le rendre dans toute sa splendeur!

Un pur délice!!!

Lien : http://carnetdunelibraire.co..
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Belle lecture. le livre nous fait découvrir des aspects de la vie de l'ingénieur-musicien Lev S. Termen (Thérémine). Une existence faite de moments qui oscillent entre des temps forts (la vie luxueuse à New-York dans l'entre deux guerres) et des temps sombres (les camps de travail de l'URSS de Staline); une vie qui s'écoule comme les ondes de la musique.

L'horreur des camps de travail est bien décrite dans la seconde partie. Quant à la première portion du livre, qui se déroule à NY, bien qu'un peu longue, disons qu'elle permet de voir à quel point Termen fréquentait assidûment le cercle des célébrités culturelles de l'époque, et ce, tout en étant espion soviétique.

J'ai aimé le fait que la musique est présente, en sourdine, tout au long de l'histoire, et même dans les pires moments de l'existence de Termen au goulag ou dans les camps de travail pour scientifiques. Tout ça nous est bien rendu par l'excellente traduction faite dans une langue poétique et simple.
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critiques presse (1)
Telerama
24 février 2016
Ce roman danse, chante et soupire, électrifiant la vie. Dès les premières pages, on est séduit par l'union de l'émotion et de la science, de la fantaisie littéraire et de la composition musicale.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Voici comment on joue du thérémine :
On le met en marche. Puis on attend.
Il y a plusieurs raisons d’attendre. On attend pour donner aux tubes le temps de se réchauffer, comme des créatures qui prennent leur première respiration. On attend pour intensifier le suspense du public. Et enfin, on attend pour accroître sa propre anticipation. C’est à la fois une exultation et une terreur. Un boîtier, deux antennes, et immédiatement l’espace est activé, la pièce se charge, l’atmosphère prend vie. Ce qui était en puissance devient puissant. On imagine les étincelles, les braises, les petits éclairs fragmentés, accrochés dans le vide de l’air.
On lève les mains.
La droite d’abord, vers l’antenne de tonalité, pour l’entendre : DZIIIIOUU, la décharge électrique roucoulante qui se stabilise en un hymne allongé. On dirige ensuite la main gauche vers l’antenne de volume et on adoucit le tout.
On bouge encore les mains, et l’appareil se met à chanter.
Mon thérémine est un instrument de musique, un instrument d’air. Ses deux antennes montent d’un boîtier de bois. L’antenne de tonalité est grande, noire, noble. Plus la main droite s’en approche, plus la note est élevée. La seconde antenne contrôle le volume. Elle est repliée en une boucle dorée et horizontale. Plus on avance sa main gauche, plus la mélodie s’adoucit. Plus on l’en éloigne, plus le son est fort. Mais, toujours, on reste debout, les bras en l’air à la manière d’un maestro qui conduit son orchestre. Voilà le secret du thérémine. Après tout, le corps est un conducteur.
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Tard le soir, lorsque les élèves étaient partis, je mangeais de petits repas simples, me régalant du mouvement d’un couteau à travers un oignon, de sa division en deux parts perlées… Mon compte en banque n’était plus qu’un coffre vide ; mes revenus dépendaient de prêts, de brevets, de ventes projetées. Or il n’y avait plus de prêts, aucun nouveau brevet, pas de ventes projetées. Personne n’achetait quoi que ce soit et je devais deux mois de loyer à l’Hôtel Plaza, dont les enveloppes s’accumulaient comme des feuilles tombées sur la table près de ma porte. J’ignorais où je trouverais l’argent. Je pensais à Sasha, à Leningrad, qui compilait de nouvelles données. Je pensais à Katia qui vieillissait dans le New Jersey, mais je ne l’appelais pas, me bornant à rester dans mon fauteuil inclinable, à fixer les bras de mes élèves qui, comme des sémaphores, me signalaient que j’avais encore des choses à faire.
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J’étais Léon Theren avant d’être le docteur Thérémine, et avant d’être Léon, j’étais Lev Sergueïevitch. L’instrument que l’on connait aujourd’hui comme le thérémine aurait donc pu s’appeler le léon, le liova, le sergueïevitch. Il aurait pu être baptisé le clara, en l’honneur de sa plus grande interprète. Pash affectionnait « termenvox », il aimait sa connotation scientifique, pleine d’autorité. Mais ce nom m’a toujours fait rire. Termenvox – la voix de Termen. Comme si cet appareil reproduisait ma voix. Comme si le soprano frémissant du thérémine était le chant d’un savant de Leningrad.
Je riais à cette idée, et pourtant, en un sens, je pense que j’y croyais. Non pas que le thérémine imitât ma voix, mais il donnait une voix à quelque chose. À l’invisible. À l’éther. Moi, Lev Sergueïevitch Termen, porte-voix de l’univers.
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Parfois, quand je suis étendu sur ma couchette, je me dis : cet endroit ressemble à la cale d’un bateau. Puis, je me frotte les yeux et, évidemment, je me souviens que je suis bel et bien dans la cale d’un bateau, et que ces grincements sont les grincements d’acier du navire, et que mes rêves sont les rêves d’un marin. Juché sur mon oreiller, je parviens à voir l’eau à travers le hublot. La mer est interminable. Quand la lune se lève, elle dessine un sentier de lumière sur les vagues.
À l’heure des repas, un homme apparaît à la porte de ma cabine. Il a la taille d’un ours polaire, une barbe d’ours polaire, des moustaches d’ours polaire et un lourd manteau blanc comme le pelage d’un ours polaire. Si ce n’était ses mains, dotées de cinq doigts et larges comme des soixante-dix-huit tours, je pourrais le prendre pour un ours polaire. Mais il s’agit bel et bien d’un homme. Il est né à Mourmansk. Son nom est Red, ce qui ne peut qu’être une blague.
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La mer est interminable. Quand la lune se lève, elle dessine un sentier de lumière sur les vagues.
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