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EAN : 9782072876349
256 pages
Gallimard (01/01/2020)
4.09/5   17 notes
Résumé :
Albert Camus et Francis Ponge se rencontrent pour la première fois à Lyon le 17 janvier 1943, en compagnie du journaliste Pascal Pia, leur ami commun. Le Parti pris des choses a paru quelques mois plus tôt, en même temps que L'Étranger. Mais Francis Ponge a lu le manuscrit du Mythe de Sisyphe dès août 1941 et, y trouvant un écho inespéré à ses propres interrogations sur l'absurde, aspire dès lors à se rapprocher de son cadet. Deux conceptions du monde se reconnaisse... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Un coup de coeur, toujours, à la lecture des lettres de Camus !

En plus de tous ses talents, l'auteur de "La Peste" en a un certain, et
constant : celui de l'Amitié ! Je ne peux résister à cette phrase de Camus à Nicola Chiaromonte, qui annonce fort bien le ton de cette Correspondance,
[le 7 novembre [1945 ] ]
"(...) Il y a certaines choses pour lesquelles je me sens une obstination infinie. L'amitié est de celles-là. "(p. 47)

Cette correspondance de Albert Camus, avec Nicola Chiaromonte,est
exceptionnelle tant au niveau des échanges profonds et chaleureux: que cela soit les inquiétudes, les interrogations angoissées en période de guerre, entre la montée du nazisme,le fascisme, les dérives totalitaires, que les échanges littéraires, intellectuels, ainsi que les tourments, déchirements intimes,amoureux de l'un et de l'autre, qu'il se confient réciproquement !

Découvert jusqu'au nom de Chiaromonte, antifasciste et anticommuniste... cet intellectuel italien se trouvait en exil ; il rencontra Camus à Oran, au printemps 1941...Celui-ci lui offrit l'hospitalité ! Ainsi débuta cette amitié, le plus naturellement du monde et dura jusqu'au décès prématuré de Camus...

"Albert Camus à Nicola Chiaromonte - 5 mai 1954
Cher Nicolas,
Je voulais vous écrire pour vous remercier de votre lettre, de l'affection
fraternelle que vous m'avez montrée, de votre confiance aussi. Oui,je me
souviens de nos rencontres en Afrique. L'amitié est une chose étrange.
Le jour où vous êtes parti pour le Maroc, je ne savais même pas si nous
nous reverrions et même toutes les chances de la guerre étaient pour
nous que nous nous retrouvions pas. Cependant, j'étais "en certitude"
avec vous, avec l'avenir qui nous était commun. Je vous avais reconnu et
vous étiez parmi la dizaine d'êtres avec lesquels j'ai toujours vécu, même
séparés d'eux. "(p. 118)

Une très belle correspondance fraternelle, tant intellectuelle qu'amicale !
Nous apprenons que Chiaromonte qui se sentait totalement en phase avec les sujets et thématiques de Camus, fut son traducteur en Italie, entre autres pour "La Chute" ainsi que pour ses nouvelles !

Il fut un ami constant et très présent après l'attribution du Prix Nobel
décerné à Camus... qui fut comme paniqué, et traversa une période de
dépression et de doute intenses !

En pièces annexes, articles sur la situation internationale et commentaires sur les positions politiques et philosophiques de Camus, par Chiaromonte

Un très beau moment de lecture réunissant deux intellectuels , très inquiets de la situation politique de leurs pays et des autres, où des
dérives totalitaires augmentaient...tout en nourrissant un lien intime,
fraternel très fort , rempli de respect et d'estime réciproques !

Nicola Chiaromonte à Albert Camus-Rome le 31 mars [1954 ]
(...) "Et c'est resté comme ça, par la suite : un lien direct et simple- né d'un rapport humain des plus beaux et vrais : l'hospitalité.
J'ai toujours senti, en votre compagnie, la sûreté du lien et une sorte de contact dans les sentiments qui demandait beaucoup de discrétion , étant peut-être plus aigu et plus profond que chacun de nous deux n' aurait pensé. "(p. 115)



***voir aussi dans dernier numéro de l'eté 2019 de la revue, "Philosophie"
https://www.philomag.com/les-livres/notre-selection/correspondance-1945-1959-39289?fbclid=IwAR09M8O60vq¤££¤14EsmdMSedUiIqYbRLmL29¤££¤311NlPQn25oEsmdMSedUiIqYbRLmL_JBM
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Nicola Chiaromonte prend le chemin de l'exil en 1934 et s'installe à Paris. En 1936, il participe à la Guerre d'Espagne dans l'escadrille d'André Malraux. Dans son roman l'Espoir, il le prendra comme modèle pour son personnage de Scali, un intellectuel italien qui se dresse contre le fascisme.
Il se réfugie en Algérie en 1941, il rencontre Albert Camus à Oran. Celui-ci, bien qu'en situation précaire, lui offre l'hospitalité dans le petit appartement, rue d'Arsew, mis à sa disposition par la mère de Francine Faure, qui deviendra, peu après son épouse. Nicola Chiaromonte partira ensuite pour les Etats-Unis.

Une longue amitié unira ces deux- là, faites de complicités fraternelles, de connivences intellectuelles, d'ententes culturelles. Un échange épistolaire ininterrompu les reliera jusqu'à la disparition de Camus. La dernière lettre de Chairomonte, en date du 15 novembre 1959, évoque la joie de futures retrouvailles lors du prochain séjour de Chiaromonte à Paris…
Samantha Novello qui présente et annote cette édition est une grande spécialiste de Camus : Maîtrise en philosophie avec une dissertation sur " Nihilisme et pensée tragique dans la réflexion morale d'Albert Camus ", master de philosophie sur « Totalitarisme et pensée tragique dans l'Homme révolté d'Albert Camus, doctorat "Repenser le politique au-delà du nihilisme : tragédie et politique esthétique dans l'oeuvre de Camus et Hannah Arendt". Elle est fréquemment invitée par notre association Les Rencontres Méditerranéennes Albert Camus de Lourmarin. L'exposition estivale de cette année organisée par l'association "Camus l'engagement critique" met en exergue par des tapuscrits et lettres manuscrites échangées entre Camus et Chiaromonte, cette amitié longue et féconde.

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Je termine en ce moment, à Hammamet, la lecture de la correspondance échangée entre Albert Camus et Nicola Chiaramonte entre 1945 et 1959 et publiée chez Gallimard en 2019.

Albert Camus a connu Nicola Chiaramonte lorsque ce dernier, fuyant une Europe et une France inhospitalière débarqua en Algérie, à Oran, en 1943.
Une amitié profonde naquit à ce moment là entre les deux intellectuels anti fascistes et Nicola Chiaramonte fut particulièrement touché par l'accueil généreux de Francine et Albert Camus qui l'hébergèrent chez eux à Oran. Nicola Chiaramonte fut sensible à cet accueil alors qu'il admirait déjà Albert Calus et son oeuvre naissante.

Ils s'écrivirent alors régulièrement, Nicola Chiaramonte de New-York ou de Rome, se virent plusieurs fois à Paris et firent ensemble quelques voyages en Italie et en Grèce.
La correspondance entre deux écrivains a ceci d'intéressant qu'elle touche, à la fois, au quotidien des des artistes mais aussi à leurs préoccupations intellectuelles, à leur travail, chacun se nourrissant des informations venues de l'autre.

Ces lettres portent, pour l'essentiel sur la situation de l'Europe dans ces années 1938-1945, sur l'incertitude, les menaces sur les horreurs commises à cette époque. Les deux écrivains se demandant comment réagir, comment s'organiser, comment réarmer moralement l'Europe contre les dérives totalitaires et populistes. Ces réflexions ne peuvent pas ne pas avoir d'écho à notre époque. Je ne peux reprendre, ici, tous les signes d'amitié réelle que se donnent les deux hommes ni le détail de leurs réflexions mais les lecteurs de cette correspondance y prendront sans conteste intérêt.

Il y a, aussi, des pages intéressantes et émouvantes sur la longue période où Camus évoque franchement la maladie de sa femme Francine, victime d'une grave dépression à laquelle son comportement à l'égard des femmes n'est pas étranger.

Au total une correspondance attachante sur une belle amitié entre deux intellectuels amoureux des idées mais aussi de la vie, des voyages, de la mer et connaissant comme chacun de nous des hauts et des bas de l'humeur.

L'oeuvre de Camus est mondialement connue, celle de Nicola Chiaramonte (que l'on peut approfondir dans l'introduction de ce livre) seulement de quelques spécialistes et, au milieu, de cela, surnagent pour quelques temps encore, ces lettres porteuses d'amitié.
Lien : http://jpryf-actualitsvoyage..
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Pas très sexy, d'aspect un peu poussiéreux ce livre est un retour vers le futur, qui dit ce qu'on ne lit pas dans les oeuvres romanesques et qui donne envie de lire, un de ces livres ricochet.
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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
1er septembre 1956
Cher Nicolas,
J'ai remis de vous écrire la joie d'amitié que m'avait donnée votre article sur La Chute et puis les répétitions de la pièce de Faulkner sont venues qui ont tout emporté. Je ne vis plus que dans cet univers, content d'y vivre d'ailleurs, séparé d'un monde que je supporte de plus en plus mal, au rythme de dix heures de répétitions par jour, avec le reste de la journée occupé par les détails techniques et les préparations de répétition.
Pourtant vous avez été le seul à trouver les mots qu'il fallait, à dire qu'il fallait répondre seul et soi-même à ce qui a été pour moi une sorte d'arrachement que j'ai dû effectuer seul, et par mes seules forces. J'ai reçu aussi une lettre de Moravia qui m'a touché beaucoup. En France, le livre se vend beaucoup , mais ce qu'on en dit est idiot. Mais une réaction comme la vôtre compense tout cela, et me donne une sorte de paix, je ne sais pas dire, dont je vous suit bien reconnaissant. (...) Albert Camus
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Albert Camus à Nicola Chiaromonte - 5 mai 1954

Cher Nicolas,

Je voulais vous écrire pour vous remercier de votre lettre, de l'affection fraternelle que vous m'avez montrée, de votre confiance aussi. Oui,je me souviens de nos rencontres en Afrique. L'amitié est une chose étrange. Le jour où vous êtes parti pour le Maroc, je ne savais même pas si nous nous reverrions et même toutes les chances de la guerre étaient pour nous que nous nous retrouvions pas. Cependant, j'étais "en certitude" avec vous, avec l'avenir qui nous était commun. Je vous avais reconnu et vous étiez parmi la dizaine d'êtres avec lesquels j'ai toujours vécu, même séparés d'eux. (p. 118)
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Albert Camus à Nicola Chiaromonte--20 octobre 1957

cher Nicolas,
J'ai reçu cette nouvelle avec une sorte de panique [**attribution du prix Nobel ]. Ce qui m'aide, ce sont les signes des quelques -uns que j'aime. Le vôtre m'a été chaleureux, m'a fait du bien. J'allais vous écrire pour vous remercier du travail que vous vous êtes imposé pour la traduction de mes nouvelles,- pour vous remercier de votre amitié de toujours, fidèle et active. Aujourd'hui je veux seulement vous dire que cet événement, qui redouble ma peur de la vie publique, m'a seulement rapproché du petit nombre de ceux avec qui je partage le coeur et l'esprit. (...) (p. 182)
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Nicola Chiaromonte à Albert Camus

Rome le 31 mars [1954 ]

(...) J'ai relu L'Eté- j'aime surtout, dans ces pages, le mélange de rage et de tendresse- dans le lyrisme, la difficulté que vous faîtes sentir d'indiquer les choses simples : la mer, les rochers, les arbres- comme si c'étaient des choses enfouies au plus profond de vous-même. (p. 117)
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Cette correspondance vient d'être publié dans la collection Folio et elle nous permet de retrouver Louis Guilloux un écrivain, un peu oublié mais qui a connu de beaux succès dans les années 40-60 avec notamment son roman Le pain noir. Ils ont fait connaissance grâce à Jean Grenier qui fut le professeur de Camus au Lycée Bugeaud et de Guilloux. Camus et Guilloux gardèrent une vive amitié pour Jean Grenier qui est très présent dans cette correspondance.
On se rend compte que Louis Guilloux et Camus furent vraiment très proches, s'écrivant mais se voyant aussi assez souvent, passant des vacances ensemble et se donnant mutuellement des conseils dans tous les domaines et bien sûr pour leurs oeuvres.
Louis Guilloux , breton se rendit avec Camus plusieurs fois en Algérie, déjeuna à Belcourt dans le petit appartement avec la mère de Camus et participa aux journées de Sidi Madani sortes de journées littéraires.
Camus fit visiter Tipaza a son ami Louis et ce dernier eut une réaction surprenante et il trouva que le ciel était trop bleu et qu'il aurait mérité quelques nuages; Quoi d'étonnant de la part d'un breton habitué aux ciels à la "Boudin"!
Le livre contient aussi en annexe la préface de Camus à la réédition de la Maison du Peuple le roman de Louis Guilloux et cette préface tr_s élogieuse donne envie de lire ce roman.
Suit quelques documents sur la polémique qui suivit. Claude Roy écrivain proche des communistes fit une critique très élogieuse du roman de Guilloux mais dans la deuxième partie de son texte attaqua assez bassement la préface de Camus . Le texte de Claude Roy montre la détestation des communistes et qu'ils font feu de tout bois pour lui nuire. Guilloux fut choqué par ces attaques contre son ami et prit fermement sa défense.
Au total le livre d'une très belle amitié.
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Vidéo de Albert Camus
Rencontre avec Denis Salas autour de le déni du viol. Essai de justice narrative paru aux éditions Michalon.
-- avec l'Université Toulouse Capitole


Denis Salas, ancien juge, enseigne à l'École nationale de la magistrature et dirige la revue Les Cahiers de la Justice. Il préside l'Association française pour l'histoire de la justice. Il a publié aux éditions Michalon Albert Camus. La justice révolte, Kafka. le combat avec la loi et, avec Antoine Garapon, Imaginer la loi. le droit dans la littérature.


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02/02/2024 - Réalisation et mise en ondes Radio Radio, RR+, Radio TER
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