Même l’idée que le mariage a pour fin de sanctifier l’union sexuelle dut être primée par l’idée qu’il a pour fin de donner une servante aux ancêtres. Ce qui resta de l’interdit, ce fut l’inter diction de sacrifier et de travailler, et non pas les interdictions sexuelles, parce que l’intégration de la femme dans la famille finit par paraître plus importante que son assimilation au mari. Ainsi s’explique le passage des rites paysans aux rites aristocratiques.
Seulement les rites par lesquels s’unissaient les nobles, devenus plus imposants parce qu’ils étaient accomplis par des personn ages considérables, se retrouvaient dans le Che king ; il était donc naturel de penser que le mariage antique ne différait point du moderne et les libertés printanières devaient apparaître comme des manquements aux rites.
Ainsi, chez ces populations, les fiancés se choisissent en des joutes de chants d’amour et les accordailles consistent en rites sexuels qui accompagnent une fête agraire du printemps. Et cela n’empêche pas que les mariages ne soient précédés de tout un ensemble de pratiques destinées à atténuer les effets redoutables du rapprochement des sexes.
Mais surtout ils sont moralistes. Bien que leurs légendes soient pleines de héros civilisateurs, l’idée confucéenne que tous les péchés contre les rites sont le résultat d’une décadence ne les abandonne jamais. Et comme une des prescriptions les plus strictes de leur morale est la séparation des sexes entendue rigoureusement et à la manière des hautes classes de la société de leur temps, ils sont incapables de voir dans les anciens usages de la moralité sexuelle autre chose que des aberrations momentanées, explicables historiquement.
Il est difficile d’être juste pour les commentateurs chinois. Ils sont objectifs, clairs, précis, et, sans le moindre développement littéraire, nous font comprendre des textes ardus. Ils lèvent toutes les difficultés de lexique ou de syntaxe et ils font avec une érudition très sûre des rapprochements profitables.