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EAN : 9782258108332
928 pages
Omnibus (12/06/2014)
3.92/5   6 notes
Résumé :
Des démons, des spectres, des créatures maléfiques, de naïves âmes pures en proie à d'odieuses machinations... Vous voici sur le seuil d'un univers de cauchemar dans lequel la réalité n'est pas moins angoissante que le surnaturel.
Voyez Maud, la jeune orpheline recueillie par un oncle qui n'est peut-être pas le protecteur qu'il prétend être ; voyez Laura, qui accueille Carmilla, femme vampire dominatrice et perverse ; voyez ce pasteur persécuté par un singe n... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique

Je referme à l'instant cet énorme pavé qui contient un roman : "Oncle Silas" ainsi que cinq nouvelles reprises sous le titre de "Dans un miroir piqué" et enfin, le présumé dernier poème qu'écrivit Le Fanu.

Commençons par le roman : une jeune fille, Maud Ruthyn vit avec son père et leurs serviteurs dans un certain isolement car son père est un homme farouche et taiseux. Les rares visites qu'il reçoit sont celle d'un Mr Bryerly pour s'entretenir plus particulièrement d'une certaine croyance de "Swedenborg" (sorte de secte ?).
Mr Ruthyn décide d'engager une gouvernante pour sa fille, une certaine Madame "de la Rougière" qui, très antipathique, baragouinant mi-français, mi-anglais , fort sûre d'elle, essaye toujours d'entraîner la pauvre Maud au fond des bois face au mausolée où repose le corps de sa mère. Maud, passive dans un premier temps, finit par se révolter et refuser de suivre l'infâme gouvernante. Celle-ci passée maître es hypocrisie, va se plaindre et se répandre en sanglots auprès de Mr Ruthyn.
Au décès de son père, Maud se voit confiée par le testament de celui-ci à l'oncle Silas qu'elle n'a jamais vu autrement qu'en peinture et qui exerce sur elle une profonde fascination. Cet oncle toujours désargenté a bénéficié du soutien financier de son frère maintenant décédé. Il a été autrefois soupçonné de meurtre et si aucune preuve n'a pu être établie contre lui, les rumeurs ne se sont jamais éteintes. le testament du père de Maud a pour but, semble-t-il, de le réhabiliter en lui confiant l'éducation de sa propre fille.
Chez l'oncle Silas, mystérieux à souhait, Maud fait la connaissance de sa cousine, Milly, une brave fille d'environ son âge, mal dégrossie et sans aucune instruction et de son cousin, Dudley, aussi inculte que sa soeur, ce qui est étrange car l'oncle Silas, quant à lui, est très cultivé. Si Maud et Milly sympathisent très vite, il n'en est pas de même pour Dudley qui s'acharne avec une lourdeur rare à courtiser sa cousine et, malgré les rebuffades dégoûtées de cette dernière, va même jusqu'à lui proposer le mariage, qu'elle refuse, outragée à juste titre.
Heureusement pour Maud, sa cousine , Monica Knollys, se réconcilie avec son cousin Silas afin de voir et de réconforter la jeune Maud à laquelle elle est très attachée et vice-versa.

Ce roman baigne dans le gothique à 100%, vieille demeure aristocratique laissée à l'abandon, jeune fille orpheline et RICHE coincée entre une gouvernante impossible, un oncle étrange et mystérieux et un cousin évoquant davantage un garçon de ferme (et encore !) qu'un jeune lord. L'ambiance est malsaine, glauque à souhait et on sent que de graves dangers pèsent sur la jeune Maud. J'ai beaucoup aimé ce climat délétère parce que j'aime ce style de littérature mais Dieu que c'est longgggggggggg : je n'ai rien contre les pavés, au contraire, je les recherche, encore faut-il que leur longueur soit justifiée par des événements, des évolutions ou révolutions, enfin par des arguments qui font progresser l'histoire et non pas par du remplissage pour obtenir un certain quota de pages !
Encore heureux que c'est très bien écrit et que l'atmosphère nous ensorcelle par ses mystères mais la partie vraiment haletante ne commence que vers les pages 330 - 340 et le roman fait 521 pages ! Bien sûr, il fallait bien du temps pour amener l'angoisse chez le lecteur et le plonger dans des abîmes de "terreur" mais il y a, selon moi, au moins 200 pages qui ne servent à rien, et cela je déteste, j'ai l'impression que l'auteur se paie ma tête ! J'ai donc de beaucoup préféré les nouvelles qui, au moins, maîtrisent leur sujet avec un début, un milieu raisonnable et une fin dans un délai sensé.

LES NOUVELLES : "Dans un miroir piqué" :

1) Thé vert : je n'ai pas trop apprécié, d'ailleurs je ne me souviens pas vraiment de l'histoire ;

2) le guetteur : le capitaine Sir James Barton, après avoir servi dans la marine, revient à Dublin et se rend très vite compte qu'il est suivi par "quelqu'un" ou "quelque chose". Des pas se font entendre régulièrement derrière lui et à chaque fois qu'il se retourne, il ne voit rien ni personne.
Il reçoit du courrier d'un certain "guetteur" qui le met en garde contre un grand danger qui le menace. Une ambiance surnaturelle fait trembler le commandant et ... le lecteur ! Très bonne histoire !

3) M.le juge Harbottle : ce juge est un homme mauvais qui s'amuse à influencer les jurés et à leur faire condamner injustement soit des innocents, soit des personnes ayant commis des délits mineurs. Ces pauvres gens sont alors pendus pour la grande joie du juge ... jusqu'à ce qu'il reçoive un courrier d'une certaine "cour d'Appel" dénonçant ses actes illicites le prévenant qu'il va être lui-même jugé pour ses injustices ... Très bonne histoire également !

4) La chambre de l'auberge du dragon volant : Monsieur Beckett, jeune homme de 23 ans, tombe fou amoureux d'une superbe jeune femme, hélas déjà mariée à un vieil homme effroyablement jaloux. Elle se prétend amoureuse de lui et se dit prête à prendre la fuite avec lui. le pauvre malheureux naïf va se faire engluer dans une histoire terrifiante et sordide où sa vie sera sérieusement menacée. Excellente histoire !

5) Carmilla : une dame et sa fille ont un accident de carrosse sur les terres d'un lord et de sa fille. La dame confie la garde de sa propre fille, Carmilla, au père car celle-ci est légèrement blessée et trop faible pour continuer le voyage qu'elle se doit elle-même de poursuivre d'urgence ... Les deux jeunes filles s'entendent à merveille et on peut même dire que Carmilla présente des dehors amoureux pour sa compagne. Belle comme le jour, Carmilla sème pourtant le malaise autour d'elle. Bien que la plupart du temps, elle soit délicieusement gentille, affectueuse et charmante, elle peut assez rapidement changer d'humeur et se montrer sous un autre jour.
De plus en plus d'événements étranges surgissent aussi bien au château qu'au village ... Amateurs de vampires, soyez les bienvenus ! Histoire très "mordante" !

Voilà ma découverte de Joseph Sheridan le Fanu qui m'a enchantée et ravie hormis, comme je l'ai dit plus haut la longueur de son roman. J'ai éprouvé beaucoup de plaisir ... et de peur à le lire et le lirai encore, enfin plutôt des nouvelles si possible ... Une superbe découverte gothique pour les amateurs de secrets, trahisons, soupçons et peur surnaturelle !


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Je sais que je radote souvent à ce sujet mais bien des auteurs étrangers - anglais ou irlandais notamment - sont bien trop méconnus chez nous. Joseph Sheridan le Fanu fait partie de ces oubliés, lui qui fut pourtant un auteur prolifique au talent incroyable qui a notamment inspiré le plus célèbre Bram Stoker pour son Dracula. Vous comprendrez donc facilement que j'ai été ravie de pouvoir recevoir ce recueil qui regroupe six oeuvres de le Fanu, un roman et cinq nouvelles. Il faut que je vous avoue que je n'ai pas lu les quelques neuf cent pages que contient ce livre mais à peu près six cent seulement, c'est-à-dire l'Oncle Silas, La Chambre de l'auberge du Dragon Volant et Carmilla. Ne voulant pas faire une overdose j'ai préféré me contenter de ce qui me faisait le plus envie et de laisser le reste pour plus tard. Heureusement, ce que j'ai à en dire suffira largement à écrire cet article et peut-être à vous laisser tenter par cet irlandais à l'imagination fertile.

Commençons avec ce qui fut mon dernier coup de coeur en date, l'Oncle Silas. L'Oncle Silas nous conte l'histoire de Maud Ruthyn, une jeune héritière élevée seule par un père silencieux et mystérieux. A la mort de celui-ci, elle se retrouve sous la tutelle de son oncle Silas, un vieil homme mis au ban de la société il y a longtemps à cause d'une histoire de meurtre assez suspecte. Silas est pauvre, vit dans une énorme bâtisse proche de la ruine louée pour presque rien par son frère. Il a deux enfants, Dudley et Milly, deux ignorants vulgaires aux caractères totalement opposés qui seront, pour Maud, un cauchemar et un grand réconfort. L'un des exécuteurs testamentaires de Mr Ruthyn - le docteur Bryerly - ainsi que sa cousine - lady Knollys - seront assez effrayés par cette nouvelle fille qui s'offre à la jeune fille, craignant même pour sa vie..

Je n'en dirai pas plus car tout est plus savoureux quand on est surpris.. Sachez juste que la plupart du roman se situe en huit clos dans une vieille maison sombre, qu'il y a des serviteurs étranges et effrayants ainsi qu'une gouvernante qui fait froid dans le dos. Des histoires de rencontres suspectes dans des cimetières, un vieux meurtre non résolu et surtout.. L'oncle Silas qui, à lui seul, vaut le coup de se lancer dans ce récit incroyable. J'ai tout aimé, du début jusqu'à la fin. Dès les premiers mots j'ai complètement été happée dans cette intrigue noire et presque glauque. Des évènements tous plus bizarres les uns que les autres se déroulent sous nos yeux, des indices sont jetés par-ci par-là sans qu'on en comprenne réellement le but ou la finalité. Puis, une fois arrivée au dénouement.. Je n'ai pas été surprise. Je ne me suis pas retrouvée sur les fesses, je n'ai pas été choquée, rien de tout cela car ce n'est pas là le but du roman et surtout pas sa grande force! Tout est dans l'histoire en elle-même, une histoire passionnante qui vous prend au ventre et ne vous lâche plus. J'étais tellement dedans que j'y pensais pendant la journée et que je n'avais qu'une envie: retourner retrouver cette délicieuse et naïve petite Maud, retrouver Pré de Bartram et y rester et ce malgré cette ambiance sordide à souhait. Tout est constamment tendu, on ne peut s'empêcher d'être sur les nerfs et de se méfier de tout le monde. Je ne dirais pas que ce roman est gothique, c'est plutôt un thriller, un thriller au suspense énorme qui pousse à tourner les pages encore et encore, de plus en plus vite. On se met à chercher le moindre petit détail qui pourrait nous aider à apprendre la vérité et surtout.. on finit par retenir notre respiration car tant de suspense est intolérable.

Que dire de plus? Allez, je préfère vous parler des deux autres récits dont il est question aujourd'hui, je ferai le point plus loin sur l'écriture générale de le Fanu.

Dans La Chambre de l'auberge du Dragon Volant, Richard Beckett - un jeune anglais en voyage à Paris peu après la défaite de Napoléon - fait la connaissance d'une jeune femme lors d'un accident sur une route au milieu de nulle part. Celle-ci semble être mariée avec l'homme qui l'accompagne, un vieux monsieur au comportement assez lunatique. Leurs chemins se recroisent sans cesse et plus les jours passent et plus il se meurt d'amour pour elle..

J'aimerais en dire plus, encore une fois, mais.. non. Je continuerais simplement à nouveau avec des ingrédients alléchants: un mari jaloux, un espion mystérieux, des disparitions inexpliquées.. Ca ne donne pas envie ça? Encore une histoire avec laquelle j'ai passé un excellent moment à suivre un pauvre personnage qui ne comprend absolument rien à ce qui se passe autour de lui. Il traîne toujours cette aura de mystères et d'évènements inexpliqués qu'on ne comprend absolument pas sur le moment, le tout dans une ambiance sombre, à un tel point qu'on finit par avoir peur de notre ombre.

Passons à la dernière nouvelle, Carmilla, la plus connue sans doute de le Fanu, celle qui a inspiré Bram Stoker pour son grand Dracula. Comme vous pouvez donc vous en doutez, il est question de vampires..

Laura est une jeune femme élevée seule par son père dans un énorme château médiéval en Styrie. Après un accident bizarre dans leur propriété, ils accueillent chez eux Carmilla, une jeune noble qui refuse de dévoiler sa véritable identité. Celle-ci a des habitudes et une attitude étrange, surtout envers Laura qu'elle inonde d'un amour malsain et étouffant. Dans les villages alentour les morts inexpliquées de plusieurs jeunes femmes commence à effrayer la population. Laura, elle, se sent de plus en plus faible. de plus, ses sentiments à propos de Carmilla sont très contradictoires: elle aime sa présence et sa gentillesse et parfois.. elle la déteste. Mais qui est vraiment Carmilla?

Pendant mon adolescence, lors d'une sombre période où j'étais fan de vampires, j'ai lu Carmilla.. et je l'avais déjà apprécié. La redécouvrir sous un oeil plus adulte m'a permis de ne l'aimer que d'avantage. Cette nouvelle-ci pourrait rendre le lecteur nerveux car lui, au contraire de Laura, devine très rapidement qui est cette étrange créature et ce qu'elle fait ou prévoit de faire. J'ai eu mille fois envie de secouer notre héroïne bien trop naïve et trop gentille. Carmilla est un personnage qu'on déteste dès le début par son apparente perfection qui sonne faux et ensuite, on ne peut qu'être saoulé par son amour saphique débordant dont on comprend la vraie nature très rapidement. Leur relation est pleine d'une sensualité trouble et de rapprochements équivoques mais également de fureur et de colère, souvent refoulées et cachées ce qui ne rend l'atmosphère que plus lourde et macabre. Carmilla est, en bref, un petit chef d'oeuvre de la littérature fantastique qu'il faut vraiment lire si on est un minimum curieux.

Et maintenant parlons un peu de Joseph Sheridan le Fanu ou plutôt de son écriture. Après six cent pages, je dois dire que je suis complètement sous le charme. Malgré une grande précision dans les descriptions - détail indispensable pour immerger le lecteur dans ces endroits effrayants - je n'ai pas trouvé le récit lourd un seul instant. J'ai trouvé que, malgré ses phrases à rallonge, tout est d'une fluidité assez étonnante. Ca se lit vite, ça se lit bien et c'est juste.. Parfait. Le Fanu a véritable un don pour manier les mots de manière à les rendre poétiques sans en faire trop. Il arrive, en quelques lignes, à vous mettre dans un état de stress intense ou à vous donner des frissons devant un personnage au comportement équivoque.

Et je n'ai qu'un seul conseil: plongez-vous aussi dans ses oeuvres, vraiment! Je sais que c'est un genre qui peut faire peur, on a souvent l'impression qu'on va se retrouver avec un pavé qui semble ne jamais finir mais parfois on a de bonnes surprises.. Et je pense que Le Fanu pourrait en être une pour bien d'autres lecteurs que moi.
Lien : http://mamantitou.blogspot.b..
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Si les vrais amateurs savent ce que le Dracula de Stoker doit à Carmilla, la nouvelle vampirique par excellence, grâce peut être rendue à ce recueil, paru chez Omnibus, qui propose pas moins de six récits de le Fanu, lui rendant par là même la place qui lui revient dans le panthéon des écrivains gothiques. La première et plus longue d'entre elle, Oncle Silas, adapté au cinéma, est un modèle d'histoire fantastique, et le reste est au diapason. Préparez vous à trembler!
Lien : http://bobd.over-blog.com/
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Je suis un homme solitaire
A la fenêtre assoupie, songeant
A des choses élevées ou bien terre-à-terre,
La rêveuse soirée buvant.

La brume en suspens s'assoupit
Et je ne vois plus les étoiles,
Dans l'ouverture du voile paraît
Un très pâle visage aimé.

Le triste visage souriant
Le jeune visage de jadis
Inexorablement brillant
Dans le silence à jamais pris.

Les cheveux bruns sont devenus gris
De celui que tu aimais,
Mais fidèle à ton ombre au fil des années
Son coeur t'est à jamais acquis.

( Extrait du dernier poème de Sheridan Le Fanu) : "D'une fenêtre, A mi-voix".
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Video de Joseph Sheridan Le Fanu (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Joseph Sheridan Le Fanu
BANDE ANNONCE - "Carmilla" - LE FANU & MAZZANTI .BANDE ANNONCE - "Carmilla" - LE FANU & MAZZANTI Collection Métamorphose - Éditions Soleil EN LIBRAIRIE LE 8 OCTOBRE 2014 © ÉDITIONS SOLEIL / MAZZANTI À l?occasion du 200e anniversaire de la naissance de le Fanu, Isabella Mazzanti illustre de façon sensible, sombre et romantique « Carmilla », une ?uvre majeure de la littérature vampirique du XIXe siècle, métaphore implacable de l?amour interdit. Bram Stoker reconnaîtra plus tard la dette qu?il a envers son compatriote lors de la parution, en 1897, de « Dracula », roman devenu culte.
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Carmilla

Publié en 1872, cette histoire est-elle antérieure ou postérieure au "Dracula" de Bram Stocker ?

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