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EAN : 9782290376973
288 pages
J'ai lu (07/06/2023)
4.28/5   653 notes
Résumé :
Coeur du Sahel
Faydé vit dans les montagnes dans l’extrême-nord du Cameroun. Pour que sa mère, ses frères et sa sœur ne soient pas dans le besoin, son beau-père ayant disparu au cours d’une razzia de Boko Haram, la jeune adolescente décide de partir à Maroua, la ville la plus proche, où elle sera domestique. Comme ses comparses, elle devra se faire à sa nouvelle vie, citadine et difficile pour les filles. Mépris de classe, mauvais traitements, viols… Comment... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (94) Voir plus Ajouter une critique
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Après « Les Impatientes », récompensé du prix Goncourt des lycéens en 2020 et pointant du doigt le calvaire des mariages forcés et de la polygamie, l'écrivaine féministe camerounaise qui a créé l'association Femmes du Sahel en 2012 dénonce une autre facette de la condition des femmes dans le nord du Cameroun.

Comme de nombreuses filles de son village, Faydé, l'héroïne de « Coeur du Sahel », rêve de quitter son petit village de montagne pour aller travailler en tant que domestique en ville. Face au climat de plus en plus aride, les terres de sa campagne ne permettent plus de nourrir toutes les bouches, incitant les jeunes à aider leurs familles à survivre en cherchant un emploi dans le grand centre urbain de Maroua, dans le nord du Cameroun. Faydé se retrouve ainsi au service d'un riche commerçant peul musulman, obligée d'exécuter tous les ordres des trois épouses de son employeur et de leur progéniture.

Si Djaïli Amadou Amal s'appuie sur des thèmes déjà abordés dans « Les Impatientes », comme la rivalité entre les co-épouses d'une concession, elle développe également de nouveaux sujets qui s'avèrent particulièrement actuels, tels que l'insécurité de la région suite aux attaques meurtrières de la secte islamiste, Boko Haram, ou le dérèglement climatique qui pousse les agriculteurs vers les villes. Entre une famine de plus en plus terrible et la peur d'être kidnappées ou tuées par les combattants de Boko Haram, les femmes des campagnes se retrouvent souvent exploitées comme « esclaves à tout faire » par les riches exploitants des grandes villes…

La condition féminine est donc à nouveau au centre de ce récit qui pointe du doigt les problèmes de la société dont l'autrice est issue : les relations amoureuses interdites entre classes et ethnies différentes, la vie harassante des domestiques souvent traitées comme des animaux, les abus sexuels, la prostitution, le poids des traditions ancestrales, le patriarcat, les mariages forcés, l'obligation de virginité, la polygamie, la corruption ou le communautarisme.

Un roman poignant qui dénonce ce qui doit l'être afin de libérer la parole, puis les femmes…
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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Ce livre m'a bouleversée ,très beau roman qui nous transporte avec ces adolescentes. On le sait mais on doit le montrer plus souvent pour contrer toutes ces exactions horribles commises sur ces jeunes filles . Quelle impunité!!! Je ressors émue de cette lecture .

À ne pas manquer .

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Le climat est de plus en plus aride, la terre de plus en plus sèche, appauvrie, épuisée et trop de bouches à nourrir. Faydé souhaite quitter son village pour aller travailler en ville. Elle pourra ramener de l'argent et aider sa mère Kondem qui vit seule avec ses enfants depuis que son mari Doubla a disparu. Kondem autrefois a aussi travaillé en ville, tombée sous le charme de son patron qui l'avait renvoyée quand il s'était rendu compte de sa grossesse. Kondem a peur pour Faydé, peur que l'histoire se reproduise, car le viol fait partie de la tradition.

Surnommée par la presse camerounaise ‘La voix des sans-voix', Djaïli Amadou Amal nous raconte la vie harassante des domestiques au coeur du sahel, le mépris des coépouses qui les considèrent comme des animaux, le droit de cuissage du maître de la concession. Un roman fort sur la condition des femmes, les traditions ancestrales, la puissance des castes, deux mondes qui se côtoient, mais ne se mélangent jamais, les riches commerçants et ceux qui les servent et obéissent avec le sourire, mais le coeur empli d'une amertume inavouable. Il faut baisser le regard et surtout fermer sa bouche. L'éducation et l'école, seules portes de sortie, un luxe inaccessible pour ces jeunes filles. L'ombre de Boko Haram qui sème la désolation dans les villages, les prises d'otages, on abuse des femmes et des fillettes, on les transforme en objets sexuels ou en bombes humaines pour des attentats, on fait travailler les hommes jusqu'à l'épuisement.

Après ‘Les impatientes' Prix Goncourt des lycéens 2020, entre viol et polygamie, Djaïli Amadou Amal nous offre encore un récit puissant sur les conditions de vie des femmes du sahel avec le portrait émouvant de Faydé.
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Après le succès de son dernier roman , l'auteure , elle même mariée de force à dix- sept ans à un milliardaire d'une cinquantaine d'années , dont elle s'est libérée après quelques années défendra sans relâche les droits des femmes dans son oeuvre et sur le terrain .

L'écriture sera son exutoire , en 1998 : elle fait lire son premier texte autobiographique à son père qui l'a encouragée …il fait le soir même un infarctus ….
Son plus grand regret est que son père ne lira jamais ses textes .

Aujourd'hui ce qui l'occupe dans son oeuvre comme dans les activités menées en tant qu'ambassadrice de l'UNICEF et au sein de son association FEMMES du SAHEL pour l'éducation des filles c'est ÉCRIRE et MILITER .

Tout est lié chez cette romancière .

Dans ce nouveau roman à la fois bouleversant et romanesque , elle fait souffler le vent de l'harmattan sur les multiples sévices , humiliations et contraintes faites aux femmes du Sahel.

À 50 kilomètres de Maroua , au sein d'un petit village au pied de la montagne elle nous fait découvrir ce que vivent les villageois au quotidien , notamment la vie laborieuse de Faydé , jeune adolescente de quinze ans , ayant arrêté les cours afin de subvenir aux besoins de sa famille : , sa mère , Kondem , ses petits frères .
Ses voisines , Srafata et Bintou ont été elles aussi contraintes de devenir domestiques auprès de riches familles Peuls de commerçants .
Ce travail : vaisselle lessive, faire les lits, ranger , dépoussiérer,les tapis…corvées éreintantes du matin au soir…. , des plus ingrats lui permettra comme à beaucoup d'autres jeunes filles d'envoyer un peu d'argent à sa famille ..

Mais l'expérience citadine s'effrite très rapidement car Faidé est confrontée à sa propre condition : être chrétienne dans une ville où les plus grosses richesses sont partagées entre musulmans .
Elle intègre comme bonne à tout faire une famille où le chef Alhadji Bakari a trois épouses Diddi , la première , Nenné et Ayya , subit le mépris absolu de la Grand - mère , l'arrogance , le dédain , les caprices sans fin des enfants , bref , ces Peuls , ont conquis toute la bande sahélienne par la force de l'épée sous le prétexte du DJIHÂD, sont devenus les plus puissants et les plus riches , et de ce fait, considèrent tous les autres peuples comme inférieurs .
Un.mépris de classe omniprésent dans ce récit , ultime hommage aux femmes victimes de cette zone aride , et de toutes les conséquences que cela implique : agressions sexuelles, extrême sécheresse que , bien sûr ,le changement climatique accentue .
Plus les attaques et les outrages de Boko ,Haram , cette secte islamiste dans le Nord du Cameroun , qui fera basculer le quotidien de tous les personnages du roman .
Le lecteur vit au quotidien dans la concession où vivent les trois épouses d'un même maître , mais surtout du côté des domestiques , taillables et corvéables à merci.
Ces jeunes filles viennent toutes de villages plus au nord frappés par la pénurie d'eau et en plus de l'arrivée et des incursions de plus en plus fréquentes de Boko Haram.
L'auteure dresse une fresque grinçante , cinglante d'une population régie par des castes au sein desquelles la religion , des coutumes ancestrales, figées prennent toute la place .
Celles- ci sont toujours indetrônables , tribalistes , et toujours en défaveur des femmes les plus défavorisées , parfois , viols , prostitution , pour pouvoir survivre , parfois suicide ….
Boko Haram sème partout la désolation….
Comment ces femmes , vives et attachantes , parfois désespérées, qui rêvent sans fin , de joie ou d'amour parviendront - elles à être sereines dans un environnement où tout semble tracé d'avance ? .
Conteuse hors pair l'auteure ,pétrie de talent, une énergie sans faille , nous envoie un message d'espoir militant , nous touche au coeur en dénonçant avec une grande sensibilité, les multiples sévices faits aux femmes du Sahel, qui nous semblent très proches …
Ce n'est pas une oeuvre triste ni larmoyante , on y prend beaucoup de plaisir , on apprend beaucoup, cet ouvrage séduit !
Au delà de la littérature , ce livre se fond en un véritable sujet de société …
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J'avoue, j'ai emprunté ce roman parce qu'il a été écrit par l'auteure des "Impatientes" que j'avais adoré. Je l'ai dévoré, et comme pour son précédent, je l'ai passé directement à mes filles.....
De nouveau le nord du Cameroun. de nouveau le statut des femmes. Ici on suit plusieurs jeunes filles payées une misère comme domestique de familles riches. Leur servitude, leurs humiliations, leurs magouilles pour grappiller un peu plus. Mais aussi le regard des hommes, leur désir, leur violence....
Plusieurs filles, plusieurs histoires.... Elles rêvent d'amour, de tendresse, de bonheur.... Elles auront la misère, la violence, le viol.... Et bien sûr seront coupables.
Qu'il est dur d'être femme !
.
Un roman passionnant sur la description de la vie d'une concession (ensemble de maisons constituées autour du patriarche).
Un roman qui rappelle l'essentiel : l'importance de l'égalité, du respect. Mais aussi le rôle fondamental de l'éducation.
Un livre à partager.
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critiques presse (6)
MadmoizellePresse
19 juillet 2023
Un récit bouleversant, palpitant et révoltant ne pas manquer.
Lire la critique sur le site : MadmoizellePresse
Elle
27 juin 2022
Un roman au sujet brûlant délicieusement conté.
Lire la critique sur le site : Elle
LaCroix
10 mai 2022
Djaïli Amadou Amal éclaire dans son nouveau roman Cœur du Sahel une autre facette de la condition des femmes dans le nord du Cameroun.
Lire la critique sur le site : LaCroix
LeMonde
08 mai 2022
Dès le titre et les premières pages du livre, la romance est bien là, avec cette jeune fille de condition modeste mais aux valeurs fortes et à l’intelligence vive. S’il arrive que Faydé se montre naïve ou cède à la tristesse, sa créatrice la dote à d’autres moments d’une grande lucidité et d’un courage sans faille. Ainsi s’attache-t-on à cette héroïne au parcours savamment épicé de suspens.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LaLibreBelgique
22 avril 2022
Après le succès des "Impatientes", Djaïli Amadou Amal poursuit son combat pour les femmes du Sahel.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LePoint
22 avril 2022
Avec « Cœur de Sahel », la lauréate camerounaise du Goncourt des lycéens 2020 embarque de nouveau ses lecteurs dans la vie secrète des femmes.
Lire la critique sur le site : LePoint
Citations et extraits (106) Voir plus Ajouter une citation
 Les maisons les plus ennuyeuses sont celles des obsédés de la religion, qui te vouent à longueur de journée aux feux de l’enfer, comme s’ils en étaient les gardiens. Généralement, les obsédés d’Allah sont aussi les obsédés du sexe. Ils passent le temps à maudire tes formes tout en les lorgnant. 
Commenter  J’apprécie          280
Comment Faydé pourrait-elle expliquer à Leïla qu’à une vingtaine de kilomètres de là, on meurt de soif, que cette eau si banale ici est une denrée inestimable et rare ? Comment Leïla pourrait-elle savoir ce que c’est de voir les puits du village se tarir les uns après les autres dès le début de la saison sèche ? Comment expliquer à quelqu’un qui prend jusqu’à trois douches par jour que, dans son village, pour se laver ou faire la lessive, il faut se rendre au marigot asséché et creuser, creuser le sable pour espérer trouver de l’eau ? Tout ça est inexprimable ! 
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Bintou est morte.
Non, elle n’est pas simplement morte. Elle s’est suicidée, et ce n’est pas la même chose. Par amour, Bintou a insulté la vie et fait le sacrifice ultime. Elle a osé commettre le pire des blasphèmes, celui qui la bannit de sa propre tribu, au-delà de la mort même ! Bintou ne sera pas célébrée dignement – et même son souvenir sera effacé. Selon les traditions, on évitera de prononcer son nom à jamais. Les ancêtres eux-mêmes ne la reconnaîtront pas et son âme errera pour l’éternité. 
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Elle est vêtue d’un pagne décoloré par le temps et les lavages successifs, ainsi que d’un tee-shirt froissé à l’effigie de son président, qui est à peine reconnaissable – on en distribue gratuitement à l’occasion des campagnes électorales et ils font souvent office de vêtements pour les villageois. 
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« Ta fille, comme toutes celles de son âge, veut partir. Elle ne cherche qu’à se trouver et à devenir utile. Elle court vers son destin ! Ton cœur de mère, ma chère Kondem, est divisé. S’y livre une lutte sans merci. C’est cela qui te tourmente. Une part de toi comprend la nécessité de son départ, veut la laisser grandir et s’épanouir. L’autre relève de ton souci de mère avec ses multiples questionnements. Ta fille partira et elle reviendra saine et sauve. Et ensuite elle repartira… »
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Videos de Djaïli Amadou Amal (26) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Djaïli Amadou Amal
Mariée de force, elle parvient à s'échapper et décide de témoigner par l'écriture. Devenue une romancière célèbre dans le monde entier (prix Goncourt des lycéens en France en 2020 pour « Les Impatientes »), Djaïli Amadou Amal lutte pour obtenir l'abolition de ces pratiques barbares et l'émancipation des filles.
Dans son roman « DJAÏLI AMADOU AMAL, NON AUX MARIAGES FORCÉS », Maria Poblete nous fait découvrir de l'intérieur le combat de cette révoltée qui ose braver cette inadmissible pratique.
Publié dans la collection CEUX QUI ONT DIT NON, dirigée par Murielle Szac. Dès 12 ans. ACTES SUD jeunesse, mars 2024.
Interview réalisée avec Guila Clara Kessous, ambassadrice pour la paix auprès de l'UNESCO.
+ Lire la suite
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