Ce livre m'a bouleversée ,très beau roman qui nous transporte avec ces adolescentes. On le sait mais on doit le montrer plus souvent pour contrer toutes ces exactions horribles commises sur ces jeunes filles . Quelle impunité!!! Je ressors émue de cette lecture .
À ne pas manquer .
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Après le succès de son dernier roman , l'auteure , elle même mariée de force à dix- sept ans à un milliardaire d'une cinquantaine d'années , dont elle s'est libérée après quelques années défendra sans relâche les droits des femmes dans son oeuvre et sur le terrain .
L'écriture sera son exutoire , en 1998 : elle fait lire son premier texte autobiographique à son père qui l'a encouragée …il fait le soir même un infarctus ….
Son plus grand regret est que son père ne lira jamais ses textes .
Aujourd'hui ce qui l'occupe dans son oeuvre comme dans les activités menées en tant qu'ambassadrice de l'UNICEF et au sein de son association FEMMES du SAHEL pour l'éducation des filles c'est ÉCRIRE et MILITER .
Tout est lié chez cette romancière .
Dans ce nouveau roman à la fois bouleversant et romanesque , elle fait souffler le vent de l'harmattan sur les multiples sévices , humiliations et contraintes faites aux femmes du Sahel.
À 50 kilomètres de Maroua , au sein d'un petit village au pied de la montagne elle nous fait découvrir ce que vivent les villageois au quotidien , notamment la vie laborieuse de Faydé , jeune adolescente de quinze ans , ayant arrêté les cours afin de subvenir aux besoins de sa famille : , sa mère , Kondem , ses petits frères .
Ses voisines , Srafata et Bintou ont été elles aussi contraintes de devenir domestiques auprès de riches familles Peuls de commerçants .
Ce travail : vaisselle lessive, faire les lits, ranger , dépoussiérer,les tapis…corvées éreintantes du matin au soir…. , des plus ingrats lui permettra comme à beaucoup d'autres jeunes filles d'envoyer un peu d'argent à sa famille ..
Mais l'expérience citadine s'effrite très rapidement car Faidé est confrontée à sa propre condition : être chrétienne dans une ville où les plus grosses richesses sont partagées entre musulmans .
Elle intègre comme bonne à tout faire une famille où le chef Alhadji Bakari a trois épouses Diddi , la première , Nenné et Ayya , subit le mépris absolu de la Grand - mère , l'arrogance , le dédain , les caprices sans fin des enfants , bref , ces Peuls , ont conquis toute la bande sahélienne par la force de l'épée sous le prétexte du DJIHÂD, sont devenus les plus puissants et les plus riches , et de ce fait, considèrent tous les autres peuples comme inférieurs .
Un.mépris de classe omniprésent dans ce récit , ultime hommage aux femmes victimes de cette zone aride , et de toutes les conséquences que cela implique : agressions sexuelles, extrême sécheresse que , bien sûr ,le changement climatique accentue .
Plus les attaques et les outrages de Boko ,Haram , cette secte islamiste dans le Nord du Cameroun , qui fera basculer le quotidien de tous les personnages du roman .
Le lecteur vit au quotidien dans la concession où vivent les trois épouses d'un même maître , mais surtout du côté des domestiques , taillables et corvéables à merci.
Ces jeunes filles viennent toutes de villages plus au nord frappés par la pénurie d'eau et en plus de l'arrivée et des incursions de plus en plus fréquentes de Boko Haram.
L'auteure dresse une fresque grinçante , cinglante d'une population régie par des castes au sein desquelles la religion , des coutumes ancestrales, figées prennent toute la place .
Celles- ci sont toujours indetrônables , tribalistes , et toujours en défaveur des femmes les plus défavorisées , parfois , viols , prostitution , pour pouvoir survivre , parfois suicide ….
Boko Haram sème partout la désolation….
Comment ces femmes , vives et attachantes , parfois désespérées, qui rêvent sans fin , de joie ou d'amour parviendront - elles à être sereines dans un environnement où tout semble tracé d'avance ? .
Conteuse hors pair l'auteure ,pétrie de talent, une énergie sans faille , nous envoie un message d'espoir militant , nous touche au coeur en dénonçant avec une grande sensibilité, les multiples sévices faits aux femmes du Sahel, qui nous semblent très proches …
Ce n'est pas une oeuvre triste ni larmoyante , on y prend beaucoup de plaisir , on apprend beaucoup, cet ouvrage séduit !
Au delà de la littérature , ce livre se fond en un véritable sujet de société …
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J'avoue, j'ai emprunté ce roman parce qu'il a été écrit par l'auteure des "Impatientes" que j'avais adoré. Je l'ai dévoré, et comme pour son précédent, je l'ai passé directement à mes filles.....
De nouveau le nord du Cameroun. de nouveau le statut des femmes. Ici on suit plusieurs jeunes filles payées une misère comme domestique de familles riches. Leur servitude, leurs humiliations, leurs magouilles pour grappiller un peu plus. Mais aussi le regard des hommes, leur désir, leur violence....
Plusieurs filles, plusieurs histoires.... Elles rêvent d'amour, de tendresse, de bonheur.... Elles auront la misère, la violence, le viol.... Et bien sûr seront coupables.
Qu'il est dur d'être femme !
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Un roman passionnant sur la description de la vie d'une concession (ensemble de maisons constituées autour du patriarche).
Un roman qui rappelle l'essentiel : l'importance de l'égalité, du respect. Mais aussi le rôle fondamental de l'éducation.
Un livre à partager.
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Un récit bouleversant, palpitant et révoltant ne pas manquer.
Lire la critique sur le site : MadmoizellePresse
Un roman au sujet brûlant délicieusement conté.
Lire la critique sur le site : Elle
Djaïli Amadou Amal éclaire dans son nouveau roman Cœur du Sahel une autre facette de la condition des femmes dans le nord du Cameroun.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Dès le titre et les premières pages du livre, la romance est bien là, avec cette jeune fille de condition modeste mais aux valeurs fortes et à l’intelligence vive. S’il arrive que Faydé se montre naïve ou cède à la tristesse, sa créatrice la dote à d’autres moments d’une grande lucidité et d’un courage sans faille. Ainsi s’attache-t-on à cette héroïne au parcours savamment épicé de suspens.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Après le succès des "Impatientes", Djaïli Amadou Amal poursuit son combat pour les femmes du Sahel.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Avec « Cœur de Sahel », la lauréate camerounaise du Goncourt des lycéens 2020 embarque de nouveau ses lecteurs dans la vie secrète des femmes.
Lire la critique sur le site : LePoint
Les maisons les plus ennuyeuses sont celles des obsédés de la religion, qui te vouent à longueur de journée aux feux de l’enfer, comme s’ils en étaient les gardiens. Généralement, les obsédés d’Allah sont aussi les obsédés du sexe. Ils passent le temps à maudire tes formes tout en les lorgnant.
Comment Faydé pourrait-elle expliquer à Leïla qu’à une vingtaine de kilomètres de là, on meurt de soif, que cette eau si banale ici est une denrée inestimable et rare ? Comment Leïla pourrait-elle savoir ce que c’est de voir les puits du village se tarir les uns après les autres dès le début de la saison sèche ? Comment expliquer à quelqu’un qui prend jusqu’à trois douches par jour que, dans son village, pour se laver ou faire la lessive, il faut se rendre au marigot asséché et creuser, creuser le sable pour espérer trouver de l’eau ? Tout ça est inexprimable !
Bintou est morte.
Non, elle n’est pas simplement morte. Elle s’est suicidée, et ce n’est pas la même chose. Par amour, Bintou a insulté la vie et fait le sacrifice ultime. Elle a osé commettre le pire des blasphèmes, celui qui la bannit de sa propre tribu, au-delà de la mort même ! Bintou ne sera pas célébrée dignement – et même son souvenir sera effacé. Selon les traditions, on évitera de prononcer son nom à jamais. Les ancêtres eux-mêmes ne la reconnaîtront pas et son âme errera pour l’éternité.
Elle est vêtue d’un pagne décoloré par le temps et les lavages successifs, ainsi que d’un tee-shirt froissé à l’effigie de son président, qui est à peine reconnaissable – on en distribue gratuitement à l’occasion des campagnes électorales et ils font souvent office de vêtements pour les villageois.
« Ta fille, comme toutes celles de son âge, veut partir. Elle ne cherche qu’à se trouver et à devenir utile. Elle court vers son destin ! Ton cœur de mère, ma chère Kondem, est divisé. S’y livre une lutte sans merci. C’est cela qui te tourmente. Une part de toi comprend la nécessité de son départ, veut la laisser grandir et s’épanouir. L’autre relève de ton souci de mère avec ses multiples questionnements. Ta fille partira et elle reviendra saine et sauve. Et ensuite elle repartira… »
Mariée de force, elle parvient à s'échapper et décide de témoigner par l'écriture.
Devenue une romancière célèbre dans le monde entier (prix Goncourt des lycéens en France en 2020 pour « Les Impatientes »), Djaïli Amadou Amal lutte pour obtenir l'abolition de ces pratiques barbares et l'émancipation des filles.
Dans son roman « DJAÏLI AMADOU AMAL, NON AUX MARIAGES FORCÉS », Maria Poblete nous fait découvrir de l'intérieur le combat de cette révoltée qui ose braver cette inadmissible pratique.
Publié dans la collection CEUX QUI ONT DIT NON, dirigée par Murielle Szac. Dès 12 ans.
ACTES SUD jeunesse, mars 2024.
Interview réalisée avec Guila Clara Kessous, ambassadrice pour la paix auprès de l'UNESCO.
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