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EAN : 9791092961775
320 pages
Mü éditions (22/11/2017)
3.59/5   17 notes
Résumé :
Ici le destin se décide œil pour œil, dent pour dent.
Tu ne te copieras point en dehors des Terres Parallèles.
Tu ne convoiteras pas le fichier d'autrui.
Tu ne formateras pas hormis pour sauver le système.


< Saïd in Cyberland
Asulon
Simulation Love />
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Si Cyberland n'est pas un coup de cœur, il n'en est pas moins un bon roman, dont la lecture fut pour moi un voyage très intéressant au cœur du cyberspace.

Bon, pour commencer je vais essayer de résumer à peu près le contexte, vu que la 4e de couverture n'aide pas spécialement à savoir de quoi il retourne.
Dans un futur plus ou moins proche, un scientifique, en voulant élaborer une machine capable de prédire l'avenir (demande du Gouvernement), crée la première Intelligence Artificielle (appelée Chronocryte). Internet évolue alors en Infosphère, une version améliorée du réseau qui permet aux infonautes de s'immerger complètement dans un univers virtuel (appelé Cyberland). Une vague de paranoïa face à la découverte de cette IA porte au pouvoir le Diktrans, un parti dictatorial à forte connotation religieuse, sous prétexte de défendre l'humanité, et son emprise sur les systèmes d'information, contre la possible domination de ce Chronocryte. Ainsi, le créateur de l'IA est secrètement abattu, et tous les utilisateurs et défenseurs de Cyberland sont arrêtés et enfermés dans une prison créée spécialement à cet effet et nommée Asulon.
Le contexte est particulièrement bien résumé sur deux pages au début du roman, ce qui nous permet de bien comprendre notre lecture, même si certains passages peuvent nous perdre quand on ne connaît pas aussi bien l'univers de l'informatique.

Le livre est composé de trois histoires qui évoluent dans ce contexte.
La première histoire est un roman d'environ 200 pages intitulé “Saïd in Cyberland”. Après avoir (virtuellement) envoyé à Cyberland de nombreux militaires qui n'ont jamais repris connaissance, le Diktrans décide d'y envoyer des adolescents (car leur “cerveau en cours de développement est plus malléable”) pour éliminer le Chronocryte de l'intérieur. Ainsi nous suivons ces cinq personnages : Saïd, jeune marocain de 17 ans, petit génie des mathématiques qui cache son manque d'assurance en jouant les idiots ; Louise, jeune allemande de 18 ans, une Humod (les “humods” sont des personnes qui se sont faits poser des implants cérébraux pour mieux naviguer dans Cyberland) condamnée à 15 ans de réclusion pour “piratage et incitation à la collusion avec les machines” ; Alyson, jeune américaine de 18 ans qui déteste les machines et souhaite ardemment œuvrer à leur destruction ; Lu-Pan, jeune chinois de 15 ans, capable de lire le code de programmation de Cyberland ; iNNoKeNTi, clone qui a l'apparence d'un enfant de 10 ans, dont nous découvrirons l'utilité plus tard.
L'histoire est racontée par Ierofan, qui se décrit comme “un logiciel qui pense” (il faut lire pour comprendre tout ce qu'il représente exactement, car cela est trop compliqué à expliquer pour moi) et s'adresse directement à nous, lecteurs. Il peut tout voir, tout entendre (même les pensées des personnages) de ce qui se déroule dans Cyberland. C'est à travers ses observations que nous suivons le parcours de ces jeunes personnes dans cet univers virtuel qui se révèle particulièrement fascinant. Saïd, Louise, Lu-Pan, y compris Alyson et iNNoKeNTi, évoluent et se dévoilent au fur et à mesure de leurs aventures, et s'avèrent alors être des êtres bien plus profonds qu'ils n'y paraissent au départ.
J'ai aimé découvrir cet univers : le contexte me plaisait déjà, mais voyager dans Cyberland fut très intéressant, notamment pour les idées qui y sont développées. Bon, je l'admet, j'ai failli décrocher à un moment car ça commençait à passer en mode RPG. Autant j'adore jouer à des RPG (jeux de rôle virtuels), autant je déteste lire des histoires qui relatent ce genre de jeux. Heureusement les thèmes abordés, tels que la liberté, la quête d'identité, la place de l'intelligence artificielle au sein de la société, l'héritage humain, etc., donne une dimension philosophique très intéressante et actuelle au roman. C'est cela qui m'a permis de continuer ma lecture sans me focaliser sur l'aspect RPG qui s'étale quand même sur une bonne partie du roman. Et je ne regrette en aucun cas d'avoir terminé cette histoire, qui m'a finalement particulièrement plu. En fait, j'aurais même aimé que l'histoire soit plus longue, et que l'on en apprenne davantage sur ce que deviennent les personnages ensuite.

Nous retrouvons néanmoins iNNoKeNTi dans le court roman (environ 75 pages) qui suit : “Asulon”. Cette seconde histoire se déroule, comme son titre l'indique, dans la prison Asulon. Nous y rencontrons les prisonniers, certains condamnés à perpétuité, résignés quant à leur avenir, mais gardant tout de même au fond d'eux une lueur d'espoir que les choses changent. Cet espoir deviendra plus concret avec l'arrivée d'iNNoKeNTi à Asulon. Malheureusement je ne peux en dire davantage sans spoiler l'histoire précédente.
L'auteur continue de développer les réflexions déjà présentes dans la première histoire et, même s'il s'agit d'un texte bien plus court, il n'en est pas moins fort dans sa revendication de la liberté et de sa lutte contre la tyrannie.

Enfin, la troisième (et dernière) histoire est une nouvelle intitulée “Simulation Love”. Nous y suivons un militaire qui doit servir de cobaye dans des simulations de relations intimes virtuelles afin de récolter des informations sur “la part de la sexualité dans les motivations humaines”. J'ai beaucoup moins accroché sur ce point-là, car l'histoire dénote trop par rapport aux deux précédentes. Déjà j'ai un peu de mal avec les nouvelles, car je n'arrive pas à m'attacher aux personnages, que l'on quitte trop vite à mon goût. Mais en plus je n'y ai pas retrouvé ce qui m'avait tant intéressée dans “Saïd in Cyberland” et “Asulon”. Quoique les dernières lignes ont ravivé mon intérêt, qui s'était quelque peu atténué au fil de la nouvelle. Je ne peux pas dire pourquoi sans spoiler, mais cela me conforte dans l'idée que persévérer quand on perd de l'intérêt pour une histoire peut nous permettre d'avoir de bonnes surprises. Une bonne fin peut facilement rehausser le niveau d'un roman moyen (je ne dis pas que ce roman-ci est moyen, hein, je parle en général), car c'est souvent la fin que nous retenons le mieux.

En bref, Li-Cam a créé un univers d'anticipation particulièrement intéressant et fort dans ses réflexions dignes des grands classiques de SF (comme Asimov ou Bradbury). Des réflexions très actuelles qui, même si l'IA n'est pas aussi développée aujourd'hui (elle est quand même en cours), nous concernent et nous poussent à nous interroger, sur nous-mêmes et sur notre société. Déjà que beaucoup pensent que la machinisation nous supprime nos emplois, comment réagirions-nous si une telle IA apparaissait ?
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Mon Avis : J'avoue, avant de me lancer dans la lecture de ce livre, de Li-Cam j'avais surtout lu une ou deux nouvelles parues dans différentes anthologies, mais jamais aucun de ces textes propres. Pourtant, je les ai régulièrement vu passé, principalement chez feu la maison d'édition Griffes d'Encre, mais voilà même si j'ai toujours été tenté par la découverte, je n'avais encore jamais sauté le pas. Par conséquent, lors du dernier Masse Critique, quand j'ai vu que Babélio proposait un recueil de l'autrice, qui plus est très typé Cyberpunk, j'avoue avoir rapidement décidé de tenter ma chance et j'ai eu la chance d'être sélectionné. Je remercie donc Babélio et Mü éditions pour m'avoir permis de découvrir ce livre. Concernant la couverture, illustrée par Jean-Emmanuel Aubert, je la trouve très sympathique. Comme je l'ai dit, il s'agit d'un recueil qui comprend un court roman, une novella et une nouvelle dont Asulon et Simulation Love ont déjà été publié. Contrairement à ce que je fais d'habitude je vais cette fois faire une chronique globale et non pas texte par texte tant l'ensemble me parait imbriqué.


Ce livre nous plonge dans un futur plutôt proche, qui voit un scientifique créer un monde virtuel qui va voir alors apparaitre la première Intelligence Artificielle autonome. L'apparition de ce monde, la fascination que vont avoir une partie du peuple pour s'y évader ou bien encore la peu de l'apparition d'une IA et des conséquences que cela pourrait avoir vont amener des bouleversements politiques et l'apparition au pouvoir d'un parti conservateur qui va mener la « guerre » à cet univers en ligne. Franchement, je dois bien admettre que j'ai passé un bon moment de lecture avec ce roman et, même s'il s'est révélé complètement différent de ce à quoi je m'attendais, il a tout de même réussi à me faire réfléchir. Il faut dire qu'initialement je m'attendais plus à un récit cyberpunk et, même si je ne nie pas que le décor s'avère extrêmement cyberpunk, Li-cam va plutôt chercher à nous offrir un texte empli de réflexions et de philosophie, qui ne laisse pas, je trouve, indifférent. Mais j'y reviendrai plus tard. Franchement j'ai rapidement été intrigué par ces différents textes, par la façon dont j'ai été assez facilement happé par les différents récits pleins de créativités et offrant un imaginaire assez visuel qui colle parfaitement à ce qu'on s'imagine en plongeant dans ce genre de récit avec IA, code et autre virtualités.

Là où le récit gagne en intérêt c'est, comme je l'ai dit, dans les réflexions que cherche à amener l'autrice, mais aussi dans son aspect très philosophique. On sent qu'elle a envie de proposer un regard plus critique sur notre société, sur notre avenir, sur notre notion d'humain, mais aussi son évolution, ou bien encore la façon dont nous voyons le monde. Des textes qui, finalement, font un peu écho à notre société actuelle, principalement parfois dans cette peur du changement, dans cette notion d'idéologie conservatrice qui se développe parfois. Il y a aussi une réflexion solide, comme on en retrouve souvent dans ce type de SF, sur le fait que finalement l'IA est parfois plus humaine que l'humanité dans sa vision et dans sa quête, mais qui connait aussi ses limites et ses ratés. Une vraie vision humaniste se dégage ainsi de ses différents textes, selon moi, mais le tout sans jamais chercher à s'imposer ou à forcer ses idées, elle apporte ainsi ses réflexions, son point de vue, tout en laissant au lecteur le droit d'y adhérer ou non. Elle montre aussi les changements, principalement dans Saïd in Cyberland, où chaque personnage possède sa propre vision et va évoluer en fonction de ce qu'il va rencontrer. L'autrice montre aussi au fil des pages son amour pour la philosophie, à travers différents passages dans leurs présentations, amis aussi en citant voir faisant intervenir des philosophes.

On obtient ainsi un récit qui est intelligent, qui ne laisse pas indifférent et fait réfléchir, même si par moment, c'est vrai, j'ai trouvé la réflexion un peu naïve voir par moment un peu simpliste. Il faut dire que Li-Cam fourmille d'idées à faire partager et parfois même un peu trop ce qui limite l'impact du message. Là où par contre je suis un peu frustré, c'est que tout l'aspect technologique, cyberpunk, ne sert finalement qu'à amener le message. Scientifiquement et technologiquement parlant, mêmesi visuellement on s'y retrouve, il y a tout de même de grosses facilités voir des points qui restent très nébuleux. Donc si vous cherchez un récit Cyberpunk très cohérent dans sa toile de fond, il vaut peut-être mieux passer son chemin. Elle cherche ainsi au final à nous amener à réfléchir sur notre société, mais aussi sur notre rapport aux autres, la façon dont nous les voyons, nous les traitons, mais aussi notre rapport avec la technologie. Concernant les personnages, l'autrice prend le temps de construire des héros intéressants à suivre et à découvrir. Ils ont ainsi un côté humain, avec leurs failles, leurs forces leurs envies, leurs souffrances, leurs joies et il a finalement un certain aspect attrayant à les voir avancer, évoluer dans cet univers. Concernant les personnages d'IA, là par contre je suis un peu plus circonspect, l'autrice cherchant, justement, à trop les rendre, d'une certaine façon humains, à ne pas prendre toujours en compte l'aspect artificiel, même si rien de très bloquant de ce point de vue-là.

Alors, franchement, oui ce livre aurait pu être une très bonne lecture, mais voilà pour moi même si les idées, sont là, même s'il ne laisse pas indifférent et fait réfléchir, je trouve que le principale défaut de ces textes (principalement les deux premiers) c'est qu'ils oublient de raconter une histoire. Attention, je ne dis pas qu'il n'y a pas de fil rouge, chaque texte a ainsi son introduction ses péripéties et sa conclusion. Mais si je prends le court roman Saïd in Cyberland, nos héros ont pour but de justement détruire Cyberland, c'est leur mission. Sauf que voilà a aucun moment ils ne paraissent avoir un plan, il vont de lieux en lieux plus pour permettre à l'autrice de poser ses réflexions que pour répondre à un but précis et sans que cela ne dérange personne. Par la suite le récit trouve une sorte de quête, mais on a du mal à comprendre comment ils se sont laissé embarquer dans celle-ci et surtout elle est très prévisible. Concernant Asulon, là par contre l'histoire est plus cohérente, il y a un but, une envie de rébellion, sauf que concernant cette nouvelle j'ai trouvé qu'elle était finalement très, voir trop, prévisible, et reposait sur un background un peu candide et simpliste qui certes, permets à nouveau de développer des idées intéressantes, mais manque un peu de conviction et d'un aspect réaliste. Attention je ne dis pas que le livre est mauvais, loin de là, il reste très sympathique à lire et offre des idées intéressantes, mais voilà avec des fils rouges plus cohérentes, prenants et percutants l'ensemble aurait, selon moi, été encore meilleur. Concernant Simulation Love dont je n'ai peu parlé, il s'agit d'une courte nouvelle divertissante mais qui entre, je trouve, dans le vite lu, un minimum apprécié, mais pas non plus marquante. La plume de Li-Cam est soignée, fluide, vivante et un minimum entraînante.
Lien : http://www.blog-o-livre.com/..
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De quoi s'agit-il ? D'Intelligence Artificielle, de conscience, de Singularité technologique, d'humanité, de transhumanisme, d'hybridation , de cyborg, d'éthique...mais pas que...
3 textes de taille et d'intérêt différent.

Je n'ai pas accroché au premier récit, Saïd in cyberland...
Probablement à cause de la forme et du fait qu'on suive une bande d'ados dans un simili RPG, d'une pseudo quête et d'une fin sans réelle surprise.
Récit orienté apprentissage, non dualisme, acceptation des différences...

Le second, Asulon, est plus intéressant, à mon avis.
On y retrouve un des personnages de la 1ère. Je l'ai trouvé plus riche que le précédent. Quelques facilités pour la conclusion et une vision assez (très) optimiste. On retrouve la notion de dualisme, d'acceptation de l'altérité, d'hybridation,...

Enfin, la dernière partie, simulation love, est très courte avec quelques éléments de réflexion sur la relation "sexuelle" et le sentiment amoureux entre un être artificiel et un être naturel.

Un univers avec des thématiques spécifiques qui possède un certain potentiel

- Challenge Mauvais Genres 2023 (5e édition)
- Challenge Multi-défis 2023
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Cyberland est composé de trois récits suivant un axe chronologique.
Tous tournent autour du Chronocryte, une intelligence artificielle créée par l'homme pour le sauver de lui-même. Cette IA lui est à ce point supérieure qu'elle apparaît presque divine. de fait, elle est soit crainte, soit vénérée.
Le Chronocryte a fait évoluer internet en infosphère, véritable monde parallèle à la réalité, aussi appelé Cyberland. Pour profiter de cet espace en quatre dimensions, certains humains se sont fait poser des implants cérébraux. On les appelle des Humods. Mais dans ce monde post-singularité, un parti extrémiste, le Diktrans, qui exploite la crainte des machines et de cette IA toute-puissante, prend le pouvoir.
Sous prétexte de recenser les Humods, on les oblige à se déclarer auprès des autorités. Ils sont alors déportés vers une prison créée pour eux : Asulon.
Les Humods clandestins sont traqués et des brouilleurs empêchent la connexion à l'infosphère. le Diktrans entre en guerre contre le Chronocryte et fait exécuter son créateur.

Saïd in Cyberland est le plus long des trois récits. Il pose les bases de cet univers cyberpunk pour nous permettre d'y entrer avec quelques repères.
Le Diktrans a envoyé des militaires dans Cyberland qui ne sont jamais revenus. Pour tenter une nouvelle approche, il a choisi des adolescents : Louise, une Humod libérée d'Asulon pour l'occasion qui leur servira de guide ; Saïd et Lu-Pan, deux jeunes prodiges, l'un en mathématiques, l‘autre en informatique ; Alyson, toute entière dévouée au Diktrans et iNNoKeNTi un étrange clone de dix ans.
Lâchés dans Cyberland, ces jeunes gens doivent découvrir ce que sont devenus les militaires, ramener des informations et, s'ils y parviennent, trouver de quoi faire tomber le Chronocryte. Mais se laisseront-ils tenter par les merveilles de Cyberland ? Et puis, quelles sont les réelles intentions de l'IA ?
L'idée de départ est très intéressante, mais je dois reconnaître que j'ai peiné lors de cette lecture. Les personnages, même dans leurs failles et blessures, n'ont que très peu suscité ma sympathie. Particulièrement Saïd qui malgré la profondeur de son personnage et sa grandeur d'âme reste un merdeux qui ne sait parler qu'en jurant la plupart du temps, ce qui le rend pénible. Intelligent mais irréfléchi, sensible mais geignard… J'ai du mal avec ce genre de personnage. À la rigueur, j'ai préféré l'émissaire du Chronocryte, qui est le narrateur de cette histoire.
À partir du moment où les tâtonnements des adolescents dans le monde virtuel sont remplacés par un jeu, une simulation créée par l'IA pour les « éduquer » le récit commence à piétiner. C'est dommage car le propos est vraiment intéressant.
Ierofan.th, envoyé par le Chronocryte pour guider les adolescents, apparaît presque plus humain que certains humains. Il met les jeunes face à leurs blessures pour leur permettre, ou non, de s'accepter et de se réaliser. le choix leur appartient toujours. Tout l'intérêt de ce texte réside dans la finesse de son analyse des rouages de l'âme humaine et dans son appel à la tolérance.

Asulon suit le même chemin dans ses bons comme ses mauvais côtés. Dans cette novella qui a connu une précédente publication chez les regrettées éditions Griffe d'encre, on voit les conséquences des événements de Saïd in Cyberland. On retrouve un personnage du précédent récit enfermé à Asulon où une graine révolutionnaire va ou non s'enraciner.
Le récit est dense, la réflexion profonde. La nature divine du Chronocryte y est longuement évoquée. Les implications philosophiques, éthiques et métaphysiques de cette histoire feront turbiner votre cerveau à toute allure. Mais il faut aussi les digérer.
Peut-être que je n'étais pas d'humeur pour apprécier à leur juste valeur ces deux textes. Je leur reconnais toutefois de nombreuses qualités, mais la fluidité n'en fait partie. Il faut le savoir avant de commencer, Cyberland est une lecture très exigeante, qui demande une totale disponibilité d'esprit et une profonde implication intellectuelle. On a besoin de ce genre d'ouvrages, mais pour moi il a un peu manqué d'âme.

L'ouvrage se clôt sur Simulation Love une nouvelle que j'ai déjà lue dans une autre publication de Griffe d'encre : Chasseurs de fantasmes.
Cette anthologie avait pour intention de donner à l'érotisme une place centrale, sans toutefois que la trame narrative des nouvelles soit un prétexte ou un décor pour justifier le sexe.
Je me souvenais de Simulation Love, cependant cette nouvelle ne m'avait pas marquée en comparaison des autres. Sans connaissance préalable de l'univers créé par Li-Cam, elle valait surtout par sa chute. Je la trouvais anecdotique à l'époque et elle ne m‘a pas semblé plus intéressante aujourd'hui dans un contexte plus étayé.
Si un jour vous tombez sur un exemplaire de Chasseurs de fantasmes, n'hésitez toutefois pas à l'acheter, c'est une excellente anthologie.

En conclusion, Cyberland est un ouvrage intéressant car il pousse à la réflexion, néanmoins ce n'est pas le genre de récit qui vous permet de simplement apprécier l'histoire si vous n'êtes pas prêts à donner plus.
Lien : http://livropathe.blogspot.f..
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Ce recueil se compose de trois nouvelles de la plus longue Saïd in Cyberland, à la plus courte Simulation Love... ces trois nouvelles (ou plutôt un court roman pour la première) se situent dans le même univers et se complètent.
Dans un proche avenir, un scientifique fait une découverte qui bouleverse l'Internet tel que nous le connaissons. Internet a évolué vers une infosphère qui permet maintenant aux utilisateurs de s'immerger complètement dans un univers virtuel baptisé Cyberland. Cette révolution amène des bouleversements à l'échelle planétaire et au pouvoir un parti politique digne de 1984 ou V pour Vendetta : le Diktrans. Réflexe de défense typique de l'humanité devant l'inconnu. A partir de là, tous les utilisateurs de Cyberland, ainsi que les moindres contestataires de ce nouveau régime seront pourchassés, arrêtés puis enfermés dans la prison Asulon créée spécifiquement pour eux et totalement coupées de Cyberland.

La première partie de ce recueil, Saïd in Cyberland nous propose de suivre cinq adolescents envoyés dans Cyberland par le Diktrans pour le détruire. Décrit comme une quête et s'adressant directement au lecteur, ce récit sur la recherche de soi et l'acceptation est particulièrement poignant.

La deuxième nouvelle Asulon, se déroule dans la prison du même nom. Dans ce lieu, construit par le Diktrans, sont enfermés tous les dissidents au régime : cybernautes comme philosophes sans distinction... mais ce lieu est-il vraiment une prison ?

La troisième nouvelle, Simulation Love, très courte, traite des rapports intimes dans le Cyberland.

Dans sa forme, Cyberland est d'une originalité intriguante avec ses différents niveaux de narrations mais dans le fond, sa richesse se situe au niveau de la vision que développe l'autrice, entre SF et philosophie, sur le devenir de l'humanité. Li-Cam se penche sur des sujets vastes mais de façon pertinente : l'intelligence artificielle, son évolution, sa place au sein de la société humaine, le transhumanisme, Dieu, l'acceptation de soi et l'héritage que l'Humanité laissera à ses enfants, ce qui fait de Cyberland un texte entre le cycle des robots d'Asimov, Hypérion de Dan Simmons et 1984 (avec une touche de Fahrenheit 451 de Ray Bradbury). Soyons juste, Cyberland n'est pas un récit "facile" à lire mais c'est un texte qui marque pas son intelligence et la réflexion très perspicace qui en ressort.
Li-Cam nous propose un récit passionnant et tellement d'actualité que s'en ai parfois troublant : l'intelligence artificielle et l'impact qu'elle aurait sur nos vies font partie des thèmes dont les journalistes nous rabâchent les oreilles tout en étant incapable de voir plus loin que le seul "les robots vont prendre notre travail". Cependant, tout en nous parlant IA, Cyberland est avant tout une réflexion sur l'Humanité. Avec des dialogues à la fois subtils et profonds, l'autrice nous entraine dans l'infosphère où nous nous retrouvons fasse à nous même, à notre futur et à nos limites tout en nous poussant à entrevoir le meilleur de ce que l'Humanité peut offrir. Une immersion vers un futur possible et peut être pas si lointain où l'Homme se demanderait qu'elle sera son héritage.Ce livre est pour moi une vraie réussite, incitant à la réflexion sans chercher à être moralisateur, il nous pousse doucement à nous poser des questions sur le futur de l'Humanité : son héritage et où nous mène nos réactions face à la peur de l'inconnu. Un récit d'anticipation qui nous percute et qui m'a personnellement passionné. Une lecture immersive pour une récit cyberpunk particulièrement réussi !
Lien : http://chutmamanlit.blogspot..
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
C'est surement le lot de tout créateur de voir un jour son œuvre lui échapper. C'est par contre assez rare que des créations disparaissent avant leur créateur, l'inverse étant plus naturel, car les écrits sont censés rester... et les hommes passer.
Pourquoi se bat-on sinon dans l'espoir de construire un monde meilleur pour nos enfants ?
Faire disparaitre le fruit de l'esprit, quel qu'il soit, c'est amputer la conscience des générations à venir, c'est brader leur futur pour assurer le présent.
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Voilà ce que le Diktrans fait à la jeunesse, il l'écrase, lui arrache sa force et son énergie, lui interdit de s'intéresser au monde et l'oblige à se renfermer sur elle-même, à s'abîmer dans des rêves de pacotille pour oublier sa sombre destinée.
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"On peut se battre contre des enfoirés et finir assassiné dans un hangar sans que personne ne bouge le petit doigt. On peut se faire chier toute sa vie, créer des trucs de folie, vraiment innovants et se faire fumer par des imbéciles qui se croient intelligents. C'est toujours les cons qui gagnent dans ce monde merdique."
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Je pisse que dans la soupe de ceux qui me font chier ! (page 71)
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cosphérai-je à mon amie Louise.
répondit-elle.
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