L'illustration de couverture de ce tome 3 n'est pas très attirante mais met en avant un élément très important en plus d'être un hommage au Cri d'
Edvard Munch
Dans ce tome s'entrecroisent plus jamais le récit de Drake, qui s'est perdu en Afrique pour se retrouver en abandonnant la compétitivité, le récit de D'Angerès qui se déclare au dessus du commun des mortels mais qui dans sa quête de vengeance redevient une femme comme les autres avec des sentiments comme les autres, et le récit du comte d'qui s'enfonce dans les ténèbres et s'interroge sur le pourquoi de ce son existence (mais dont l'identité mais est masquée jusqu'à la fin).
La menace vampirique n'a pas disparu avec Lord Faureston, et Swindely comme Dinsdale Radcliffe font les frais des ambitions de Lady D'Angerès avant qu'elle ne finisse par s'allier avec son adversaire pour vaincre le père des créatures de la nuit. Les auteurs sont très explicites mais assez fins sur la gangrène qui gagne le coeur et l'âme de ceux qui ont renié leur humanité et les plaisir des choses simples de la vie pour s'abandonnant à leurs ambitions et à leur narcissisme. Dracula l'aristocrate est devenu Monsieur Caulard le bourgeois, qui après les plantations esclavagistes a fait fortune dans la production et la vente d'armes… Plus les choses changes et plus elles restent les mêmes : la civilisation capitaliste met à l'honneur les courtiers du chaos et les rentiers du néant au lieu de promouvoir les gens de bien… VDM dans un MDM !
Le père fondateur des vampires est finalement défait et Richard et Catherine convolent en voyage de noce à Zanzibar… Tout est-il bien qui finit bien ? Pas du tout du tout en fait…
Lady D'Angerès qui pensait trouver le repos éternel repart à la case : enterrée vivante six pieds sous terre !
Elisabeth découvre l'identité du Comte D, mais doit le payer au prix de sa vie…
Dracula est toujours en vie et la malédiction vampirique continue : après l'aristocratie et la bourgeoisie c'est les financiers et les ploutocrates qui sont touchés à leur tour…
Oh là, est-ce qu'on aborderait le thème de la lutte des classes ? Mais que dénonce-t-on au final :
- le cancer du productivisme qui détruit la planète ?
- le cancer du capitalisme qui détruit l'économie ?
- le cancer du narcissisme qui détruit la société ?
Ou un peu tout cela à la fois…
On est tous le vampire de quelqu'un d'autre, mais c'est l'hybris à la fois orgueil, préjugés et démesure, c'est-à-dire le sentiment de mieux valoir que les autres et de n'avoir aucune honte d'exploiter son prochain qui transforme en véritable monstre qui n'a plus d'humain que l'apparence. Des hautes sphères aux classes populaires, la malédiction de la crevardise s'étend désormais à toutes désormais à toutes les couches de la société. Et qu'est-ce qui a transformé Vlad Tepes en Dracula ? Une simple phrase à la Ponce Pilate… « Pour que le mal triomphe, il suffit que les hommes de bien ne fassent rien… »
Un bon cycle de bandes dessinées vampiriques, mais je n'ai jamais pu m'empêcher de penser que les auteurs étaient partis pour un projet plus long et plus ambitieux mais qu'ils ont dû réduire la voilure du projet en cours de route… (genre l'histoire du médaillon qui est un peu confuse) Car en définitive, on sent bien qu'il s'agit ici des adieux de
Bruno Maïorana au monde de la bande-dessinée. C'est pour lui rendre hommage que j'ai mis à ce tome la 5e étoile…