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EAN : 9782843047114
185 pages
Zulma (28/08/2014)
3.63/5   39 notes
Résumé :
Savitri la bien nommée - épouse modèle dans la mythologie indienne - veille patiemment sur son foyer. Elle a pourtant l'audace, quand elle est trop lasse des accès d'humeur de son mari, de se réfugier dans le silence de sa "chambre obscure" une pièce en retrait de la maison. Jusqu'au jour où il cède aux charmes d'une de ses employées. Savitri comprend alors qu'elle n'a rien à elle, pas même cette chambre à soi...
Ce qui emporte et émeut tant chez Narayan tie... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Savitri est une épouse modèle qui élève ses trois enfants et est au service de son mari, Ramani. Un mari dont le job d'assureur offre un confortable niveau de vie à la famille mais qui est aussi un caractériel lunatique difficile à supporter au quotidien. Après quinze années de vie conjugale, elle regrette de ne pas s'être affirmée dès le départ, de ne pas avoir pris la direction du ménage pour mener son époux à la baguette, comme a su le faire son amie Gangu. Au lieu de cela, elle subit chaque jour les affronts sans broncher. Mais lorsqu'elle découvre la liaison que monsieur entretient avec l'une de ses employés, elle décide de quitter le foyer pour s'assumer pleinement.

Un roman indien de 1938 qui navigue entre comédie de moeurs et chronique familiale. le ton est faussement léger et les rêves d'émancipation de Savitri résonnent de manière touchante. Cette femme qui se révolte en vain, prisonnière de traditions séculaires sur lesquelles elle n'a aucune prise, devra se rendre à l'évidence : impossible d'échapper à sa condition dans la bourgeoisie indienne des années 30.


La façon dont elle est traitée par son mari l'insupporte et elle ne se prive pas de lui faire remarquer : « Je suis un être humain. Vous autres hommes, vous ne l'admettrez jamais. Pour vous, nous ne sommes que des jouets quand vous êtes d'humeur à caresser, et des esclaves le reste du temps. Ne croyez pas que vous pouvez nous cajoler quand ça vous chante et nous donner des coups de pied selon votre bon plaisir ». Mais quelques pages plus loin, l'évidence la rattrape : « Que puis-je faire par moi-même ? Je ne suis pas capable de gagner une poignée de riz, si ce n'est en mendiant. Si j'étais allée au collège, si j'avais étudié, j'aurais pu devenir institutrice par exemple. J'ai été stupide de ne pas poursuivre mes études. […] Quelle différence y-a-t-il entre une prostituée et une femme mariée ? La prostitué change d'hommes, une femme mariée n'en change pas, mais c'est tout, toutes les deux sont entretenues de la même façon. »


Pour Ramani, il y a bien moins de questions à se poser : « Il admettait, bien sûr, que le Mouvement des femmes n'était pas complètement absurde : il n'y avait pas de raison de les empêcher de lire des romans anglais, de jouer au tennis, d'organiser des conférences nationales et d'aller de temps en temps au cinéma ; mais cela ne devait pas leur faire oublier leurs devoirs primordiaux d'épouses et de mère ; il ne fallait pas qu'elles essaient de singer les femmes occidentales, qui, toutes, vivaient dans un déferlement de libertinage et de divorces. Pour lui, l'Inde devait sa prééminence spirituelle au fait que les gens comprenaient que le premier devoir d'une femme était d'être épouse et mère, mais quelle femme gardait le droit d'être considérée comme une épouse, si elle désobéissait à son mari ? ».


Un très joli portrait de femme, tout en délicatesse. Seule la conclusion, bien trop abrupte, m'a laissé sur ma faim. Il faut dire que j'aurais aimé passer davantage de temps encore avec l'indomptable Savitri.

Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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C'est avec grand plaisir que j'ai reçu ce livre, et tient a remercier Babelio et les éditions Zulma pour cette petite pépite de la littérature.

L'histoire se passe en Inde, dans une ville imaginaire. Savitri est une femme et une épouse modèle: elle s'occupe admirablement bien de ses enfants, deux filles et un garçon, prend soin de son foyer et aime son mari. Cependant, elle ne rayonne pas de bonheur: son mari travaille énormément, rentre tard et est très lunatique et caractériel. Bref, un insatisfait chronique. Elle fait tout pour se plier au quatre volonté de cet époux, mais rien ni fait, il n'est jamais content.

Savitri est une femme soumise, qui accepte tout. Cependant, il y a des limites. Lorsqu'elle va se rendre compte que son mari la trompe, c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase, et du jour au lendemain, elle quitte mari et enfants.

C'est à partir de ce moment qu'elle va découvrir la vie sous un autre jour, en déambulant dans la ville.

Ce roman est d'une modernité frappante, même s'il a été écrit en 1938. Rien ne laisse supposer, dans cette version, que le roman à presque 80 ans. C'est un vrai moment de plaisir que de lire le quotidien de cette femme, écrit sous la plume de R. K. Narayan.

Avec ce livre, je ne connaissais pas cet auteur, et je n'avais jamais lu de livre indien. Et j'ai vraiment hâte de découvrir la suite de son oeuvre.


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Docile et soumise, Savitri élève ses enfants sous le joug de son mari Ramani. Elle ne travaille pas et son seul loisir est de donner des ordres à ses domestiques, de veiller à la bonne marche du domicile familial : cuisiner, coudre et récurer. Lorsqu'elle se dispute violemment avec son mari, elle se réfugie hagard dans la chambre obscure et y reste jusqu'à ce que sa bonne humeur revienne. Mais un jour elle devine que son mari voit une autre femme et de là son monde s'écroule, elle part après une énième et violente dispute et délaisse ses enfants, son foyer, son mari... pour se retrouver accueilli par un couple de basse caste dans un très petit village. Cette histoire poignante du destin d'une femme dans la bourgeoisie indienne des années 30 est particulièrement intéressant, puisqu'il est le prémisse des questionnements et de l'évolution du devenir de la femme dans la société indienne lors des décennies qui ont suivi.
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Voici un parfait exemple d'un livre imparfait qui m'a pourtant comblé. Certes, le récit est un peu court, de nombreux passages ou personnages auraient pu être développés. Par exemple, les deux amies sont un peu des personnages en « carton-pâte » et les dernières pages sont abruptes. Narayan est avare en description pour tous ceux qui en raffolent.
Néanmoins, avec moi, ce livre fonctionne car je considère que le lecteur doit être actif. Si l'auteur doit le prendre par la main, qu'il le laisse aussi gambader à sa guise ! Peu importe que la fin d'un livre ne soit pas claire, c'est au lecteur d'imaginer la sienne. le personnage de Savitri, cette dame qui décide de fuir un mari horripilant, n'appartient plus à l'auteur. J'ai ressenti cela lors de l'écriture de mon deuxième livre. Je pense que Narayan a donné le meilleur de lui pour laisser le lecteur prendre possession de Savitri.
La prouesse de ce livre, publié en 1938, est de paraître contemporain. Dans la chambre obscure n'a pas mal vieilli. Il est très difficile de faire simple et Narayan donne une leçon à tous les styles prétentieux. Narayan fustige la condition des femmes en Inde, des phrases sorties de son contexte pourraient choquer :
Quelle différence y-a-t-il entre une prostituée et une femme mariée? La prostituée change d'hommes, la femme mariée n'en change pas, mais c'est tout, toutes les deux sont entretenues de la même façon.

Lien : https://benjaminaudoye.com/2..
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Avec l'arrivée de l'automne, dans ma boîte aux lettres, le nouvel opus « Masse critique » : « Dans la chambre obscure » de R.K. Narayan.
En ouvrant la porte du roman, on plonge dans la maison de Savitri, une femme indienne « ordinaire », mariée, qui élève ses trois enfants. On s'installe peu à peu dans l'ambiance familiale, les disputes entre frères et soeurs, les fêtes traditionnelles, mais surtout dans la relation conjugale, faite pour Savitri de soumission et de frustrations répétées face aux humeurs changeantes de son mari.
Comment poursuivre sans dévoiler l'intrigue ? (Ne pas lire la suite si vous ne le souhaitez pas !)
Peu à peu, le mari de Savitri, qui passe déjà des heures au bureau, s'entiche d'une nouvelle employée. Savitri, déjà peu épanouie dans sa relation de couple, sombre dans la dépression, mais un soir de colère, après une dispute avec son mari, surprenant autant son mari qu'elle-même, elle quitte la maison familiale, ses enfants, ainsi que tous ses repères.
S'ouvre alors la question de l'indépendance pour une femme dans une société traditionnelle. Comment vivre, être libre, sans travailler ? Comment faire pour gagner la confiance sans plus avoir les « attributs » de la femme honnête (mariée, mère…) ? Ces questions sous-tendent même la première partie du roman à travers les amies de Savitri par exemple.
Cette seconde étape m'a particulièrement intéressée et j'étais prête à suivre son développement…
Quand l'auteur choisit une issue qui laisse libre cours à la résignation et qui m'a profondément déçue.
Une sensation d'inachevé donc. Peut-être ce que l'héroïne elle-même aurait ressenti ?
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Je suis un être humain. Vous autres hommes, vous ne l’admettrez jamais. Pour vous, nous ne sommes que des jouets quand vous êtes d’humeur à caresser, et des esclaves le reste du temps. Ne croyez pas que vous pouvez nous cajoler quand ça vous chante et nous donner des coups de pied selon votre bon plaisir
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Il admettait, bien sûr, que le Mouvement des femmes n'était pas complètement absurde : il n'y avait pas de raison de les empêcher de lire des romans anglais, de jouer au tennis, d'organiser des conférences nationales et d'aller de temps en temps au cinéma ; mais cela ne devait pas leur faire oublier leurs devoirs primordiaux d'épouse et de mère ; il ne fallait pas qu'elles essaient de singer les femmes occidentales, qui, toutes, Ramani en était convaincu, vivaient dans un déferlement de libertinage et de divorces. Pour lui, l'Inde devait sa prééminence spirituelle au fait que les gens comprenaient que le premier devoir d'une femme (et aussi un privilège accordé par les dieux) était d'être épouse et mère, mais quelle femme gardait le droit d'être considérée comme une épouse, si elle désobéissait à son mari?
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Quelle différence y-a-t-il entre une une prostituée et une femme mariée? La prostituée change d'hommes, la femme mariée n'en change pas, mais c'est tout, toutes les deux sont entretenues de la même façon. Oui, il faut que Sumati et Kamala étudient à l'Université et deviennent indépendantes. (…)
Celle qui ne pouvait se suffire à elle-même n'avait pas le droit d'exister."
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Savatri avait l'esprit tout engourdi, sinon elle n'aurait pas pu traverser la ville en pleine nuit. Plus rien ne semblait compter à présent - pas même ses enfants. Après tout, c'étaient les enfants de son mari .... Pourquoi n'irait-elle pas à son bureau en extirper cette femme et lui lacérer le visage de ses ongles ? Ce pourrait être intéressant d'attendre pour voir s'il ramperait encore aux pieds de cette putain une fois son visage balafré et ses cheveux arrachés ...
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Vous croyez que je vais rester ici? C'est notre faute à nous les femmes, si nous nous trouvons dans cette situation; nous acceptons de vous nourriture, logement , bien-être… Et voilà où nous en sommes! Croyez-vous que je vais rester dans votre maison, respirer l'air que de tout ce qui vous appartient, boire votre eau, manger la nourriture que j'achète avec votre argent?
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