: Les amateurs de littérature jeunesse pourront sans doute en témoigner, il y a en ce moment un réel intérêt de la part des auteurs pour la culture mongole et tibétaine.
Nous aurons le goût du voyage et du bout du monde.
Les hauteurs vertigineuses, belles et pourtant rudes, cette vie sous les yourtes à la belle étoile, cette compagnie des yacks et des chevaux sauvages, forceront sans doute pour ainsi dire l'admiration, dans sa substance réduite à l'essentiel du quotidien familial, par sa dématérialisation partielle ( un toit, un troupeau) et ses valeurs simples inhérentes.
Le nomadisme avec la famille, c'est une sacrée expérience, chers jeunes lecteurs.
Pourrions-nous nous y voir, abandonnant derrière nous nos smartphones, notre technologie et notre confort?
Il y a avec les mongols un appel de l'aventure qui offrira un bon compromis pour les esprits gourmands de liberté et de découverte.
On ne se le cachera pas, c'est une perspective de vie ici sans société, sans obligations administratives, avec peu de voisins, juste voir le jour prochain, profiter, gagner sa pitence et voir grandir. Quelle drôle de vie! Mais la Nature offira d'autres challenges.
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Dans les yeux de Nawang" nous retransmettra un peu les charmes de cette vie dont la nature est presque indomptable.
Nous en ressentirons deux partis pris opposés avec l'histoire de ces jeunes jumeaux, un jouissif et l'autre craintif.
Le petit Nawang verra le beau côté de la chose, tandis que son frère Lhari, lui, aura depuis toujours du mal à s'y faire.
Lhari est Lhari, sensible et il ne semblera pas fait pour cette vie. Au point que ceux qui le connaissent le verront toujours comme un peureux ridicule.
Un jour, c'est la goutte d'eau qui débordera et Lhari décidera de fuir les moqueries.
Rien ne sera perdu, rattrapé par son frère jumeau et sur le chemin du retour, à plusieurs niveaux, il réapprendra à voir le monde qui l'entoure avec la patience de Nawang et ses yeux.
Pour Nawang, la Nature est bienfaisante et il faudra savoir la prendre.
Jean- François Chabas imaginera pour les jeunes lecteurs une leçon de sagesse tendre et très fraternelle. Mais également une histoire exempt de fatalité.
Lhari y gagnera de la confiance en soi et des preuves d'amour aussi.
Le style graphique de
Clotilde Perrin ne transportera pas nécéssairement les jeunes lecteurs dans une atmosphère réaliste du pays mongol mais elle leur transmettra en revanche une douceur enfantine colorée très agréable et magique, qui rapprochera l'aventure d'un parcours intiatique de conte.
Le jeune lectorat appréciera de baigner dans ses petites lumières.