Darna

Ce roman graphique est avant tout autobiographique. C'est un hommage rendu à « Darna » (« notre maison » en Arabe), à ses habitant.e.s et c'est en même temps un témoignage d'une époque révolue et en devenir à l'image de la maison et des générations qui y ont défilé. Ce travail fut également pour l'auteure un moyen de redécouvrir l'histoire de son pays au travers de celle de sa famille et de donner à voir comment les origines historiques, géographiques et intimes influencent les individus et la société. Les premières planches avaient été conçues comme un journal intime sans intention de les montrer un jour. Ecrit sur une dizaine d'années à partir d'archives familiales, de vidéos, d'enregistrements sonores et de souvenirs personnels, Darna est un récit alternant heures de gloire et déboires familiaux au rythme des mariages, des décès et des repas de famille, c'est aussi un clin d'oeil à la culture marocaine dans toute sa compléxité.
Avec ce roman graphique nous remontons à la construction de la Darna en 1983, belle et grande maison où Zineb passera toutes ses vacances. Maison qui ne désemplit pas entre la famille, les aides ménagères et les invités.
Après une présentation d'une trentaine de pages sur les origines de chacun des aïeux, l'histoire et les relations franco-marocaines, intimement liées à la leur, Zineb se met en scène et évoque ses propres souvenirs. Lassée de ne pas obtenir de papiers à la fin de ses études en France, elle rentre au Maroc où elle va faire partie intégrante de la maison. Elle nous fait découvrir le non partage des tâches entre les hommes et les femmes et va se concentrer sur son grand père, homme cultivé et juge de son état, qui s'isolait au calme dans sa bibliothèque ainsi que sur l'un de ses oncles, un doux rêveur qui ne faisait rien de ses journées.
Le dessin en noir et blanc sert très bien ce récit très personnel que nous livre ici Zineb Benjelloun.
« Lu dans le cadre du Prix Orange de la BD 2024. Je remercie Lecteurs.com ainsi que les Editions Cà et Là pour cet envoi. »

Ah elles sont rares les illustratrices marocaines donc un grand bravo à Zineb Benjelloun qui a été au bout de son projet avec son récit familial intitulé Darna.
Darna, cela veut dire Notre maison. C'est le lieu où se retrouve les membres d'une même famille pour le couscous du vendredi, pour le thé de fin de journée, pour y célébrer les petits et grands événements.
Elle croque les personnages de sa famille, tout d'abord ses grands parents, Basidi le grand-père lecteur, érudit imam et Milala la grand-mère qui règne de main de maitre dans la maison, secondée par Malika, l'ange à tout faire. Celle-ci grouille d'enfants et petits-enfants de cette famille éparpillée en Europe mais qui trouve son point de chute à Darna. On y vient, on y reste, on a du mal à en repartir.
Mais quand Basidi et Milala meurent, c'est la maison aussi qui se meurt...
Zineb, raconte sa vie auprès des siens, des personnages tendres, drôles sur quatre générations. Certains sont désoeuvrés quand d'autres font preuve d'une abnégation sans faille.
Zineb est également à un tournant de sa vie professionnelle.
Ce graphique est une histoire de famille marocaine ponctuée de proverbes, de riches dessins surtout lorsqu'il s'agit des salons, j'aurais aimé plus de planches sur la bibliothèque incroyable de Basidi. J'en ai aimé les visages aux expressions très réalistes et j'ai aimé l'humour dans cet ouvrage !