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EAN : 9782848051994
169 pages
Sabine Wespieser (07/01/2016)
3.08/5   42 notes
Résumé :
" Envoûtée, comme enivrée, Marjorie l'était à nouveau en regardant l'homme et la femme onduler sous ses yeux. Leurs bras chantaient en canon. Leurs mains se croisaient à intervalles réguliers. Le mouvement était répété plusieurs fois, puis la musique s'emballait, et leur pas de deux se terminait par un porté de haute volée. Pour Marjorie, qui parlait la danse mieux que personne, la signification était très claire.
Après une phase d'atermoiements, de faux-fuy... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (23) Voir plus Ajouter une critique
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Un premier roman tout en grâce et en légèreté, où transparaît la passion de l'auteure pour la danse. Une plume fine au service de tableaux qui se succèdent comme sur la scène d'un théâtre pour dessiner le portrait vibrant d'une femme décidée à avancer. de solos en pas de deux, de chutes en pirouettes, l'auteure nous offre le merveilleux spectacle de ceux qui décident d'affronter la vie en la regardant en face.

A 40 ans, Marjorie a déjà connu nombre de ruptures. L'exil à 5 ans lorsqu'il a fallu fuir le Cambodge aux mains des Khmers rouges ; la petite Tin (son vrai prénom) et sa mère n'ont plus jamais revu Chim leur père et mari resté sur place et donné pour mort. le coup d'arrêt de sa carrière de danseuse étoile, neuf ans avant la date limite à cause d'un corps trop fragile. Jusque-là, la danse lui avait permis d'exprimer les sensations et les sentiments enfouis bien profondément en elle, comme elle avait tenté de l'expliquer à Paul, son mari.

"La danse comme espace et temps. En elle, le mouvement naît, meurt puis renaît, chute et va de l'avant, tombe et se relève. La danse comme tour et retour. Un déclin prélude au rebond. Une potentialité de vie. La danse enfin comme livre d'images pour la pensée, une métaphore même du mouvement de la pensée. Une pirouette des idées. Un rond de jambe de l'esprit. Une révoltade des émotions".

C'est à ce moment que Tin choisit de devenir Marjorie et de demander la nationalité française. Une rupture pour en cacher une autre. Source d'autres tourments comme le pressent Paul lorsqu'il lui affirme "On ne change pas impunément d'identité sans que le passé vous rappelle à lui". Paul qui est bien placé pour le savoir, lui qui a construit sa vie sur une rupture familiale, lui qui doit sa rencontre avec Tin à l'évanouissement de celle-ci dans le métro où elle a cru reconnaître le visage de son père sur une affiche. Tous deux vont devoir apprendre à se libérer du poids du passé qui leste leurs mouvements, chacun en suivant son propre cheminement, pour mieux se retrouver.

Il y a de jolis moments de grâce dans l'écriture de Caroline Broué qui parvient à donner à son propos la légèreté et la souplesse d'une ballerine. Et puis il y a le magnifique personnage de Justine, la sage voisine de Marjorie et Paul dont la compréhension du difficile défi qu'est la vie va donner quelques clés à la jeune femme afin qu'elle parvienne à laisser cohabiter en paix Tin et Marjorie, ainsi que la fille, la femme et la mère qu'elle est devenue.

"Ma chère, apprenez que la destruction n'est en rien dommageable si elle s'accompagne d'une pensée malicieuse, voyez-vous. Si Pénélope détruit son ouvrage chaque nuit, c'est pour mieux le reconstruire le lendemain, et si elle le construit chaque jour, c'est pour mieux le défaire chaque nuit, comprenez-vous. Autrement dit elle gagne du temps. Elle construit sur la destruction. Vous comprenez ? Cassez, démolissez s'il le faut, mais ne perdez pas de vue que c'est pour redresser et parfaire l'ouvrage."

Une bien jolie découverte, un ouvrage plaisant à lire qui mérite le détour.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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J'ai emboîté le pas à Caroline Broué sur les conseils de ma libraire indépendante préférée (Entre les Lignes à Clamart). En effet, elle l'avait invitée à venir nous présenter son premier roman intitulé de ce pas.

Je connaissais l'émission La Grande Table uniquement via la revue Page des Libraires qui la mentionne régulièrement. Depuis lors, je suis abonnée au podcast et j'apprécie de l'écouter régulièrement.

L'idée de ce livre a commencé a germé dans la tête de Catherine Broué au moment d'un voyage qu'elle a effectué au Cambodge il y a une vingtaine d'années. L'écriture a démarré en 2013. le personnage de Marjorie lui ressemble : âge similaire, moment de vie, danse notamment. En effet, Caroline Broué a fait de la danse durant près de 20 ans et, si j'ai bien compris ses propos, si son corps le lui avait permis, elle serait devenue danseuse professionnelle. Par ailleurs, elle a reçu lors d'une émission de la grande table, le chorégraphe dont il est question dans le roman.

Le thème du roman porte sur la crise de la quarantaine d'une femme, danseuse étoile à l'opéra de Paris et dont la vie doit prendre un autre tournant puisqu'elle ne peut plus danser suite à des problèmes de santé. Ce temps inconnu qui s'ouvre à elle l'amène à se replonger (malgré elle ?) dans son passé au Cambodge. Pourquoi ce retour en arrière ? Parce que Caroline Broué pense que c'est un travail nécessaire pour aller de l'avant et se construire.

Marjorie et son compagnon Paul se posent tous deux des questions sur leurs origines respectives. Elle a fui le Cambodge à l'époque des Khmers rouges tandis qu'il vient de l'Ardèche huguenote. Elle l'entraîne dans son questionnement. Tous deux se sentent impuissants face au monde qui les entoure.
Le roman compte deux autres personnages : Justine, une voisine âgée de 75 ans et Coralie, l'amie de de Marjorie. Coralie a peur de tout. Elle appelle souvent Marjorie en pleine nuit, la réveillant par la même occasion, pour lui débiter (le flot est rapide, il n'y a plus de ponctuation, le style est décousu, haché) tout ce qui lui passe par la tête. C'est la petite voix de Marjorie.
Les nombreux lieux évoqués dans le roman n'ont pas été choisis au hasard, ils correspondent à des lieux qui ont marqué Caroline Broué.

Quand je me replonge dans ces notes prises lors de la rencontre, je mesure la richesse de nos échanges. Et en même temps, je ne peux pas m'empêcher d'être légèrement déçue par ce livre dont je n'ai pas tellement apprécié le style. Il ne s'agit pas de l'écriture qui m'a bien plu. J'aime ce style que j'ai trouvé très littéraire. Je préfère les narrations plus linéaires.

Quant au choix de la maison d'édition (Sabine Wespieser éditeur), il est conscient et motivé par l'envie de bénéficier d'un soutien personnalisé compte tenu du fait qu'il s'agit d'une maison d'édition à taille humaine car publiant peu de livres par an afin justement de privilégier la qualité à la quantité. Caroline Broué a beaucoup apprécié les conseils prodigués par Sabine Wespieser. Elle semble s'être sentie à la fois suffisamment libre et guidée.
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La rencontre de Tin et Paul est belle et pleine de grâce, une de ces rencontres qui foudroient, vous laissent sans voix. Fous amoureux l'un de l'autre, ils grandissent et se construisent ensemble sans jamais parler de leur vie d'avant. Tout semble commencer au jour de leur premier tête-à-tête. Ils avancent pas à pas. Elle est danseuse étoile à l'Opéra de Paris, il est photographe, amateur de peinture. Passionnés par leur art respectif, ils y évoluent avec exaltation en portant un regard bienveillant l'un sur l'autre. Un enfant viendra sceller leur amour. Une grave blessure oblige la danseuse à mettre un terme à sa carrière. Une fêlure qui va alors bouleverser sa vie, insidueusement. Tin devient Marjorie. Avec Paul, ils voyagent à travers le monde avec leur ami Jérôme, un aventurier, ils regardent leur fille grandir, Marjorie discute souvent avec Coralie – une copine dont le flot de paroles ne se tarit jamais – les années passent...
Aujourd'hui, Marjorie a quarante ans, et son passé remonte à la surface. Elle s'interroge sur son existence, sa relation avec Paul, la danse – sa respiration –, sa mère avec qui elle a fui le Cambodge durant le génocide en 1975, son père resté là-bas – la douleur de cette séparation se fait lancinante désormais –. Et Paul, par rebond, voit lui aussi d'anciens ennuis familiaux ressurgir violemment. Ils avaient marché main dans la main tout ce temps sans se dire un mot sur leurs maux. Désormais, tout éclate. Ils assistent à un déferlement d'émotions et de non-dits. le refuge qu'ils s'étaient fabriqués vole en éclats. le silence enveloppant se trouble. Et puis, il y a Justine, une vieille voisine qui sème des bribes de sa vie marquée à jamais par la seconde guerre mondiale. Une parole sage et généreuse...
Un roman sur le franchissement, le dépassement. Oser avancer, lever le voile du passé qui obscurcit l'avenir, rompre le silence et s'alléger enfin. Une histoire et une écriture sensible avec la danse pour toile de fond. Cependant, le va-et-vient spatio-temporel m'a gênée parfois dans ma lecture – un rythme saccadé sûrement voulu par l'auteure –. Un premier roman prometteur.
Lien : https://lesmotsdelafin.wordp..
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En lisant ce premier roman, il m'a semblé voir une chorégraphie contemporaine tant la construction et la narration jouent avec les composantes essentielles de la danse.

L'histoire peut en sembler banale si l'on s'en tient à son squelette : un couple, Marjorie et Paul, elle danseuse-étoile, lui photographe, qui après s'être aimés passionnément laissent les douleurs refoulées de l'enfance envahir leur "potentialité de vie". Mais à ce squelette, Caroline Broué vient délicatement ajouter la chair, le coeur, les muscles et le sang pour offrir au lecteur un roman d'une grâce aérienne qui combine ce que la danse met en jeu : espace - temps - mouvement - corps

Espaces géographique et intérieur dans lesquels s'inscrivent les déplacements des personnages, de Phnom Penh à Montaren, petit village d'Ardèche, de l'Afrique du Sud à New-York, mais aussi l'évolution de leurs relations et de leur présence au monde. Tin à Phnom Penh avec ses parents devient Marjorie à Paris avec Paul. Jérôme s'approprie les mots et donc la vie de quelqu'un d'autre. Paul délaisse son meilleur ami avant de revenir vers lui. Rapprochement-éloignement, fusion-séparation, isolement-attachement dessinent des courbes et des trajectoires où chacun "naît, meurt, puis renaît, chute, va de l'avant, tombe et se relève".

Les rebonds temporels ajoutent encore à "l'électricité des échanges et des existences qui se croisent". Ce temps qui n'a pas fait tomber dans l'oubli la disparition d'un père ou sa déchéance et qui, brutalement, ramène à la conscience tous les dénis, tous les compromis, ceux que Marjorie et Paul ont voulu oublier mais qui reviennent en force au moment où ils deviennent parents à leur tour. Que vont-ils transmettre à Eléna leur fille si eux-mêmes ne sont pas en paix avec leur propre histoire, avec leur propre famille ? de ce "sans", de ce "pas", Justine, la vieille amie de Marjorie a su faire une pleine existence, une existence sans peur et qui ne craint pas de détruire pour mieux construire.

Un très, très joli roman qui mérite que l'on s'y attarde et qui apporte "la douceur dans la violence du monde".




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De ce pas, c'est le titre du 1er roman de Caroline BROUÉ.

Autant vous le dire tout de suite, je vais passer 2h30 en apnée totale et ce n'est pas peu dire à la lecture des 1ères lignes :

"Afrique du Sud, au large de Gansbaaï, juin 2005, Marjorie est enceinte de six mois. Elle nage avec masque, palmes et tuba, à quelques dizaines de mètres du bateau quand, tout d'un coup, il lui semble voir une masse qui se rapproche. Tout va très vite dans sa tête, la Shark Alley, ce couloir marin connu dans le monde entier pour sa concentration de grands requins blancs [...]."

Marjorie est une jeune femme. Sa mère est décédée l'année dernière d'un cancer foudroyant. Son père est disparu depuis longtemps. Elle vit avec Paul et porte son enfant. Elle se souvient de son parcours, son exil, sa migration. Elle a quitté le Cambodge avec sa mère en 1975. Son père a organisé ce départ dans la précipitation alors que les victimes du génocide ne se comptent déjà plus. Elle arrive en France et intègre l'Ecole de Danse de l'Opéra.

Ce roman est construit comme un puzzle. Il apparaît dans sa version achevée dans les premières pages et puis progressivement, chaque pièce va se détacher pour devenir une entité à part entière que Caroline BROUÉ va nous faire explorer dans les moindres détails.

"Prodigieux" comme le dit elle-même l'écrivaine P. 93.

J'ai été subjuguée par la grâce, le raffinement de la danse. Il y a des paragraphes entiers dédiés à ces pas qui, guidés par des danseurs étoiles, deviennent des oeuvres artistiques à part entière et d'une beauté extraordinaire.

"C'est un balloté. Un saut d'un pied sur l'autre, d'avant en arrière. Ou plutôt, un dérivé de ballotté. Deux mouvements lancinants s'affrontaient et se répondaient en même temps : d'un côté l'hésitation, de l'autre la stabilité. L'homme et la femme commençaient par balancer les bras, poignets joints, paumes ouvertes vers le sol, genoux fléchis, en quatrième position, tête droite, avant de se relever en développé." P. 18

La danse ne serait rien sans le corps bien sûr, mais plus subtil, il ne serait rien sans la pensée, les 2 intimement liés dans la réalisation d'une chorégraphie :

"Qu'est-ce qui fait bouger le squelette ? Les muscles. Et qu'est-ce qui active les muscles ? La pensée. Vous n'arriverez à rien en danse sans la pensée." P. 19

Caroline BROUÉ ne va pas se contenter d'aborder l'art par la seule voie de la danse, elle va aussi emprunter celle de la peinture et là, c'est encore tout un spectacle !

J'ai été profondément émue par l'itinéraire de cette jeune femme sur le chemin de la résilience, une jeune femme marquée par son propre déracinement, l'absence de son père, la souffrance liée à la mort de sa mère, et puis sa douleur devant un corps qu'elle ne maîtrise plus.

J'ai été frappée par la manière de Caroline BROUÉ de ponctuer ce roman par un terme de façon récurrente : "construire". Tantôt décliné seul...

"Construire, c'est aller des fondations au dernier étage de la maison. C'est à la fois bâtir en partant de rien, fixer ensemble les différentes parties d'un objet, élaborer quelque chose, et disposer dans un certain ordre." P. 29

Tantôt pronominal : "se construire" P. 74, il s'offre parfois une 2ème chance : "se reconstruire" P. 72.

Mais il arrive qu'il soit aussi plongé dans le chaos et là, il devient nom : "destruction" P. 118 !

J'ai mesuré le poids et l'énergie des souvenirs dans cette façon qu'à l'être humain d'avancer :

"Les souvenirs ne sont pas prophètes. Ils disent l'époque révolue, celle qui s'est pour toujours éteinte, et qu'une mélodie ou la sérénité d'un feu de cheminée ravivent un bref instant." P. 57

Pour moi, un roman est complet lorsqu'il flirte avec L Histoire. Et là, avec le personnage de Justine, je suis comblée.

En fait, à bien y regarder : l'art, la psychologie et L Histoire s'y retrouvent mêlés sous une plume parfaitement maîtrisée. Ce roman porte très bien le costume d'un coup de coeur !
Lien : http://tlivrestarts.over-blo..
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
p.21 "En fait j'ai rencontré Sophie l'ex de Benjamin et on est restées collées l'une à l'autre serrées entre les tombes à pleurer en écoutant le poème de Benjamin les trois enfants accrochés à ses jambes... Pendant ce temps on entendait le son d'une guitare manouche et on est restées là à scruter le visage de Benjamin pour essayer de percer le mystère de comprendre ce qui pouvait bien lui donner la force de tenir debout de paraître aussi digne et fort et même souriant et dispendieux de tant d'amour autour de lui pour attraper dans ses yeux et sa pudeur un peu de sa résistance Je te jure pour tout le monde ce fut une incroyable leçon de vie On a beaucoup pleuré en se tenant l'une l'autre par le bras avec Sophie cramponnées pour se sentir solidaires et moins seules face à ces émotions si fortes ça m'a beaucoup aidée qu'elles soit là avec moi et sans doute que c'était réciproque.
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« Paul avait beau être photographe, quand ils étaient ensemble, la main du peintre rejoignait le bras du danseur. Ce qui réunissait Paul et Tin, fondamentalement, c'était le silence. Le silence de l'art. Ils se trouvaient précisément à la jonction de deux axes complémentaires : celui du peintre dansant sur sa toile et celui du danseur composant les couleurs de sa chorégraphie. Leurs vies s'entremêlaient, et ce mariage impromptu transcendait leurs différences. Ils n'avaient plus besoin de se parler pour se comprendre. L'entente entre eux était tacite. Ils s'accordaient d'un regard furtif. D'un geste de la main. Loin de tout bavardage, de tout mot superflu, leur mode d'être et de relation relevait de l'implicite, de l'entendu avant même d'être dit. »
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p.36 "Non, ce n'est pas à cause de la famille qu'elle n'épouse pas Paul, ce n'est pas non plus parce que la réalité ne peut pas égaler son fantasme. La raison est beaucoup plus prosaïque. Le mariage signifie pour elle l'enfermement. La vraie raison, c'est qu'elle veut préserver sa liberté. Pouvoir partir quand elle le veut, si elle le veut, et laisser à Paul cette possibilité. Du coup, elle se met à réfléchir à leur amour, à ce qu'il représente pour elle, et à ce que lui apporte la vie à deux. Le premier mot qui vient à elle est le mot citadelle... C'est ça, au fond, leur amour à tous les deux : une forteresse. Quelque chose qui fortifie. La résistance et la maturation. La robustesse et la construction dans le temps. Leur relation n'a rien de fusionnel, chacun fait en sorte que l'autre puisse vivre sa vie pleinement et s'épanouir à ses côtés. Vraiment ? Comment comprendre alors ce sentiment poisseux d'insuffisance, d'incomplétude, qui s'est emparé d'elle depuis quelque temps ?"
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« Le monde que je tisse de mes pas et construis de mes gestes est autre, mon corps dansant ignore tout, pour n'écouter que lui-même dans son espace propre, car la danse est affaire de temps, d'espace et d'écoute. Elle me fait entrer dans une vie étrangement instable et réglée à la fois, un temps qui ne dure pas, mais qui est cyclique. Quand je saute, je quitte la terre pour mieux y revenir, je quitte provisoirement le sol sur lequel piétine la vie ordinaire. La marche est la prose du mouvement humain. Je n'ai pas de mérite à te dire ça, ce sont les mots de l'écrivain Paul Valéry, en 1936, dans une conférence sur la philosophie de la danse. Je reprends ses mots à mon compte tant il a su dire la nature profonde de la danse. Comme Rilke avant lui dans ses Sonnets à Orphée. »
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Justine gît effectivement par terre, elle a dû tomber du lit et tenter de se rattrapper à la couverture, mais elle a renversé sa table de nuit : les livres sont éparpillés sur le sol, Primo lévi est tombé sur Robert Antelme, Pierre Daix s’est lié d’amitié avec Imre Kertesz, Le nom de Klara est ouvert côté pages, André Scharz-Bart et Aharon Appelfeld ont volé au milieu de la pièce.
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Jérôme Garcin vous présente son ouvrage "Écrire et dire : entretiens avec Caroline Broué" aux éditions des Équateurs. Entretien avec Jean-Claude Raspiengeas.
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