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EAN : 9782709665513
220 pages
J.-C. Lattès (21/08/2019)
3.3/5   28 notes
Résumé :
Katia est la fille d’émigrés espagnols ayant fui à Berlin le régime franquiste . Avec sa sœur Martina , elle partage les élans d’une famille aimante , mais où le silence sur le passé est d’or . En grandissant , Katia voit s’ériger le Mur .
Dans une librairie , son regard croise un jour celui de Johannes , jeune homme venu de l’ouest ...Avec sa complicité , à l’insu de tous , munie de faux papiers , Katia passe de l’autre côté .
Avec un exceptionnel so... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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Lu en v.o. : LA HIJA DEL COMUNISTA (les titres sont forces de changer a la frontiere?)

Une histoire de double exil. Ou d'exil intergenerationnel. A chaque generation le sien. Une famille de republicains espagnols, communistes, trouve asile en Republique Democratique Allemande, a Berlin-Est. Ils auront deux filles, Katia en 1950 et Marina en 1953. Katia, le personnage central du Roman, rencontre un allemand de l'Ouest, s'en amourache et fuit avec lui en 1971 en Republique Federale. Et commence une deuxieme histoire d'exil, qui est de plus en plus ressenti avec le temps, menant notre heroine jusqu'a la depression.

Mises a part une introduction de deux pages et une derniere partie, intitulee Vaterland, ou l'heroine revient voir la famille qu'elle avait laissee a l'Est, ou nous approche une voix narrative distanciee, externe, c'est Katia qui parle, qui raconte ses impressions et ses souvenirs pendant tout le roman. C'est ainsi que par la voix d'une petite fille nous parvient toute l'experience du controle de la population par le regime communiste, de la vigilance de tous les instants, de la peur etouffante d'une denonciation avec ou sans motif reel. Et c'est ainsi que par sa voix plus agee on comprend avec elle que pour survivre son pere avait du operer comme IM, informeller mitarbeiter, agent informel de la Stasi.

C'est une histoire douloureuse. Les parents, ayant fui l'Espagne par peur, vivent en fait une peur constante dans leur nouveau pays. Et Katia, qui a abandonne sa famille et ses habitudes par amour pour Johannes finit par ressentir que Johannes lui a enleve ce qu'elle avait de plus cher. Elle a franchi le mur, ce mur hostile de dissension, avec des espoirs indetermines et surtout pour lui. Mais elle ne s'acclimate pas et c'est Johannes qui devient son mur. Johannes qui la separe de sa vraie patrie, de son vaterland = la terre du pere, de son pere, de ses parents, de sa famille paternelle, de ses souvenirs enjolives par la memoire. Elle finira par abandonner Johannes et voyager revoir ce qui reste de sa famille. Mais la fin est ouverte et on ne sait si c'est pour rester ou pour repartir; si elle atteindra le calme dont elle a besoin, si elle finira par trouver une patrie.

Aroa Moreno Duran promene ses personnages a travers l'histoire du 20e siecle europeen et son incidence sur leur devenir et sur leur pensee. On peut y voir un roman sur la difficulte d'integration en exil, ou sur la recherche d'identite. Moi j'y vois aussi, ou j'y vois surtout, avec ses phrases directes, courtes, avec force insinuations sur des non-dits, sur des silences, un roman d'initiation et de maturation, de quetes et d'espoirs qui s'alterent, qui se muent en nostalgie et en regrets. Un roman de deceptions et de remords, de solitude, de peine, peine teintee d'une sensation de faute inexpiable. Un roman ou les murs mentaux qui s'erigent entre des personnes peuvent etre plus hauts que les murs de pierre et de beton. En fait beaucoup plus murs de prison.
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Fuir son pays d'origine n'est certainement pas une chose simple, ni un choix. C'est l'exil pour la survie. Les personnes qui n'y ont pas été confrontées, ont malheureusement du mal à comprendre que l'on fuit souvent pour sauver sa peau, et non par envie de confort. Si vous prenez le temps de discuter avec une personne dans cette situation, vous ressentirez sa douleur d'avoir eu à abandonner sa terre, sa famille, et ses repères. En l'écoutant, vous aurez la chair de poule et vous ne pourrez pas vous empêcher d'avoir les yeux mouillés ! Il faut juste apprendre à écouter et avoir de l'empathie pour le genre humain.

Bien entendu, il y a de tout, lors des vagues migratoires, mais il y a surtout des larmes, de la peur…

Laissez-vous aller, un peu, à être bercé par les histoires de ces personnes meurtries…

Je ne souhaite à personne de vivre, ce que des familles entières vivent et à travers « de l'autre côté, la vie volée », Aroa Moreno Durán, nous parle de cette pudeur que la première génération d'exilés a. Une pudeur qui peut être destructrice, car la deuxième et troisième génération, aura parfois, du mal à trouver sa place dans ce pays d'accueil.

Pour fuir la guerre civile qui sévit en Espagne, un couple s'exile en Allemagne, Berlin plus particulièrement. Katia et Martina, leurs deux filles, sont nées de cet exil, elles font, et doivent faire la fierté de leurs parents, surtout de leur père. En 1962, le mur sépare Berlin en deux… La famille se retrouve du mauvais côté… Pourtant, la vie va continuer, Katia et Martina représentent la première génération de la jeunesse communiste.

Première génération d'exilés, première génération de jeunesse communiste, un poids pèse sur elles, pourtant la discipline dont elles sont entourées et qui les caractérise, va éclater, le jour où Katia, va faire rencontrer, Johannes qui vit de l'autre côté du mur… Une rencontre qui va bouleverser sa vie…

Un bouleversement amoureux, bien entendu, mais ce n'est pas ce qui prime dans ce roman. Ce qu'évoque l'auteur, c'est le déracinement. le premier totalement inconscient et le second fait par choix, sans avoir mesuré les conséquences…

Katia en passant la frontière, ne se sentira jamais à sa place. Cette place qu'elle a la sensation d'avoir volée, cette vie heureuse, qu'elle a la sensation de ne pas mériter… Elle quitte tout, mais sans penser aux conséquences, sans se projeter, elle a la fougue de sa jeunesse et l'amour pour seule arme…

Il y a un découpage intéressant à souligner, avant la fuite de Katia, la grande période de sa vie en Allemagne de l'Ouest et dans un troisième temps, son retour aux sources, grâce à Johannes qui ne souhaite qu'une chose, que sa femmes soit heureuse. Tout cela sans jamais le formuler… Il y a de la pudeur dans tous les personnages. Une pudeur palpable, entre les lignes. La pudeur, le silence, les non-dits de chacun qui ne feront que creuser le faussé entre ces âmes meurtries…

En filigrane, le contexte historique est évoqué par Katia, mais d'une manière détachée, comme si rien ne la touchait vraiment. Un détachement qui semble nécessaire pour qu'elle puisse supporter le déracinement. Je me suis demandée ce qu'il était advenu de sa famille en RDA, on l'apprendra plus tard…

Katia, pensait trouver sa voie, se trouver… Mais dans sa fuite, elle ne fera que se perdre un peu plus.

Déracinée par ses parents, elle se l'impose également à son tour… le détachement dont elle fait preuve, démontre sa quête identitaire. Elle pensait oublier d'où elle venait, mais le passé se rappel à elle, car le passé ne s'oublie pas. Si on l'enferme, il revient comme un boomerang…

Les sujets abordés sont multiples et très bien mis en valeur, portés par une plume contemplative, mais pas ennuyeuse. Une plume un brin poétique par moment, qui rend hommage aux exilés, à leur sacrifice, à la construction de soi, mais surtout à l'acceptation de la différence.

Lien : https://julitlesmots.com/201..
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On suit la destinée d'exilés espagnols victime du franquisme qui vont s'installer à Berlin EST, pratiquement au moment où le mur commence à s'ériger

Cette division de la ville en deux aura des incidences sur une ds filles de la famille, qui va tomber amoureux d'un allemand de l'ouest..
On aime l'idée d'une saga romanesque qui mélange petite et grande histoire mais l'ensemble ne convainc pas vraiment : les situations sont trop vite expédiées, les éllipses trop nombreuses, les personnages mal esquissés.. on reste hélas à l'extérieur de cette fresque qui aurait pu être flamboyante...
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Katia et Martina sont les deux filles d'un couple d'exilés espagnols arrivés à Berlin suite à la guerre civile , en Espagne ils étaient les vaincus , ceux du mauvais camp
Jamais les parents n'évoquent le passé
, leur guerre à eux , avant la seconde guerre mondiale , il y a une chape de plomb sur ces années qui ont été terribles pour eux .
La vie recommence en Allemagne , la vie qui doit suivre une ligne droite , digne , et le destin s'en mêle de nouveau .
En 1962 , on érige le mur , malgré tout la vie continue , les filles font la fierté de leur père , elles représentent la jeunesse communiste , les pionnières.
Et puis un jour , Katia l'aînée va faire une rencontre qui va bouleverser sa vie à jamais , elle rencontre Johannes qui lui est de l'autre côté .
Katia va sortir du bloc communiste mais dans la précipitation, sans réfléchir aux conséquences que ça peut avoir sur sa vie et celles de ses parents .
Katia elle même va avoir deux filles , nées à l'Est .
Un jour , Johannes va leur faire une surprise , il va amener sa famille en Espagne , dans le village d'où viennent les parents de Katia .
Roman d'un double déracinement, le premier des parents espagnols puis celui de Katia qui en passant la frontière ...de l'autre côté ne se sentira jamais à sa place .
Roman pour ne pas oublier que le mur de Berlin n'est tombé qu'en 1989 , le mur qui sera rebaptisé de la honte , qui a engendré de nombreuses souffrances de part et d'autre .
Livre à lire pour ne pas oublier , je vous le recommande chaleureusement.
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Rendez-vous à moitié raté en ce qui me concerne… En dépit de l'enthousiasme du dernier paragraphe de la quatrième de couverture, je n'ai pas été saisie par cet « exceptionnel souffle romanesque » ! le sujet s'y prête pourtant. Katia, la narratrice à la première personne, voit la vie de sa famille et la sienne bouleversées par de tragiques événements politiques européens du XXe siècle. En 1938, son père, communiste, fuit la dictature de Franco et se réfugie à Moscou avec d'autres exilés espagnols. Il s'installe ensuite à Dresde où sa femme le rejoint enfin en 1946. Leurs deux filles, Katia puis Martina, naîtront dans leur nouveau pays qui est devenu la RDA en 1949.
***
Je n'ai pas réussi à cerner les personnages, à m'y attacher, ni même à m'y intéresser vraiment. Si on excepte la dernière partie, Varterland, la patrie, autrement dit « la terre du père », dans laquelle Katia prend elle-même ses décisions, il me semble qu'elle se laisse toujours porter sans jamais rien décider par elle-même. Elle ne couche pas avec Thomas, son premier petit ami, parce qu'il cesse d'insister. Elle en est d'ailleurs soulagée, mais elle l'aurait fait. On ne sait trop pourquoi elle abandonne ses études : paresse, dépression, elle cesse simplement d'aller à l'université, sans que ce soit vraiment réfléchi. Elle suit Johannes à l'Ouest parce qu'il le lui demande et qu'il a tout organisé. Elle subit ses beaux-parents, elle subit son mari, ses filles sont inexistantes… Et le reste à l'avenant.
***
Aroa Moreno Durán travaille son écriture, et c'est parfois un peu trop perceptible à mon goût. Coquetterie ou volonté d'originalité, toutes les marques de dialogues ont disparu, sauf le saut à la ligne, mais parfois, les dialogues sont dans le corps du texte. Les phrases sont courtes, généralement deux lignes ou moins, parfois trois lignes, exceptionnellement plus, sans que j'aie pu y déceler un vrai rythme ou une petite musique personnelle. Bref, j'ai mis trois étoiles à cause de la dernière partie qui m'a plu. Ce livre se lit sans déplaisir, mais je crois que je l'oublierai aussi vite que je l'ai lu. Dommage : le sujet me plaisait bien.
***
Lu dans le cadre du prix des Lecteurs de Cognac 2020.
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critiques presse (1)
Actualitte
28 août 2020
Ce roman est une belle fresque sur l’impact des guerres sur le destin des citoyens européens mais également sur l’enjeu de la migration et de l’intégration.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
A combien de reprises deux trains peuvent- ils entrer en collision ? A compter de quel moment une des locomotives dira - t - elle qu’elle n’en peut plus , que si ça recommence , il n’y aura plus de prochaine fois , plus rien à frapper ? Car il restait toujours quelque chose à l’intérieur , dans mes entrailles et dans mon cœur , qui me disaient que j’avais déjà fait mon choix en pariant sur ce qui allait déséquilibrer toute ma vie et celle de ceux qui m’aimaient. Telle serait ma punition .Vivre sans terre comme avait vécu ma mère .
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En regagnant la voiture, je me suis aperçue que je sentais battre mon cœur sous de nombreuses couches de vêtements. Markus a démarré et très lentement nous avons laissé la frontière derrière nous. "Adieu l'Allemagne" a t-il dit en regardant dans le rétroviseur. Çà y est, je ne m'y attendais pas, mais ça a été on ne peut plus facile.
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La rivière Morava a divisé ma vie en deux. Je n'ai même pas eu besoin de toucher le sol de cette Allemagne pour m'en rendre compte. Ses eaux noires où resterait à jamais engloutie la toque de ma mère, couverte de mousse et de boue, ont laissé derrière moi tout ce que je connaissais. Le reste était mouillé.
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Les jours se succédaient sans soubresauts . La vie était un rouleau qui tournait et écrasait les semaines qu’il transformait en succession de matinées indifférenciées .
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