Par un beau matin d'avril, le petit fonctionnaire Gabriel Tilchandot, 40 ans de bons et loyaux services à larbiner a l'immense plaisir de recevoir l'héritage d'un richissime parent. le voilà propulsé chez les multimillionnaires. Il va pouvoir enfin assouvir ses passions , manger comme quatre chez les étoilés et se payer du bon temps sous la couette. Mais vite épuisé par sa vie de débauche, il s'en va voir le grand psychologue Valréal de Jolicontour, qui grâce à sa thérapie révolutionnaire lui dit qu'il va pouvoir prendre du plaisir par procuration sans se fatiguer. Pas d'effets secondaires, garanti cent pour cent jouissance....
Pas de temps à perdre, le nouveau Crésus trouve illico des types ayant un bon coup de fourchette et de rein, qu'il paye grassement. Ils s'en foutent plein la panse et besognent à sa place dans des endroits extrêmement chics mais sans en tirer les plaisirs escomptés, les malheureux...pendant que Tilchandot rugit de plaisir affalé dans son fauteuil...L'extase permanente ! Mais sans aucune pause de souffrance, d'ennui, c'est pas une vie , il reprend rendez-vous avec Jolicontour pour qu'il lui prescrive au moins quelques minutes de malheur par jour...
Sans surprise, la nouvelle de
Pierre Siniac "Tout le plaisir est pour moi " est ma préférée du recueil. J'avoue, même sans torture, que je me suis procuré cette anthologie rien que pour le lire. Mais en bon lecteur discipliné par des années de lecture à la queue leu leu, j'ai finalement lu toutes les nouvelles par ordre d'apparition de l'horloge, de Minuit avec
Pascal Françaix, une heure avec
Jérome Leroy , quatre heures avec
G.J. Arnaud, huit heures avec
Pierre Pelot , tic tac tic tac, l'angoisse montait en moi mais je décidais de continuer dans la "dark fiction" jusqu'au petit jour. Enfin à 10 heures, la nouvelle de
Siniac apparu. Et là, dès la première phrase, j'ai retrouvé la verve du Pierrot et son fameux coup de patte façon Bouboule. C'est pas possible d'élaborer un scénario aussi décapant et hilarant. Au final, j'en avais les larmes au yeux, ce qu'on peut-être vache tout de même... Les 26 autres nouvelles des maîtres de l'angoisse ne m'ont pas fait le même effet, dommage.
De minuit à minuit, c'est à dix heures tapantes que j'ai claqué des dents !