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EAN : 9782374910840
170 pages
Quidam (20/09/2018)
3.71/5   7 notes
Résumé :
Un curateur a carte blanche pour constituer ex nihilo un cabinet de curiosités. Tout puissant, il peut payer sans compter pour acquérir les choses les plus extravagantes. L'enjeu est de produire du luxe.« On m'a donné un budget. Et un cachet. On m'a promis de l'argent, beaucoup d'argent. Il faut que ce soit le plus beau. Que rien n'y manque. Que ça réponde aux lois du genre. Et que cela soit fait vite. J'aurais dû, bien sûr, refuser. Répondre aux lois du genre et al... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Un homme est chargé par des commanditaires invisibles et anonymes de constituer un luxueux cabinet de curiosités. Il a peu de temps mais de l'argent, des moyens apparemment illimités pour cette entreprise. «De toutes pièces» est le journal de cet homme, au fil des quatre saisons de cette « aventure » ; il raconte l'assemblage obsessionnel de cette collection, projet visant à la perfection formelle et qui, d'une saison à l'autre, se fissure et se détraque.

En exergue à ce deuxième roman vertigineux de Cécile Portier, paru en septembre 2018 chez Quidam éditeur, est inscrite cette citation d'Elfriede Jelinek : « Voici que le langage en personne veut se mettre à parler. » On entre dans le roman par les objets, merveilleusement décrits, avec la précision maniaque d'un obsessionnel et l'oeil d'un amoureux des belles choses. Empreint d'humour et d'une beauté paradoxale, le récit débute un 28 décembre (jour du massacre des Saints Innocents) par l'entrée dans la collection d'un ornithorynque empaillé, « un pondeur d'oeufs à mamelles, une bête à poils et à pieds palmés », curiosité de la nature comme du langage, établissant d'emblée combien dans ce roman propos et forme se nourrissent mutuellement, interrogeant le rapport entre les choses et le langage, en écho à «Oeuvres» d'Édouard Levé ou au «Parti-pris des choses» de Francis Ponge.

La poétique de cette accumulation foisonnante du bizarre et du merveilleux, dans une écriture performative, pourrait suffire à notre plaisir de lecteur mais Cécile Portier compose aussi avec ce roman une satire subtilement féroce sur le pouvoir corrosif et inhumain de l'argent et du néolibéralisme.

« 9 janvier
Savoir ce qu'on fait : un fatras agencé au millimètre près, avec dedans un paravent peint d'oiseaux, des bêtes à poil et à griffes, dont une loutre, pour la beauté enfin stoppée, réalisée, de sa nage, et des bocaux sur des étagères scellées dans de la menuiserie sombre aux mécanismes d'ouverture plus subtils que compliqués, s'offrant seulement aux doigts fins. Des surprises, des terreurs, des onguents, des mèches de cheveux de concubines d'un harem, type Angélique Marquise des Anges. Des planches d'anatomie exclusivement consacrées aux organes sensoriels et à leur raccordement au système nerveux central, et ainsi, une meilleure compréhension des envies de saccage. C'est une délectation un peu malsaine, très fin de siècle : le fruit de beaucoup de détournements, de toutes les concentrations décadentes du pouvoir et de l'argent. Plus, un tatou, recroquevillé sur le montant final des enchères du tout. »

Composant une collection de tous les superlatifs pour des commanditaires anonymes, espérant lui-même en retirer un gain substantiel, le narrateur forme l'archétype d'un mercenaire de l'accaparement pour les compte des ultra-riches, en bel écho à Mike Davis. Pendant la première saison, puisqu'il a carte blanche, il jouit de sa puissance de démiurge pour façonner un lieu de satisfaction égoïste et solitaire, imaginer l'installation « des objets les plus sacrés ou les plus obscènes » dans les alcôves de cette collection, car l'obscène et le sublime se rejoignent dans le retrait de l'exceptionnel aux yeux du monde, au profit de la jouissance exclusive de quelques-uns.

Dans ce fatras agencé au millimètre près viennent se côtoyer, au fil des acquisitions, un ornithorynque empaillé, deux foetus de soeurs siamoises dans un bocal rond, le squelette d'une chauve-souris de Bornéo en plein envol, la photographie post-mortem très ancienne d'une toute petite fille, un cil prélevé sur le cadavre de Marilyn Monroe ou encore une oreille coupée coulée dans le béton… venant souligner, en une muséification morbide, une forme de délectation malsaine de l'accaparement et les premières traces de la folie du curateur.

Et soudainement et sans explication, le processus se grippe de manière kafkaïenne, entrant en friction avec un réel déshumanisé et très contemporain, lorsque le curateur se retrouve « stocké » avec sa collection dans un hangar près de Thionville et non au Luxembourg comme il l'avait prévu, non dans un paradis fiscal mais dans une ZAC frontalière et sinistre. Recevant les consignes de ses commanditaires par l'intermédiaire d'une interface web, en butte à leurs questions inquisitrices puis à leur indifférence, il est brutalement renvoyé à sa condition d'intermédiaire interchangeable, d'exécutant.

« 15 août
Cet espace est un serveur dont la synchronisation avec le monde extérieur a échoué.
Je ne suis sous le regard de personne, excepté celui, toujours changeant, des vigiles, et celui, à la fois globulaire et anguleux, des caméras de vidéosurveillance.
J'ai hâte que toutes les pièces soient arrivées, et que la livraison ait lieu. Je m'englue.
Je pense souvent ma position, mon bureau comme bocal, ma chaise étique, ma table un peu branlante, les murs seulement ponctués d'anciennes traces de scotch. »

Solitaire dans ce hangar, il attend des réponses de commanditaires invisibles et fantasmagoriques ; scrutant l'écran de son interface comme les veilleurs de l'entrepôt surveillent leurs écrans de contrôle, son attente fait écho à celles du lieutenant Drogo ou du magistrat de J. M. Coetzee, et sa condition à celle de l'écrivain.

Englué dans ce lieu déshumanisé, il est traversé par un double mouvement, faire et refaire l'inventaire de sa collection, s'arcbouter sur une position et dans un lieu désormais vides de sens, continuer l'accumulation d'objets de plus en plus morbides pour atteindre une perfection qui toujours se dérobe ou être gagné par la nostalgie des émotions, des palpitations furtives du vivant. Les oeuvres qu'il continue de recevoir semblent faire écho à son état intérieur, confinement et montée en pression, contamination par l'angoisse.
Alors le texte enfle et forme une chambre d'échos impressionnante, comme une oscillation entre réel et fiction, entre mort et vie, vers la démesure de la folie.

« 1er septembre
Une membrane de vierge décapsulée, tendue dans un minuscule tambour à broder en bois. Je pense aux tigres de cirque, passant au travers des cerceaux de papiers, des cercles de feu. Je pense à cette camisole de force vue un jour dans une exposition, entièrement réalisée en ailes d'abeilles. Je pense à tout ce qui en moi ce déchire. »

Nous aurons le plaisir d'accueillir Cécile Portier à la librairie Charybde (129 rue de Charenton 75012 Paris), le mercredi 7 novembre à partir de 19 h 30, pour une fête de lecture et de discussion autour de son roman profond et réjouissant.

Retrouvez cette note de lecture et et beaucoup d'autres sur le blog Charybde 27 ici :
https://charybde2.wordpress.com/2018/11/02/note-de-lecture-de-toutes-pieces-cecile-portier/
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Un narrateur à qui a été proposé un travail bien rémunéré : dresser une sorte d'inventaire à la PRÉVERT, genre de version moderne de la chanson « La complainte du progrès » de Boris VIAN. Plus que d'objets hétéroclites, il s'agit de fabriquer des articles à partir de bouts de minéraux, végétaux, animaux, humains même. À quoi vont servir ces trouvailles et autres créations folles ? Au business, tout simplement, destinées à être vendues à des particuliers en mal de sensations.

Car aujourd'hui tout s'achète, surtout si les produits sont précédés par une légende, vraie ou fausse. Alors on va refaire le monde, l'Histoire même : ce cil offert dans un écrin aura appartenu à Marilyn MONROE, puis on va recréer en version miniature la DS du général De GAULLE mitraillée lors de l'attentat du Petit Clamart en 1962, de nombreuses autres curiosités sont inventées, tout est bon pour vendre, faire s'esbaudir l'acheteur. Mais qui est le commanditaire de ce marché ?

Le narrateur travaille dans un grand hangar près de la frontière luxembourgeoise dans lequel il entrepose sa collection douteuse, il y croise des gardiens, des vigiles, mais jamais de patron (il n'en verra pas la queue d'un). Tout cela fonctionne comme une multinationale, ou comme une société écran, on ne sait trop : « Parfois le vertige me prend : peut-être mon commanditaire n'existe-t-il pas, et alors quoi faire de toute cette liberté ? ». Il reçoit des « pop-up », des messages auxquels il n'est pas possible de répondre, dans lesquels se sont glissées des instructions à suivre. Il doit tenir à jour des tableaux de l'inventaire, faire parler les chiffres. Il va mettre le paquet, de plus en plus, se transformer en faussaire de l'Histoire : réinterprétation de la provenance d'objets : « Il y a la pipe d'écume. Et la fumée sans feu ».

Les limites n'existent plus, la ligne rouge est atteinte, il va finir par « jouer » avec les grands massacres de l'Histoire, il est urgent d'oublier tout aspect déontologique. Roman de l'absurde, en reflet avec le monde absurde qui est décrit, où l'on entasse les moutons à cinq pattes en charge d'asservir les individus. le chat comme un rayon de soleil, un retour à l'essentiel, seule chose animée, vivante, dans cet enchevêtrement de numéros obscurs qui ne nous révèlent rien de leur signification cachée si ce n'est une localisation, dans un entrepôt gigantesque. Tout se fait à distance, la relation humaine, même, devient e-relation et se règle à grands coups de formulaires à compléter on-line.

Derrière cette carrière professionnelle, on perçoit des thèmes effrayants : la déchéance d'un homme surmené puis déshumanisé, employé par une multinationale, son destin raté (il est clairement passé à côté de sa vie), l'obsolescence programmée de tout produit mais aussi de tout individu, la surconsommation à outrance entraînant la disparition de nombreuses espèces et la désertion des petits villages écrabouillés par la rude concurrence des e-boutiques, la mégalomanie galopante et la cupidité sans fin des grandes entreprises, la nature saccagée jusqu'à un point de non retour, la rupture est consommée.

Les relations IRL (in real life) sont presque fantasmées, notre anti-héros pourrait même être soupçonné d'avoir développé une pathologie empêchant tout élan social mais il semble plutôt qu'il soit l'incarnation de la société de consommation qui dépasse toutes les frontières grâce à cette ère numérique que nous subissons. Il mettra du temps à aller vers les gardiens, qu'il observe de loin... lutte de classe ?

Mais le Grand Capitalisme est en marche, les lois sont faites pour ces entreprises délirantes, ces trusts qui saccagent tout, sans principes, sans morale, alors pourquoi se gêner ? Ce récit est tendu, glacial, compact et nous amène sans ménagement vers un abîme qui pourrait fort se généraliser. le ton distancié est sans doute là pour rappeler que l'absence d'interlocuteurs dans de telles structures rend le dialogue impossible. Roman effrayant mais en fin de compte pas si éloigné de la réalité. Loin de nous donner la Liberté, on nous confronte à cette illusion, à travers l'accès à la consommation hors de toute frontière physique et temporelle.

A l'heure où un roman édité par le géant Ama*** est en lice pour le prix Renaudot 2018, ce roman de Cécile PORTIER sorti en cette rentrée 2018 chez les toujours excellents Quidam Editions est plus que jamais d'actualité.
https://deslivresrances.blogspot.fr/
Lien : https://deslivresrances.blog..
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La réalité, les personnages, les lieux : tout ce qui tient de l'ordinaire ici est anonyme, mis de côté, voilé, effacé, en retrait. La réalité est comme un rêve. Les rêves manquent de réalité. Même du personnage principal, on ne sait que très peu. Lui-même hésite sur ce qu'il est, a été. Ne semble pas réussir à assimiler d'autres personnes, autrement que par le filtre des détails, de l'incongruité, du particulier. Tout est sans visage, sans passé ni futur, éternel présent où il ne se passe pas grand chose.

Mais, ah ! C'est sans compter sur la magie qui infuse dans chaque objet de la collection, détaillé au millimètre près, observé sous tous les angles. Chacun de leur trait est spécial, chacune de leur provenance est exotique, chacune de leur histoire est fantasmée. Oh, c'est beau ! Ah, c'est étrange ! Ouf, c'est dégoûtant... Ça touche à la corde sensible. Comme cette toile d'araignée tressée. Ça fait frissonner la peau, toutes ces peaux tannées, ces êtres vivants soudain morts mais immortalisés. Ces petits objets fragiles. Tous racontent quelque chose. Et ils vont si bien ensemble, ils seraient si beau dans ce cabinet imaginé, mais sans réalité.

Entre le catalogue d'inventaire et le journal intime, entre une liste dépersonnalisée, un environnement froid, et une certaine poésie, un réel amour du détail. Tout est très cadré, carré, rangé, détaillé, soupesé, enregistré, de façon mécanique et automatique, et en même temps tout est extraordinaire, dérangeant, surréaliste, questionnant, intimidant. Il y a toujours un immense décalage, un gouffre même, entre ce qui pourrait être et ce qui est, entre l'imagination et le concret, entre l'inventé et le vrai, entre l'enthousiasme et la déception. Les saisons marquent des étapes importantes dans le processus, et la dernière, ma foi, est pleine de surprises. Accumulation, bourgeonnement, sécheresse, lâcher prise. de toutes pièces est un roman flottant, improbable, à la fois froid et sec et exalté comme une flamme. Pour les amoureux•ses de l'anecdotique, du détail, de la sensation ; pour les gens solitaires, marginaux, originaux et hors cadre.

(voir la critique intégrale sur le blog)
Lien : http://lecombatoculaire.blog..
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Ornithorynque, foetus de soeurs siamoises en leur bocal de formol, atlas international des nuages, squelette de chauve-souris de Bornéo, homoncule de Pennfield, horloge astronomique, miroir omettant...D'abord, un inventaire, celui d'un cabinet de curiosités à constituer pour un commanditaire anonyme. Une collection d'objets extraordinaires, rares, monstrueusement exceptionnels ou honteusement coûteux. de cette quête, le curateur rend compte dans ce qui devait être seulement le journal de ses acquisitions. Mais le catalogue d'objets est petit à petit envahi par les questionnements du curateur. Chaque pièce fait écho à ses obsessions et devient un rappel morbide de l'état du monde extérieur. Sur ordre du payeur, on est contraint de s'installer dans un hangar, en attendant d'y réceptionner les livraisons.

C'est l'histoire d'un confinement, semi- volontaire, à l'abri d'un univers d'objets, sélectionnés, enregistrés, contrôlés, inertes, un enfermement, de plus en plus déshumanisant, angoissant et absurde. L'enfer, sans les autres. C'est l'histoire, aussi, d'une révolution intérieure.
Une lecture crescendo. D'abord intéressée puis étouffée, j'ai fini totalement absorbée par ce "dispositif".
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Cécile Portier dévoile un roman exquis, pétri d'une recherche esthétique et formelle qui saura séduire le lecteur, l'entraînant avec beaucoup d'humour et de subtilités sur les rives de l'abstraction et de l'absurde pour mieux appréhender les dérives et excès, les addictions, les fictions/illusions, ou encore les naufrages que sous-tend notre société emportée dans une quête obsessionnelle de l'ostentatoire, de l'inédit, voire du vide à combler. Par sa forme et ses courtes entrées, nous pourrions presque considérer le livre lui-même comme un cabinet de curiosité, celui-là même qu'évoque le narrateur au fil de ces pages audacieuses, le lecteur deviendrait alors ce mandataire-fantôme mentionné au fil des saisons mais sans jamais être démasqué.
Lien : https://proprosemagazine.wor..
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Savoir ce qu'on fait : un fatras agencé au millimètre près, avec dedans un paravent peint d'oiseaux, des bêtes à poil et à griffes, dont une loutre, pour la beauté enfin stoppée, réalisée, de sa nage, et des bocaux sur des étagères scellées dans de la menuiserie sombre aux mécanismes d'ouverture plus subtils que compliqués, s'offrant seulement aux doigts fins. Des surprises, des terreurs, des onguents, des mèches de cheveux de concubines d'un harem, type Angélique Marquise des Anges. Des planches d'anatomie exclusivement consacrées aux organes sensoriels et à leur raccordement au système nerveux central, et ainsi, une meilleure compréhension des envies de saccage. C'est une délectation un peu malsaine, très fin de siècle : le fruit de beaucoup de détournements, de toutes les concentrations décadentes du pouvoir et de l'argent.
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Les neuf écrans étaient comme autant de leçons de perspective et de clair-obscur : la lumière fantomatique jouait entre des rayonnages s'amenuisant vers un point de fuite situé bien au-delà du visible. Je n'avais jamais prêté attention à cet aspect-là du métier de veilleur : se tenir devant ce dispositif, scruter, vérifier que rien ne change. Comme l'inverse d'un spectacle. Dans d'autres circonstances, peut-être, cela ressemble à une station hypnotique devant un feu, immuablement changeant. Une voiture qui passe, un piéton. Mais là, de nuit, dans ce hangar, tout est absolument toujours pareil, la lumière en reste aux mêmes angles.
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Dans les couloirs de l'hôtel, pour qu'on ne se sente pas seul, et donc poursuivi, dégouline un sirop de saxophone en mélodies si connues qu'on n'en sait plus les noms. Pourtant les petits refrains vous harponnent si facilement qu'ils exigent cela de vous : donne-m'en un, reconnais-moi, date-moi, souviens-toi de la version originale de tes sentiments à l'époque où cette chanson déjà t'était imposée, rappelle-toi les envies que tu avais alors, d'étreindre ou peut-être de pleurer. Mais le nom se dérobe. C'est si défiguré. Et ce genre de mélodie se superpose si bien à d'autres innombrables, qui nous ont fait le même effet.
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De l'enfance je ne me souviens de rien d'autre : je ne notais pas. J'ai l'impression de ne pas l'avoir vécue. Il a bien fallu pourtant que j'en passe par là. Que je rechigne à manger tel plat. Que je pleurniche, que je morve, que je rêve. Que je joue, aussi. Quel petit enfant ai-je été ? Jaloux sans doute. Et des bleus sur les jambes. Et le goût du sucre sur les lèvres. Ensuite, ce ne sont qu'actions, omissions. C'est ainsi que je suis devenu sans âge. Ceci est ma démesure dont aucun mètre ne saura répondre.
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Plus rien ne tenait du patient travail établi pendant ces nuits où je sentais que quelque chose manquait. Comme de l'avoir sur le bout de la langue. De le voir s'enfouir sous le sable. Se sentir soi-même avalé, englouti. Perdu avant d'avoir trouvé.

J'aurais tout donné, tout pris, j'aurais tué, et peut-être pire, pour obtenir ce qui se dérobait et faisait que tout le reste était imparfait. Je me serais damné, si cela avait été possible.
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Le mercredi 7 novembre 2018, la librairie Charybde (129 rue de Charenton 75012 Paris - www.charybde.fr ) avait la joie d'accueillir Cécile Portier à l'occasion de la publication de son roman "De toutes pièces" chez Quidam éditeur.
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