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EAN : 9791027801770
384 pages
Le Castor Astral éditeur (03/01/2019)
4.14/5   18 notes
Résumé :
Gidéon Rottier intervient quand les autres capitulent. Incendie ? Suicide ? Attentat terroriste ? Et c'est ce bègue qu'on appelle pour nettoyer les lieux du drame…
Son existence solitaire bascule lorsque son patron engage Youssef. Une amitié naît entre les deux hommes et Gidéon décide d'accueillir ce demandeur d’asile, puis sa femme et ses enfants, chez lui. Démarre alors une étrange mais heureuse vie de famille.
Mais lorsque deux terroristes commette... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Gidéon Rottier, solitaire, bègue, laid, se sent "comme un quidam effacé qui se tourne les pouces la vie durant dans la salle d'attente de la mort, tout en sachant qu'après le départ de son dernier train, il ne laissera pas la moindre trace d'un souvenir. Nous étions des millions dans ce lieu, la plupart y restent encore. Vivant sans passion, sans but". Pour "vaincre cette banalité crasse", Gidéon a choisi un métier extravagant. Il est un "nettoyeur de l'extrême", pour le compte d'une entreprise d'assainissement qui intervient sur les lieux de drames divers (incendies, négligences graves, suicides, attentats,...) pour les remettre en état. Loser patenté, invisible et insipide, Gidéon ne se fait aucune illusion sur lui-même. Un tournant s'amorce cependant dans sa vie d'ermite le jour où on lui adjoint un nouveau collègue, Youssef, demandeur d'asile en provenance d'un pays qui ressemble furieusement à la Syrie. Gidéon accepte aussi d'héberger Youssef chez lui, et une amitié improbable naît peu à peu entre les deux hommes. Puis c'est une dette de vie qui s'inscrit dans le grand livre de comptes de Gidéon, le jour où Youssef le sauve de la mort lors d'un accident de travail. A ce point-là, Gidéon ne peut refuser lorsque Youssef lui demande d'accueillir sa femme et ses deux enfants, tout juste débarqués de leur pays en guerre. S'installe alors une vie de famille elle aussi improbable, faite de bonté et de gratitude mais aussi de tensions qui font presque regretter à Gidéon sa tranquillité d'avant. Mais tout cela n'est rien encore. Parce qu'un jour, il y a un attentat terroriste à la gare d'Anvers, dont l'effroyable nettoyage revient à Gidéon, Youssef et leurs collègues. Puis il y a d'autres attentats et attaques en tous genres, une spirale de violence qui se déchaîne dans le pays. Youssef disparaît, en quête d'un endroit plus paisible sur terre pour lui et sa famille. C'est alors que le chaos investit également la maison de Gidéon. La femme et les enfants de Youssef, déjà traumatisés par la guerre, sont totalement déboussolés par son départ et ne tardent pas à partir en vrille. Gidéon, loyal jusqu'au bout envers son ami, tente de leur maintenir la tête hors de l'eau malgré son envie de les jeter à la rue tant ils lui font la vie impossible. Loyal mais maladroit, il ne parvient pas à éviter le drame.
Ce roman est comme son titre, flamboyant. On y retrouve toute la verve et le style baroque virtuose de Tom Lanoye, et la traduction toujours impeccable d'Alain van Crugten. Sur fond de crise migratoire, de menace terroriste et de coup de gueule à peine voilé contre l'extrême-droite (le titre néerlandais "Zuivering", qui signifie nettoyage, épuration, purification, me semble évocateur), il brosse le portrait de personnages aux relations complexes et ambiguës, dont le fragile équilibre est sans cesse menacé, entre amitié sincère, manipulation, jeux de dupes, générosité, égoïsme, reconnaissance et volonté d'intégration.
Ce livre, qui mêle tragédie, humour noir et autodérision, pousse à la réflexion et pose des questions parfois vertigineuses, loin de tout manichéisme naïf. Il pointe les paradoxes d'une société qui perd le nord : une société civile en plein repli sur elle-même mais qui veut accueillir les réfugiés tout en s'opposant à une classe politique qui freine des quatre fers. Les idéaux de générosité et de tolérance sont battus en brèche par la folie terroriste ou sécuritariste. Vaguement dystopique, ce roman mordant et intense est fait de décombres et de flammes, celles de l'enfer du rejet et de la peur. Mais où va donc le monde ?
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"Après ces fiançailles avortées, je suis resté un solitaire. Un bonhomme qui regarde les couples avec étonnement et mélancolie légère, comme un martien regarderait des tournesols. Ils ne sont pas moches du tout, ils attirent les insectes et les peintres, mais sans cela quelle utilité ont-ils ?"

La dernière page lue, je n'ai pu m'empêcher de me demander s'il n'aurait pas mieux valu, que ce pauvre Gidéon Rottier, cultivé mais pas très beau et surtout bègue, ce qui ne facilite pas son rapport avec les autres, reste en effet solitaire, avec pour seule compagnie Hannibal, son coq apprivoisé.

Si le roman commence bien, avec beaucoup d'humour, notamment avec la description des boulots que Gidéon a fait, parfois tout à fait provisoirement avant de trouver le job qui lui convient parfaitement, la situation bascule rapidement vers une sorte de huis-clos franchement pénible à lire.

Son collègue de travail, Youssef, un réfugié du proche-orient, lui a sauvé la vie. Gidéon l'hébergeait déjà dans sa grande maison vide. Puis l'épouse de Youssef, Karima, sa fille Loubna et son fils Rafiq arrivent.

Au fil des ans, alors que les troubles civils et les attentats se multiplient, la situation va pourrir de plus en plus, et se manifestera jusque dans cette maisonnée.

Je me suis laissé tenter par ce livre dans le cadre d'une opération promotionnelle récente d'eBooks. Vous l'avez compris, je n'ai pas été très convaincu par ce roman lourd, morose et répétitif.


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Le fond : Gidéon Rottier est un homme solitaire qui ne trouve pas sa place dans la société. Après un bref emploi de récolteur de semence d'étalon, Gidéon devient professionnel de l'assainissement : il intervient pour faire place nette quand les lambeaux humains ont souillé un lieu après un suicide ou un accident. Un jour, Youssef, un réfugié, devient son coéquipier. Youssef lui sauve la vie et Gidéon l'accueille chez lui. Les rejoignent bientôt d'autres membres de la famille de Youssef. le loup solitaire trouve enfin sa meute et son équilibre. Mais tout bascule lorsqu'une bombe humaine éclate en ville et que Youssef s'évanouit dans la nature.
La forme : une écriture simple et directe. Les dialogues sont rares, d'où une certaine impression (voulue ?) de monotonie.
Pour conclure, un livre âpre basé sur un scénario malin et des personnages singuliers.
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Gidéon ne sait pas bien parler, car il est bègue mais il écrit très bien et lit beaucoup.
Youssef est un réfugié, seul, sans amis.
Ces deux êtres vont se rencontrer et finir par vivre sous le même toit.

Belle histoire me direz-vous ! Pas vraiment ! En aidant son "ami", Gidéon fait de son complexe d'infériorité un complexe de supériorité, en recevant la famille de ce dernier, les rôles changent, la paranoïa s'installe insidieusement. Mais qui a peur de l'autre ?
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critiques presse (1)
LaLibreBelgique
10 janvier 2019
Avec Décombres flamboyants, Tom Lanoye décrit comment la paranoïa nous menace tous.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Citations et extraits (39) Voir plus Ajouter une citation
Ah, les amours adolescentes si souvent chantées! Je me le rappelle trop bien, il fallait obligatoirement se morfondre en solitaire et obligatoirement gloser sur chaque lapin qu'on vous posait. Mais quand on ne vous posait pas de lapin, c'est alors que la terreur commençait. Je les ai abominés dès le tout premier, ces inévitables tête-à-tête qui pouvaient durer des heures et qui n'étaient destinés qu'à dissimuler une excitation maladroite.
Aucune sorte d'humain plus que l'ado n'a soif de révolte et de renouvellement et pourtant il se livre servilement à une répétition de la pantomime du désespoir qui épuisait déjà ses ancêtres au même âge. Se frotter gauchement l'un contre l'autre, toute une demi-journée au besoin, sans oser y aller franchement et sans oser s'arrêter. S'embrasser jusqu'à ce que la langue finisse par se vautrer comme un lambeau de viande crue dans la bouche de la partenaire. Se coincer la main dans un élastique de culotte qui fait tout à coup office de ceinture de chasteté, parce que la gamine qui était si spontanément d'accord a brusquement changé d'avis. […] Et toujours, toujours debout. Debout sous des portes cochères puantes ou des abris de bus ou de tram, ou encore sous l'auvent d'un magasin de jouets en faillite. Ou plus rarement, comble du romantisme, sous un saule pleureur arrosé de bruine. Ensuite la vraie baise doit se faire à la sauvette parce que le dernier bus est en vue.
L'orgasme était alors quelque chose qui tenait de la délivrance et de la défécation. Dieu merci, de telles amourettes ne duraient pas longtemps.
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L'amitié n'existe pas par la grâce des curés ou des notaires et elle n'a pas besoin de contrats ou d'alliances en or. Son essence réside justement dans le fait qu'elle n'éprouve pas le besoin de se légitimer. Elle est ou elle n'est pas. Et lorsqu'elle se manifeste, elle est libre et non contrainte. Jamais fondée sur un bénéfice palpable, qu'il soit de nature sexuelle ou matérielle. Et si jamais elle évolue dans ce sens, elle endure aussitôt assez d'avaries pour faire naufrage.
Sans procès ni rentes alimentaires.
Mais avec d'autant plus de vrai regret et de peine.
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Je l'admets, de temps à autre certaines âmes plus compatissantes, peut-être poussées par un peu de remords à cause de leurs vexations répétées, venaient m'apporter des livres de poche, pensant que cela pouvait m'intéresser. Je les remerciais d'un signe de tête appuyé, malgré le fait que c'était généralement de la gnognotte qu'ils me mettaient entre les pattes. Aussitôt qu'ils voyaient une bonne femme à moitié nue sur la couverture, ils s'imaginaient qu'il s'agissait d'un chef-d'oeuvre immortel.
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Evidemment, dans ma jeunesse, j'ai eu quelques petites copines, ça arrive à tous les garçons de cet âge, exactement comme l'acné dans la figure et une pomme d'Adam ostensible.
Les filles de notre école n'avaient ni l'un ni l'autre. Quelques-unes ont grossi de partout au lieu de simplement enfler du cou. La plupart s'affamaient volontairement au point de pouvoir figurer dans un film sur l'Holocauste. Je ne veux pas avoir l'air antisémite, mais je préférais les petites boulottes. Peut-être parce que c'étaient aussi les seules qui voulaient bien sortir avec moi.
Chacun était pour l'autre un prix de consolation, faute de mieux.
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Je n'ai pas été affligé par mon licenciement. Récolteur de sperme avait certes été pour moi une expérience professionnelle très singulière, mais les étalons qui chevauchaient désespérément leur fantôme de bois me tendaient un miroir déplaisant. Dans leur gigotement vain je reconnaissais trop bien mon isolement et l'inexistence de ma vie amoureuse.
Avec une différence. Personne ne m'a jamais proposé un ersatz en bois.
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