C'est la deuxième fois que je tombe sur un roman de cette auteur malheureusement trop peu connu, et j'en ressors avec un ressenti légèrement négatif et totalement subjugué par ce que je viens de lire.
Defixio, le titre est à l'image du livre : obscure pour les non initié et exaltant pour les profanes. Il faut dire que c'est un sujet dont il est extrêmement difficile de trouver quelque chose qui en parle. Alors forcement, pour une fois que je vois ce mot autre part que sur un précis académique d'histoire antique, je me suis jeté dessus. le résultat est sous vos yeux, j'ai envie d'en parler et de partager le plaisir que m'a provoquer cette lecture.
Qu'est ce qu'une
Defixio ? Il s'agit d'une forme antique de malédiction ou de charme. Chez nos amis les latinistes et les hellénistes, pour poser un sort, l'auteur devait inscrire l'application du sortilège sur une lamelle de plomb, la froisser et la déposer dans une des voies qui mène aux royaume du dessus à savoir soit un fleuve, rivière (ou n'importe quel court d'eau), dans une tombes, un puits, etc... Cette pratique n'a été rapporté que par deux auteurs latin à savoir
Virgile et
Juvénal. Autant dire que j'ai été très content de pouvoir lire une fiction moderne basée sur une pratique antique et qui n'a pas été perverti par la mentalité moderne comme peuvent l'être les zombis, les vampires, les loups garou, le vaudou et tout autre matériel de base aux récits fantastiques modernes. Cela fait parti des raisons de mon coup de coeur pour cette auteur, le savoir qu'elle peut avoir pour le monde et les moeurs antiques est quasi encyclopédique et les rares fois où j'ai pu avoir un doute sur les éléments et les implications qu'elle cite dans ces oeuvres, je suis aller vérifié et je n'ai jamais trouvé autre chose que des preuves supplémentaires de mes propres lacunes. Sylvie réussi, dans ses romans, le double exploit de nous divertir de manière rationnelle et intellectuelle.
Parlons de l'histoire : Flore est archéologue et chef de fouille dans un lieu dit de Malemort. Il s'agit du site supposé d'une ancienne bourgade moyenâgeuse qui fut un haut lieux de pèlerinage pour cause de guérison avant d'être abandonné sans raison connue. Flavien, le copain du frère de flore est libraire dans la ville voisine du chantier de fouille. Un jour de pluie et d'absence de client, il décide d'aller rendre visite à Flore sur le lieu de fouille. Perdu dans ses pensées, il se trompe de chemin et fini par glisser dans le lit d'une rivière ; Ce faisant, sa chute le fait tomber dans la rivière et nez à nez avec un crane humain. le pauvre bougre à de la chance dans son malheurs, sa glissade a provoqué un glissement de terrain qui a dégagé une ancienne tombe. Et Là c'est le début des problèmes. Car nul ne dérange les morts, de leur repos éternel, impunément.
Les personnages, comme vous avez pu le comprendre, sont composés de deux couples, l'un hétéro et l'autre homo, et aucun des quatre personnages ne tombent dans le stéréotype et pourtant il y a de quoi : Flavien est libraire. Paul, son cher et tendre (et frère de Flore) est médecin. Flore (seule personnage principale féminin) est archéologue et sans lien de famille avec une quelconque plante verte. Salim, le copain de Flore, est beur et policier et tient son rôle à merveille.
Le seul point noir que j'ai trouvé au récit apparaît sous la forme de contrainte éditoriale. Tout le premier tiers, voir la moitié, du livre fait de l'oeuvre un roman fantastique pur (le lecteur ne sait pas si c'est du réel ou de l'imaginaire) et c'est sans doute ce qui m'a fait accrocher à cet ouvrage avec le plus d'entrain. A mon sens c'est digne du Horla de
Maupassant ou des Aventures de Gordon Pym de
Poe. J'ai eu vent de certains avis disant que le coté fantaisie arrive beaucoup trop tard. Je dois avouer que je suis totalement en désaccord avec cet avis car l'explication de l'intrigue et par là, l'entrée dans l'imaginaire pur est fait avec beaucoup de subtilité et de rationnel (pour de l'imaginaire, c'est un tour de force) le petit détail, en avant première, qui casse le floutage entre réel et imaginaire nuit à la subtilité du glissement. L'auteur à dû se plier à une exigence d'édition qui a fait perdre un peu de subtilité à son roman , et de la subtilité, son oeuvre en regorge pourtant. Entre l'excellence de sa plume à savoir, sa culture quasi encyclopédique (qu'Elle arrive à rendre accessible et intéressante), la langue française qu'Elle manie avec brio et une intrigue qu'on ne voit pas venir du tout et qui arrive à être logique dans du fantastique.
DOnc mon conseil: Lisez le