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EAN : 9782213668963
328 pages
Fayard (16/05/2012)
3.48/5   22 notes
Résumé :
Paris, Parc de la Villette. Alors que les caméras de télévision filment en direct des fouilles archéologiques, les pelleteuses font une horrible découverte… Un squelette humain !

Nico Sirsky, le chef de la brigade criminelle du Quai des Orfèvres, est aussitôt chargé de l’affaire. Mais le sang n’a pas fini de couler là où se dressaient jadis les abattoirs de la Villette… Et la rage meurtrière de celui qu’on surnomme déjà le « boucher » fait trembler to... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
"Ne prenez pas le tableau-piège pour de l'art, c'est une information, une provocation."

Le roman commence par ce préambule, des propos tenus par Daniel Spoerri, un artiste plasticien suisse d'origine roumaine. En effet, l'auteur s'est inspirée d'un évènement bien réel pour déployer son intrigue, une action insolite et curieuse. En 1983, dans le parc de Montcel à Jouy-en-Josas, l'artiste Daniel Spoerri réalise une performance artistique assez folle et extravagante qui s'intitule "L'Enterrement du tableau-piège", ou encore "Déjeuner sous l'herbe". Cet homme a réuni une centaine d'amis, principalement des artistes reconnus de l'art contemporain, pour un grand banquet. Qu'est-ce qui est insolite allez-vous me dire? Au terme du repas, les tables, les couverts et les restes de nourritures sont enfouis dans une tranchée de 40 mètres et ainsi enterrés. L'artiste, en agissant de la sorte, a voulu marquer la fin d'une période artistique propre à lui; ses fameux tableaux-piège.

En 2010, des archéologues de l'INRAP (l'institut national de recherches archéologiques préventives) mettent à jour un tronçon de 6 mètres qui correspond à deux tables et utilisent cette fouille pour étudier notamment la taphonomie contemporaine, c'est-à-dire l'étude des processus qui interviennent après la mort d'un organisme, mais aussi pour vérifier les témoignages d'époque et analyser les choix gastronomiques des artistes de l'époque. Mais voilà, la fascinante histoire de Daniel Spoerri s'arrête là; celle de Frédérique Molay, quant à elle, commence ici!

Quel bonheur de retrouver le commissaire Nico Sirsky, héros récurrent des polars de Frédérique Molay! Ce grand flic blond et yeux bleus, ce fin limier perspicace du 36, Quai des Orfèvres, que nous avons déjà pu suivre dans les romans "La 7ème femme" et "Dent pour dent", est appelé sur une scène assez inhabituelle. Direction le parc de la Villette, à Paris, un magnifique endroit marqué par la science et l'art, dont la réalisation a été confiée à l'architecte français d'origine suisse Bernard Tschumi. Se déroule dans cet antre de la science un évènement hautement médiatique; les fouilles archéologiques du fameux banquet de Samuel Cassian, le "Déjeuner sous l'herbe". Les premières fouilles de l'art moderne! Mais ce qui n'était pas vraiment prévu au programme de la journée, c'est la découverte de restes humains dans la fameuse tranchée "artistique". Les médias jubilent, la police adore ça...

Frédérique Molay a choisi le parc de la Villette pour cette nouvelle intrigue, espace développé sur les anciens grands abattoirs, "La Cité du sang". Encore une fois, par le biais de ses personnages, l'auteur nous dit tout, nous explique avec détails et exactitude l'histoire de cet endroit aux origines marquée par le sang et la mort. Un pur régal pour moi qui ne connaît que de nom ce parc de la Villette ponctué par ces magnifique structures rouges, les "Folies". Une visite complète et fascinante orchestrée par l'auteur! Ces descriptions, ce côté instructif, je peux à présent prétendre que c'est une réelle marque de fabrique de Frédérique Molay. Si vous voulez ressentir l'ambiance sinistre de cet endroit à l'époque des abattoirs, regardez ce petit reportage que le commissaire Nico Sirsky découvre également lors de son enquête: le sang des bêtes, de Georges Franju. Âmes sensibles s'abstenir...

Suite à la découverte de ce squelette, commence alors un minutieux travail d'identification; qui est-il? Que s'est-il passé? L'autopsie pourra déjà donner un début de réponse:

"Les os ont beaucoup de choses à raconter, ils sont aussi bavards qu'un cadavre, il suffit de les écouter."

Encore une fois, l'auteur nous place en première loge pour suivre ces étapes d'une précision chirurgicale, aussi précis que la Rolex Explorer II - montre suisse! - que portait la victime. Car il s'agit bien d'une victime d'une mort violente; les premiers éléments de l'enquête vont rapidement permettre aux enquêteurs d'établir que cette personne a été assassinée il y a plus de 20 ans, probablement à coups de marteau. Mais pourquoi cette présence dans les fouilles de ce célèbre banquet? Lorsque d'autres crimes crapuleux vont être découverts les jours suivants dans les alentours du parc de la Villette, les enquêteurs vont évidemment tenter de trouver un lien entre toutes ces affaires, s'il y en a vraiment un... Étrangement, toutes les victimes ont l'épaule entaillée, avec une partie emportée par l'auteur. Cette découverte macabre dans la fouille a-t-elle provoquée un déclenchement?

Le commissaire Nico Sirsky et son équipe du 36, lors de ce début d'enquête difficile et délicate, vont réussir à établir avec certitude l'identité du malheureux et ainsi être confrontés à un premier coup de théâtre! L'enquête est réorientée et va emmener les enquêteurs dans plusieurs directions, différents milieux, notamment celui des homosexuels; une enquête qui va faire ressurgir des sentiments tels que la jalousie, la vengeance, la rivalité, l'intolérance ou encore la haine. Toutes les pistes devront être exploitée jusqu'au bout pour tenter de dénouer cette inhabituelle et funèbre énigme; même les fausses pistes, évidemment. Un acte homophobe?

Le travail de Frédérique Molay est toujours aussi précis et juste en ce qui concerne les procédures policières, les méthodes de la police scientifique ou encore les détails croustillants - si je peux m'exprimer ainsi - de l'univers de la médecine légale, l'ambiance spécifique des autopsies. Ayant moi-même participé à ce genre de pratique, je dois reconnaître que l'esprit y est relativement bien reflété, chose qui n'est pas forcément simple à transmettre avec des mots. A retenir également les nombreuses auditions, respectivement les magnifiques interrogatoires menés par la brigade qui vont leur permettre de s'approcher toujours un peu plus de l'auteur. C'est subtil, adroit et encore une fois truffé de réalisme! Frédérique Molay nous guide dans les méandres de la police, le fameux 36, Quai des Orfèvres, comme si elle en connaissait tous les recoins, - cela doit certainement être le cas d'ailleurs -, mais aussi dans les dédales de la justice, avec ses spécificités, ses caractéristiques et surtout ses subtilités. le code de procédure pénale semble n'avoir aucun secret pour elle.

Les personnages sont un grand atout dans ce roman. le commissaire Nico Sirsky en est le protagoniste principal et l'auteur nous donne l'occasion de le découvrir encore un peu plus; on appréciera son caractère humain, à l'esprit avisé et judicieux, un flic près de ses hommes et hautement respecté par sa hiérarchie. Peut-être un peu trop propre? Dans cette oeuvre, nous pouvons aussi apprécier notre flic sous un autre angle, une approche plus intime; un homme que l'on côtoie dans sa vie privée, tiraillé entre la douleur provoquée par la maladie de sa mère et la mélancolie qui lui tombe dessus, provoquée par l'intérêt pour ses origines provenant du bord de la mer Noire, l'Ukraine. Frédérique Molay, une fois n'est pas coutume, nous apporte passablement de détails, notamment en nous accompagnant dans un Paris riche en culture, marquée par des symboles forts et attachants. Comment ne pas avoir envie de visiter cette église orthodoxe Saint-Serge, lieu de pèlerinage de notre commissaire Sirsky lors de son aventure...

La détermination du commissaire Nico Sirsky va s'avérer puissante pour résoudre cette enquête; une sorte de pari avec lui-même, ou plutôt un solide serment qu'il ne peut pas se permettre de trahir - se trahir. Un encouragement pour cet esprit déjà bien tourmentée par les problèmes de santé que subis sa mère. Tiendra-t-il cette lourde promesse? Bonne lecture dans cet univers de morts, de sang, d'intolérance et d'art contemporain. Mêler le banquet de Spoerri à un polar, tout un art aussi!
Lien : http://passion-romans.over-b..
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Voilà donc la troisième enquête de Nico Sirsky qui sort ces jours-ci. Si vous avez suivi mes publications précédentes, vous savez que j'ai bien aimé les deux précédentes. Si vous n'êtes pas assidus à mes billets, vous m'en voyez marri, et compte tenu de votre exceptionnelle bienveillance, vous ne pouvez que vous replonger dans celles-ci et devenir un accro de mon blog. Merci d'avance.
Revenons à notre polar. Bien, très bien. Dans la lignée des précédents, toujours très précis dans les procédures, la vie quotidienne des enquêteurs, les détails qui donnent un ton vécu, réel au livre. Un polar qui fourmille de précisions médicales, géographiques et pour ce coup-ci culturelles, mais j'y reviendrai un tout petit peu plus tard. (Ah suspense quand tu nous tiens !)
Aux griefs que j'avais contre les enquêtes de Nico, disant qu'elles étaient un peu toujours dans le même monde bourgeois, classe supérieure avec des gens beaux et bons (prière de vous reporter à mes deux articles précédents) F. Molay répond par cette phrase en exergue de son dernier roman -en fait, elle ne me répond pas personnellement, mais bon, je peux le prendre comme cela si je veux !- : "Au meilleur des mondes, peuplé de gentils et de faux criminels ; le monde dont je rêve pour mes enfants." Tout est dit, et je ne peux qu'approuver son point de vue : il en faut pour tous les goûts !
L'intrigue dans ce roman policier est plutôt classique, d'ailleurs, l'un des flics le fait remarquer en fin de volume : "[...]... C'est si banal, en fin de compte, remarqua le capitaine Plassard." (p.311). Bien menée, elle tient le lecteur jusqu'au bout sans peine, toujours dans la même idée qu'une piste découverte doit être explorée jusqu'au bout même si elle est infructueuse.
Là où l'auteure fait très fort c'est dans le contexte : imaginez un plasticien, Samuel Cassian, spécialisé dans les tableaux-pièges sur lesquels il colle les fins de repas (assiettes, verres, restes, ...) tels que les invités les ont laissées sur sa table. Il se dit qu'un jour il pourrait organiser un buffet en plein air avec des invités triés sur le volet qui tous apporteraient des objets personnels. Puis, ce buffet serait enterré et sujet de fouilles vingt ans plus tard. Impensable ? Eh bien, non, F. Molay l'a écrit. En fait, et là encore je trouve cela très bien, elle se sert d'un fait réel pour ancrer son histoire. Car ce banquet à bel et bien existé. Organisé par Daniel Spoerri (dont Samuel Cassian est le sosie ou le clone). Enterré, il a été mis à jour 27 ans plus tard, en 2010 (voir l'article de l'Express ou la vidéo sur le site de l'Inrap), mais évidemment sans squelette humain ! Bon, je fais mon fiérot, celui qui sait et tout et tout. En fait, j'ai eu connaissance de ce Déjeuner sous l'herbe dans le livre de JP Demoule, On a retrouvé l'histoire de France ; il y fait allusion brièvement, et ça m'avait intrigué (il est aussi l'archéologue chargé des fouilles de ce banquet enterré). J'ai trouvé l'idée excellente et je trouve tout aussi bonne l'idée qui consiste à prendre cet événement culturel pour en faire le contexte d'un roman policier. En plus, F. Molay nous donne plein de renseignements sur cette période, sur l'oeuvre ; comme d'habitude, elle instruit en distrayant.
Troisième très bonne enquête de Nico Sirsky qui fait toujours -et tant mieux- une belle place aux femmes (et pour la première fois dans cette série, F. Molay crée un policier d'origine maghrébine Ayoub Noumen : c'est du grand art puisqu'elle devance mes remarques sur Dent pour dent, comme si elle avait deviné que j'allais être perfide. Trop forte la Frédérique ! -et pardon pour cette familiarité, mais bon, elle me coupe tous mes effets sur les réserves que j'ai émises sur ses livres ; c'est pas drôle, je ne peux même plus raler.)
Allez-y sans risque, c'est du polar qui tient la route et en plus Nico, il aime AC/DC et Bruce Springsteen, alors...
Lien : http://www.lyvres.over-blog...
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Déjeuner sous l'herbe est un livre frustrant auquel il est difficile de mettre une note. Les interminables passages où l'auteur semble vouloir démontrer que, oui, ses devoirs ont été fait et qu'elle est incollable sur le délai de la prescription, la PJ ou la médecine légale donnent franchement envie de lâcher le livre. Ce n'est pas que des détails réalistes soient préjudiciables dans un polar, c'est juste que là, on nous les sert en gros blocs indigestes. L'intrigue elle même est classique, avec un décor planté dans le milieu de l'art contemporain, mais il n'y a qu'à la fin que le texte semble réussir à se débarrasser de son carcan de renseignements et de nostalgie des années 80 pour tomber réellement dans l'enquête et le suspens.

Dommage.
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critiques presse (1)
Lexpress
18 juin 2012
Dommage que l'écriture soit si convenue, car le cadre de l'intrigue, inspiré de l'oeuvre de Daniel Spoerri, L'Enterrement du tableau-piège, lui, est passionnant.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Le juge Becker garda le silence. Un sale type ne faisait pas forcément un meurtrier.
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