Demain ne suffit pas

Alfred n'a pas de chance. S'il est dit que c'est un raté, j'ai envie de rajouter que ce n'est pas tout à fait de sa faute.
Quand il est né, son père est mort. Sa mère castratrice ne lui a pas rendu service en surprotégeant tout ce qui lui restait au monde. Son fils. Conséquence, il a vécu une enfance seule raillée et ignoré par les jeunes de l'école, une vie d'adulte vide, un solitaire accompli. Un grand timide qui ne réussit rien même s'il est employé de l'État.
Sa vie bascule le jour où il apprend qu'il est gravement malade et il tombe amoureux. Il risque de mourir à tout instant d'une rupture d'anévrisme. Il décide alors de se libérer de ce carcan d'incompétence qui se manifeste pour les moindres petites actions journalières comme le contact humain par exemple. Il se prend en main. Il use de quelques mensonges pour cacher cette timidité maladive. En jouant un rôle, il n'est pas lui-même et ça l'aide à évoluer. Faire preuve de courage passe par un jeu d'acteur audacieux en toute circonstance. C'est son traitement personnel. À 45 ans !

« Rien à perdre, ne rien laisser à la mort tant que je vis » (p115)
L'air de rien, il angoisse chaque fois qu'il se surpasse. Ce qui ne l'empêchera pas de s'engoncer dans une aventure qui se complique au fil de ses facéties. Ce n'est jamais bien méchant, mais à force de tenter le diable, ça devient dangereux.

À côté de cela, l'auteur nous partage son amour de sa région, la Gironde, ses cépages, l'oenologie.
Elle propose un récit qui part sereinement et s'ensuit une accélération contrôlée jusqu'à terme. Elle part d'une introspection qui ne tombe pas dans la surenchère dramatique ; à l'ouverture aux autres, le combat intérieur, où chaque action demande à Alfred une énergie salvatrice.
C'est frais, amusant, d'une belle simplicité, sympathique, l'écriture est très épurée. C'est simple sans épanchement fastidieux déprimant, sur le mal-être de l'homme, au contraire, il y a un juste milieu avec une pointe d'humour. Une prose affranchie. J'entends presque la musique du générique « Desperate Housewives » en fond sonore. J'ai découvert une atmosphère plus sympathique que mélo dramatique.

- L'intrigue reste très légère avec un ou deux passages expéditifs. le monde du vin n'est pas ce que je préfère, mais cela n'empêche pas le livre de se boire avec plaisir.

Merci à Babelio et Masse Critique, ainsi qu'aux Editions Passiflore.

Alfred a quarante-cinq ans et vit toujours avec sa maman. Effacé, terne, il mène tranquillement sa petite vie de fonctionnaire sans rien connaitre de la vie. Il n'a pas d'amis, encore moins d'amie féminine. le seul contact qu'il a avec la gente féminine est leurs voix qu'il enregistre à l'aide de son téléphone portable.
Tout va basculer le jour où le médecin qu'il était allé consulter pour des douleurs abdominales va lui annoncer une terrible nouvelle : il ne lui reste que peu de temps à vivre.
A partir de ce moment, Alfred va prendre sa vie en main. du moins, il va essayer. C'est le regard d'une belle femme croisée par hasard qui va mettre le feu aux poudres.
Il va tout d'abord se rebiffer contre des collègues un peu trop agressifs, puis il va même aller jusqu'à arriver en retard au travail, voire ne pas y aller ; enfiler un jean pour la première fois (jean emprunté au voisin), boire du vin, également pour la première fois de sa vie, bref, il vit enfin sa vie !
Lorsqu'il décide de s'acheter une magnifique voiture, tout va s'accélérer et Alfred va se retrouver emporté dans une aventure rocambolesque à souhait, avec des mafieux, sa belle qui cache bien son jeu, de nouveaux amis, des rebondissements, un trafic de vin, des faussaires, des bagarres...

Mon avis sur ce roman est en demi-teinte. J'ai beaucoup aimé les passages où Alfred se débarrasse progressivement de ses habitudes de célibataire introverti, en envoyant balader sa chef, en prenant des initiatives surprenantes. J'ai beaucoup moins aimé l'histoire dans laquelle il se retrouve embarqué malgré lui. C'est complètement rocambolesque mais surtout peu crédible. Peut-être pas assez bien exploité, on est plongé trop rapidement dans l'absurde...
La fin elle-même me parait bâclée, vue et revue, sans aucune originalité.
J'aurais préféré que l'histoire ne parte pas dans d'aussi invraisemblables aventures et se cantonne dans la transformation d'un homme qui découvre, à quarante-cinq ans, la vraie vie.

J'ai toutefois apprécié la qualité de l'écriture,indéniable, avec parfois de belles constructions de phrases qui font mouche.
L'auteure a du potentiel, ce roman le prouve.

Tout d'abord merci à Masse Critique et aux éditions Passiflore (je rêve d'écrire ça depuis que je lorgne les livres et critiques sur Babelio !) Ce petit livre se boit comme du petit lait (oui beaucoup de petit, une habitude de l'hopital) il est à la fois très drôle, l'écriture est magique et légère, et à la fois tragique, du début jusqu'à la fin.
C'est l'histoire d'un homme qui a toujours été étranglé par sa timidité maladive et sa mère très présente. Jusqu'au jour où il apprend qu'il peut mourir d'un instant à l'autre. Il fait alors des choses insensées, surtout pour lui, pour se donner une seconde vie et faire tout ce qu'il avait peur de faire. Et se retrouver dans des situations déjantées, se battant avec lui-même. Ce dernier point le rend réel, très humain.
C'est facile à lire, c'est léger mais en même temps pas trop, c'est surprenant (la fin aussi) et pas de jugement. Il n'est pas question ici d'un super héros qui réussit tout ou d'un mec qui sort du trou et tout devient super. J'ai aussi beaucoup apprécié les détails : les chapitres qui commencé par AL (notre homme s'appelle Alfred), les petits changements, les enregistrements.
Un délice donc dont je suis bien contente d'avoir choisi !

Tout d'abord un énorme merci à Babelio pour cette Masse Critique, ainsi que mes plus plates excuses pour ce petit jour de retard.
Il est vrai que sans cette Masse Critique il y aurait eu très peu de chance pour que je me tourne vers « Demain ne suffit pas ». Cela aurait été fort dommage car dans l'ensemble ce fut une agréable lecture !

Nous retrouvons donc Alfred, un homme terriblement timide et à la vie très rangée, voir un peu trop. Une mauvaise nouvelle tombe : Alfred est malade et sa maladie incurable. Triste événement qui, dans son malheur, l'aidera à sortir de son existence « passive » et à profiter véritablement de la vie.

S'il y a bien une chose qui ma plu dans ce roman, c'est cet anti-héros. Pour ma part il a été très facile de m'identifier au personnage : la timidité, aussi grande que la sienne, est hélas pas chose facile à vivre au quotidien. Sans arrêt le personnage est en confrontation avec lui-même et celui qu'il voudrait être. Il s'empêche de faire et de vivre bon nombre de choses.
Il est bien évidemment que l'histoire en elle-même, et "l'aventure" dans laquelle Alfred se retrouve n'est que peu crédible : mais ce que je croyais être un point négatif au départ s'est avéré ne plus l'être. Au final, qu'importe si cela est réaliste ou non si la lecture est plaisante ?

Sous ses airs de comique, le roman amène à la réflexion de sujets sérieux : l'annonce et le chamboulement que peut provoquer la maladie, les inconvénients d'une aussi grande timidité, la tristesse d'une vie renfermée...Certes, le tout restant très très vague, au lecteur de se l'imaginer donc.

« Demain ne suffit pas », Fanny LEBLOND, Edition passiflore
Avec son deuxième roman, Fanny LEBLOND, nous entraîne dans une échappée belle en Côtes de Bourg, une échappée folle, drôle, mais aussi parfois émouvante avec Alfred, personnage effacé, fade, ennuyeux, un looser un vrai…
La vie d'Alfred est réglée comme du papier à musique mais un jour la fausse note…
Un diagnostique sans appel, Alfred (qui n'avait pas grand-chose pour lui) n'a rien à perdre, il se rebelle, casse les codes et ses chaines, il se déchaîne et nous entraîne, pour notre plus grand plaisir dans une épopée aventureuse, audacieuse, amoureuse, aux antipodes de son existence.
Quel bonheur !