J'aime beaucoup les vieux polars mettant en scène un détective privé en imper qui raconte son histoire avec un vocabulaire soutenu, rencontre des tas de filles et joue du pistolet comme Lang Lang du piano.
Genre Humphrey Bogart dans le Grand Sommeil (avec la sublime Lauren Bacall), ou Mike Hammer avec Stacy Keach.
Je m'étais juré d'en tenter la lecture un jour.
Et la publication d'une novella de Raymond Chandler dans la collection Folio 2€ était une occasion en or : court, juste pour goûter.
Dans Déniche la fille, je n'ai pas eu l'honneur de rencontrer le célèbre détective Philip Marlowe. C'est un autre détective moins connu qui est dans l'arène : Carmady. le gars officie à Los Angeles. Il boit ; il a toujours une flasque sur lui dont il offre généreusement le contenu à autrui si cela peut lui permettre de glaner une info. Mais il fait gaffe à rester clair dans sa tête. C'est un vrai détective comme je l'attendais, avec son langage qui use de l'analogie jusqu'à la moëlle. C'est marrant et ça maintient l'attention. Ses interlocuteurs jouent des parties de tennis de bons mots avec lui ; parfois les mots piquent plus que les coups de poing et les balles.
Bref, Carmady se retrouve embarqué dans une histoire sans l'avoir cherché. Un brin de curiosité mal placé et le voilà chopé par une main plus large qu'un gant de baseball par un géant de deux mètres et des poussières qui l'emmène dans un bar qui ne sert que les Noirs. le géant étant plutôt genre irlandais, ça ne le fait pas et… bon, ça cogne.
Et c'est le début de la recherche de la « fille » du titre, une fille que recherche justement le géant, qui bien sûr sort de prison. D'indice en indice apporté par tout un tas de zigues bien singuliers, l'enquête progresse. Jusqu'à la conclusion moyennement morale, même si les vrais enfoirés finissent mal.
Eh ben ça m'a bien plu. C'est efficace et drôle à lire. Ça colle vraiment bien aux histoires que j'ai vues à la télé.
A refaire.
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Un "hard boiled" sans surprise, mais efficace par l'un des précurseurs du genre. Court, noir et serré comme un expresso.
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Sous un brillant soleil d'automne, je remontai dans ma voiture. J'étais le gentil mec qui tâchait de se débrouiller pour s'en tirer. Oui. J'étais un gars comme ça. J'étais content de me connaître. J'étais le genre de type qui arrachait à une vieille épave à moitié pourrie ses plus chers secrets pour gagner un pari de dix dollars.
- Faites votre choix, dis-je. Ou je vous lis un chapitre de la Bible ou je vous paie un verre. L'un ou l'autre.
- Frère, dit-il d'une voix sonore, j'aime bien lire ma Bible en paix, en famille. (...)
Je fis le tour du comptoir, tirai une flasque de bourbon de ma poche revolver et la lui tendis à l'abri du meuble.
Une main au creux de laquelle j'aurais pu m'asseoir me saisit violemment par l'épaule, me fit franchir le seuil sans toucher terre et gravir trois marches.
Chronique animée par Fabien Delorme, consacrée aux grands noms de la littérature policière, dans le cadre de l'émission La Vie des Livres (Radio Plus - Douvrin).
Pour sa seizième chronique, le 08 novembre 2017, Fabien présente l'auteur Raymond Chandler.
Fabien Delorme est aussi conteur. N'hésitez pas à vous rendre sur son site : http://www.fabiendelorme.fr/
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