Des nouvelles du front est un recueil de nouvelles écrit par
Nicolas Chaudun, ancien éditeur qui a également dirigé Les
Beaux Arts Magazine avant de se consacrer à l'écriture. Je préfère préciser cela avant de commencer ma critique, puisque ces informations me serviront plus loin.
Ce n'est pas mal écrit, tout d'abord. Mais ça n'en fait pas un bon livre à mon sens. Je suis désolée pour l'auteur de dire cela, mais je ne fais clairement pas partie du public visé par ce type d'oeuvre. Et le problème que m'a posé ce livre est le suivant: qui vise-t-il ?
Le premier vrai problème, ce sont les dizaines de références artistiques et historiques qui s'enchaînent et grouillent dans chaque phrase. Je ne suis pas une nouille, mais je n'ai saisi absolument aucune de ces références, mise à part l'image de Gatsby parce qu'elle est familière à mes études d'anglais. Les métaphores liées à ces références ne vont de plus nulle part, puisque je n'ai pas eu le coeur de me coller à wikipédia pour comprendre toutes les images déversées par le bouquin. Elles n'ont eu donc aucun effet sur moi, elles m'ont même plusieurs fois sortie de l'histoire, et je me suis mélangé les pinceaux.
Ma lecture était bien partie, puisque j'ai bien aimé la première nouvelle "chez Colette", j'ai aimé l'histoire, les personnages, le vocabulaire, et l'écriture un peu abrupte et crue de l'auteur.
Ca s'est gâté avec la seconde nouvelle "la grande peur" qui racontait l'histoire d'un propriétaire de monument historique qui ouvrait les portes de son domaine pour la journée du patrimoine. Là, j'ai vraiment commencé à détester ce livre: il y a comme une vision malveillante du citoyen lambda, qui se déchaîne contre les nantis. Cet écho à la Révolution m'a paru un peu étrange, puisque clairement cette nouvelle dénonce les révolutionnaires. Elle dénonce aussi les injustices faites au grand propriétaires terriens de nos jours qui ont du mal à joindre les deux bouts. Bon très bien, pourquoi pas...
J'ai trouvé la troisième nouvelle inintéressante. Les nombreuses références historiques et artistiques ont commencé à me perdre. Et si j'ai été sensible aux descriptions, je n'ai pas sympathisé avec les personnages et leurs faiblesses. Il n'y a pas vraiment d'histoire d'ailleurs. Ici, je pense que c'est surtout une histoire de goûts personnels, d'autres pourront l'aimer sans doute.
La quatrième nouvelle a achevé de me sortir complètement du livre et de l'objectif de l'auteur. J'ai trouvé le vocabulaire excessivement obscur, non pas recherché, mais des mots inconnus pour une personne qui n'a pas fait d'études d'art ou d'histoire. Quand je me suis retrouvée confrontée à ce déversement de mots, j'ai eu l'impression que ce livre me méprisait et me disait "je suis trop bien pour toi". Plusieurs phrases à la suite m'ont donné envie de jeter le livre par la fenêtre. J'en écrirais quelques citations. le vocabulaire détestable mis à part, j'ai bien aimé le personnage principal, j'ai bien aimé l'univers un peu étrange de ce musée. Mais j'ai été complètement sortie de l'histoire, je ne me suis pas sentie impliquée par ce que je lisais. Dommage.
La dernière nouvelle a été une meilleure expérience, j'y ai trouvé le ton plus personnel et sincère. J'ai aimé la lettre, j'ai aimé les images et les souvenirs de famille qui étaient racontés. J'ai passé un bon moment sur cette nouvelle.
Globalement, je conseillerai ce livre à quelqu'un qui a quelques clés pointue en art et en histoire. Et je ne dis pas ça à la légère: l'auteur a des références, et nous impose d'avoir les mêmes à l'entrée de son univers. Je pense que c'est un parti-pris de sa part, qui du coup ne peut pas plaire à tout le monde. Je dois être plus susceptible que ce que je croyais parce que j'en ai voulu à ce livre de ne pas me laisser comprendre ce qu'il se passait tranquillement. du coup, quand on repense au titre de ce recueil, on peut dire que moi aussi j'ai mené ma petite guerre pour lire ces nouvelles, qui si elles ne m'apporteront rien, ont au moins de mérite d'exister pour des personnes à qui elles plairont.