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EAN : 9782738108814
220 pages
Odile Jacob (16/09/2000)
3.33/5   9 notes
Résumé :
Ecoute-moi, toi mon semblable, mon frère.

Tu as peur parce que tu te crois faible, parce que tu penses que l'avenir est sans issue et la vie sans espoir.

Pourtant, tu as d'authentiques paradis dans la tête. Ce ne sont pas des paradis chimiques, c'est toi, toi tout entier, dans ta singularité d'homme, avec les forces qui t'habitent et que tu as oubliées peut-être. " E. Z. "

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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
De tous les ouvrages de vulgarisation psychiatrique que j'ai pu lire jusqu'à présent, celui-ci est sans aucun doute le plus clair et peut-être le plus radical. Il démontre que la souffrance psychique n'est pas une maladie et qu'elle est plus répandue qu'on ne le pense ; elle révèle que sa médicalisation est pratique pour la société et surtout pour l'économie de l'industrie pharmaceutique ; elle indique les risques qu'un usage inconsidéré des psychotropes fait peser sur les individus, en les plaçant sous « anesthésie psychique et affective » et surtout sous un contrôle social encore plus généralisé que ce ne fut le cas dans le totalitarisme communiste à l'égard des opposants politiques. Une logique paradoxale qui eut à l'origine la découverte fortuite de certains effets d'un nombre somme toute restreint de substances psychoactives a conduit à la classification des troubles psychiatriques. Je craignais que cet ouvrage fût vieilli, qui ne considérait que les trois premières éditions du fameux DSM, mais tout porte à croire, inversement, qu'il n'était que prémonitoire d'une situation qui s'est aggravée au cours des trois décennies successives. Ce qui s'est estompé avec le temps, c'est peut-être l'originalité de la dénonciation des intérêts et des responsabilités du capitalisme dans la génération, dans la conceptualisation et dans le traitement de la souffrance psychique ; dépassé aussi, à mon avis, un certain moralisme dans le diagnostic du « malaise dans la civilisation », qui déplore le déclin de la famille traditionnelle, et évoque une série de « phénomènes de société » envisagés comme responsables d'une supposée « disparition des valeurs spirituelles ». Pourtant l'appel final à placer l'espoir non pas dans l'individu mais dans l'être humain, dépositaire « d'authentiques paradis dans la tête » à ne pas confondre avec les « paradis chimiques », garde à mon sens toute sa pertinence et son actualité.



Table :

I : Les maladies mentales n'existent pas :

- Un diagnostic impossible
- La dure réalité des troubles psychiques
- L'existentiel, le culturel et le pathologique

II : La résistible ascension des médicaments du cerveau :

- L'histoire de la découverte des psychotropes
- Les neuroleptiques
- Les antidépresseurs
- Les tranquillisants et les hypnotiques
- Les régulateurs de l'humeur

III : Idéologie scientifique et psychisme :

- L'idéologie scientifique
- le discours de la Science
- La Science n'est pas parfaite
- le bonheur normalisé par la Science ?

IV : Images de la psychiatrie et médicalisation de l'existence :

- Les discours de la société
- La médicalisation de l'existence
- Psychotropes, santé publique et éthique

Conclusion : L'espoir, c'est l'homme
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Ce livre décrit une situation qui est toujours identique une quinzaine d'années plus tard. On y retrouve toutes les bonnes dénonciations des dérives perverses d'une Société en déclin qui est basée sur des valeurs matérielles et qui cherchent à gommer tous les individus différents, divergents, autres, que les normes qu'on ne cesse de fixer. Normes qui bien évidemment sont fluctuantes au fil du temps, au gré des lieux et des cultures. Un fou quelque part à un temps t n'en est plus à un autre temps ou à un autre endroit. Et hélas vice versa, quelqu'un de normal, un comportement normal ici n'en est pas un là-bas. Alors si on cherche une universalité... Bonne chance. Bref, et l'industrie du médicament entre en scène, poussant à déverser un maximum de ses produits pas si souvent utiles dans la bouche du plus grand nombre, tâche aux prescripteurs à les dénicher. A faire sortir des niches les nouveaux consommateurs.
Consommer quoi d'ailleurs ? Un médicament ou une drogue, l'écart est parfois mince. Un truc légal ou un truc parfaitement illégal car sans contrôle médical.
Tout ce livre est un plaidoyer sérieux et honnête pour une ré-acceptation de l'humain, de l'individu dans son unicité, il se méfie des groupes sans doute, valorisant la force individuel, les ressources des individus qui feraient la grandeur réelle de l'humanité. Ou l'humanité qui ferait la grandeur réelle des individus.
En tout cas une Société normée et folle de ses normes est un danger, danger duquel bon nombre de médecins ont abdiqué face à la puissance et se sont soumis. Ou quand la Science vient au secours de la Société en faillite...
Zarifian décrit les médicaments psychotropes, le concept de psychotrope qu'il différencie du produit himself. Dans une théorie bien intéressante, ma foi. La foi, tout comme dans l'effet placebo en quoi Zarifian donne toute sa valeur et son importance également. Pourquoi s'en méfier ?
Croire qu'on peut traiter le psychique et ses difficultés, bien souvent tout à fait existentielles et donc vitales, normales, à vivre !, comme n'importe quelle maladie clairement identifiée, c'est une erreur profonde et un danger. Zarifian le décrit et l'explique très bien. Il prône la vie, dans ses travers, dans son tout, et nous exhorte à nous faire confiance, à nous-même.
Dommage pour le petit côté réactionnaire, mais on peut pas tout avoir. J'accepte cette légère déviance (ahah), Monsieur Zarifian.

Les titres des parties et chapitres sont fort évocateurs du contenu et du ton, en voici quelques-uns :
Les maladies mentales n'existent pas ; la résistible ascension des médicaments du cerveau ; l'idéologie scientifique, le discours de la Science, la Science n'est pas parfaite, le bonheur normalisé par la Science ? ; Les discours de la Société, la médicalisation de l'existence ; L'espoir c'est l'homme ...


Bref, un livre très intéressant, facile à lire, pas hyper complexe mais pas simpliste non plus. Tout ça en +/- 200 pages, c'est fort bien. Je le prescris à tous.
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Derrière tout manuel, on peu s'y retrouver ou s'enrichir
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Citations et extraits (123) Voir plus Ajouter une citation
Ecoute-moi, toi mon semblable, mon frère. Ta différence peut aussi être ta force. Tu souffres de ta représentation du monde. Tu as peur, parce que tu te crois faible, parce que tu penses que l'avenir est sans issue et la vie sans espoir. Tu t'es réfugié dans ton monde intérieur où tu n'es que solitude. Pourtant, tu as d'authentiques paradis dans la tête. Ce ne sont pas des paradis chimiques, c'est toi, toi tout entier dans ta singularité d'homme avec les forces qui t'habitent et que tu as oubliées peut-être. Car c'est l'homme qu'il faut retrouver dans l'individu pour rendre l'existence viable.
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Seul l'homme peut sauver la société en commençant par se sauver lui-même. Encore faut-il peut-être lui dire que c'est possible et lui montrer comment faire. Ces valeurs éternelles, qu'il porte en lui, ont permis à travers tous les chaos l'essor des civilisations. Elles ne peuvent disparaître sauf à ruiner les civilisations elles-mêmes. Elles ont noms la solitude, l'entraide, le courage, la tolérance. Elles s'appellent générosité, fraternité et chaleur humaine. Elles existent toujours, ces valeurs, mais il faut le faire savoir, les valoriser et faire en sorte qu'elles puissent servir d'alternatives aux valeurs uniquement matérielles qui nous sont imposées.
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Certains de ces produits sont susceptibles d’engendrer des dépendances. Lorsque celles-ci sont fréquentes et marquées, on décide un changement de genre : le médicament devient une drogue. Ce fut le cas pour l’amphétamine. Le plus souvent le changement de genre est décidé par les toxicomanes qui sont devenus dépendants d’un médicament et qui le vendent pour leur compte dans la rue (street drugs). Seuls les médecins ont le droit de prescrire ! Ce qui définit souvent un objet ce ne sont pas ses caractéristiques intrinsèques mais la finalité d’utilisation. Par définition une arme est meurtrière lorsqu’elle tue, pas lorsqu’elle permet de gagner une épreuve de tir aux Jeux Olympiques. Si je soigne l’insuffisance cardiaque de ma grand-mère avec de la digitaline, ce produit est un médicament. Si je l’empoisonne avec de la digitaline, elle devient l’arme du crime.

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… les antidépresseurs (excepté peut-être les IMAO et certains produits stimulants) ne modifient pas une humeur normale, et ils ne sont efficaces, du moins statistiquement, que dans 60 à 70% des cas […] résultats issus d’études réalisées lors des essais thérapeutiques. Il n’en va pas de même dans la pratique quotidienne, certains thérapeutes obtiennent régulièrement 100% de bons résultats, d’autres connaissent des scores bas, des rechutes, des récidives, des résistances. […] La dépression n’est donc pas une entité homogène et les déprimés forment le plus souvent une collection de cas particuliers.
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Tout le discours médico-pharmaceutique tend à proposer une vision des troubles psychiques existentiels totalement séparés du sujet (personnalité, psychisme, histoire individuelle) et indépendants du contexte humain actuel. La cause est dans la tête ; la solution est le médicament, et si on rechute, ce n'est pas parce qu'en fait rien n'a vraiment changé après la disparition momentanée des symptômes, mais parce qu'il s'agit d'une maladie ) rechutes dont le traitement chimique doit être poursuivi très longtemps. CQFD.

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Vidéo de Edouard Zarifian
Walter Avancini (1935-2001) apresenta o programa "Mistério", exibido pela Rede Manchete em 05/03/1997, sobre o fenômeno mediúnico da psicografia, com destaque para o famoso caso italiano que envolveu o jovem Andrea Sardos Albertini, falecido em 1981. Participações e depoimentos de Lino Sardos, Mauro Breida, Edouard Zarifian, Luigi Rosani, Paola Giovetti e Gérson Monteiro, da União das Sociedades Espíritas do Rio de Janeiro.
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