Le nuage en forme de champignon marqua la fin de la guerre dans le Pacifique et le début des doutes concernant les bienfaits du progrès scientifique. On voyait pointer l'aube d'une nouvelle ère d'épouvante. La bombe pouvait anéantir toute une civilisation. Jamais l'être humain n'avait disposé d'un tel pouvoir ni d'une telle responsabilité. La bombe procurait une paix provisoire — et un sentiment de culpabilité infini.
Depuis quelque temps, elle commençait à se rendre compte que bon nombre de femmes ne considéraient pas les hommes comme des êtres normaux mais comme des lots à remporter, des animaux à dompter, des sauveteurs, des rampes d'accès à un certain standing, des scélérats ou des imbéciles. Une femme devait suivre un parcours bien établi pour avoir une chance de harponner un mari.
Le remède miracle de l'époque était la pénicilline. Découverte en 1929 dans les moisissures du pain, la première souche antibactérienne fut ensuite perfectionnée et largement utilisée sur les champs de bataille pour soigner les blessés, avant de devenir l'un des plus précieux auxiliaires de la médecine. Pneumonie et septicémie n'étaient, désormais, plus synonymes de mort
Elle n'était pas stupide. Les hommes vous mettent enceinte, elle ne l'ignorait pas — mais elle ne savait pas, au juste, de quelle façon. Maud se montra si évasive à ce sujet que Rose en déduisit qu'elle n'en savait rien non plus. Il y avait certainement un rapport avec le lit conjugal, bien qu'à en juger par certaines remarques ou sous-entendus saisis au vol, il semblait que cela se passât parfois ailleurs. Dans ce domaine, on vous donnait beaucoup plus de mises en garde que d'explications.
La Prohibition donnait envie de boire à ceux qui n'avaient jamais touché à l'alcool, et ceux qui en buvaient déjà devenaient insatiables. Les jupes, comme les cheveux, avaient raccourci. Les rondeurs féminines n'étaient plus de mise, et la minceur de Rose devenait à la mode. Les hommes portaient, désormais, des bracelets-montres à la place des lourdes montres à gousset de leurs pères. Le temps lui-même semblait s'accélérer, comme si les gens s'éveillaient d'un long sommeil.
Bande annonce du Film "the best of Everything" datant de 1959 , adaptation du roman de Rona Jaffe du meme titre traduit en français sous le titre "rien n'est trop beau"