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EAN : 9782205068504
112 pages
Dargaud (30/03/2012)
4.03/5   116 notes
Résumé :
Deuxième Génération n'est pas un règlement de comptes avec l'Histoire. C'est un récit autobiographique à travers lequel Michel Kichka retrace les instantanés décisifs d'une enfance, d'une jeunesse et d'une vie passées dans l'ombre de la Shoah, du plat pays à la terre promise, entre cauchemars, souvenirs drôles, moments joyeux et actes de délivrance.
Célèbre auteur israëlien et caricaturiste majeur, Kichka n'est pas seulement un fervent partisan de la paix au ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (33) Voir plus Ajouter une critique
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Lorsque Michel était enfant, son père, Henri, parlait très peu de sa famille. D'ailleurs, il ne lui restait que trois photos d'elle. Il lisait beaucoup de livres sur la guerre, Hitler ou l'holocauste et le jeune garçon les feuilletait dans la crainte de voir son propre père dans l'une de ces pages. Avait-il encore des cheveux? Portait-il une calotte? Dans ces pages, il craignait également de reconnaître son grand-père, celui-là même qui n'eut même pas le droit à une pierre tombale. Les quelques anecdotes d'Henri sur la guerre et les camps suffisent au jeune garçon pour faire de vilains cauchemars dans lesquels des fantômes venaient hanter ses nuits. Mais il ne les racontait pas à son père tout comme ce dernier ne se livrait pas sur la Shoah...

Le jeune Michel Kichka dit Mitchi devra composer avec un père taiseux qui, pourtant, aurait tant à dire sur son passé, sa détention dans les camps, les conditions dans lesquelles il vivait... Victime de la Shoah, il sera le seul rescapé de sa famille, après trois longues années enfermé. Fils de rescapé, Michel, à défaut d'entendre son père parler de son passé, s'imaginera tout un tas de choses et de nombreux cauchemars le hanteront. Par bribes, gentiment, son père finira par se raconter. L'auteur livre un témoignage fort, d'une grande sincérité et chargé d'émotions. Tel un acte qu'il se devait de faire pour satisfaire ou soulager son père, Michel Michka prendra les crayons et racontera avec force et et justesse l'histoire de ce dernier. de son enfance à Bruxelles à son aménagement en Israël, de sa vie avec ses parents puis celle avec ses propres enfants, il relate des pans de son existence avec une certaine dose d'humour, de tendresse et d'intelligence. Un récit touchant, humain et sincère...

Deuxième génération... un lourd passé à porter...
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Deuxième génération fut pour moi un roman graphique et autobiographique très agréable à lire et donnant un autre regard sur la Shoah : comment a-t-elle été vécue non par les survivants mais par leurs enfants
Michel Kichka est en effet le fils d'Henri Kichka, seul rescapé de sa famille des camps d'extermination nazis, bien connu en Belgique pour avoir témoigné de son expérience dans les écoles et avoir accompagné des voyages à Auschwitz.

le livre nous relate l'enfance de l'auteur, enfance toujours hantée par ce qu'a vécu son père, ce n'est pas une description des camps mais plutôt les effets de la Shoah sur la seconde génération qui ne l'a pas vécue. Cela commence par le non-dit et les interrogations. Son père ne parle pas de sa famille, mais oppose à la vie de ses enfants la vie dans les camps. Mais c'est quoi les camps ? Qui lui a écrit un numéro sur les poils ? Michel cherche les réponses dans les livres et ses nuits sont hantées de cauchemars.
Au pensionnat , son père exige qu'il soit le meilleur - « Je n'ai pas pu finir l'école à cause des Nazis alors sois toujours le premier de classe ! « , cela représente pour lui une revanche sur Hitler.

Tout l'ouvrage est plein d'anecdotes, certaines humoristiques. d'autres plus émouvantes ou tragiques. Et les questions fusent : « Ne suis-je pas voué à toujours le satisfaire en compensation de ce qu'il a vécu ? Se libère-t-on jamais du traumatisme des parents ? »

Michel partira en Israël.

Un événement métamorphosera son père qui commencera alors - mais de manière quelque peu inappropriée - à parler de ce qu'il a vécu, à l'écrire, à faire visiter Auschwitz, à essayer d'y entraîner son fils.

le portrait du père est décrit honnêtement, sans l'idéaliser, en n'hésitant pas à montrer ses travers, sa propension à tout rapporter à lui.

Un roman graphique avec des dessins à la ligne claire, un roman combinant moments d'émotion et moments de la vie quotidienne, où le fils essaie de comprendre son père.

PS
Henri Kichka, est décédé récemment (en avril 2020) de la Covid-19. Son fils en l'annonçant a déclaré : « Un petit coronavirus microscopique a réussi là où toute l'armée nazie avait échoué. »



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On imagine difficile la charge émotionnelle des non-dits quand on a eu un père rescapé des camps de concentration.
Un père qui a beaucoup souffert et qui a élevé quatre enfants en ne parlant jamais de son expérience de déporté, si ce n'est en considérant cette fratrie comme une revanche sur Hitler, une victoire sur le régime nazi.

Ce n'est qu'au décès par suicide d'un des fils que la parole paternelle se libère, se débloque comme un verrou rouillé, au point de devenir un combat pour un homme qui va s'investir dans le témoignage auprès des jeunes et dans les associations, au détriment de l'écoute dans sa propre famille.

« Mon père est passé du statut de victime - ce que j'ai connu pendant toute mon enfance - à celui de héros de la Shoah. »

Michel Kichka fait donc partie de la Deuxième Génération, celle qui doit etre sans faille, qui doit se comporter de manière irréprochable, car il est impensable de décevoir ses parents. Lourde responsabilité, que son frère n'a sans doute pas pu assumer.

Prenant du recul géographiquement par choix et par son travail, l'auteur, installé à Jérusalem, a utilisé sa palette d'encre noire pour partager une enfance, une intimité familiale, cette difficulté à construire une vie en se détachant du passé, sans pour autant l'oublier.

Excellente BD, chargée d'émotion, adoucie par un zeste d'humour et de gaité. Les planches fourmillent de détails, les personnages sont travaillés, à l'image de cette photo de famille prise avant-guerre et reproduite en noir et blanc.
Michel Michka a enfin pu « dire » à son père…
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Deuxième génération aurait pu être un énième ouvrage qui relate les évènements de la Shoah et de la vie après la Shoah. Mais il n'en est rien.

Pour cette bande dessinée, Michel Kichka s'est inspiré de sa propre vie, et de celle de son père, un rescapé des camps et de la marche de la mort.
Ce que j'ai trouvé particulièrement bien fait, c'est le fait d'avoir exposé les difficultés des deux "partis. D'un côté les fantômes et les difficultés à reprendre une vie "ordinaire" des survivants, mais aussi leurs nombreuses frustrations : les études, le froid, la faim, les difficultés à exprimer son affection et à transmettre. Transmettre, oui, c'est le rôle des parents avec leur enfants, mais dans ce cas précis, que peut-on transmettre ? La mort ? C'est pourquoi il est impératif pour le chef de la famille Kichka de prendre sa revanche sur "les Boches" (termes presque anachronique puisqu'il a surtout été utilisé pendant la Première Guerre mondiale).

En réalité, l'auteur montre très bien que ce désir effréné de revanche par la voie familiale donne une lourde responsabilité à la deuxième génération qui porte cet héritage malgré elle. Michel Kichka se souvient, par exemple, d'un moment de sa vie où il était amoureux d'une goy. Mais oh malheur ! Quel impie ! Il briserait le 11ème Commandement : "Contribuer à repeupler la Terre de petits juifs tu devras".
Ce poids devient vite trop lourd à porter sur les frêles épaules d'enfants et d'adolescents qui n'ont pas demander à avoir la Shoah comme membre invisible (et envahissant) de la famille. Cette culpabilisation (plus ou moins) involontaire amène une inversion des rôles : ce sont les enfants qui cherchent à protéger leurs parents ! A ne rien dire pour ne pas les contrarier. A ne pas répondre aux phrases assassines du père qui dit à son fils qui ose se plaindre lorsqu'il est malade : mais comment aurais-tu survis dans le camp ! le constat est donc sans appel : la seule fautes de ces enfants, c'est de ne pas avoir subi les atrocités de cette période.

Et finalement, c'est bien l'écrit (BD ou roman) qui aide à combattre ce silence qui règne et qui est le fruit pourri de l'incapacité à exprimer ses douleurs et à les partager avec ses proches.

A découvrir !
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Cette BD s'inscrit dans la continuité des témoignages sur la Shoah tels que Si c'est un homme de Primo Levi ou encore Maus d'Art Spiegelman. Original par le point de vue adopté, son auteur prend le parti d'analyser comment les enfants d'un rescapé des camps de la mort vivent avec ce lourd héritage familial, comment chacun cherche à s'en émanciper. L'un des fils ne trouvera pas d'autre moyen d'expression de son malaise que de se suicider. Pour le père, vient le temps de témoigner, témoigner encore, en faire la pierre angulaire de son quotidien, ne penser qu'à ça, comme si c'était la seule façon désormais de survivre. Depuis tout petit, Michel, lui, vit avec des fantômes. Il fait des cauchemars où s'entassent des corps squelettiques. Il cherche par les livres à replacer l'épreuve de son père dans L Histoire. Lorsque son frère meurt, il décide d'exprimer ses démons intérieurs dans le dessin. Bel hommage à la BD que cet ouvrage, qui devient une manière d'exorciser la souffrance familiale. le sujet de cette BD est lourd, vous pourriez vous dire : "trop sombre pour moi". Ce qu'il y a de formidable c'est que sa lecture n'est pas pesante. L'auteur a su en effet éviter l'écueil du pathos. Au contraire, il sait distiller une certaine dose d'humour, il sait mettre en image les petits défauts des personnages dont on rit volontiers. Passeur de mémoire, Michel Kichka gagne donc le pari de parler de la Shoah sans retomber vraiment dans les traces de ses prédécesseurs. A lire donc!
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critiques presse (5)
BoDoi
25 avril 2012
De ce parcours pour le moins perturbant, Michel Kichka tire un livre passionnant et intelligent […]. Avec franchise, il raconte un cheminement très personnel, et déboulonne doucement, méthodiquement, la statue paternelle.
Lire la critique sur le site : BoDoi
Lexpress
11 avril 2012
Sans pathos ni manichéisme aucun, cet album très éloquent, très sobre aussi, pointe le fardeau qui pèse précisément sur cette "deuxième génération", prompte à en finir avec l'extermination mais obsédée malgré elle par son souvenir. L'auteur en tire à la fois un récit autobiographique et une réflexion salutaire, au point de signer une BD très percutante.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Actualitte
11 avril 2012
Cet album plein de bonhomie et de tendresse, dessiné en une semaine dans un état proche de la transe, permet à son auteur d'être aujourd'hui un homme en paix avec lui-même...
Lire la critique sur le site : Actualitte
Sceneario
05 avril 2012
Le dessin de Michel Kichka […] joue un rôle extrêmement important dans ce recul qu’il a su prendre sur ce passé meurtri et sur les drames qui l’ont ensuite, par extension, touché personnellement.
Lire la critique sur le site : Sceneario
LeSoir
19 mars 2012
Ce roman graphique est un vrai document historique où Michel Kichka raconte comment sa famille, d'origine juive polonaise, a fui les pogroms pour se réfugier en Belgique dans l'Entre-deux-guerres.
Lire la critique sur le site : LeSoir
Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
- ça m'énerve quand ils se parlent en yiddish !
- quelle drôle de langue !
- on dirait du chinois!
- j'aime pa le yiddish !
Petit à petit, j'ai pris l'habitude de ne pas écouter, même quand ils parlaient en français. Qu'avaient-ils à nous cacher ? Pourquoi étions-nous exclus du débat familial ? C'est dans cette langue qu'ils ont dû se dire les choses qui nous auraient permis de mieux comprendre qui nous étions. La langue ne fait-elle pas partie du patrimoine ?
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Maman aimait faire les enfants, pour Papa, mais elle n’aimait pas s’en occuper. Nous avons tous été en pension, loin les uns des autres.
On ne nous a jamais demandé notre avis ni donné d’explication, c’est resté une question qui dérange. Il paraît que l’état de santé de Maman ne lui permettait pas de s’occuper de nous. Il paraît que leur situation économique était plus que précaire. Peut-être ! Mais faire quatre enfants après la Shoah pour les envoyer en pension, c’est pas très logique !
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Se libère-t-on jamais du traumatisme des parents ? Jusqu'à quel âge reste-t-on leur "enfant" avec tout ce que cela sous-entend ?
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à Auschwitz, des jeunes israéliens défilent avec le drapeau. Je trouve cela déplacé, la Shoah appartient à toute l'humanité. Les camps, du moins ce qu'il en reste, sont d'immenses cimetières où chaque pas soulève les cendres de notre civilisation. Il faut s'y rendre en toute humilité.
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Je n'ai jamais vu Papa pleurer. Je n'ai d'ailleurs jamais vu ses yeux, si petits au fond de ses verres épais de myope. Si petits que je serais incapables d'en dire la couleur. A croire qu'ils ont disparu quelque part entre 1942 et 1945. Ou qu'ils se sont tout simplement éteints.
Il a dû pleurer toutes les larmes de son corps dans les camps. Il a dû pleurer sa mère, son père et ses soeurs. La source de ses larmes s'est tarie à jamais. C'est pour cela que son médecin lui a prescrit des gouttes pour les yeux. (p. 44)
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Videos de Michel Kichka (18) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Michel Kichka
Israël vu par un dessinateur de presse né en Belgique, vivant depuis plus de 40 ans à Jérusalem, homme de paix, laïque, engagé... Une parole rare et pleine d'espoir sur un pays complexe, qui ne se réduit pas au conflit israélo-palestinien. Michel Kichka nous raconte son Israël dans Falafel sauce piquante, un récit autobiographique romancé de son rapport à ce pays : ses rencontres, ses souvenirs, les événements politiques, une vie dans une Terre de conflits, mais aussi Terre de miracles. Falafel sauce piquante, en librairie le 14/09 http://www.dargaud.com/bd/Falafel-sauce-piquante
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