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Michel Lederer (Traducteur)
EAN : 9782226154965
276 pages
Albin Michel (01/09/2004)
3.94/5   80 notes
Résumé :
Dans une Amérique fragilisée par la menace terroriste, tout est source de divisions: les sexes, les races ou les classes sociales. À travers dix récits au timbre unique, portés par le souffle chamanique de la culture Spokane, Sherman Alexie brossent le portrait d'une indianité prise dans les contradictions de ce pays. Etudiant, juriste, mère au foyer, poète, aucun n'échappe au racisme ou au poids du passé, mais tous rêvent d'une intégration réussie. À la fois drôle ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Depuis que j'ai découvert Alexie avec le remarquable Indian Killer, je suis sa carrière d'assez près. J'avoue que j'ai un peu de mal à apprécier ses nouvelles. Ce recueil m'a posé les mêmes difficultés que La vie aux trousses. Sur les 9 nouvelles, j'en ai vraiment aimé 5, plaisir mitigé pour la sixième (moteur de recherche) et pas apprécié Sais-tu où je suis et Qu'est-ce qui est arrivé à Franck Snake Church.
Chez Alexie, la plupart de ses protagonistes sont des Indiens, Spokanes en majorité, ou des métis. Des hommes et des femmes en proie aux mêmes problèmes existentiels que les américains blancs, trouver un boulot, aimer, être heureux, trouver sa place dans la société... A quelques détails près, comme l'auteur nous le rappelle dans l'excellente nouvelle "Partie de juriste", où un jeune politicien Spokane fait l'amère exéprience du racisme au cours d'une partie de basket.
"La vie et l'oeuvre d'Estelle Walks Above" m'a rappelé un peu l'univers de John Irving, c'est un beau personnage de femme, tandis que "Ce que tu mets en gage, je le rachèterai" est doute celle qui se rapproche le plus d'un conte traditionnel. Enfin, une autre de mes préférées, Plans de vol, illustre de manière sarcastique combien les préjugés ont la peau dure.
Alexie a une manière bien à lui d'évoquer son peuple, avec ironie et beaucoup d'humour. S'il égratigne impitoyablement les blancs, les Amérindiens ne sont pas épargnés non plus, en tout cas ceux qui se lamentent sur leur sort et boivent comme des trous.
Il y a quelque chose qui me frappe dans l'oeuvre de Sherman Alexie : la nature est quasiment absente. Les Indiens d'Alexie sont de purs citadins. En cela, il est l'exact opposé de Louis Owens pour qui la nature était synonyme de rédemption. de plus, Sherman est bien ancré dans son époque, il ne semble guère aimer évoquer le passé, au contraire de James Welch par exemple. Sa manière à lui d'échapper aux clichés et préjugés sans doute. Je pense qu'il est l'un des auteurs majeurs de la littérature Amérindienne, mais je le préfère romancier plutôt qu'auteur de nouvelles.
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Petite précision, pour les amateurs du genre, aucune intrigue policière, comme aurait pu le suggérer le titre, dans ces quelques nouvelles ! Juste une allusion à une comptine américaine !
Ceci dit, un sacré oeil de lynx pour scruter la complexité identitaire de ces indiens spokanes, tribu dont est issu l'auteur, qui m'avait régalée avec Indian Killer.
De courtes histoires qui étonnent, qui détonent, telle celle de Tonnerre Chocolat, le gode fétiche qui fit merveille dans un rôle-clé qui ne lui était pas destiné.
Une version remixée, modernisée des traditions séculaires de cette communauté. Quelle est la part d'imprégnation, d'exploitation, de récupération de celles-ci chez les amérindiens nouvelle génération ?
Un regard sans concession mais une plume aucunement méchante, de l'humour et de la dérision, un brin de provocation, quelques pensées à contre-courant, un petit pavé dans la mare aux clichés et aux préjugés....tout ce qui me plait !
Mes préférées: la vie et les oeuvres d'Estelle Walks Above et Ce que tu mets en gage, je le rachèterai.
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[9 nouvelles.

Je ne m'étonnerais pas que le dixième « indien », manquant soit un petit majeur fièrement dressé -façon sale gosse- à la comptine américaine qui a donné son nom à ce recueil.

Qu'est-ce qui rend ce bouquin si génial ?

Ce que j'aime, c'est la diversité des personnages. Alexie nous présente une communauté d'autochtones d'Amérique dont il est originaire (les Spokanes) venant de tous les horizons ; du politicien à succès au clochard englué dans l'alcoolisme et la misère, chaque personnage a sa propre histoire à raconter. une galerie de portraits qui met en lumière la richesse de la communauté Spokane.

L'auteur te bringuebale vraiment dans sa façon d'aborder les problèmes sociaux, donnant à ses nouvelles une dimension hyper moderne, bien qu'elles aient été publiées juste après l'attaque des tours jumelles.

Il y dénonce certes le racisme envers les minorités, mais également le sexisme puant et banalisé d'une race blanche persuadée d'être infaillible, se réfugiant dans la peur du terrorisme pour justifier leur propos, sans jamais à aucun moment remettre en cause leur héritage rétrograde.

Au coeur de l'histoire, il y a une critique de l'indulgence de l'Amérique envers ce que l'on pourrait appeler la « pornographie du deuil » qui a suivi les médias après la tragédie du 11 septembre. Alexie nous met face à ces questions malaisantes, sans détours ni excuses mais avec beaucoup de cynisme, juste par la force de sa plume.

Compte pas sur lui pour te filer des réponses toutes faites, juste des questions qui te feront réfléchir plutôt brillamment.

C'est la première fois que je le lis, et maintenant je sais qu'il maitrise beaucoup d'exercices de style ; de l'interview au journal intime à des trucs que t'aurais jamais imaginés. Ça donne une fraîcheur folle au recueil, un dynamisme qui se bouffe en une journée de lecture !]
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J'ai lu ce livre dans le cadre du challenge variétés 2015. JE dois avouer que je ne me serais surement jamais approché d'un tel livre si je ne m'étais pas inscrite au challenge, je l'ai trouvé en m'adressant à ma bibliothécaire et en lui demandant un recueil de nouvelles.
Dans dix petits indiens, l'auteur nous raconte des épisodes de vie de 9 indiens spokanes, petite tribu dont le territoire se situe non loin de seattle. La majorité des histoires se déroulent d'ailleurs dans cette ville.
J'ai trouvé ce livre intéressant, car il me remémore une ancienne passion, celle des indiens d'amerique du nord. En effet, je m'étais beaucoup intéressé au sujet lorsque j'étais ado.
Ici, à travers ces récits, l'auteur nous transmet sa vision et me semble -t-il sa critique de l'état d'esprit actuel dans lequel se trouve les indiens d'aujourd'hui. Il aborde à plusieurs reprise ce sentiment de dévalorisation, ce manque d'ambition, et aussi les questions identitaires que cela renvoie aux indiens qui réussissent ou tentent de réussir aussi bien intellectuellement qu'économiquement. Il critique aussi la vision que les "blancs" peuvent avoir des indiens,critique pleine d'ironie.
Mais il ne traite pas que de questions indiennes, bien au contraire, il traite aussi de question d'insertion, et peut dans une de ses nouvelles, au travers d'une rencontre, nous conter l'histoire d'un immigrant éthiopien.
Enfin, on suppose que ce livre a été écrit peu de temps après les attentats du 11 septembre, et il est fait référence à plusieurs occasion au terrorisme, ainsi qu'au regard que les autres peuvent poser sur ces gens basanés. Ayant lu ce livre juste quelques jours après le drame qui s'est déroulé à charlie hebdo, j'ai été touchée par ces questions.
Tout ceci dans un style emplis d'humour et tout en nous rendant certains de ses personnages attachants.

Pour conclure, je ne regrette absolument pas cette lecture, et suis même contente de l'avoir faite.

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Ces nouvelles sont de qualité très inégales et c'est dommage.

J'ai beaucoup aimé l'humour de l'auteur, qu'il dit être une qualité propre aux Amérindiens, et sa tendresse vis-à-vis du monde. La nouvelle que j'ai sans doute le plus aimée est celle où le fils d'une Indienne paumée raconte comment sa mère vend ses recettes de prétendu chamanisme à des bourgeoises blanches bien dans leurs papiers, qui adorent venir aux après-midi qu'elle organise.

Cet auteur m'a néanmoins suffisamment plu pour que je tente un roman de son cru plutôt que des nouvelles.
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation

- Je peux vous poser une question personnelle ?
-Vous pouvez me poser une question humaine, oui.
-Comment êtes-vous devenu S.D.F. ? A vous écouter, on se rend compte que vous êtes un homme intelligent. Je sais que l'intelligence ne garantit rien, mais quand même, qu'est-ce qui est arrivé ?
- Je suis simplement tombé en désamour du monde.
- Oui, je comprends. Moi non plus, je ne suis pas trés sûre de mes relations avec le monde, mais est-ce qu'il y a eu un fait particulier ?
- D'abord, je suis cinglé. Et soigné pour ça. Certes, il y a toutes sortes de cinglés qui se font des millions et des milliards de dollars dans ce pays. Ce Ted Turner, par exemple, est un salaud de timbré vivant dans un cabanon plaqué or. Mais moi, je suis atteint d'une forme de folie spéciale. J'ai un besoin pathologique de respect.
- Je n'ai jamais entendu parler de cette maladie.
- Il est vrai que Jerry Lewis ne présente pas de Téléthon pour les cas de mon genre. Ce qu'il y a, c'est que le respect, j'aurais dû l'obtenir. J'étais professeur d'économie à l'université Dt. Jérôme le Second, ici à Seattle. Une belle institution, dispensant une excellente éducation.
- C'est pour ça que vous êtes intelligent.
_ Connaître l'économie signifie juste qu'on connaît les chiffres. Et nullement qu'on connaît les gens. Quoi qu'il en soit, je détestais mon travail. Je détestais les étudiants. Je détestais mes collègues. Je détestais l'argent. Et j'avais l'impression que personne ne me respectait, vous comprenez ? Je sentais le manque de respect grandir autour de moi. Le manque de respect m'étouffait. Aussi, un jour, je me suis planté au muilieu du campus, en plein milieu, sur la belle herbe verte catholique et romaine, et j'ai commencé à crier. "
Corliss percevait la chaleur qui se dégageait de la folie de cet homme, une chaleur familière et confortable.
"Qu'est-ce que vous criiez ? demanda-t-elle.
- Je criais sans arrêt : " Je veux du respect ! Je veux du respect! " Je l'ai crié toute la journée et toute la nuit. Et personne ne m'a accordé le moindre respect. Je le réclamais directement, et les gens se contentaient de me contourner. De m'éviter. Sans même me regarder. Comme si je n'existais pas. Des centaines de gens sont passés devant moi. Des milliers. Et enfin, au bout de vingt-sept heures, une de mes étudiantes, une jeune fille prénommée Mélissa, une gentille fille qui avait des problèmes avec les chiffres, s'est approchée, m'a serré dans ses bras et a murmuré : " Je vous respecte, professeur Williams, je vous respecte. " Je me suis mis à pleurer. A gros sanglots. Vous savez, ces larmes qui naissent dans les entrailles, qui remontent dans l'estomac, le coeur et les poumons avant de déborder par la bouche. Vous voyez de quelles larmes je veux parler ?
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- Qu'est-ce que vous êtes ? interrogea le chauffeur. Vous n'êtes pas blanc, votre peau, elle est noire comme la mienne. - Pas autant.
Comme il y avait beaucoup de chauffeurs de taxis musulmans à travers le monde, on avait souvent demandé à William s'il était juif. On le prenait toujours pour ce qu'il n'était pas. Il constituait une ambiguïté ethnique, lui qui se situait quelque part dans la case la plus sombre de la grande boîte de crayons de couleur américaine, encore qu'il soit plutôt beige que marron, plutôt mauve qu'ocre brun.
- Je suis indien, dit-il.
- Indien des Indes ?
- Non, pas indien-bijou-sur-le-front, dit William. Indien-arc-et-flèches. (...) Je suis un Spokane. Nous sommes le Peuple du Saumon.
- (...) Vous ne ressemblez pas aux Indiens que j'ai eu l'occasion de voir.
- Je sais. Les gens me prennent souvent pour un Mexicain aux cheveux longs.
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Je sortais de ma salle de gym dans le centre et un gros pickup s'est arrêté à ma hauteur. (...) et le gros symbole phallique au volant s'est penché à la portière et m'a crié: 'Retourne dans ton pays!' (...) Et c'est bien le comble de l'ironie, non ? Je riais tellement que le camion était déjà loin quand j'ai repris mon souffle pour lancer : 'Toi le premier!' William et le chauffeur s'exclaffèrent. Deux hommes à la peau noire sensibles à l'humour noir.
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Corliss n’ignorait pas combien les Indiens étaient obsédés par l’authenticité. Colonisés, exterminés, exilés, les Indiens avaient forgé leur identité en interrogeant l’identité des autres Indiens. Remplis de haine de soi et de doutes, ils avaient fait de leurs tribus des sectes nationalistes. Mais peut-on nous reprocher notre folie ? se demandait Corliss. Nous sommes des gens exilés par d’autres exilés, par des puritains, des pèlerins et tous ces autres cinglés de Blancs jetés hors de cette Europe plus cinglée encore. Nous qui étions jadis indigènes en ce pays, nous devons immigrer dans sa culture. Je suis née à moins de deux kilomètres au sud et j’ai grandi à moins de deux kilomètres au nord de l’endroit, au bord de la Spokane River, où le tout premier Indien Spokane a vu le jour, et j’ai parfois l’impression d’être une nomade, aussi je comprends combien Harlan Atwater doit se sentir perdu.
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Elle n'était pas Ulysse et son voyage de huit heures en car ne méritait guère le nom d'odyssée. Mais peut-être qu'Ulysse n'était pas non plus un héros si extraordinaire, songea-t-elle. C'était un drogué et un voleur qui abusait les handicapés. Le géant était peut-être grand et fort, n'empêche qu'il n'avait qu'un oeil. C'est trop facile d'échapper à un monstre privé du sens de la perspective. (...) A y réfléchir, et Corliss y avait souvent réfléchi, le poème épique était avant tout une oeuvre de propagande militaire. Homère avait fait d'un crétin de menteur colonial l'un des personnages littéraires les plus admirés de l'histoire humaine.
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Sherman Alexie : Dix petits indiens
D'une forêt de conifères de la presqu'île de Cape Cod (le cap aux morues), Massachusetts, Olivier BARROT présente l'écrivain indienSherman ALEXIE, ainsi que son dernier recueil de nouvelles qui vient d'être traduit en français, "Dix petits indiens". Il résume l'une d'entre elle "Moteur de recherche" dont il lit un extrait.
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