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Michel Volkovitch (Traducteur)
EAN : 9782915018585
232 pages
Quidam (14/04/2011)
3.38/5   8 notes
Résumé :

Loin des élans révolutionnaires de sa jeunesse, Aris Pavlopoulos, conseiller particulier d'un ministre, jouit d'une existence confortable à Athènes en dissimulant ses zones d'ombre : l'obsession du sexe et l'ambition refoulée d'être reconnu comme poète. Une manifestation littéraire consacrée à son oeuvre et un voyage en Espagne, hanté par le symbolisme sexuel de la tauromachie, lui offrent l'occasion ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
«Les yeux fermés, la lumière chatouillant ses paupières, Àris cherchait son portable. Il tira le drap, fouilla les replis mous de la couverture, sa main effleura sa poitrine chaude et suante. Puis il attrapa quelque chose de dur dépourvu de clavier et comprit aussitôt qu'il tenait sa queue. Il sourit et se rendormit.»

Politicien grec bien installé dans le système, conseiller d'un ministre, Àris Pavlòpoulos se préoccupe plus de ses obsessions sexuelles, de son jeu de tauromachie érotique avec sa maîtresse, que des affaires publiques. Corrompu par le temps, le pouvoir et le renoncement à ses combats de jeunesse, il s'éloigne, écarté par son ministre, du monde politique. Ayant autrefois publié un recueil de poèmes, ses rêves de grandeur redeviennent littéraires, il voudrait susciter des frissons et de l'admiration à la lecture de ses vers, mais peine à composer un unique poème pour la soirée de l'Union des écrivains dont il est l'invité.

Furieux quand on veut le corrompre au vu de la somme mesquine qui lui est proposée, personnage pathétique qui n'a plus aucun proche (mais en a-t-il jamais eu ?), il retrouve ses souvenirs, une part de lucidité et un morceau de sa vie et devient attachant, bien qu'il soit pitoyable, en voulant être poète.

Héros tragi-comiques, ambigus comme Àris, les autres personnages forment une galerie de portraits de la bonne société grecque, beaucoup plus décapante que tout article de presse, autour d'une famille en ruines ; l'adolescent rebelle qui ne s'émancipe pas vraiment, l'épouse anorexique et dépressive, la vieille mère alcoolique et un peu folle qui s'identifie à l'héroïne des Feux de l'amour.

L'autre personnage central est là en arrière-plan, figure de la colère avec son bonnet rouge, d'une forme d'innocence aussi, il est le trublion qui fascine ou qu'on écrase quand on est un puissant, il est le lien entre les membres de cette famille si distants, celui qui les relie et aussi les éloigne.

Dompter la bête, un livre au très beau titre, ambivalent jusqu'au bout.

«Il regarda le verre dans sa main, le glaçon avait fondu. Tout foutait le camp. Il se demanda s'il était le même homme que celui assis le matin à cette même place, plein d'idées, de confiance en soi. La lumière du soir baignait les meubles de reflets assourdis, la surface de la table luisait comme une peau morte […] Et si j'écrivais un poème pour me mettre à nu ? se demanda-t-il. S'il écrivait un poème sur son état présent, le sentiment d'échec, de temps perdu ? Sur Penny nue dans l'obscurité et lui qui attendait en tremblant les bruissements de l'étoffe rouge ? Sur le mugissement des bêtes qu'il croyait entendre dans la chambre, le vertige du vide qui s'emparait de lui des qu'il mettait le masque et se jetait toutes cornes dehors sur sa victime, les moments d'extase quand il serrait son corps puis son cou entre ses mains, au bord de passer à l'acte ?»
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On n'est jamais complètement à l'aise dans Dompter la bête d'Ersi Sotiropoulos. Avec la romancière grecque, le grotesque côtoie le tragique et le réalisme s'efface parfois devant un fantastique incongru. Aris Pavlopoulos, son héros, est un drôle de type. Obsédé sexuel notoire -le livre commence avec une érection matinale- en chute libre dans sa carrière professionnelle -de secrétaire d'Etat à conseiller d'un ministre avant de n'être plus rien- il subit une vie familiale sans intérêt, avec une épouse glaciale, un fils qu'il ne comprend bas et une mère alcoolique, proche de la tombe. Reste ses deux maîtresses, l'une réelle, avec laquelle il se livre à des jeux érotiques qui peinent à réveiller sa libido, l'autre chimérique, la poésie, puisqu'il rêve d'écrire les vers ultimes qui le consacreront aux yeux de la communauté littéraire athénienne. Sotiropoulos s'amuse beaucoup à épingler la bonne société grecque, ses vices et ses concussions, mais le lecteur reste à distance, perplexe, car ne sachant sur quel pied danser. Ersi Sotiropoulos a écrit trois recueils de nouvelles, non traduits en français, où ton son art du contrepied fait, parait-il, merveille. On ne demande qu'à lire.
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La Grèce du début des années 2000, dans la période d'euphorie qui a précédé les jeux Olympiques à Athènes, avant que la crise ne soit déclarée, mais alors que toutes les prémisses y sont bien présentes : un conseiller de ministre qui ne met pratiquement jamais les pieds au ministère, d'anciens opposants aux colonels qui ne sont plus trop gênés par la corruption, des embourgeoisés se réfugiant dans les beaux quartiers, à l'abri de la réalité.... et une Athènes croulant sous les embouteillages. Tel est le décor de ce roman qui, en une vingtaine de jours fait basculer toute une famille dans une crise existentielle.

Un jeune homme à bonnet rouge va jouer le jeu de catalyseur du Visiteur du film Théorème de Pasolini. Il n'en est pourtant pas le protagoniste, mais sa présence va faire exploser le semblant d'équilibre de routine qui lie encore les membres d'une famille.

Le père est celui qui sera le plus déstabilisé, lui qui, entre un passage en coup de vent au ministère et un rendez-vous sado-maso avec sa maîtresse s'efforce de retrouver la verve poétique de sa jeunesse, oubliant à quel point il a trahit ses idéaux.

C'est un roman agaçant, dérangeant, qui ne nous laisse jamais nous reposer sur un acquis et qui nous force toujours à revoir l'opinion qu'on se fait de l'un ou de l'autre.

C'est la première fois que je lis du Ersi Sotiropoulos, mais elle a su me convaincre de son talent et je vais l'ajouter à la liste des auteurs que j'aime suivre.
Lien : http://meslecturesintantanee..
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Merci à l'éditeur Quidam qui nous permet de découvrir quelques auteurs grecs de la nouvelle génération.
Ici Ersi Sotiropoulos qui, dans un style concis et inventif, nous dresse le portrait d'Aris Pavlopoulos, conseiller particulier d'un ministre et à travers lui le comportement d'une élite en pleine déréliction, tant morale que politique. La réalité a rattrapé la fiction.
C'est cette élite que les grecs interpellent aujourd'hui dans la rue.
Une écriture crue et originale qui louvoie aisément entre satire, humour et tragique.
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critiques presse (1)
LeMonde
14 juin 2011
Un mélange de profondeur philosophique et d'ironie ravageuse, un va-et-vient constant entre le métaphysique et le grotesque. Avec une langue économe, influencée par Ezra Pound et Cavafy. Avec un parti pris enfin - ou une forme de politesse ? - consistant à faire rire ou sourire, non à faire la leçon.
Lire la critique sur le site : LeMonde

Video de Ersi Sotiropoulos (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Ersi Sotiropoulos
Ersi Sotiropoulos - Eva .Ersi Sotiropoulos vous présente son ouvrage "Eva" aux éditions Stock. Rentrée littéraire 2015. Traduit du grec par Marie-Madeleine Rigopoulos. http://www.mollat.com/livres/sotiropoulos-ersi-eva-9782234076198.html Notes de Musique : ?Athena feat. André Coelho & DJ X-Acto? (by M-PeX). Free Music Archive.
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