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EAN : 9782864247579
354 pages
Editions Métailié (20/01/2011)
3.55/5   11 notes
Résumé :
Peut-on changer d'identité en même temps que de pays? Quand il se retrouve à Shanghai François Lizeaux a 24 ans et des rêves plein la tête. Fort de sa seule connaissance de la langue chinoise, il arrive dans un monde dont il a beaucoup rêvé, mais dont il ne sait à peu près rien. Qu'importe! Le jeune homme a bien l’intention de se faire une place au sein de cette ville gargantuesque et fébrile, où il se sent étrangement chez lui. Au consulat de France, où il exerce l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
François Lizeaux est un jeune interprète de chinois . Nouvellement promu à Shanghai, il travaille désormais pour le consulat de France. Il s'agit de son premier poste mais aussi de son premier voyage en Chine. Il a 25 ans et très excité, il envisage son séjour sous d'heureux hospices et espère bien profiter de la célèbre vie shanghaïenne avec ses fêtes et ses filles faciles. Sauf que la vie d'expatrié n'est pas toujours facile. Exploité par le consulat, il va en plus être approché par les services secrets chinois. Son amour pour la belle An-Lili le sauvera-t'il ? rien n'est moins sûr...

Dans une première partie, le lecteur va découvrir de l'intérieur le monde consulaire dans toute sa splendeur en accompagnant le narrateur dans sa découverte du métier d'interprète et dans celle de la Chine. François, petit maillon transparent dans la chaîne, va se retrouver submergé de boulot. Travaillant 7 jours sur 7, à toute heure, sa vie privée se réduit à une portion congrue. Indispensable au bon fonctionnement des réunions, colloques, rencontres entre dignitaires et même soirées privées, François reste malgré tout un pion transparent dont on ignore avec habileté les faibles récriminations. le jeune homme, persuadé qu'il deviendra ainsi plus chinois que français, fait tout ce qu'on lui demande sans rechigner.
Possédant la maitrise de la langue chinoise que ses compagnons ne possèdent pas, François va très vite découvrir les jeux d'influence, les mesquineries, les petites arnaques financières qui ont cours au consulat. C'est le règne du chacun pour soi et notre interprète l'apprend à ses dépends. Souvent escroqué par méconnaissance du système chinois et du fonctionnement du consulat, il va découvrir que tout le monde pratique mais que personne ne dit rien, ni ne partage ses "bons plans" avec les autres. le consulat lui même magouille pour facturer plus cher des prestations afin de mieux empêcher la différence de tarif et n'hésite pas non plus à en faire autant avec ses employés.

Amoureux de la culture chinoise, François va découvrir néanmoins la société chinoise à travers ses rencontres consulaires et ses relations épisodiques avec les femmes. La Chine promeut le culte de l'apparence et met la valeur de l'argent au dessus de tout. Les étudiantes chinoises, qui espèrent se marier et obtenir un passeport étranger, cèdent facilement aux avances et n'hésitent pas parfois à faire payer leur faveurs pour améliorer l'ordinaire. Chaque transaction nécessite des dessous de table et refuser le système signifie l'arrêt de toutes négociations. La raison d'être de tout chinois est de s'enrichir le plus vite possible et cela peu importe les moyens.
Les visiteurs et les hommes d'affaires étrangers ne sont pas épargnés. Comme les consulaires, ils n'hésitent pas à profiter du système et les voyages professionnels se transforment très rapidemment en voyage autour de la luxure. Les hommes trompent leurs femmes à tout va sans aucun scrupule. Leur bêtise et leur vision, bourré de clichés, de la Chine les avilissent un peu plus.

La deuxième partie du roman, tout en reprenant les éléments cités ci-dessus, se concentre un peu plus sur le couple François / An Lili. Prêt à devenir chinois de coeur et d'esprit, François se renomme Li Fanshe et fait la connaissance d'une shangaïenne pure jus, rédactrice dans un magazine de mode, dont il tombe follement amoureux. Lui ouvrant les yeux sur le règne des apparences, cette dernière va le pousser à se comporter comme un chinois local et à voir égoistement où est son intérêt. François va désormais se rebeller quelque peu envers le consulat, poser de faux arrêts maladies pour mieux effectuer de l'interprétariat au noir bien mieux payé, réclamer de l'argent dû, etc. Car, là est bien le but : s'enrichir le plus possible et le plus rapidemment. Gourmand, le couple en veut toujours plus et An Lili réussit à balayer les quelques scrupules de son compagnon. Hélas, l'argent ne fait pas le (double) bonheur....

Bref, vous l'aurez compris, le tableau de la Chine et des services consulaires que nous pouvons lire ici est loin d'être glorieux et même plutôt pathétique. Etat communiste, la Chine se révèle affamé de capitalisme et d'argent à tout prix.

"finalement le communisme réussit plutôt bien à la Chine"

Le monde de la diplomatie est fait tout autant de faux semblants, ses acteurs sont puants et avides de sexe et de papier monnaie. Et les étrangers des crétins finis qui gobent le jeu des clichés joués par les chinois.
Alors si j'ai aimé ma lecture, je n'ai pas aimé ce que j'ai lu....
L'auteur vivant en Chine depuis 20 ans et parlant couramment le mandarin comme son personnage, on ne doute pas de la véracité et du réalisme de cette histoire. Et c'en est d'autant plus atterrant. Je dois dire que si l'idée que je me faisais de la Chine ne me poussait déjà pas à apprécier particulièrement ce pays, ce roman enfonce d'autant plus le clou ! Difficile de trouver ce pays attirant quand on découvre que les valeurs principales sont l'intêret et le profit personnel.
Le roman est très intéressant pour cette plongée dans un monde qui ne nous est pas tellement famillier : le fonctionnement d'une ambassade mais aussi ce pays un tant soit peu "exotique" qu'est la Chine.
Je regrette pourtant que le portrait de Shanghaï qui est donné n'aille pas au delà de ce cercle restreint du monde des expatriés. J'aurais aimé pénétrer plus profondément dans le quotidien du peuple shanghaïen, dans ses petites habitudes, ses métiers,... Dans "Double bonheur", nous ne trouvons que peu de petites gens. Gravitant dans les sphères de pouvoir, le milieu des affaires et des arts, François ne côtoie qu'une certaine fange de la population et le portrait s'en trouve quelque peu tronqué.
De plus, le personnage de François m'a semblé assez détestable. Naïf et malléable, son amour pour An Lili et son envie de pénétrer et comprendre la vie chinoise le pousse à accepter toutes les compromissions. Voir ce jeune homme frais et enthousiaste, se transformer en arriviste qui courre après l'argent m'a déçue.

L'écriture, de son côté, est assez surprenante. le ton est souvent humoristique et décalé. L'auteur a fait le choix de traduire de façon purement littérale certaines expressions ou noms, petits clins d'oeil au métier du narrateur. Comme par exemple, les coktails qui deviennent des "queues de poules" !
On y trouvera également de nombreuses expressions ou proverbes chinois, savamment édicté par An Lili.
Les dialogues, quant à eux, ne pourront nque vous surprendre. Insérés directement dans la narration, ils pourront perturber dans un premier temps votre lecture.

" Bofu ne comprenait pas pourquoi je n'étais pas diplômé de Harvard, papa il est français pas américain et j'avais lu la perplexité sur son visage la France n'était donc pas un Etat de l'Amérique, plus maintenant Bofu mais ça reviendra bientôt très bientôt nous l'espérons tous. "

Etonnant bilan au final que celui-ci ! Loin d'être mitigé, il est même positif ! le roman est passionnant même si certaines longueurs aurait pu être évitées. On y apprend pas mal de choses sur la société chinoise, ses valeurs, son fonctionnement.
Mais que le portrait que l'on découvre est haïssable.... Si on y trouve effectivement beaucoup d'ironie et que le personnage principal n'hésite pas à se moquer de lui-même, je suis loin d'avoir trouvé le récit "jubilatoire".
Lien : http://legrenierdechoco.over..
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Depuis que je lis des romans dont l'action se déroule en Chine, pas un seul ne m'a donné envie de visiter le pays. Je lance un appel désespéré aux lecteurs qui auront pitié de moi : aidez-moi à me réconcilier avec l'Empire du Milieu !

Double bonheur ne déroge pas à la règle… et pourtant, Stéphane Fière doit l'aimer, cette Chine qu'il habite depuis 20 ans ! Autant vous dire qu'il connaît parfaitement son sujet, et que de Shanghai vous saurez tout après la lecture de ce roman. Je n'ai pas aimé ce que j'ai découvert de la mentalité chinoise : le règne des apparences, du mensonge ou des multiples vérités, de l'argent dans sa connotation la plus négative (dessous de table, escroqueries, marchandage permanent, etc.)… L'Argent qui est un personnage à lui tout seul dans Double bonheur : l'auteur évalue tout en renminbi, heures de travail, nourriture, soins de santé, 10 fois par page, jusqu'à l'overdose ! le procédé est plutôt dérangeant, mais n'est sans doute pas innocent.

J'en viens au récit lui-même. Nous suivons les tribulations de François Lizeaux, un interprète français à Shanghai, au service du Consulat de France. Stéphane Fière nous invite dans le quotidien d'un fonctionnaire expatrié pendant 170 pages et nous découvrons avec lui un interprète français-chinois surexploité par les autorités de son pays. François Lizeaux, dont le rôle est de se rendre totalement transparent, subit sans broncher les petites humiliations qui semblent être inhérentes à sa fonction… jusqu'à ce qu'il tombe fou amoureux d'An Lili. C'est le tournant du roman, et de la vie du narrateur. Il était temps, car à ce stade j'avais déjà eu envie de lâcher Double bonheur au moins 20 fois… le héros ne m'inspirait aucune sympathie, l'auteur ayant réussi à le rendre aussi insipide que l'exige sa profession, et les aventures répétitives et mornes d'un interprète français overbooké au service des Importants-Importuns ministres-hommes d'affaires français n'ont pas su capter mon attention sur presque 200 pages. le jeune homme, en tombant amoureux, s'est rendu un poil plus humain, mais guère plus sympathique dans les pleurnicheries qui le mèneront tout de même à épouser la femme de sa vie : on se demande même comment un loser comme lui peut atteindre un bonheur pareil. La partie du roman consacrée à la félicité connue par le nouveau couple est la seule à m'avoir vraiment plu, et pourtant j'ai trouvé que le narrateur se répétait beaucoup là aussi.

Le récit s'emballe, passé les deux premiers tiers assez insipides, lorsque notre François marié se révolte contre son employeur : le Consulat. le couple heureux devient un couple ultra-matérialiste, obsédé par le gain d'argent par tous les moyens possibles, y compris les plus malhonnêtes ou risqués. Les 100 dernières pages de Double bonheur laissent planer le doute quant à la possibilité d'une issue heureuse… Mais on n'arrive pas même à souhaiter que François, qui durant ces 350 pages s'est montré faible, un brin arrogant, geignard, sorte indemne de son aventure chinoise.
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Ce livre nous avait été proposé dans le cadre de l'opération Masse Critique par l'équipe de Babelio et les éditions Métailié.
On a bien entendu saisi l'occasion de retrouver Stéphane Fière qu'on avait déjà croisé dans La promesse de Shanghaï.
Double bonheur raconte les aventures, toujours à Shanghaï, d'un jeune interprète français, à peine sorti de l'école et désormais au service du consulat.
C'est donc un lao wai, un singe blanc, un pébéa (petit blanc arrogant), un cochon rose, velu, grand et gras, bref un occidental.
On retrouve donc ici l'humour féroce de Stéphane Fière et son peu de compassion pour les pébéas.
Mais aussi tout son amour pour la Chine (voir la citation concernant la cuisine de trottoir de la mère Zhao).
La première partie du bouquin nous décrit par le menu la vie du consulat, de ses interprètes, des hommes d'affaires ou des universitaires venus chercher gloire et fortune à Shanghaï (et aussi quelques étudiantes peu farouches qui elles, sont à la recherche d'un passeport étranger).
Tout ce petit monde d'expat's est bien dérisoire : on couchaille ici ou là, on traficote autant qu'on peut et on arnaque un peu tout le monde. Pitoyable. le portrait brossé par Stéphane Fière n'est vraiment pas reluisant et son “héros” n'en sort pas grandi.
À dire vrai, on a même trouvé cette partie un peu longuette (c'est sans doute nécessaire pour donner plus de poids au retournement final mais ce nombrilisme franco-français finit par agacer) et l'on aurait aimé plus de belles pages comme celle de la cuisine de la mère Zhao.
À mi-parcours, François Lizeaux (c'est le nom de cet interprète peu héroïque) tombe amoureux, pour de vrai cette fois, d'une belle shanghaïenne An Lili. Une étoile montante dans la toute nouvelle vie affairiste chinoise : elle est rédactrice dans une revue de mode. Ils vont filer tous deux le parfait amour et s'enrichir peu à peu. La description de cette ascension sociale est beaucoup plus intéressante que les vilenies et bassesses du milieu consulaire et l'on suit l'évolution de ce jeune couple.
Jusqu'au jour où finalement, de petites enveloppes en gros pots de vin, la camarade Wen Zhunhen propose à François d'enregistrer les réunions du consulat ...
Même si Stéphane Fière n'avait nullement l'intention de donner le thriller d'espionnage, on ne vous en dit pas plus mais assurément voilà qui est de la toute dernière actualité pour ceux qui ont suivi l'affaire Renault !
En somme, un bouquin réservé aux curieux de la Chine en général et de Shanghaï en particulier.
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C'est un héros-caméléon que Stéphane Fière présente dans "Double bonheur", son troisième roman : "François Lizeaux" pour la République française, "Lizeaux" pour le consulat français de Shanghai où il débarque à vingt-quatre ans comme interprète, "Li Fanshe" pour les Chinois, "Xiao Li" pour les femmes et "mon Laogong" pour la belle An Lili. Guidé par "la sensation indéfinissable et difficilement compréhensible d'une certaine étrangeté, d'une certaine inadéquation, [...] en constant décalage, dépaysé de l'intérieur", François Lizeaux vivra en Chine une véritable épopée identitaire et idéologique, livrée dans un récit-fiction dont la finesse dépasse de loin le témoignage exotique ou l'analyse sociologique.

Entre anecdotes cocasses, intrigue et introspection, on se laisse volontiers emporter par cette histoire dont le souffle est savamment dosé, dans la forme et le contenu. le ton est vif, humble et léger, que ce soit pour conter les frasques des équipes expatriées, faire le constat des paradoxes de la culture chinoise ou décrire les péripéties et vibrations intérieures du personnage principal. D'un registre à un autre, le second degré affleure en permanence : "finalement le communisme réussit plutôt bien à la Chine", puis s'efface lors d'intermèdes poétiques absolument crédibles. Par la richesse de ces différents niveaux d'appréhension, l'identification à cet apatride, parachuté dans un fascinant microcosme, est inconditionnelle.

L'adéquation est aussi amenée par le style, travaillé dans l'humour, la spontanéité et une certaine recherche de l'oralité. le pittoresque décalé y occupe une place de choix, notamment dans la traduction littérale des noms de lieux : Lizeaux loge au "Pavillon de la Cultivation de la morale" ou celle d'expressions chinoises typiques : "Laogong décidément le printemps arrive lentement dans ton jardin". Entre inventions de langage et clins d'oeil, les personnages s'envoient de "courtes lettres" (short message) et boivent des "queues de poule" (cocktail). Les répétitions vont bon train ainsi que les ellipses, drôles : "Dans quel pétrin mais dans quel pétrin". Si l'on ajoute une ponctuation minimaliste et la retranscription continue des dialogues, le fil du récit court ainsi, vivant, sans manquer sa cible : "Bofu ne comprenait pas pourquoi je n'étais pas diplômé de Harvard, papa il est français pas américain et j'avais lu la perplexité sur son visage la France n'était donc pas un Etat de l'Amérique, plus maintenant Bofu mais ça reviendra bientôt très bientôt nous l'espérons tous".

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Remarquablement documenté ce roman nous montre une Chine très différente de ce que l'on veut bien nous faire voir habituellement. Par exemple, voici ce qui dit Li Fanshe des industriels venus chercher des marchés dans ce pays dont on nous dit qu'il est porteur : "Mais sur leurs visites, je ne m'étendrai pas, je suis interprète, pas mage, sorcier ou devin : leur exaltation initiale cédera progressivement le pas à la surprise, à l'étonnement, à la déception, au découragement, à la lassitude et à l'accablement, le marché chinois ne se pénétrant pas aussi facilement que les oracles en France le prédisaient." (p.318)

Très bien écrite l'histoire se laisse suivre très agréablement, et Stéphane Fière montre une vraie belle plume : "j'ai souvent trouvé singulière cette facilité avec laquelle les femmes entraient dans ma vie, et plus troublante encore la désinvolture avec laquelle elles en sortaient comme si, dans une sorte d'intuition prodigieuse ou par le truchement d'un système d'entraide secret, exclusivement féminin, à l'homme inconcevable, à moi en tout cas incompréhensible, elles se donnaient le mot pour ne pas rester au-delà d'une imite raisonnable et déterminée au départ, pour ne pas s'attarder ni pérenniser une relation à l'avance sans issue et dont le sens était perdu avant même d'avoir été trouvé" (p.209) Je ne sais pas vous, mais moi, j'aime beaucoup cette partie de phrase. D'ailleurs les passages dans lesquels Li Fanshe est soit désespéré d'être seul, soit amoureux, soit dans l'attente des retrouvailles avec sa belle An Lili, sont les plus belles du livre, souvent poétiques, parfois un peu trop lyriques, mais que voulez-vous, ce sont les transports de l'amour !

Excellent bouquin donc, qui en prime, offre une petite dose de suspense sur la fin : la cerise sur la gâteau... de riz bien sûr !
Lien : http://lyvres.over-blog.com/..
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
[...] La patronne officie dans l'arrière-cour au milieu des flammes et des éclaboussures d'huile bouillante [...] les deux serveuses, Zifa et Shuiling, sont maintenant très gentilles avec moi, : des petites soeurs de la campagne, un mètre soixante au maximum, rondes, souriantes, alertes, avec de bonnes joues bien rouges, des nattes et des gros seins de laitières ; à mon arrivée elles hurlent voilà Xiao Li qui vient manger, je suis reconnu, j'ai l'impression de revenir à la maison [...] les clients autour, vieillards torses nus ou en pyjamas, chauffeurs de taxi, petits artisans, mingong se joignent à la conversation et les moments de la nuit passent, chaleureux, uniques ; on boit, on parle fort, on rote, on est rouges et transpirants, pressés les uns contre les autres sur les tables pliantes et les tabourets en bois, papier, pierre, ciseaux, je perds à chaque fois et ils remplissent mon verre à peine vidé, je suis là, au milieu, au milieu, au milieu d'eux, je ne suis plus tout seul et je n'ai pas envie de partir, pas envie de partir, je ne suis plus français, mais pas encore vraiment chinois [...]
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[...] Elle s'était mal fait comprendre. Travailler ensemble signifiait simplement collaborer avec elle pour lui fournir des informations, des renseignements, un peu de documentation, rien d'extraordinaire crois-moi, trois fois rien en fait, des broute-îles, des broute-îles, elle a précisé dans son français de fantaisie, juste un peu de veille, sur les comptes rendus de réunion que tu assistes camarade Li, mais pas dans tous les domaines rassure-toi, uniquement le nucléaire, le militaire et les nouvelles technologies.
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..., si je m'enferme quand tout le monde est là, si je m'enfuis loin, loin sur les routes de campagne quand la fête bat son plein, si mes comportements leur sont, comme à moi, incompréhensibles, si je me précipite vers la fenêtre quand je suis invité parce que je cherche l'issue de secours, je veux pouvoir m'échapper, ...
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j'avais compris que dans ce monde coloré en rose, en dépit de mes efforts et de ma bonne volonté, il fallait reconnaître l'importance d'une donné simple, mais déterminante : la vérité ne doit pas être dévoilée, ni répétée tout haut, et encore moins être apprise, c'est pourquoi il était impératif de toujours sauvegarder les apparences, à n'importe quel prix.
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si j'avais un jour envie d'arrêter l'interprétariat je pourrais aisément me recycler dans le journalisme. Le vrai, le faux, personne ne sait faire la différence et avec un peu d'imagination les couleurs locales apparaissent plus distinctement
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Videos de Stéphane Fière (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Stéphane Fière
Stéphane Fière était au Festival Étonnants voyageurs de Saint-Malo le samedi 14 mai 2016 pour une rencontre sur le thème "Puissance de la satire" autour de son dernier roman "Camarade Wang achète la France". Extrait.
- Pour découvrir le livre : http://bit.ly/CamaradeWang - Feuilleter les premières pages : http://bit.ly/FeuilletageCamaradeWang
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