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Antoine Bello (Traducteur)
EAN : 9782072859465
Gallimard (13/02/2020)
3.71/5   26 notes
Résumé :
Un soir de février, Eisinger reçoit un appel de son agente : la directrice des relations publiques du groupe Black lui propose d'écrire l'histoire de cette entreprise de télécommunications du Midwest. Vlad accepte à condition d'en faire plus qu'un ouvrage documentaire, plutôt une sorte de légende de Tar, le patron très charismatique du groupe. Quelques semaines après le début du projet, Tar stoppe tout et renvoie Vlad.
Fauché, en panne d'inspiration, Vlad acc... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
En panne d'inspiration, l'écrivain Vlad Eisinger accepte de rédiger une monographie sur une entreprise de télécommunications américaine et sur son charismatique patron Tar. Lorsque le projet tombe à l'eau, l'auteur, désespérément fauché, se rabat sur une autre commande, cette fois-ci pour une collection de True Fiction : sous un pseudonyme, il se lance dans la rédaction d'un polar à trois sous, où un écrivain chargé de rédiger l'histoire d'une entreprise pétrolière découvre les malversations de son dirigeant et se retrouve la proie de terribles tueurs. le succès inattendu du livre attire l'attention de Tar, et Vlad se voit à son tour plongé dans des aventures en tout point semblables à celle de son héros, comme si la réalité rattrapait la fiction.


Ce qui frappe dans ce roman est d'abord sa vertigineuse et paroxystique mise en abyme, puisque trois récits s'enchâssent les uns dans les autres, amenant le véritable auteur, Antoine Bello, à s'esquiver derrière un de ses protagonistes et à lui laisser signer son oeuvre à sa place. En véritable virtuose, le romancier utilise les codes de la littérature populaire pour nous servir une brillante et amusante démonstration de ce qui fait d'un livre une oeuvre d'art : à l'instar de son maître Truman Capote qui ne cesse de traverser son texte, que ce soit par des références à ses procédés littéraires, ou par la création d'un protagoniste qui porte son nom, Antoine Bello explore la capacité de l'oeuvre à saisir et à restituer l'essence d'une réalité ou d'un personnage au travers d'une interprétation parfois très libre. Ainsi, un détail inventé mais judicieusement choisi peut, mieux que tout, illustrer et exprimer la vérité intrinsèque et la nature profonde des êtres. C'est d'ailleurs le propre de l'art de s'affranchir du réel pour trouver le chemin le plus direct jusqu'à l'âme.


Les aventures rocambolesques de Vlad Eisinger et de Tom Capote servent ainsi de prétextes à une réflexion sur la littérature et le métier d'écrivain. Si l'inspiration et le génie ne se commandent pas, rien se sauraient contraindre leur épanouissement lorsqu'ils sont au rendez-vous : Vlad rencontre le succès quand, désinhibé par l'anonymat de son pseudo, il réussit mieux que jamais à exprimer ses obsessions malgré les contraintes mercantiles imposées par son éditeur. Son roman populaire et alimentaire devient sa meilleure production, quand, jusqu'alors, la pression de la notoriété et de l'ambition étouffait ses capacités créatives.


Hommage au grand Truman Capote comme aux forçats de l'écriture alimentaire, ce livre original et astucieux s'avère un exercice de virtuosité bluffant et convaincant, où le divertissement et le pastiche servent de fondements à une réflexion aussi amusante qu'intéressante sur la création littéraire et sur les libertés qu'il faut savoir prendre avec la vérité pour mieux la dire. Coup de coeur.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Par le biais de son agent, l'écrivain Vlad Eisinger reçoit pour commande d'écrire l'histoire du groupe Black, entreprise de télécommunications du Midwest et de Tar, son charismatique dirigeant. Vlad commence quelques investigations que n'agrée pas Tar. Il est rapidement renvoyé...Pour se renflouer un peu, il accepte une nouvelle mission (rédiger un roman pour une nouvelle collection) qui va lui attirer la gloire, l'argent mais surtout beaucoup d'ennuis...J'ai adoré ce roman gigogne dans lequel fiction et réalité s'entremêlent habilement , véritable critique du capitalisme, bel hommage au roman noir et mode d'emploi de l'écrivain. Avec de l'humour en prime. A lire l'esprit bien éveillé. Un très chouette moment 😀
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Prenez un écrivain plutôt connu, déjà auteur d'une douzaine de romans parus chez un grand éditeur de la place de Paris. Un auteur qui n'aime rien tant que créer de la connivence avec son lecteur, l'embarquer dans des jeux de pistes toujours plus inventifs pour le laisser une fois encore admiratif, le sourire aux lèvres et les neurones rassasiés. Un auteur qui cette fois pousse le bouchon encore un peu plus loin au point de poser un sérieux cas de conscience à celle (moi-même) qui entreprend d'écrire une chronique de son livre : comment parler d'un texte où tout est jeu, faux-semblant et cache-cache sans rien dévoiler au lecteur suivant ? Cet écrivain aurait-il inventé le roman impossible à chroniquer ? J'ai hâte de voir comment les journalistes critiques littéraires vont s'en sortir...

En fait, il y aura deux cas de figures : ceux qui connaissent Vlad Eisinger et ceux qui ne le connaissent pas. Personnellement, en voyant son nom sur la couverture, je n'ai pas pu m'empêcher d'avoir un petit frisson d'excitation, me murmurant in peto "non... il n'a pas fait ça tout de même". Pour ceux qui ne le connaissent pas, alors, c'est moins drôle. Un roman de série noire de plus. Enfin non, pas tout à fait quand même. Car le bougre d'auteur trouve le moyen de casser les codes de la parodie en inventant le roman gigogne à l'infini. L'histoire d'un type qui écrit l'histoire d'un type qui écrit l'histoire d'un type qui... bon, vous avez compris. Avant de se consacrer à la littérature, Vlad Eisinger était journaliste financier à New York. Faute de ventes suffisantes pour un niveau de vie correct, malgré le succès d'estime de son fameux Roman américain, il accepte des travaux de commande et notamment d'écrire la biographie d'un homme d'affaires un poil mégalo. Sauf que cette mission va totalement déraper, l'entrainer dans une dimension insoupçonnée et mettre sa vie en danger. Ce manuscrit, transmis à un ami qui s'est chargé de le traduire est en quelque sorte son assurance-vie...

Sorte d'objet littéraire en 3D, ce roman est un concentré d'intelligence et de malice qui immerge le lecteur dans le processus de création, le ballotte entre fiction et réalité au même rythme qu'une boule de flipper. On s'y confronte à la réalité des enjeux du milieu de l'édition piloté par l'argent, on explore les questions du pouvoir de la littérature et plus particulièrement de la fiction au service du fameux storytelling. Tout ceci avec une once d'humour, une dose de moquerie (cette manie des lecteurs de vouloir absolument savoir ce qui est vrai ou pas dans les romans, par exemple) et une sacrée virtuosité qui parvient à englober des tas de sujets très actuels en les planquant derrière un emballage ludique de haute qualité qui épouse les codes de la série noire. Avec en premier lieu une plongée dans les névroses de l'écrivain tiraillé par la crainte d'écrire toujours le même livre et obsédé par l'idée de prouver le contraire. Mission accomplie, cher monsieur.

Je vous laisse apprécier ce petit dialogue savoureux entre Vlad et son éditrice :

-Et tweete davantage, bon Dieu, on jurerait que tu n'as rien à dire. / - C'est que je suis écrivain, pas bateleur de foire. / - Alors, poste de fausses critiques à ta gloire sur Goodreads. Prends exemple sur Dan Brown, il parait qu'il ne laisse à personne d'autre le soin d'écrire les siennes."

Vous verrez, on apprend aussi un tas de choses sur la façon de pondre un best-seller (et de soigner les scènes de sexe), c'est l'une des multiples dimensions de ce roman jubilatoire. Il existait les fameux "livres dont vous êtes le héros", voici désormais le héros dont vous êtes le livre. Ou quelque chose comme ça. A force de renverser les points de vue, difficile de savoir à la fin qui est l'auteur, qui est le lecteur et où sont passés les personnages. Brillant.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Cinq étoiles pour ce roman, polar, thriller, livre d'action, d'humour et j'en passe.
Une histoire dans l'histoire de l'histoire, une préface et une post-face de l'éditeur telle, qu'on se demande si ce que raconte Vlad Eisenger, lui est vraiment arrivé. A-t-il vraiment disparu après avoir "dévoilé" les magouilles "légalisées" de Wall Street?
Je ne vais pas m'étaler sur le synopsis, vous l'avez lu, et d'aucuns d'entre vous l'ont commenté. En plus d'un texte jubilatoire, c'est le montage de l'histoire qui sort vraiment de l'ordinaire (voir synopsis). Des scènes très drôles, des pastiches, des allusions, des références à des auteurs américains et français, un changement d'écriture pour corser le tout.
Ceci est la partie visible du glaçon. Pardon, de l'iceberg....
Car Vlad Eisinger -en supposant qu'il s'agisse de son vrai nom- a écrit sept romans avant de se mettre au "polar" (à sa sauce). Question que je me pose: est-ce que ses sept premiers romans n'ont pas marché ? (tout comme ceux de son héros), et du coup change-t-il de style, du tout au tout?
Ce n'est pas sans me rappeler un excellent auteur italien, Giorgio Scerbanenco , qui a longemps écrit des romans hérotico-pornographiques, ne connaissant qu'un succès "d'estime" -le genre de romans où l'on confirme que "ce sont souvent les femmes les plus légères qui occasionnent les dépenses les plus lourdes", -, jusqu'à ce jour où il sort son premier polar, et là, le succès!!! Et qui a perduré. Jusqu'à ce que l'auteur ne décède d'une crise cardiaque un soir où il s'apprêtait à aller diner au restaurant avec son épouse.
Se posent alors peut-être ainsi les cruels dilemmes que peuvent connaître les auteurs (res): écrit-on avant tout pour se faire plaisir où pour séduire un public précis? Préfère-t-on opter pour un genre qui n'est pas le nôtre (roman plutot que polar, plutôt que Feel Good, ou l'inverse) parce qu'il est davantage porteur ? (remarquez que j'ai écrit "porteur", et pas "vendeur". mais cela ne vous a pas échappé). Préfère -t-on être un auteur élitiste, ou...populaire? (Des noms!!! Des noms!!!!).
En tout les cas, Eisinger a réussi un petit coup de maître, et ne passez pas à côté de cette petite pépite. Dont vous pouvez contribuer au succès.
Ne dit-on pas d'ailleurs que l'oeuvre échappe toujours à son créateur? confirmant ainsi que c'est le public qui décide de sa notoriété.

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Il fallait oser…
Imaginez un roman signé Hercule Poirot et préfacé par Agatha Christie, un roman au titre délibérément désuet et racoleur, un roman qui aurait été à sa place comme nul autre dans la mythique « Série noire » de Gallimard. Un roman qui raconterait l'histoire d'un homme qui raconterait comment il aurait écrit l'histoire qui finirait par raconter sa vie.
Imaginez un auteur plus roué qu'un privé enfanté par les géants de l'âge d'or du roman noir américain, un Keyser Söze plus vrai que nature passé maître dans l'art de la falsification éclairée (voire éclairante), de la création littéraire à tiroirs (voire à clefs) et du dédoublement (voire de l'effacement), capable de pousser la réalité dans les derniers retranchements de la fiction pour mieux hypnotiser ses lecteurs, ou, plus exactement, ralentir leur réflexion maligne jusqu'à l'arrêt total de leur méfiance vitale, tel un boa imperator de l'intrigue littéraire.
Et puis, ne pensez plus à rien et laissez-vous porter, par la voix de Vlad Eisinger, de Tom Capote ou de quel que soit le nom de cet auteur facétieux et si doué, décidément, qui n'a de cesse de nous surprendre et de nous entraîner toujours plus loin dans ce que l'écriture peut avoir d'inventif, de jouissif, d'insolent et de joyeux. D'étourdissant aussi, lorsque, utilisée avec brio, elle se met au service de la jubilation évidente d'un auteur brillant et du plaisir toujours renouvelé de ses lecteurs.
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Laser volait par cynisme, Tar par philanthropie : deux manifestations d’un même orgueil, deux faces d’une seule vérité. Soudain, je regrettai de ne pas pouvoir terminer mon livre. Car j’aurais atteint mon objectif de départ, j’aurais cerné la vérité au moyen de la fiction, en montrant la terrifiante diversité du capitalisme.
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Cette préface (Cercueils sur mesure de Truman Capote), à laquelle j’avais à peine prêté attention à l’époque, était capitale. Car elle disait que pour cerner le vraiment vrai, il était parfois nécessaire de sacrifier le vrai tout court ; ou, dans le cas présent, que pour parvenir à l’essence du meurtre diabolique, il était permis de conglomérer plusieurs affaires distinctes. Je comprenais les réserves que pouvait inspirer une telle approche. En qualifiant son texte de « récit véridique », Capote avait peut-être poussé le bouchon un peu loin. Mais personnellement, cela m’était égal, car il avait atteint à un degré de vérité incomparable. De même que l’Autoportrait à l’oreille coupée était plus authentique que n’importe quel selfie, Capote avait produit un faux plus vrai que nature.
(…)
Quel était mon projet à l’origine ? J’avais rêvé d’écrire un roman d’un genre nouveau, à mi-chemin entre la fiction et la réalité, afin d’exprimer l’essence profonde de Black et de son dirigeant. Tar ne m’avait pas laissé aller au bout de mon idée, mais celle-ci n’avait, selon moi, rien perdu de sa puissance. N’avais-je pas d’ailleurs atteint mon but sans le savoir ? Car, à la réflexion, ma peinture transposée de Black était plus conforme à la vérité que l’insipide monographie pour laquelle on m’avait engagé. La fiction s’était, une nouvelle fois, révélée plus pénétrante que le journalisme d’investigation. Je comprenais à présent pourquoi Truman Capote s’était permis d’agréger plusieurs affaires distinctes pour écrire Cercueils sur mesure : son texte romancé exprimait la vérité mieux que tous les rapports de police du monde réunis.
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Au fond, travailler sous pseudonyme pour une collection de seconde zone m’avait désinhibé. J’avais écrit sans me soucier de la critique, en présumant que mes lecteurs seraient rares et peu exigeants. N’ayant ni réputation à défendre, ni à me préoccuper de la place que ce nouvel opus prendrait dans mon œuvre, j’avais donné libre cours à ma verve, sans sentir derrière mon épaule le regard désapprobateur de mes maîtres en littérature. Bref, je découvrais un peu tard les vertus de la littérature sous contrainte : forcez un écrivain à composer un livre sans utiliser la lettre « e » ou à en situer l’action dans une station météorologique au Groenland et il vous révélera le fond de son âme plus sûrement que si vous lui laissiez carte blanche. Nos obsessions trouvent toujours à s’exprimer, surtout quand elles ont l’impression qu’on cherche à les en empêcher.
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Comme tous les grands groupes, General Motors, Ford et Chrysler sont tenus de constituer des réserves pour faire face au paiement des futures retraites de leurs employés. Ces réserves sont investies en actions et en obligations, et, à l’occasion, dans des supports plus exotiques comme des gisements de matières premières ou des parts de sociétés non cotées. Naturellement, quand la bonne conjoncture boursière gonfle les portefeuilles, ces entreprises ont tendance à surseoir à leurs versements annuels, préférant récompenser maintenant leurs actionnaires sous la forme de copieux dividendes qu’assurer la sécurité financière d’ouvriers qui ne partiront pas à la retraite avant vingt ou trente ans.
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Je connais peu d'auteurs à l'aise dans le genre pornographique. Les écrivains ont des parents, parfois aussi des enfants, et la perspective que les uns et les autres tombent sur leurs récits de braguette n'a rien de particulièrement réjouissant.
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