Il avait conservé son port d’arme mais, depuis l’ouverture de son cabinet, il n’avait jamais eu besoin d’y faire appel lors de ses interventions. Ses armes les plus utiles étaient le caméscope, le téléphone portable et l’appareil photo. Il rêvait d’enquêtes sur des disparitions ou des meurtres non élucidés mais la réalité du marché l’avait rattrapé. Son fond de commerce, c’était les faux arrêts maladie et surtout, l’adultère. Il traquait les effleurements de doigts à la terrasse des cafés, le baiser furtif à la sortie des restaurants, la main aux fesses devant l’entrée des hôtels, et parfois, le coït planifié dans des chambres qui avaient vu passer plus d’éjaculateurs précoces que d’acariens.
Tous les soldats de l’infanterie de ligne présents ce jour là possédaient leurs propres cartouches à blanc… sauf l’un d’eux qui a ajouté une bille de plomb à la charge de poudre. Le corps de mon frère a été retrouvé des heures plus tard, masqué par les épis au fond d’un fossé. Personne, au camp des Français, ne s’était inquiété de son absence. Il faisait pourtant partie d’un club de passionnés d’histoire napoléonienne.
D’ordinaire, il avait affaire à des femmes percluses de doutes, fragilisées par des craintes qui faisaient trembler leur menton. Il avait beau jeu de les rassurer. Il agitait alors quelques statistiques sur l’infidélité en milieu urbain, comme des hochets censés détourner l’attention d’un enfant pleurnichard. Mais cette fois, il se garda bien d’agir de la sorte.
C’est un roman… un thriller, en fait. On devine que l’intrigue prend racine en France, pendant la 2e guerre mondiale. Mais l’histoire est développée au cours de la génération suivante. J’ai lu le manuscrit de bout en bout et j’ai éprouvé un choc quand j’ai cru y reconnaître des analogies troublantes.
La vie serait indéfinissable ? Immatérielle ? Ce serait une propriété impalpable de la matière ? Non ! La vie était née dans l’eau. La vie était liquide ! Et pouvait prendre différentes couleurs. Le sperme qui fécondait, le lait maternel qui nourrissait étaient blancs.