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Antonia Garcia Castro (Traducteur)
EAN : 9782918767060
258 pages
Asphalte (09/09/2010)
3.84/5   22 notes
Résumé :


Écrites entre 1928 et 1933, ces chroniques sont autant d'instantanés, de tableaux courts de la capitale argentine, de ses habitants, de ses coutumes et de son rythme.

Car il y a bien une faune et une flore particulières à l'endroit : ses jeunes oisifs plantés sur leur perron, ses chantiers de construction pillés de leurs briques, ses maisons de tôle ondulée aux couleurs passées.

Chaque curiosité de Buenos Aires fait l'... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Roberto Arlt, auteur Argentin écrit des chroniques intitulées "eaux-fortes" pour le journal El Mundo. Elles seront publiées entre 1928 et 1933. Ces eaux-fortes sont rédigées sur commande du directeur du journal qui n'hésite pas à talonner son chroniqueur. Roberto Arlt écrit ses textes parfois "montre en main" dans un style qui lui est propre, on parle de style Arltien, il n'hésite pas à intégrer des mots d'argot de Buenos Aires dans ses portraits.
Chaque eau-forte est un tableau littéraire d'une rue, d'un quartier, d'un métier ou d'une personne. Ces petits textes de deux ou trois pages, qui peuvent se lire de façon aléatoire, transportent le lecteur dans l'ambiance des années trente.
Une eau-forte après l'autre, Roberto Arlt raconte Buenos Aires, non pas celle des touristes mais la capitale des Argentins de toutes conditions, ses maisons de tôles ondulées, ses jeunes oisifs, les conversations de café. L'eau-forte "La mère dans la vie et dans le roman" est un texte bouleversant.
La traduction d'Antonia Garcia Castro est une belle réussite et la couverture très colorée une invite à la lecture de ce petit bijou littéraire.

Un grand merci à Masse critique Babelio et aux éditions Asphalte.
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Eaux fortes de Buenos Aires.
Roberto Arlt
Asphalte Editions
Voici des odeurs, des couleurs, des senteurs, des défilés gracieux de séquences de vie argentines.
Nouvelles comblées avec Art par des mots extrêmement bien choisis par Roberto Arlt.
Ce dernier prouve sa maîtrise culturelle et intellectuelle et de son écriture et de Buenos Aires et de l'habitus des argentins. Roberto Arlt est brillant. Ses courts récits sont les différentes scènes de Buenos Aires, réalistes et humanistes. Nous visitons, explorons et entrons en scène nous aussi tout au long de la lecture.
Les Eaux Fortes de Buenos Aires sont des liqueurs qui donnent la vie jusqu'aux entrailles des maisons colorées de Buenos Aires.
Toutes sensibles, écrites hors murs, elles déploient la connaissance littéraire française, étonnamment exilées hors de l'Argentine.
Pourtant la fièvre palpitante de ce pays est dans chaque mot.
Hymne splendide « Aux fenêtres éclairées »
Page 108 : « fenêtre éclairée de trois heures du matin. Si on pouvait écrire tout ce qui se cache derrière tes carreaux biseautés ou brisés, on ferait le plus angoissé des poèmes que connaisse l'humanité. »
Ce livre est une ruelle pavée, où le lecteur marche avec la grâce des poètes en invité sublimé.
Les sensations argentines vous seront lecteur, toujours un manteau contre le froid de vos doutes.
La réalité séquentielle de l'idiosyncrasie argentine, dans Buenos Aires prend son envol. Nous entendons le bruit des verres qui s'entrechoquent pour trinquer. Voyons la lumière au travers d'une fenêtre magnifiée. Buenos Aires devient le reflet du monde, et une ville que l'on voudrait prendre dans ses bras , soudainement humaine.
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Dans son introduction, Antonia Garcia Castro, la traductrice de ce recueil d'articles de Roberto Arlt, donne la définition de"Eaux-Fortes" : Il s'agit au départ de gravures réalisées avec de l'acide nitrique. Ainsi le ton est donné, Roberto Arlt croque sur le vif ses contemporains dans le Buenos Aires des années 1930.
Le propos est légèrement moqueur (mais pas acide) puisque Roberto Arlt décrit sans concession le quotidien de ses voisins et que bien souvent ceux-ci sont, il faut bien le dire, fainéants et indolents.

J'ai particulièrement aimé le soliloque du célibataire, misanthrope misogyne (et qui n'aime pas les enfants non plus , je ne sais pas s'il existe un mot pour cela). Parmi les textes qui m'ont marqué je citerai aussi un excellent texte sur la corruption ambiante où les politiciens en prennent pour leur grade, le dialogue d'un homme et de sa fiancée (ou l'art de rompre en ayant tous les torts mais en retournant la situation pour qu'on ait l'impression que c'est la fiancée qui a tous les torts), l'homme qui ne se marie pas parce qu'il n'a pas d'argent pour s'établir, celui qui se marie et qui vit aux crochets de sa femme...

Roberto Arlt est un ami des mots et de la nuance, il trouve mille façons de décrire la fainéantise : celui qui ne fait rien par choix, celui qui s'installe sur une chaise devant la porte, celui qui fait semblant de travailler, celui qui attend sa retraite toute sa vie.....
Les femmes sont égratignées, elles-aussi, mais beaucoup moins que les hommes : elle sont souvent d'honnêtes repasseuses, travaillant 6 jours sur sept, elles rêvent de gagner au loto. Elles couvent leur progéniture (surtout les garçons) et ces nombreux égards les rendront paresseux à leur tour.

Dans ce Buenos Aires aux aspects de village (ah le passage sur le début des routes pavées qui rappelle, qu'avant, les chemins en ville étaient en terre battue!), on entend toutes sortes de langues qui se mélangent , s'interpellent et se répondent : italien, espagnol, allemand...
Profitant de la douceur des nuits, Roberto Arlt évoque avec dérision et humour les petits travers de ces hommes et femmes, qui rêvent d'une vie meilleure, les conversations entendues au café, le courrier des lecteurs du journal pour lequel il a écrit ses articles .

Enfin dans d'autres articles, Roberto Arlt sait preuve d'autodérision et cela fait bien passer l'ensemble des articles : l'auteur se met dans le même panier que ses contemporains. Pour ma part, j'ai ressenti un peu de moquerie mais aussi beaucoup d'indulgence et de sympathie pour ces petits riens du quotidien.
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ne série d'instantanés… C'est ce qui est écrit sur la quatrième de couverture et il est vrai que l'image (c'est le cas de le dire) est bien trouvé pour ces Aguafuertes porteñas…

Roberto Arlt est à l'image de ce nouveau monde argentin construit sur des cultures différentes. Et particulièrement Buenos Aires avec ses quartiers, son urbanisation. Et une langue qui se forme en empruntant et (dé)formant les mots de ses nouveaux habitants, de frais émigrants italiens, espagnols, etc.

Arlt nous donne à imaginer cette ville qu'il aime parcourir, le nez au vent. Ce sont bien des nouvelles d'un flâneur qui croise mille personnes, mille comportements généreux. Ou odieux comme ces parents négriers. Il a le temps pour lui, se poste sur une chaise, se fond derrière un café et regarde le spectacle épatant de la comédie humaine se jouer sous ses yeux amusés.

Pratiquement un travail d'entomologiste à plein temps. C'est qu'il faut les débusquer tous ces mesquins, hypocrites, jaloux, vaniteux, menteurs, couleuvres, raseurs, simulateurs…! Si certains sont sinistres et veules, l'aspect comique, bouffon l'emporte généralement dans ces descriptions amusées.

Et, à travers eux, c'est la silhouette même de la ville qui émerge, qui se dessine en filigrane. On y devine les modes de vie, la chaleur accablante des jours, la lumière et les nuits. Sans oublier ces chaises sur les trottoirs, ces hommes qui passent leur journée à regarder l'activité de leur rue, ces reclus volontaires du travail, fidèles à leurs épouses repasseuses…!

Je n'ai pas trop aimé le style, l'écriture de ces nouvelles, pensant que cela était lié à la traduction mais il semble que c'est l'une des particularités de l'auteur si j'en crois les quelques informations que j'ai glané. Bon, cela ne retire rien aux histoires qui se déroulent dans ces 255 pages, aux tranches de vie quasi montrées en confidence.

Un glossaire de trois pages accompagne le tout avec des mots qui m'ont amusé comme l'expression qui désigne un chapeau de feutre mou, Fungi, un mot emprunté à l'italien pour désigner un champignon.

Bref, cela se lit, se pose, se reprend au hasard des pages ouvertes mais attention, il est difficile de ne pas terminer la nouvelle sur laquelle nos yeux se posent, tranche de vie souvent inattendue, amusante. le tout dans une atmosphère que l'on peut ne pas apprécier… Tout en se surprenant à y revenir…!

Pour finir, je ne sais pas ce que Roberto Arlt aurait pensé de la tour de 1000 mètres de hauteur projetée par l'architecte Julio Torcello à Buenos Aires…!
Lien : http://www.urbanbike.com/ind..
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En dépit de sa courte vie (né en 1900 et décédé en 1942), Roberto Arlt, romancier et nouvelliste argentin eût le temps de marquer la littérature sud-américaine. Ses chefs d'oeuvre (il s'agit en réalité d'un diptyque) s'intitulent "Les sept fous" et "Les lance-flammes".
Il écrivait beaucoup sur les marginaux, les laissés pour compte... et aussi sur la ville.
C'est justement la ville qui est au cour de ce livre, et pas n'importe laquelle, une de ces rares villes dont le nom a lui seul fait rêver tant il met en branle notre imagination : Buenos Aires !
Tout au long de ces 215 pages, le lecteur, met ses pas dans ceux de Arlt au tournant des années 1930. Ainsi, il se faufile dans les ruelles, entre dans les petites boutiques où l'on répare des poupées ou s'étonne des grues abandonnées de l'île Maciel.
Il est certain que connaître Buenos Aires doit être un plus non négligeable pour la lecture de ce livre, cependant il n'est pas nécessaire d'y être jamais allée pour se régaler à la lecture de ces courts textes plein de vitalité, d'humour et de justesse. Amusante lecture aussi que celle du dernier texte du recueil intitulé "De l'inutilité des livres".
A noter : le petit lexique arltien... pour ceux qui seraient perdus et aussi une playlist à écouter pour se mettre dans l'ambiance.

Un beau livre publié par les éditions Asphalte (un éditeur à découvrir).

Merci à Babelio pour cette lecture en partenariat.
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Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
Chaque fois que je m’occupe du courrier des lecteurs, j’ad­mets volontiers qu’on me fait quelques éloges. Eh bien, aujourd’hui, j’ai reçu une lettre dans laquelle on ne m’en fait point. L’auteur, qui doit être une respectable vieille dame, me dit : « Vous n’étiez qu’un mouflet lorsque j’ai fait la connaissance de vos parents, et je sais qui vous êtes, derrière votre Arlt. »
C’est-à-dire qu’elle suppose que je ne suis pas Roberto Arlt. Chose qui commence à m’inquiéter, ou qui me fait penser à la nécessité de chercher un pseudonyme, car l’autre jour déjà, j’ai reçu une lettre d’un lecteur de Martínez qui me demandait : « Dites-moi, vous n’êtes pas monsieur Roberto Giusti, le conseiller municipal du parti socialiste indépendant ? »
Avec tout le respect dû au conseiller municipal indépendant, je manifeste que non, je ne suis pas et ne peux pas être Roberto Giusti, nous avons juste le même prénom, mais de surcroît, si j’étais conseiller municipal d’un parti, ça ne me viendrait pas à l’esprit d’écrire des articles, je passerais mon temps à faire des siestes de pacha et à me « rallier » tous ceux qui pourraient avoir besoin d’un vote pour faire approuver un arrêté qui leur donne des millions.
Cependant, d’autres personnes m’ont déjà demandé : « Mais dites-moi… ce Arlt, c’est pas un pseudonyme ? »
Et vous comprendrez que ce n’est pas chose agréable que d’être toujours en train de démontrer aux gens qu’une voyelle et trois consonnes, ça peut faire un nom de famille.
Ce n’est pas ma faute si un monsieur né dans des temps immémoriaux, allez savoir dans quel trou perdu de Germanie ou de Prusse, s’appelait Arlt. Non, ce n’est pas ma faute.
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Une de ces veuves qui s'empressent de vous montrer le portrait d'un sujet moustachu aux favoris proéminents, tout en vous disant : "Mon défunt mari ! Il est mort retraité."
Et ce mot de retraité, on l'ajoute comme si c'était un titre honorifique et qu'on voulait dire : "Mon défunt mari ! On lui a décerné la Légion d'honneur."
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Et comme bien d'autres choses, cette exaltation de la mère, cette adoration de la mère qui confine au religieux, on la doit aux écrivains russes. Du fond d'une prison ou dans la terrible solitude de la steppe, tous ces hommes, accablés de fatigue et de tristesse, ont eu soudain la vision de la femme, "chair fatiguée et douloureuse", qui plus tard, imperceptiblement penchée sur eux, leur soufflera les plus belles pages qu'il nous ait été donné de lire.
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Or tout le monde sait qu'en temps de crise, les braves gens qui ont des dépôts dans des institutions bancaires s'empressent de les retirer, en proie à un sentiment de panique. Quelque chose du même genre se produit chez le jaloux. À la différence que celui-ci se dit que si sa "banque" fait faillite, jamais plus il ne pourra déposer son bonheur ailleurs. Cette catastrophe mentale est le lot des petits financiers sans envergure et des petits amoureux sans expérience.
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CONCEPT CLAIR

Si vous aspirez à un « concept clair de l'existence », vivez. Pensez. Travaillez. Soyez sincère. Ne vous mentez pas à vous-même. Analysez. Étudiez-vous vous-même. Le jour où vous vous connaîtrez parfaitement, souvenez-vous de ce que je vous dis : vous ne trouverez pas dans un livre la moindre idée qui vous surprenne. Tout sera déjà vieux pour vous. Vous lirez par curiosité des livres et encore des livres pour parvenir à ce fatal mot de la fin : « Ça alors ! J'y avais déjà pensé. » Et aucun livre ne pourra plus vous apprendre quoi que ce soit.
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