AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Écrits de nature tome 3 sur 2

Jean-Pierre Delapré (Illustrateur)
EAN : 9782862312835
297 pages
Maurice Nadeau (19/06/2020)
3.62/5   4 notes
Résumé :
Ce tome III des Ecrits de nature rassemble plusieurs recueils. Le Roc et la Faille explore les falaises de Saint-Pierre et Miquelon et une "île aux oiseaux" au nord de Saint-Pierre, le Grand Colombier. Petit Nord traite d'un
village extérieur de la côte de Terre-Neuve, seulement accessible en bateau, et Envol de l'ours est un texte permis par des rencontres avec les ours noirs, dans les montagnes de la grande île. Les Doigts du harfang
relate une autre... >Voir plus
Que lire après Ecrits de nature, tome 3 : Atlantique NordVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Avouons-le, j'ai picoté des bouts de textes, grignoté des images, traversé des impressions, sans m'abandonner corps et esprit à une lecture continue. Une attention intermittente en phase avec le déroulé actuel de mon quotidien qui ne m'a pas laissé le loisir d'une immersion complète. D'où ce terrible jour de retard qui s'est rajouté au temps imparti pour rendre ma critique, premier manquement de ma vie amoureuse avec Babelio - 8 années de relation toute de séduction, d'enlacements, de volupté et d'ouverture de nouveaux chemins, tout de même !

"Par instinct, j'ai distingué de la neige la ligne altérée du lagopède. Mais j'ai ignoré pendant une demi-heure le tracé d'un sentier inratable. Sélectif, l'esprit est capable des plus grands manquements et des plus hautes performances pour ce qui l'intéresse." (280)

Les sentiers fourmillent entre les pages de ce livre. Layons ou tortilles, selon l'inspiration, traversées de l'eau souvent, Alexis Gloaguen écrit en extérieur, en situation, de manière discontinue, une paire d'yeux posée sur le monde, l'autre sur la page. Les écureuils bondissent, le chevalier maubèche tourbillonne, le fou de Bassan pique en oblique. le ressenti tâtonne pour se dire sur la page. Finalement, nous étions assez en phase, lui et moi, en notre attention en pointillé. Cela donne un drôle de petit ouvrage, riche de sa couverture cartonnée à l'épreuve des voyages et de ses délicates illustrations qu'on croirait tout juste croquée, encore humides de peinture, tant l'immédiateté des impressions se fait sentir à travers le texte. C'est souvent trop écrit pour qu'on puisse se laisser aller sur un flux romanesque, le mot est tellement ciselé qu'il y faut une navigation adaptée, à petits coups de rames attentifs aux moindres cailloux, aux moindres courants. Parfois, cela réveille l'imagination dans une fluidité connivente passagère, parfois cela reste mystérieux ou un peu engoncé, trop esthète à mon goût. Mais la recherche est là. J'ai beaucoup aimé le travail qui est fait sur l'instant, le réel, la perception. Je n'ai pas éprouvé de réel plaisir, mais certaines fulgurances m'ont pénétrée et risquent de m'habiter. Je reviendrai...

"Je veux seulement me déposer sur la page comme une incitation à un souffle, ou l'air granulant les feuilles d'une haleine d'humidité. Je veux mourir au monde à la fin des paragraphes et renaître lorsqu'à la ligne s'opère l'inversion de la marée. La vie livre alors un fil d'énergie pure." (91)

[Lu dans le cadre de ces fabuleuses masses critiques]

Commenter  J’apprécie          51
Au-delà du Saint-Laurent, dans le plus grand estuaire du monde.
Maurice Nadeau (1911-2013), remarquable éditeur à la longévité exceptionnelle souhaitait faire paraître les « Ecrits de nature » d'Alexis Gloaguen. La nouvelle équipe éditoriale a pris le relais et fait aboutir un projet porteur et enthousiasmant même s'il demeure relativement confidentiel. En 2020, le tome 3 des « Ecrits de nature » centré sur l'Atlantique Nord clôt la trilogie et fait suite chronologiquement au volume 1 paru en 2017 consacré aux Îles britanniques et au Morbihan et au volume 2 (2018) centré sur l'Ecosse et la Bretagne.
Hibou emblématique du Canada, le Harfang des neiges ouvre le bal dans le tiers livre des « Carnets de nature ». Son apparition à la Pointe du Diamant sur l'archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon est une source d'émerveillement pour l'observateur qui étudie son « frère de plumes » dans le détail malgré l'hostilité de l'environnement qui oeuvre aussi à la grâce de l'instant. Ilot coiffant le nord de l'île Saint-Pierre, le Grand Colombier, refuge d'oiseaux pélagiques, ouvrant sur la béance de l'Atlantique nord captive Alexis Gloaguen dans le texte suivant « le Roc et la faille ». Son désir de faire corps avec la gent ailée l'entraîne dans des reptations acrobatiques flirtant avec l'abîme. Si le Colombier inspire la vie, la faille, avec son chien Labrador gonflé par la mort, entraîne le regard vers le cloaque de la pollution et l'engluement vers le néant : « Sur les roches, c'est le volettement dérisoire de la vie ». L'auteur s'accroche pourtant et sa danse sur le fil de la falaise, au plus près de la vie volatile, démultiplie l'intensité de l'instant, sa présence au monde, cherchant à : « toucher l'écorce du présent » pour « s'ouvrir à l'éternité ». de ses affûts exposés au vent et au gouffre, Alexis Gloaguen « rafraîchit le monde au papier de verre de la poésie ».
La force de l'écriture réside en partie dans la précision du vocabulaire naturaliste, le rendu de la vie par des phrases habitées et dans le balayage attentif des composants d'un environnement ensauvagé. Voir, s'imprégner, écrire afin d'appréhender, c'est-à-dire saisir au corps le monde dans son impermanence et son infini. Bien que l'auteur préfère harponner l'idée par le mot, exprimer le concept, c'est dans la description lapidaire et fouillée, passée au scalpel de la langue qu'il excelle. le texte de 70 pages « L'heure bleue » en est un bon exemple. Il occupe une place centrale et conséquente dans le recueil. Davantage dirigé sur la réflexion liée à la nécessité d'écrire, il place en retrait les observations de terrain et paradoxalement dilue le propos et la force des idées pourtant fondées et pertinentes. « Regards ouest », composés d'inédits, ouvrent, dans une phrase ultime et méditative, une trilogie exceptionnelle, nourrie d'illustrations remarquables, sertie dans une édition soignée qui placent les « Ecrits de nature » dans le giron des oeuvres durables.
Commenter  J’apprécie          10
J'avoue avoir eu quelques difficultés à finir cet ouvrage. Parfois, les textes m'ont plu parfois ils m'ont "bardé", je les trouvais inintéressants. Je l'ai lu un peu en diagonale. Ces écrits sont le récit soit de ces promenades, soit de ces affuts à Saint Pierre et Miquelon, le Labrador, Terre Neuve. Une description du monde animal. Au grè des pages, on rencontre ce monde animal. Comment par exemple des petits pingouins guillemots lui rendent visite. J'avoue adorer ces régions sauvages mais je n'ai pas retrouvé leur magie dans les écrits de Alexis Gloagen. Cela manquait de liant, de fantaisie, d'impressions sauvages. Peut-être j'attendais des aventures, des excursions, des récits de rencontre. Ce n'était que suite d'écrits, d'impressions. le texte le plus magnifique est l'Heure bleue. Avec de très belles comparaisons sur les instants, le rapport à l'écriture, le rapport à la nature. Ce texte avait une certaine poésie dans les mots choisis, transmettait une certaine philosophie. Des images nous viennent pleine de plénitude et de sérénité.
Par contre, les illustrations naturalistes sont magnifiques. En tournant les pages, on rencontre un macareux, un ours, un lynx, un harfang, une baleine à bosses. Les dessins sont magiques parfois sans rapport avec les écrits d'ailleurs. Mais ils relèvent bien la personnalité des animaux. Une photographie en dessin. Quelques gravures mériteraient d'être accrochés ou vendus comme tableau. Un livre à offrir surtout pour les gravures.
Commenter  J’apprécie          10

Citations et extraits (2) Ajouter une citation
La noirceur s'installe en nacre de nuit. La rancœur, la bêtise de certains les engagent à nous détruire. Ils peuvent saisir les corps, faire souffrir pour démontrer leur puissance, le temps d'un mirage. Ils peuvent tout réduire sauf la griffe des visions, le stigmate qui s'ouvre au creux des mains repliées, puis s'écoule sur la page. (96)
Commenter  J’apprécie          50
Ces trois éclats percèrent ces dernières années, me frappèrent d'une interrogation sur le contour des choses, révélant les possibilités qu'elles offrent à tout instant d'un renversement de regard. Je réalisai que les moments de surprise, induits par le miracle de l'heure, advenaient comme une syncope de poésie, une torsion de musique du monde.
Commenter  J’apprécie          00

autres livres classés : labradorVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (6) Voir plus



Quiz Voir plus

Impressionnisme (2)

Sur les traces d'un jeune artiste né en 1851 à Montpellier dans une famille protestante aisée, passionné de musique et pratiquant la peinture en dilettante. Après avoir abandonné ses études de médecine pour se consacrer entièrement à la peinture il rejoint l'atelier du peintre suisse Charles Gleyre où il rencontre Pierre-Auguste Renoir, Alfred Sisley et Claude Monet auxquels il se lie et qu'il soutient financièrement à plusieurs reprises. A distance de la peinture académique et partageant leurs idéaux esthétiques Frédéric Bazille fait partie du groupe naissant des premiers impressionnistes "les historiques". Pourquoi n'a-t-il n'a-t-il pu participer à la première exposition impressionniste de 1874 alors qu'il en avait suggéré l'idée en 1867 ? 😭✝️

Il s'était brouillé avec Claude Monet en 1873
Son père briguant la fonction sénatoriale s'y opposait
Gabriel Fauré son ancien professeur de piano l'en dissuada
il est mort pendant la guerre franco-prussienne de 1870
Il avait repris ses études de médecine

1 questions
28 lecteurs ont répondu
Thèmes : peinture , impressionnisme , Expositions , histoire de l'art , peintreCréer un quiz sur ce livre

{* *}