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EAN : 9782714459626
224 pages
Belfond (04/02/2016)
3.72/5   16 notes
Résumé :
De 1917 aux années 1960 en Belgique, l'itinéraire d'un petit garçon en proie à la barbarie des adultes. Un roman troublant et sublime sur les orphelinats et les lieux d'enfermement pour enfants. " Il m'a fallu des nuits et des nuits pour aimer l'enfant que je fus. " Lorsque son père meurt en 1917 sur le front belge, Louis est placé dans un pensionnat loin de sa mère et de ses frères et soeurs. À l'ombre d'un conflit qui s'éternise, il rêve d'un bateau pour échapper ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Le petit Louis rêve de bateaux et d'héroïsme, et pour cause : il a assisté au départ de l'Atlas V, le bateau qui a défié le blocus allemand sur la Meuse pendant la première guerre à Liège et qui a réussi à faire échapper des soldats belges qui ne voulaient pas être envoyés en Allemagne. Mais voilà, Louis fait partie d'une famille pauvre, d'autant plus fragile en ce temps de guerre que l'occupation pèse durement sur les Belges et que le père de l'enfant se fait tuer sur le front de l'Yzer. La mère n'a bientôt plus d'autre choix que d'envoyer sa fille aînée travailler et de placer Louis et sa petite soeur Rose en orphelinat tandis qu'elle garde le plus jeune fils, Paul, avec elle. Louis découvre ainsi cette implacable institution qu'est l'orphelinat du Vertbois, où les privations, les vexations et les punitions corporelles sont le quotidien des enfants qu'on lui « confie ». Il réussit à ne pas sombrer dans la folie ou dans la délinquance grâce à ses rêves de bateaux, entretenus par un soldat canadien réfugié qui lui parle de l'expédition de Shackleton en Antarctique, grâce aux quelques lettres qu'il parvient à échanger avec Rose et grâce à ce qu'il entrevoit du monde extérieur quand il peut regarder à travers les fenêtres. Pendant ce temps, sa mère finit par céder à la folie et est internée tandis que Paul est envoyé dans une maison de redressement pour ce que l'on jugerait aujourd'hui des broutilles.

La guerre se termine et Louis est renvoyé bien plus tard dans ce qui lui reste de famille. Sa soeur se laisse absorber par son propre orphelinat et rentre dans le moule religieux, une façon sans doute d'accepter son sort d'enfant abandonnée et les violences subies. Louis cherche sa place dans la famille et le monde. Incapable de réaliser ses rêves d'évasion en bateau, il trouve le « salut » dans l'écriture et devient journaliste. Il fondera une famille malgré ses fragilités et sa peur de devenir père et deviendra le témoin de la marche inexorable vers la deuxième guerre. Il n'aura de cesse de retrouver son petit frère Paul.

L'histoire de Louis, c'est l'histoire d'une enfance abîmée, maltraitée dans les conditions atroces de l'orphelinat et aussi des bagnes pour enfants de l'époque que Luc Baba décrit avec lucidité, sans fioritures mais sans omission. C'est aussi l'histoire d'une résilience, une résilience qui ne dit pas son nom car elle marche sur le fil de l'abîme, entre courage et désespoir, entre désolation et goût de la liberté. L'auteur raconte cette histoire sur fond d'histoire de la Belgique, de 1917 à 1953, en évoquant notamment la mutinerie de l'Atlas V, les charbonnages et les industries mosanes, la résistance pendant la seconde guerre mondiale, l'expo universelle à Liège. Son réalisme est éclairé par les rêves de Louis et la poésie qui se dégage de son écriture, envers et contre tout. Une très belle lecture qui me permet, après Chronique d'une échappée belle, de découvrir la plume romanesque de Luc Baba.
Lien : https://desmotsetdesnotes.wo..
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Enthousiasme et émotion au moment de refermer le dernier roman de Luc Baba. le style de l'auteur, moi, je l'ai adoré. Son écriture est profondément intelligente, sensible, parfois drôle, souvent poétique. D'une poésie qui touche, qui bouscule, une poésie ancrée dans le réel, qui donne véritablement à voir les personnages, leurs émotions, leur histoire.
Le roman nous emmène dans les bagnes et orphelinats pour enfants du siècle dernier, où des enfances se fracassaient par dizaines et centaines. Mais c'est d'abord la vie de Louis que nous suivons, de son jeune âge meurtri dans l'une de ces institutions à sa vieillesse en voie d'apaisement. Il y a ces années au Vertbois et le vertige à la sortie, sa femme et son fils pour conjurer le passé et la peur, Henri le marin canadien pour alimenter le souffle de la liberté, son métier de journaliste pour prendre une place au monde,... Et ces bateaux qu'il rêve de prendre...
L'histoire de Louis, Luc Baba l'inscrit dans la "grande histoire", celle des charbonnages et des mines, des deux guerres et de la résistance, de l'expo universelle de Liège,... Ce contexte historique bien réel (l'auteur s'est visiblement bien documenté), au-delà de nous apprendre l'air de rien des choses de notre passé, a pour effet de nous rendre Louis particulièrement proche. Et ses questionnements de faire écho aux nôtres... Car ce qui traverse sa vie nous traverse tous et toutes aussi, individuellement et collectivement : la quête de la liberté. Et d'abord que veut dire être libre ? Comment abandonner ce qui nous entrave, nous lie, nous cloue au sol ? C'est la grande question que pose le roman, celle de l'humanité, celle de la souffrance inhérente à notre condition. Et le roman nous laisse le soin de trouver nos propres réponses. Louis trouve-t-il son chemin de liberté ou sa recherche sera-t-elle sans fin ?..
En résumé, Elephant Island m'a passionnée, émue, m'a fait réfléchir et offert de grands moments d'humanité. Vivement le roman suivant !
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L'histoire débute durant la Première Guerre Mondiale...
Alors que leur père est au front, où il mourra, la mère de Louis, démunie, le place à Vertbois, institution pour garçons, ainsi que sa soeur Rose, qui elle rentre à Sainte Barbe, orphelinat dirigé par des soeurs; quant à Hélène, la soeur ainée, elle doit aider sa mère et Paul le cadet est trop jeune pour être éloigné...
Peu à peu elle sombrera dans la folie et sera internée, quant aux enfants, éparpillés, leur destin dépendra des rencontres qu'ils feront au cours d'un parcours plus que chaotique...

Le lecteur est emporté par une vague d' émotions et de sentiments, plonge dans la vie de Louis, enfant abandonné, et navigue dans une histoire touchante et tristement universelle, dans le monde de l'enfance maltraitée, abimée, détruite, où règne soumission et violence...

Comment peut-on résister dans de telles conditions ? Quels moyens de défense l'être humain peut-il utiliser pour survivre ?
Le rêve peut être... mais le chemin de la liberté est long et tumultueux.

Ainsi sa vie durant, Louis rêvera de quitter sa région pour des contrées lointaines, de prendre la mer, se nourrira des histoires des autres, en fera même sa profession, journaliste...
Eléphant Island est son rêve improbable, à la fois irréel et prégnant...

Mais, à des degrés différents, chaque individu n'en a t'il pas un ?...
Un beau texte, dur, mais que l'on ne peut quitter.

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Elephant Island est pour moi la trace d'une voix. A travers la langue poétique de Luc Baba, c'est la voix de son héros Louis qui se fait entendre. Qui nous embarque de ses rêves de résistance, quand l'Atlas V perce le blocus allemand sur la Meuse en 1917, à ses rêves d'amour, quand il ne lui reste que l'amitié d'un marin fantasque et l'espoir de sortir son frère d'une institution inhumaine. Louis est marqué par la disparition de son père, blessé dans son rapport aux femmes depuis que sa mère l'a abandonné dans un orphelinat mais il garde contre vents et marées la volonté d'une vie plus grande et plus digne d'être vécue, quand les bateaux et les océans sont des antidotes aux murs et à la méchanceté.

Un grand roman, autant historique dans les coulisses obscures de l'époque qu'il traite, que contemporain dans sa langue et le souffle de liberté qu'il charrie.
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Louis, 7 ans, est placé en internat par sa mère qui ne sait plus s'occuper de lui ni le nourrir en plein coeur de la première guerre mondiale. Louis, lui n'a qu'une envie, monter à bord d'un bateau et remonter la Meuse pour rejoindre les troupes et se battre pour sa patrie comme son père qui y a perdu la vie.

La vie à l'internat, décrite dans la première moitié du livre, m'a fait penser à "La Guerre des Boutons". Cette bande de petits gars qui se rebellent contre l'autorité et qui doivent se prouver aux plus vieux m'a fait sourire tendrement à plusieurs moments.

Suite à la guerre, on assiste à la décomposition de cette famille dont les membres deviennent soit fou, rebels, fanatique ou tout simplement désespérés.

Ce livre est rempli d'émotions contenues, cette sorte de fierté masculine qui empêche de perdre la face. Il y a un défaitisme lattant et au fur et à mesure du récit l'ambiance se terni, l'espoir s'évapore et le courage s'échappe.

C'est la façon qu'a Luc Baba de transmettre ces sentiments qui m'a particulièrement marqué dans Elephant Island. J'ai été ravie de découvrir cet auteur belge que je ne connaissais pas. Sa plume m'a vraiment plu et si je tombe à l'occasion sur d'autres de ses oeuvres je ne manquerai pas de les lire.
Lien : http://biblinua.blogspot.com..
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
-Si je reste chez Angèle, c’est parce que je ne sais pas comment on fait pour aller quelque part. Je m’occupe des patates et des pois, voilà ce que je fais. Des fois je suis debout au milieu de la chambre et j’ai envie de demander mon chemin, je le connais pas et je regarde par la fenêtre et je me dis putain de rosiers, saloperies d’abeilles, et je maudis les moineaux en me demandant pourquoi on ne me les a jamais présentés. C’est trop tard, maintenant. On nous a bien appris à bénir les murs, et le jour où tu veux passer de l’autre côté, t’as l’horizon qui te fauche les jambes, t’es à genoux, et tu rentres et tu regardes par la fenêtre. Enfin j’essaye, je me dis que c’est juste une question de semaine. (p. 138-139)
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Angèle me laissa l’essentiel du travail de la terre, mais je regardais plus souvent le ciel que la terre et je pestais contre l’insecte, le soleil dur ou la maigreur d’un plant. J’aimais les coquelicots et le mouron rouge, ça oui, j’en aurais semé autant que possible pour colorier le monde et laisser tout éclore au hasard des averses, m’asseoir ensuite et m’étonner, mais sarcler et planter droit, ce n’était pas un métier pour mes mains. (…) Si je restais chez Angèle, au lieu de suivre Gustave à Ciney, si je restais là, auprès de cette femme qui pourrissait l’air de ses sarcasmes, c’était en attendant la raison suprême de partir, la raison pour laquelle on perdrait la vie. (p. 121)
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Je me détournai des copains, sauf pour les aider, ce qui m’évita l’isolement. Je dessinais des bateaux quand il fallait écrire, j’écrivais quand il fallait compter, je rêvais quand il fallait courir. Cela me valut quelques punitions qui m’accablaient à peine. D’ailleurs les pions me punissaient sans entrain avec l’air de s’excuser, vu que je ne gaffais plus que par distraction, rien de nuisible. En outre, j’étudiais, j’honorais mon surnom de Rimbaud, je tuais les mouches et je m’intéressais autant à la littérature qu’à la fonderie. (p. 64)
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Un fleuve, ça ne raconte rien aux enfants, ça passe comme du temps, on y cherche des poissons énormes, on maudit les pêcheurs. Pourtant je ne vois le début de ma vie nulle part ailleurs que dans l'inutilité de ses berges et de ses vagues indolentes.
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Videos de Luc Baba (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Luc Baba
A l'occasion des Nuits de la lecture 2021, et pour lancer officiellement le Prix Facile à lire Bretagne à Saint-Méen-le-Grand en janvier 2021, la médiathèque avait prévu des lectures musicales en partenariat avec l'Ecole de Musique du Pays de Brocéliande. Le contexte sanitaire a compromis l'organisation de cette présentation avec du public, mais Christèle Bichot, la responsable de la médiathèque, a pu bénéficié de l'aide précieuse de Véronique Piron pour enregistrer en vidéo des lectures, accompagnées par ses élèves mévennais de l'Ecole de Musique.
Une Nuit de la lecture 2021 inédite, que la médiathèque et l'Ecole de Musique proposent à tous de découvrir en vidéo, un grand merci !
Dans cette vidéo, Christèle Bichot, responsable de la médiathèque de Saint-Méen-le-Grand, présente et lit des extraits de "Nous serons heureux" de Luc Baba (éd. Weyrich), tandis que les élèves de l'Ecole de musique l'accompagnent au piano et à l'alto.
#livre #Bretagne
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