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EAN : 9782755508208
64 pages
1001 Nuits (14/06/2023)
3.66/5   32 notes
Résumé :
Afin de pallier une activité quotidienne trop intense, l'oisiveté permet de se retirer pour trouver dans la contemplation et la méditation une forme de bonheur.

Le traité est accompagné de cinq des Lettres à Lucilius sur la notion de l'oisiveté.

L’oisiveté (otium) n’était pas pour les Romains un vilain défaut mais, au contraire, le contrepoint nécessaire au negotium, à l’activité, celle des affaires courantes et extraordinaires, qui di... >Voir plus
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POUR UNE OISIVETÉ PRODUCTIVE ET HEUREUSE ?

Ce bref mais ô! combien dense opuscule des éditions Mille et Une Nuits intitulé par leurs soins "Éloge de l'oisiveté" n'a jamais été réellement composé de cette manière-là par le philosophe romain du Ier siècle après Jésus-Christ Sénèque, car terriblement incomplet. L'ouvrage se compose donc comme suit :

Les cinq premiers textes sont les seuls fragments qui nous restent d'un ouvrage intitulé de otio (l'oisiveté), probablement rédigé dans les dernières années de la vie de Sénèque (62 - 65)

La seconde partie est composée de cinq des 124 lettres magnifiques de sagesse, écrites lors des dernières années de la vie (63–64) du philosophe à l'intention de Lucilius le Jeune, alors gouverneur romain de Sicile.

Comme il l'avait déjà fait dans l'un de ses ouvrages précédents, de la brièveté de la vie (De breuitate uitæ), il fait ici un éloge du retrait et de ce fameux "otium" que nous traduisons comme nous le pouvons par ce terme d'oisiveté qui, au fil du temps, s'est acquise une bien mauvaise réputation - surtout à partir du moyen-âge où oisiveté prendra plus au latin vitiosus (gâté, corrompu, vain) qu'à son autre racine plus vraisemblable - recouvrant tout le champ lexical de la paresse, de la fainéantise, de l'occupation ne rapportant rien (pécuniairement). En bref, cette oisiveté va devenir ce sport exécré et exécrable des oisifs, des bons à rien, quelque chose de parfaitement vain, vide, inutile.

De cette oisiveté-là, il n'est absolument pas question chez nos antiques. Sans doute une meilleure presse lui eût-elle accordé une traduction plus juste de loisir (la "skolhè" des grecs) et même de loisir utile, afin de bien marquer sa différence d'avec le simple farniente, de méditation, bien que ce dernier terme recouvre aussi d'autres domaines. Chez nos romains, l'otium n'est en rien l'absence d'accomplissement, il en est même l'inverse, mais il passe par la réflexion, la méditation, c'est, en quelque sorte, l'équivalent cérébral et spirituel de l'activité physique à laquelle le soldat s'astreint dans l'intérêt de son corps et de sa bonne constitution.

Préférer l'oisiveté n'est donc pas un vilain défaut. Cet exil de la pensée permet, selon Sénèque (dont la mort est attestée en 65 ap. J.C), de se déprendre des affaires et des passions de la vie quotidienne. Cultiver son oisiveté, c'est se donner l'occasion de méditer sur soi-même, sur les autres et sur le monde. A l'opposé, farniente et apathie sont tout autant proscrits pour donner lieu à un idéal de sagesse. Ainsi, persévérer dans cette activité de l'esprit n'est ni un vice, ni une fuite, mais le privilège du sage qui sait vivre en autarcie, plus ou moins définitive ainsi que nous allons le voir par la suite.

Car, hélas, on oppose généralement l'otium, et peu vite, au negotium, comme s'il en était l'antithèse absolue, l'ennemi définitif, le mauvais génie. Si le premier s'en différencie en ce qu'il impose le calme, le retrait, la contemplation, tandis que le negotium représente le monde des affaires, du commerce, ce qu'on appellerait aujourd'hui en bon franglais le "business", ces deux concepts sont, en réalité, les deux faces d'une même pièce qu'il serait vain de vouloir systématiquement dissocier, en faire des ennemis irréconciliables. Ainsi, le negotium devient-il une activité qui relève de l'otium, et dans laquelle il s'inscrit.

C'est ce que ne cesse d'expliquer Sénèque à son disciple Lucilius, ce qui ne l'empêche pas de le mettre constamment en garde contre les mauvais penchants que le negotium impose à l'homme de vices irréconciliables avec le seule idée de bonheur : l'ambition (qui n'a jamais de limite), la cupidité (insatiable), l'hypocrisie (à fin de complaire).

Sénèque, en bon serviteur de l'Etat et de plusieurs empereurs qu'il fut savait fort bien que ce negotium, aussi ingrat fut-il, futile quant à ce qu'il semble pourtant valoriser de l'être, est indispensable au bon fonctionnement de la Cité. Et s'il semble pencher parfois pour cette retraite totalement vierge d'implication sociale qu'Épicure - qu'il cite souvent - revendique, quasiment un "pour vivre heureux, vivons cachés", la réflexion de Sénèque ainsi qu'un certain sens pratique, un engagement à l'action, à la vie sociale que sa philosophie d'essence stoïcienne implique généralement, ces deux temps de son existence passée lui imposent de reconnaître qu'il serait vain de toujours se refuser à s'impliquer dans les affaires du monde. C'est à ce moment que l'otium, notre oisiveté décidément pas si oiseuse que cela, prend tout son sens, toute son importance. Car c'est ce temps plus ou moins long - qui peut être, vers la fin d'une vie, définitif - de loisirs studieux, de réflexion calme durant lesquels ont pourra prendre le temps de lire, d'écrire des notes, de compiler des pensées, de reprendre une correspondance plus riche, déliée des obligations du monde, ce sont tous ces moments qui permettront à l'homme s'en retournant aux contact du monde de ne pas aller se perdre corps et âme, au sens propre, dans l'affairisme, les intrigues malsaines, la spéculation tant des biens que des êtres. Ainsi l'otium pousse-t-il l'individu à demeurer sage et vertueux.

Il va sans dire que, pour notre philosophe, le point d'orgue de cet otium c'est, après une vie plus ou moins bien remplie durant laquelle on s'y sera soigneusement préparé, le moment où le sage pourra enfin s'y consacrer jusqu'à plus soif et jusqu'à sa propre fin, acceptée avec sérénité. Alors le bonheur est-il enfin chose véritablement envisageable car il n'est plus besoin d'anticiper quelque future contrainte que ce soit (en cela, d'une certaine manière, Sénèque rejoint tout de même Épicure à la philosophie pourtant si dissemblable), ne plus être qu'à soi au monde.

Mais de tout cela, un seul peut décider de l'accomplir : c'est donc soi-même - où l'on retrouve, deux millénaires plus tard, Michel Foucault pour qui l'otium était « l'écriture de soi » -. Il appartient à chacun de s'y adonner, et de devenir vertueux ou de céder aux vices les plus communs mais les plus épouvantables des hommes lorsqu'ils font société. Car, rappelle-t-il à son disciple en quelques lignes d'une grande et belle sagesse :

«Il est tombé dans chaque créature humaine des germes célestes dont une heureuse culture obtient une moisson de même nature que la semence et digne en tout point du créateur. Mais faute de soin, comme en un sol stérile et marécageux, ils meurent, et on voit naître de viles herbes au lieu de bon grain.»

Il n'y a pas à dire : l'oisiveté chez cet homme-là, c'est un sacré boulot !
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Sénèque, philosophe stoïque sur le tard, fut sénateur sous deux tyrans : Caligula puis Néron : il n'en réchappa pas et dut s'ouvrir les veines en 65.
Le Romain, honteux et confus,
Jura, mais un peu tard,
qu'on ne l'y prendrait plus :
De 62 à sa mort, il écrivit "Eloge de l'oisiveté" et 124 lettres à son ami Lucilius, dont cinq sont publiées dans cet essai ; Lucilius était sénateur en Sicile, et Sénèque insiste pour qu'il se retire ( otium ) dans une villa. Ce sont des leçons de philosophie, de mise à distance qu'il n'a pas réussi à appliquer lui-même.
.
C'est bien écrit, mais il y a peu de phrases percutantes.
Le modèle de pensée que j'ai fait de la philosophie de Sénèque ressemble un peu à celui d'autres philosophes, plusieurs siècles plus tard, dont Pascal.

Il y a les cupides, qui veulent toujours plus de propriétés, ingrats, remuants, ambitieux, sujets aux passions, et qui dépendent du Prince.
Puis il y a les sages, qui sont dans l'otium, l'oisiveté, ou plutôt la retraite, la contemplation ; ce sont des hommes de Bien, indépendants, solitaires, qui recherchent des biens indivisibles comme la paix et la liberté ; ceux là ont supprimé les passions : ils sont dans l'ataraxie, le calme absolu de l'âme ; ils sont hors de l'atteinte des maux, comme Jupiter, Dieu, le Soleil, le Destin, la Nature... Ils sont même au niveau des dieux !
Pour Sénèque, les philosophes "stoïques" du Portique, dont Zénon est le chef de file, sont plus salutaires pour leur Etat que les chefs de guerre.
.
Un passage de ce livre interroge sur la théodictée, la justice divine, qui permet le mal alors que, selon Sénèque, Dieu est bon. Cette question de théodictée a été fouillée par Leibniz en 1710 ; il faudra que je lise ça !
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Il est bien difficile d'éviter les erreurs quand on aborde la pensée antique, si même un éditeur permet de traduire "otium" par oisiveté, dans le même esprit de marketing qui laisse traduire "Confessions", dans Saint Augustin, par "Aveux". L'otium, c'est le loisir studieux, la retraite active loin des affaires de la cité, où l'on se consacre aux travaux vraiment humains, à savoir la philosophie. Ce loisir studieux est réservé aux nobles, qui ont à leur service esclaves et serviteurs chargés d'assurer leur vie matérielle. Sénèque appartient à l'élite sociale d'un monde qui méprise le travail, la production, l'utilitaire. Pour vivre dans un tel mépris, il faut être riche.

Seulement, Sénèque pratique la philosophie stoïcienne (non pas "stoïque" : est stoïque la personne qui sait souffrir sans se plaindre, ce n'est pas une activité philosophique, mais une qualité morale, le courage). Ce mot, philosophie, entraîne à son tour son lot de contresens : dès Socrate et Zénon, philosopher n'est pas seulement raisonner, encore moins exposer complaisamment ses "opinions" (ça, c'est le vice des sophistes, qui confondent pensée et opinion, la doctrine méthodique, construite, avec les préjugés). Philosopher, c'est se mettre modestement à l'école d'un maître, étudier ses textes, écouter ses enseignements, faire taire, le plus souvent, ses propres préjugés, et réformer sa manière de vivre. Pierre Hadot, dans son essai "La philosophie comme manière de vivre", a tout dit sur le sujet.

Le Stoïcien a foi en la providence divine. Il croit que l'univers est dirigé sagement, malgré le mal qu'il voit et déplore. Il devient apte à contempler l'ordre providentiel du monde, grâce à l'otium, éveillent et développant en lui l'étincelle divine qui lui permet d'être homme et le rend parent des dieux. Or un homme stoïcien, un homme véritable, ne peut vivre perpétuellement dans l'otium : ce serait une désertion, et c'est ce que Sénèque enseigne à Lucilius, tenté par l'école épicurienne qui prône le retrait absolu, inconditionnel. Un Stoïcien a des devoirs, la providence lui impose d'agir en ce monde et donc de s'y engager (non pour le changer, mais pour y faire son devoir). Sénèque a exercé de hautes fonctions, au point d'y trouver la mort, exactement comme Marc-Aurèle un siècle après lui. Il n'y a nulle contradiction entre cette doctrine et la pratique.

Le stoïcisme impose à ses adeptes d'accepter l'ordre du monde et d'y prendre leur part. Il pose souvent de façon aiguë la question de la Théodicée, la justice divine (et non la "théodictée") : la providence a fait de Sénèque un sénateur richissime, chargé des affaires de son clan, ou d'Epictète, un esclave. Dans tous les cas, chacun doit se soumettre et faire son devoir avec égalité d'âme, avec ataraxie, à savoir, sans se laisser troubler par les passions, les préjugés, le corps.

Enfin, la dernière erreur que nous commettons sur Sénèque, c'est que nous ne le lisons pas en latin. Si nous jugeons de son style dans cette édition, c'est le style du traducteur que nous jugeons. Sénèque eut un grand admirateur, et un magnifique imitateur : Michel de Montaigne, qui en français tenta d'écrire comme lui, ce qui lui valut le surnom de "Sénèque français". Montaigne, lui aussi, choisit l'otium dans son château, à trente-trois ans, mais accepta stoïquement l'ordre du roi Henri III de devenir maire de Bordeaux au beau milieu de la peste et des guerres civiles. Il continua d'écrire à la façon de Sénèque jusqu'à son dernier jour : de quelle façon ? En refusant les longues phrases éloquentes, les périodes équilibrées du latin d'Erasme, de Cicéron, dont Rabelais se moque dans certaines de ses oeuvres. Il réinventa en français le style que Sénèque avait inauguré en latin : le "style coupé".

On choisira donc les éditions des oeuvres de Sénèque avec prudence. Mieux vaut avoir recours aux livres des Belles-Lettres, bilingues ou seulement en français, pour éviter les erreurs les plus grossières. Les éditions annotées et expliquées sont préférables, bien sûr : on ne lit pas ces textes, on les étudie.
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Il est je pense indispensable dans notre ère actuelle de lire cette Éloge de l'oisiveté de Sénèque.

Dans notre société, le travail est fondamental. Il consiste aujourd'hui à une production en puissance pour toujours plus de consommation. le travail est donc une valeur centrale de notre chère société.

Sénèque nous faire l'éloge de l'oisiveté, qui par définition est « l'état d'une personne qui n'a pas d'activité laborieuse », « laborieuse » se rapporte comme synonyme de « travail ».

Les époques et les contextes sociaux ont poussé cette définition à changer, ont peu l'associer à la paresse ou alors le loisir. Sénèque voit ici l'oisiveté comme loisirs. le travail n'étant plus qu'actuellement une nécessité à posséder le nécessaire vital.
Cependant, le travail était autrefois, à l'ère des Romains, défini par negotium, une source de dégradation de la nature humaine.

Les Romains privilégiaient les activités sociales et citoyennes, le travail était réservé aux esclaves qui avaient besoin de lui pour comme dit précédemment, une nécessité vitale à la survie économique.
En revanche, les hommes libres, eux, étaient oisifs, ils étaient consacrés aux valeurs exclusivement humaines, où le travail et la consommation ne devaient être présents, c'est-à-dire : la vie publique, les sciences, les arts, les échanges humains, et tout ce qui était bon pour eux. « le refus de l'activisme civique » était alors une valeur très importante pour parvenir au bonheur.

L'otium est donc passé de définition en définition, passant par le divertissement, le délassement, la paresse, l'oisiveté...
Actuellement, je pense que le travail à longue durée, s'il n'est pas loisir n'est qu'activité déshumanisante.

Sénèque, avec une merveilleuse argumentation en fait un éloge splendide, en définissant l'oisiveté comme un refus des activités matérielles, mais comme une indispensable activité de l'esprit essentiel au bonheur de l'humain. le bonheur y est donc abordé, l'homme heureux n'est pas oisif au sens de la passivité et de l'ignorance, mais il est celui qui cultive son esprit, qui contemple la nature et le monde, pour en saisir une vérité qui l'éloignerait de l'asservissement et de l'ignorance. Sénèque prône la contemplation intellectuelle car la contemplation implique l'action. le philosophe critique l'excès d'activité qui tue le bonheur. Il y dénonce également les plaisirs de l'homme qui sont bien souvent que des désirs matériels, on peut également retrouver cette critique des désirs matériels dans L'Attitude à prendre envers les tyrans d'Épictète, ces désirs matériels étant l'avarice, l'instabilité de l'âme, le désir de plaire, la recherche de jouissances ou encore l'inertie.
Sénèque fait également l'éloge de la retraite qui est pour lui, « le retour à soi-même et à l'étude de la nature pour mieux se comprendre et le monde avec soi », où l'homme peut faire le bilan de son existence gâchée et gaspillée par les biens matériels et de la fortune qui ont été surévalues jusqu'à ce qu'on en dépende.

L'édition Mille et une Nuits offre cinq lettres à Lucilius sur l'otium, cela apporte encore plus du jugement de Sénèque. La première : « Quitter les hauts emplois pour le repos », qui est normalement la lettre dix-neuf, illustre parfaitement la définition de l'otium.

C'est un délice de lire Sénèque, puisque actuellement nos politiques, notre société, nous pousse toujours plus au travail « Travailler plus pour gagner plus », sans prendre en compte la valeur de l'oisiveté, que l'on oublie, on oublie notre côté humain pour devenir des machines à travailler et à produire. Vive la capitalisation n'est-ce pas ? Voyez-vous, aux États-Unis, le plein-emploi a fait son retour, cette semaine. Je trouve ça bien triste. Il ne faut en aucun cas qu'une société dépende du travail, sinon, ses citoyens ne seront guère heureux, puisqu'il leur manquera le loisir. Or le loisir peut être un sincère recul philosophique et méditatif, mélioratif à l'humain.

Les cinq Lettres à Lucilius sur l'otium sont suivies d'une merveilleuse sorte de “remarque“ intitulée « Travailler à ne rien faire ? » par Cyril Morana.
Celui-ci continue à démontrer l'oisiveté en y ajoutant notre condition sociale actuelle, tout d'abord il explique pourquoi « l'oisif ne jouit plus aujourd'hui de l'estime de ses contemporains », il y dit, comme je l'ai dit précédemment que « c'est que le temps a considérablement transformé notre acceptation du loisir et de l'oisiveté ». En effet, il n'est plus esprit libre, profond et méditatif, mais juste parasite.
Lien : http://libermoi.blogspot.fr/..
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Découverte de l'oeuvre du philosophe Senèque, cette courte introduction via cinq lettres a Luculius permet de dévoiler l'axe clé de la réflexion d'un des grand penseurs romain : l'otium.

Avec ces quelques lettres, le lecteur peut ainsi découvrir le point de vue de son auteur sur les bienfaits de la contemplation. Comme il le dit d'ailleurs si bien, la nature nous a établi en son centre pour découvrir et contempler sa beauté. Pour lui, la contemplation est un acte citoyen ayant autant d'utilité que ceux d'un homme d'action, et savoir retirer de la vie politique est l'un des sujets de ses lettres. En effet, la notion de retraite devient l'occasion pour le philosophe de parler des bains de baiens (sûrement l'une des lettres les moins intéressantes de l'ensemble, selon moi).

Bien sûr, ce fragment de la philosophie de Senèque n'est avant tout qu'une mise en bouche, un peu maigre finalement mais qui permettra au moins aux philosophes néophytes de d'abord s'essayer sur quelques 40 pages avant de s'attaquer à "La Brièveté de la Vie".

"La nature nous a donné un génie avide de savoir et parce qu'elle avait conscience de son art et de sa beauté, elle nous a crées spectateurs de ses sublimes scènes."
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Or, ne songer qu'à obtenir encore, c'est oublier ce qu'on a obtenu ; et de tous les vices, la cupidité est le plus grand, c'est qu'elle est ingrate. Ajoutons que de tous ces hommes qui ont des fonctions dans l'Etat nul ne considère qui il surpasse, mais par qui il est surpassé ; ils sont moins flattés de laisser mille rivaux derrière eux que rongés d'en voir un seul qui les précède. C'est le vice de toute ambition de ne point regarder derrière elle. Et ce n'est pas l'ambition seule qui ne s'arrête jamais. Toute passion fait de même : elle part toujours du point d'arrivée.
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Les cirques, où tant de mains applaudissent, nous encouragent au vice. Quand nous ne tenterions nul autre moyen de salut, la retraite, par elle-même, profiterait encore : on vaut mieux quand on est seul.
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Tout comme se jeter dans les affaires sans le moindre amour de ce qui est moral, sans culture de l'esprit, et produire des œuvres vides, serait la chose du monde la moins louable.
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C'est le sage qui, sans ombre de sollicitude, sait vivre pour lui ; car il possède la première des sciences, la science de la vie.
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Qu’exige-t-on de l’homme en effet ? Qu’il soit utile à beaucoup, s’il le peut ; sinon, à quelques-uns ; sinon encore, à ses proches ; ou enfin, à lui-même. Car se rendre utile à autrui, c’est travailler au bien commun. Comme quiconque qui se déprave ne se nuit pas à lui seul, mais nuit encore à tous ceux que, meilleur, il eût pu servir ; de même, qui a une âme méritante rend service à la société, car il lui prépare un homme qui la servira un jour.
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