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EAN : 9782251445953
216 pages
Les Belles Lettres (15/09/2016)
3.21/5   7 notes
Résumé :
Deux mille ans de monothéisme nous ont habitués à croire que Dieu ne pouvait être qu'unique, exclusif, vrai. En revanche, les polythéismes antiques envisageaient la possibilité de faire correspondre entre eux dieux et déesses provenant de différentes cultures (Zeus et Jupiter, Isis et Déméter), ou même d'accueillir des divinités étrangères dans leur propre panthéon. Cette disposition à l’ouverture fait que le monde antique, même s’il a connu les conflits, voire les ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
J'ai fait un an de catéchisme lorsque j'étais enfant, à ma demande. Mais cela ne correspondait pas à mes attentes puisque sans le comprendre à l'époque, j'avais une démarche scientifique : Je croyais que le catéchisme consistait à chercher dans des textes anciens et des fouilles archéologiques les preuves de l'existence de Dieu. Contrairement à ce que je pensais, il s'agissait d'un axiome. Mes camarades m'expliquaient qu'il fallait continuer car des cadeaux sont offerts pour la communion donc il ne me restait plus qu'un an à faire. Aujourd'hui, encore je reste surpris par l'attitude d'enfants censés apprendre la religion catholique et ses principes, qui restent seulement par appât du gain.

Je suis athée. J'ai, de manière générale, une démarche de sceptique. À mon sens, une vidéo comme "Comment Tester le Paranormal avec la Science ?" (https://www.youtube.com/watch?v=pyj6ysoUBNw) d'« Hygiène Mentale » (https://www.youtube.com/channel/UCMFcMhePnH4onVHt2-ItPZw) est une source d'inspiration.

Je tente d'être tolérant envers les croyances d'autrui mais j'ai souvent du mal a rester curieux tant les arguments me semblent parfois aberrants ou mal construits, quel que soit le domaine : l'astrologie, la voyance, les extraterrestres, le vaudou, la télépathie, les chemtrails, la téléportation (non quantique), les voyages dans le temps, les fantômes ou la religion. J'ai un réel besoin d'arguments pas d'un stupide « La science n'explique pas tout » (https://ploum.net/la-science-na-pas-reponse-a-tout/). Je découvre, après rédaction de cet article, au moment d'ajouter les liens, l'épisode "L'ouverture d'esprit et ses limites" (https://www.youtube.com/watch?v=wtJwVZGuiOY) qui résume très bien ce que je pense.

Mais la religion est certainement plus complexe à analyser et discuter car il ne s'agit pas seulement de croyance, elle est liée à une façon de se comporter, à une vie en communauté, même à des habitudes alimentaires ou sexuelles, après deux millénaires la religion influence également la vie des non-croyants car elle est imbriquée dans la sphère publique. Quant à la sphère privée des croyants, elle est tellement imprégnée qu'il est quasi impossible d'argumenter sur le bien fondé ou non ne serait-ce que d'un élément de cette croyance.

Il me semble parfois aberrant que certaines images/métaphores soient prises au premier degré mais ceux qui font ce genre d'erreurs sont peu enclines à en discuter. Parfois toutefois j'aimerais opposer certains arguments aux plus fanatiques des monothéistes. Par exemple, lorsque des témoins de Jéhovah frappe à ma porte, je la referme rapidement mais parfois j'aimerais leur dire que je ne crois pas en leur dieu unique mais en Rê, Zeus ou les matrones, que ces dieux ne me paraissent pas moins stupides que le leur, qu'il s'agit dans les deux cas de mythologie, pas de faits. Qu'il n'y a pas de raison de croire plus en l'un de ses systèmes de penser que l'autre. Que l'on souhaite vivre selon les principes chrétiens (ou autre) je peux le comprendre, confondre symboles et faits me semble par contre très étrange.

Suis-je vraiment le public visé par Maurizio Bettini, je l'ignore, toujours est-il que j'ai été réceptif à son message. Quand on m'a proposé de lire l'« Éloge du polythéisme », je ne savais pas vraiment à quoi m'attendre mais je pensais qu'elle m'apporterait au moins des connaissances sur le polythéisme. J'ai été agréablement surpris dès les premières pages, l'argumentation est construite, bourrée de références. le livre ressemble beaucoup à une démarche scientifique, si ce n'est que l'auteur ne s'appuie pas sur des formules ou des expériences mais sur d'autres textes. La clarté de la structure rend le contenu beaucoup plus simple à assimiler.

J'ai l'impression d'avoir appris beaucoup sur les religions polythéistes mais également sur les religions monothéistes, certaines explications de sémantique sont éclairantes (en particulier le mot « polythéisme » lui-même)… C'est un livre qui appelle à une plus grande ouverture, une vraie ouverture. Même si aucune solution n'est vraiment apportée par le texte du moins pas à court terme et sans réelle volonté des instances religieuses, il explique bien en détail ce que la construction même des religions monothéistes implique en terme de tolérance, ce qui serait bon de prendre des religions antiques pour aider au vivre ensemble. C'est un texte que j'ai trouvé très intéressant. le chapitre « Conférer la citoyenneté aux Dieux » est un éloge au civisme et à la citoyenneté, très inspirant.

Petite digression : Certains passages à propos des statuettes représentants les dieux antiques, dans des panthéons ouverts aux dieux des autres, m'ont vraiment fait penser à l'influence des mangas et comics de nos jours. Chaque culture apporte sa pierre à l'édifice et chacun est libre de choisir ou non d'être diverti par les histoires des autres cultures.

Si je devais apporter un bémol toutefois, je regrette une chose dans la construction : une impression de répétition. Plusieurs chapitres amènent à des conclusions, plutôt qu'en faire un résumé en fin de texte, l'auteur choisi de les répéter à chaque nouvel ajout : « Donc A. Nous avons vu que A mais nous constatons également B. Nous avons vu que A et B, nous pouvons aussi C. Certes A, B et C mais… ». La répétition aide à mémoriser certes, c'est aussi relativement pénible. J'aurais préféré une conclusion plus fournie en fin de texte que cette solution. Surtout cela donne l'impression que le chapitre « Crépuscule de l'écriture » est moins développé puisqu'il ne sera aucunement repris. La conclusion de ce chapitre est intéressante mais l'argumentation semble de ce fait moins appuyée que le reste.

L'édition « Les belles lettres » est très correcte. À 14 € pour un format poche, une édition se doit de l'être.
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Le polythéisme n'est pas un mythe mais une réalité, pratiqué depuis les temps anciens et détrôné par le monothéisme, il est pourtant source à de riches enseignements. Dans la modernité de notre société, on l'assimile à un passé emprunt de superstition et d'ignorance. Cette vision réductrice est la conséquence d'un formatage monothéiste flagrant dont il faut faire abstraction afin de remettre au goût du jour les qualités oubliées d'une société ouverte qui associait ses dieux à la vie humaine et communautaire.
L'auteur plante le décor sur la civilisation gréco-romaine antique, sur l'ancienne Rome, sur sa multiculturalité d'un coté (et donc la venue de dieux nouveaux), de l'autre on observe l'Italie actuelle se débattre avec la venue d'un dieu étranger. Maurizio Bettini compare deux situations identiques à environ deux mille ans d'écart, met en parallèle l'intégration des dieux sous le polythéisme et sous le monothéisme.
L'argumentation s'articule autour de la tolérance du polythéisme gréco-romain à intégrer des dieux extérieurs à la pratique religieuse traditionnelle en contradiction avec la vision mosaïque du dieu unique jaloux « Tu n'auras pas d'autres dieux que moi ». Cette souplesse polythéiste se retrouve dans les dénominations données aux dieux (différents selon les lieux), aux soucis de trouver des équivalences dans la fonction des dieux de diverses origines, souplesse inconnue dans le monothéisme puisque qu'il n'y a qu'un dieu avec un nom unique et une fonction unique.
On ne comprend le bien fondé de l'analyse qu'à partir du treizième chapitre où l'auteur expose le fonctionnement d'une cité romaine et l'adoption des dieux étrangers en tant que citoyens à part entière. On entrevoit ainsi une transposition possible de cette organisation dans notre société moderne et donc un contrôle plus grand des religions entrantes.
En tant que polythéiste convaincue (tradition nordique), la réflexion sur ma religion et le polythéisme en général s'est imposée naturellement ainsi qu'un grand questionnement sur leur place dans la société actuelle à côté des monothéismes dominants. Les premiers chapitres résument très bien les premières conclusions de tout polythéiste même si le sujet de l'étude est le polythéisme gréco-romain antique et non moderne (les mêmes préoccupations restent d'actualité) ! Ils semblent donc plus se tourner vers les monothéistes dans un premier abord. le polythéiste vrai admet et vit volontiers cet état d'être qu'est la tolérance envers tous les dieux.
Les chapitres suivants me semblent à la fois plus instructifs mais plus décousus dans la suite logique de l'étude. Les définitions de païens, idolâtre, polythéisme... très utiles aux néophytes apparaissent à ce moment assez avancé de l'argumentation, ce qui est peut être assez déroutants pour les lecteurs qui ne maîtrisent pas le sujet.
Je suis un peu déçue de la restriction de l'étude aux dieux gréco-romains et aurais aimé une vision plus large sur plus de religions polythéistes ce en quoi le titre est trompeur. L'argumentation en aurait été différente car même si le polythéisme est universel, les civilisations qui le pratiquent ont un fonctionnement intrinsèque propre selon le lieu d'implantation. Ce qui était pratiqué chez les romains ne l'était pas forcément dans un autre peuple polythéiste, les lois étant différentes. Est ce donc bon de restreindre l'étude au fonctionnement romain ?
Les religions polythéistes antiques sont bien mortes en tant que telles, elles ont évolué tant bien que mal. le monothéisme s'est tellement insinué dans les pensées qu'il a gangrené la tolérance polythéiste, une tendance tient donc à nier les dieux monothéistes ce qui va à l'encontre du fonctionnement polythéiste.
Pour la plupart d'entre nous, la pensée polythéiste est encore d'actualité, avec des idées novatrices et actuelles freinées par une société profondément imprégnée de catholicisme avec ses valeurs et ses codes hors temps mais admis par la majorité de la population et malmenée par une autre religion monothéiste tout autant hors temps, un mal pour un mal en somme. Dieu se bat contre lui-même, n'est il pas un adversaire à la hauteur de lui-même ?
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La îlaha illa Allah : Il n'y a de dieu qu'Allah. Ce puissant mantra islamique imprègne mon âme. Il a bercé mes nuits d'enfant anxieuse, en proie aux cauchemars et aux ruminations. Il m'a été martelé au lever du jour par le muezzin, puis par le prof d'éducation islamique à l'école. Autour de moi, tant de lèvres s'en sont abreuvées, dans l'ivresse de la prière ou l'affliction du deuil.

Aujourd'hui encore, alors que je me suis affranchie de tout dogme religieux, cette phrase ne me laisse pas de marbre. Malgré mon aversion des religions, malgré le vague agnosticisme dans lequel je me complais sans trop y réfléchir, elle continue de s'insinuer dans mon inconscient, de façonner ma perception du divin.

Et si j'avais grandi dans une culture pleine de dizaines, de centaines de dieux différents ? Et si le Maroc avait été polythéiste ?
Sa population de croyants aurait-elle été moins rigide, moins fanatique, plus encline à respecter les dieux des autres ? Peut-être.

C'est en tout cas ce que semble penser Maurizio Bettini dans son Éloge du polythéisme, une réflexion subtile sur ce que pourraient apporter les croyances antiques à notre monde assombri par les guerres des religions.

D'après l'anthropologue italien, le polythéisme produit un cadre mental plus souple, plus flexible, qui permettrait à l'individu de penser le monde de manière plurielle, loin du manichéisme que peut produire une religion monothéiste. le dialogue des cultures et des confessions serait sans doute moins difficile entre individus capables d'assimiler l'Aphrodite grecque à la romaine Vénus, et même d'intégrer des divinités étrangères à leur propre culte… Mais comment convaincre des fidèles musulmans, chrétiens ou juifs de s'inspirer de ces antiques croyances ? Difficile d'imaginer la tournure des événements…

Ce n'est, en tout cas, pas au Maroc qu'une « fusion" de ce genre arriverait… Les adeptes du polythéisme y sont perçus comme des sauvages incohérents, stupides adorateurs d'astres et de statues de pierre, tout juste bons à "évangéliser"…
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critiques presse (2)
LaViedesIdees
06 février 2017
Les monothéismes d’aujourd’hui seraient-ils moins tolérants que les divinités païennes ? Jetant le pavé antique dans la mare moderne, l’essai de Maurizio Bettini conduit à s’interroger sur les différents modes de croyance, de l’Antiquité à nos jours.
Lire la critique sur le site : LaViedesIdees
NonFiction
06 février 2017
Les monothéismes, en refusant de traduire dans leur langue les croyances « étrangères », s’enferment dans des vérités sans auteur.
Lire la critique sur le site : NonFiction
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
En somme, on « apprend à connaître » les divinités d’autrui au fil du temps. Une fois que l’on est conscient de leur existence […] il est possible de procéder à leur intégration parmi ses dieux à soi. Il s’agit toutefois d’un processus qui implique de l’intérêt, de la curiosité pour les autres dieux, ainsi qu’une volonté de « savoir ». En pays monothéiste, au contraire − hormis l’attitude des esprits ouverts et éclairés −, non seulement les autres dieux ne soulèvent ni curiosité, ni désir de savoir, mais au contraire, ils suscitent généralement un sentiment d’indifférence ou de supériorité, quand ils ne sont pas condamnés. […] ma femme, qui est chinoise, a pu expérimenter, pendant un demi-siècle, comment ses convictions religieuses étaient attaquées ou même dévalorisées par des missionnaires chrétiens, des politiciens américains, voire des occidentaux lambda… et elle était consciente du fait que cette situation durait déjà depuis cinq siècles.
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Ainsi que nous l'avons vue à l’œuvre au sein des cultures polythéistes, la place centrale occupée par la notion d'interprétation permet de mettre en perspective une affirmation souvent exprimée à propos des trois grandes religions monothéistes. En effet, la présence d'autres entités divines à côté du dieu unique - anges, diables, démons, djinns, saints, la Vierge, ou mieux encore, les diverses Vierges - ferait de ces monothéismes autant de polythéismes masqués.
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