AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782843032578
176 pages
La Dispute (28/08/2014)
4.38/5   8 notes
Résumé :
«Le modèle capitaliste du travail conduit à notre perte : il est urgent de prendre la mesure des dynamiques porteuses d'émancipation.
Bernard Friot, dans ces entretiens, décrit le conflit social depuis 1945 comme un affrontement entre deux façons contradictoires d'attribuer une valeur économique au travail. Pour le capital, seul un travail soumis aux propriétaires lucratifs et au marché du travail produit de la valeur.
Mais les luttes syndicales et l... >Voir plus
Que lire après Emanciper le travail : Entretiens avec Patrick ZechVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Perversité d'un système qui dure...

le plus difficile, c'est de reconnaître la domination, autrement que dans le moment d'une lutte, du soulèvement qui la rend tolérable mais comme état permanent, caractéristique d'une classe sociale qui, même lorsqu'elle se révolte, le fait à ses dépens. Elle demande finalement toujours plus de soumission, entraînée dans une logique qui ne lui donne de valeur économique que pour autant qu'elle se soumet aux diktats d'un marché du travail (c'est-à-dire à une pratique capitaliste) mais jamais pour son propre potentiel, sa capacité à produire, son utilité sociale effective.

La lutte des classes, si elle est toujours d'actualité (en ce sens qu'elle ne peut devenir un jour inactuelle), n'a pourtant plus réellement lieu..
Peut-être parce qu'elle est perçue, à tort, comme la radicalisation d'un conflit visant une utopie, quelque chose d'inatteignable, un rêve nécessitant trop de fureur pour qu'il se réalise
L'originalité de Friot, au coeur de l'aliénation, est de considérer ce qui est déjà-là et ne demande qu'à être poursuivi, en cohérence depuis 1945 ; le risque aujourd'hui étant plutôt celui d'un retour en arrière, jusqu'à la normalisation du paiement à l'acte, en illusionnant toujours plus les personnes sur leur capacité d'agir et d'exister par elles-mêmes, en exaltant davantage encore l'individualisme au prix de leur liberté

Un horizon viable pour les travailleurs ne peut se construire dans "des revendications aliénées" ; ce qu'il faudrait plutôt, c'est continuer à faire de la politique
Commenter  J’apprécie          150
Pas du tout facile à lire, non pas pour des raisons théoriques, mais par l'insistance à expliquer les concepts avec des points de vue complémentaires, des nuances dans l'approche philosophique ou politique qui font que la lecture exige parfois de revenir en arrière pour vérifier si on est en train de lire un nouveau concept ou si le même est proposé différemment...
Sur le fond, cette proposition communiste de salaire à vie, prolongé a partir des avancées sociales de 1945 est tout à fait pertinente.
La différence avec le revenu universel ou revenu de base apparaît cruciale dans la mesure où le salaire à vie à fait ses preuves avec la fonction publique. Il vise plus large, inclut son financement par une cotisation et passe par une mutualisation des outils de production de valeur ; c'est une mise au rebut du capitalisme, par la réappropriation de la valeur par les salariés qui la produisent.
Les principes sont clairs et sans ambiguïté, mais ça se corse dans les détails concrets, dont la mise en oeuvre rappelle les expériences soviétiques ou cubaines.
Cela dit si on veut vraiment changer le système, ça reste une des rares propositions concrètes viables, à condition de retenir les expériences passées. Mais à moins d'un grand soir dont on peut anticiper l'issue dans le sang, je vois mal comment la transition peut se faire avec une classe ouvrière exportée le plus loin possible, des syndicats divisés et un pouvoir de manipulation de la classe dominante de plus en plus important.
Commenter  J’apprécie          111
C'est un livre de sociologie et ce n'est vraiment pas mon domaine, mais je l'ai trouvé clair grâce au reportage d'Arte "les idées larges : le salaire à vie" qui interviewé Bernard Frigo et constitue une très bonne introduction car il y expose l'essentiel de ses idées. A voir sur Youtube : https://youtu.be/50vPCv7EPWE?si=mwO-k9DHDkT3t3Lz

Je trouve la pensée de cet auteur passionnante et j'espère que notre société évoluera dans le sens qu'il préconise.
Commenter  J’apprécie          00

Citations et extraits (70) Voir plus Ajouter une citation
Ce n'est pas parce que j'aurai et que tu n'auras pas que je serai solidaire avec toi. Cette forme extrêmement violente de la solidarité accepte que l'autre n'ait pas et le définit par son manque. Tout autre est la solidarité salariale : je serai solidaire avec toi parce que nous serons coresponsables de la production de valeur, coresponsables du niveau de salaire moyen, coresponsables des choix dans ce qui va être produit et dans l'exercice du travail concret, coresponsables dans la définition des limites de la monnaie, coresponsables de l'effectivité de la carrière salariale de chacun.
Commenter  J’apprécie          60
La médiation de la valeur, du travail abstrait, de la monnaie permet d'objectiver le pouvoir, de le tenir à distance, de le sortir de la gangue d'un rapport social de parenté, de voisinage, de statut de naissance, naturalisé. Penser qu'en renonçant à reconnaître quelqu'un comme producteur (et donc par de la monnaie) on le reconnaîtra comme personne, c'est oublier que les personnes ne se baladent pas dans la nature, elles non plus.
Commenter  J’apprécie          51
Faire société, ça n'est pas seulement organiser la production des biens et des services nécessaires à la vie commune, ce qu'en langage technique on désignera par l'expression "production de valeurs d'usage". C'est aussi affronter la violence dans laquelle cette production s'opère, une violence qui s'exprime dans la valeur économique : la valeur d'échange dans le capitalisme, dont il s'agit de se débarrasser pour une pratique de la valeur libérée de la violence spécifique au capital.
Commenter  J’apprécie          41
Mais vivre de son travail n'est pas cet absurde "ne rien devoir à personne" revendiqué comme un idéal. Travailler est toujours une aventure collective pour financer l'investissement, trouver des fournisseurs, des partenaires, écouler la production, améliorer le processus de fabrication. Penser que chacun va s'en tirer grâce à son travail est une illusion. Les groupes capitalistes, par exemple, n'existent qu'en s'appuyant sur les marchés publics.
Commenter  J’apprécie          40
La pratique capitaliste de la valeur, pour reprendre les notations de Marx, transforme M-A-M en A-M-M'-A' : la production de marchandises vendues par leurs producteurs pour acheter d'autres marchandises (M-A-M, M étant la marchandise, et A, l'argent) devient l'achat par le capital (A) de marchandises biens de production (y compris les forces de travail) (M) mobilisées pour produire des marchandises (M') dont la vente augmentera le capital accumulé (A', avec M' supérieur à M, et A' supérieur à A, d'où A-M-M'-A'). Autrement dit, le capitalisme repose sur une indifférence à la valeur d'usage.
Commenter  J’apprécie          20

Videos de Bernard Friot (II) (9) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Bernard Friot (II)
Olivier Berruyer interroge Bernard Friot sur la notion de "Salaire à vie" .
autres livres classés : attacVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (35) Voir plus



Quiz Voir plus

Histoire et généralités sur la Normandie

TOUS CONNAISSENT LA TAPISSERIE DE BAYEUX, QUI EN EST LE HÉROS ?

RICHARD COEUR DE LION
ROLLON
MATHILDE
GUILLAUME LE CONQUERANT
GUILLAUME LE ROUX

20 questions
70 lecteurs ont répondu
Thèmes : histoire , célébrité , économieCréer un quiz sur ce livre

{* *}