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EAN : 9782849902301
317 pages
Editions des Equateurs (22/08/2013)
3.07/5   41 notes
Résumé :
Camarades de promo, Annabelle, Franck, Bertrand, Sébastien, Vanessa sont banquiers, directeurs de communication, chefs de cabinet, journalistes. Ils forment une caste à venir. Celle de l'élite politico-économique. Certains ont des états d'âme, sont à la limite du burn-out, d'autres piaffent de gravir la dernière marche, celle des intouchables, des demi-dieux. Tous ont appris à dissimuler appétits et angoisses derrière la masque de l'establishment bon ton. Mais la di... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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Comme le livre (publié en 2013) raconte l'histoire d'une collusion entre les mondes de la politique et de la finance pour truquer les comptes publics des pays européens afin de leur permettre d'entrer dans la monnaie unique, entre autres, les paragraphes sont bordés de flash-codes par lesquels l'auteure nous invite à une "lecture augmentée", entendez par là une lecture où l'on peut aller consulter ses sources en ligne (ou écouter les morceaux de musique qu'elle mentionne). Moyennant quoi, la seule chose que je suis allé vérifier en ligne, c'est qui elle était elle. Donc voilà : diplômée de HEC, ex-cadre du marketing-com-bullshit à New-York, recyclée depuis en pourfendeuse appointée du système, chroniqueuse à France Culture, Libération, La Croix et autres, blogueuse, réalisatrice, wannabe-activiste. Elle est en fait le caractère (au sens De La Bruyère) qui manque dans sa petite descente en flammes de la cliques de hauts fonctionnaires - traders - communicants qui mènent le monde : elle est le poil à gratter de pacotille, la meneuse de combats gagnés d'avance et qui ne changent rien à l'ordre établi mais tout pour sa petite entreprise d'elle-même. Bref, HEC un jour, HEC toujours. Encore une fois, au passage, il est toujours piquant de lire un livre comme ça en parallèle avec "La société du spectacle" et saisissant de voir comme Guy Debord avait démonté la mécanique d'ensemble dans lequel il s'inscrit, et avec tant de lustres d'avance... Ajoutez à ça que le texte est lardé de placement de produit mais aussi de noms balourdement déformés (Folman Pachs pour la grande et méchante banque d'affaire tentaculaire, Laure Fazalle pour une certaine journaliste télé, ...) mais aussi de coquilles, fautes, syntaxes approximatives comme ces phrases oscillant entre singulier et pluriel à force d'enfiler les lieux communs en roue libre... et qu'il fut quand même, nous apprend Wikipédia, dans la sélection des Prix Interalliés et de Flore... et venons-en enfin au coeur du problème, qui est que malgré tout j'ai dévoré ces trois cent cinquante pages en trois jours. Donc soyons honnête : il a bien fallu que ça me plaise, d'un plaisir pas vraiment coupable (notion que j'ai toujours trouvée stupide d'ailleurs), mais plutôt malsain : ce que j'ai aimé dans ce livre c'est l'espèce de longue partie d'exposition, qui en occupe en réalité les trois-quarts, où toute une galerie de riches et puissants (PDG, golden boys et mères au foyer associé, rois et reines de la com, clones cravatés de cabinets ministériels, etc.) sont dénigrés, vilipendés, ridiculisés, honnis. On aime les détester et les mépriser, se dire qu'ils ne sont que des médiocres et des incapables. le livre fonctionne comme ça sur notre côté sombre, nos aigreurs, nos colères, et ce n'est pas ragoûtant, même si c'est on comprend bien que l'aigreur, la colère et la rancune sont avant tout celles de l'auteure envers ce milieu dont elle a fait partie avant d'en être séparée, de gré ou de force, on ne sait pas vraiment en fait. C'est d'ailleurs portée par ce ressentiment qu'elle produit tout de même quelques pages puissantes et justes.
"... leurs patrons vivent dans un gouffre de solitude. Tout en haut, l'air est rare, les types secs, la pensée impossible. Croisant à Mach 3, ils ne s'appartiennent plus vraiment. Leur fonction pilonne leur cerveau." : un diagnostic juste, qui rejoint, toutes proportions gardées, quelques-uns de mes souvenirs de chefaillons d'industrie farouchement hostiles par principe à tout ce qui peut s'apparenter à du recul, de la réflexion, de la pondération. Au fil des pages, il est en tout cas saisissant de constater à quel point Flore Vasseur hait ses anciens coreligionnaires. Son livre (et, j'ai l'impression, toute son oeuvre) ne carbure qu'à ça et y puise donc l'énergie nécessaire à entraîner le lecteur, c'est un peu effrayant, et il y a ce moment où son inconscient déborde un brin : "A force de les détester, Bertrand est devenu le meilleur d'entre eux."
L'histoire enfin, et surtout le plan du livre, sont aussi une chose curieuse. Flore Vasseur, je l'ai dit, consacre les trois premiers quarts au dézingage du cocktail d'incompétence, de cruauté et de vacuité qu'elle croit voir chez ses anciens copains. Là-dessus, il y en a quand même un qui a vent d'un gros scandale.

Il meurt dans des circonstances troubles non sans avoir pu transmettre ses informations sensibles. Il reste alors deux chapitres :
- un qui s'apparente à de l'espionnage de seconde zone, avec des gentils détenteurs d'informations explosives persécutés par on ne sait pas trop qui (les assassins de leur copain par exemple). A la fin les gentils semblent réussir à disparaître en faisant exploser le scandale, on attend la suite, mais pas du tout.
- dans le dernier chapitre le scandale fait pschitt grâce à d'habiles communicants, bien aidés par l'opinion publique qui n'en a en fait rien à foutre de tout ça. Les personnages sont toujours à peu près dans le décor. Pas tous. La lanceuse d'alerte principale, notamment, après s'être dissoute dans la clandestinité quelques pages auparavant, reste finalement en poste, ce qui est le meilleur moyen de la neutraliser.
A la fin on ne comprend pas bien ce qui s'est passé. Rideau.
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En bande organisée est un roman atypique de Flore Vasseur, qui tente d'assembler deux univers à priori éloignés : la littérature et l'économie (et par extension la politique). Et lorsqu'on feuillette l'ouvrage, machinalement, on repère plein de flashcodes insérés dans les pages, qui renvoient à tout un tas de sources, articles, vidéos, enquêtes… de quoi piquer mes instincts de lectrice chevronnée : ce roman semble à même d'expliquer les évènements actuels, entre crise économique et faillite des institutions.
Sept personnages se partagent les chapitres de ce roman : Clara, Jérémie, Bertrand, Vanessa, Alison, Antoine, Sébastien. Ils sont tous passés par l'entonnoir HEC pour ensuite déverser leur jeunesse dans divers milieux professionnels : finance, politique, informatique, communication, journalisme. Arrive la quarantaine et c'est à cet âge que Flore Vasseur choisit de nous les dépeindre. Ils sont un peu fatigués et au bout du rouleau, ces personnages à l'apparence et aux CV flatteurs, qui peuvent se targuer d'appartenir à une certaine élite.
Clara, journaliste dans un grand quotidien, s'apprête à recevoir les insignes de chevalier des Arts et des Lettres. Elle vit avec Bertrand, directeur du cabinet de la ministre de l'économie mais leur couple se délite sous la pression. Ils s'inquiètent pour Sébastien, responsable de la communication de la grande banque Folman Pachs, qui se noie dans son travail, surtout depuis que ses supérieurs lui ont refilé une affaire louche, qui risque bien d'intéresser la presse… Quant à Jérémie, il est devenu expert en redresseur de banques, sa femme Alison n'est qu'une femme au foyer qui s'ennuie à mourir et Vanessa, la dernière de la bande, s'est constitué des réseaux dans tous les milieux en se spécialisant dans la communication. Ne reste à présenter qu'Antoine, qui s'est retiré du monde existant pour mieux investir le monde virtuel en devenant hacker au service de l'état mais également d'organisations dissidentes comme le mouvement « anonymous ».
Le résultat de ce vaste roman ? Un vaste charnier où Flore Vasseur dissèque la place des banques, leur rôle dans la crise actuelle, mais aussi la politique de l'Europe, son rôle dans la crise actuelle…
Personnellement, j'ai parcouru ce roman avec intérêt souvent, parfois avec un peu d'ennui en dépit de tout l'art de l'auteure à insuffler à travers ses personnages sa compréhension des affaires actuelles. J'ai souvent été rebutée par les notions abordées que je ne comprenais pas toujours. le fait d'apporter des éclairages par l'intermédiaire des flashcodes est à ce titre intéressant car cela permet d'approfondir certains évènements sur lesquels le texte s'appuie, et ces évènements sont tous réels, comme le souligne l'auteur dès le départ. Avec du recul, je dirais que c'est un roman percutant, à l'écriture prenante, passionnée, hargneuse. Au milieu du roman, j'ai un peu peiné à poursuivre mais globalement c'est intéressant. Curieux et marginal, ce roman oscille entre vulgarisation économique et intrigue romanesque aux allures de polar. Pas mal !
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Camarades de promo HEC, tous on très bien réussi dans la vie, banquiers, directeur de com, de cabinet … sauf un qui après un accident s'est éloigné de toute cette élite. le début du roman nous expose le quotidien de ces sept amis, leur boulot et leur état d'âme, la vie de famille ou celle en solitaire. Ils tentent tous à leur façon de garder le contrôle car dans ce monde sans pitié de la finance rien n'est réellement acquis.

L'histoire débute avec Sébastien, pro de la com' de chez Folman Pachs, à qui est confié la mission délicate de dissimuler la façon dont certains pays de la zone euro ont trafiqué leurs comptes pour répondre aux critères de Maastricht et d'éloigner les curieux. On entre direct dans le vif du sujet : comment étouffer des scandales à venir, comment tromper le public.
Il y a aussi Jeremie spécialiste du sauvetage d'Etats endettés et des actifs pourris et son épouse Alison desperate housewife qui se sent délaissée.
Clara grande journaliste économique et épouse de Bertrand directeur de cabinet de la ministre de l'Economie et des Finances, Vanessa employée d'agence de pub qui tient le monde politico-financier dans son Iphone, prête H24 à sauver elle-aussi toute entreprise en détresse.
Mais celui qui nous remet les pieds sur terre est Antoine qui s'est volontairement mis à l'écart de la bande et est devenu un hacker de renom travaillant pour l'Etat ou des multinationales mais qui soutient en secret le mouvementAnomynous.

C'est la disparition de l'un d'entre eux qui va faire s'écrouler le beau château de carte, un meurtre qui n'étonne personne. Plus rien n'est maitrisé, le système prend l'eau, quels seront les premiers rats à quitter le navire ?

A la fois roman et document économique voire politique, ce récit percutant nous entraine dans la vie de personnages fictifs dont l'auteure se sert pour nous dévoiler une réalité, l'actualité à l'état pur : les failles d'institutions économiques, les magouilles en tout genre, les scandales étouffés, la pression que vivent certains hauts gradés, et nous renvoi ainsi vers des liens internet via des flash-codes : vidéos, articles … parsemés ça et là au fil des pages.
L'auteure dissèque le rôle de chacun dans la crise, banques, politiques, en s'appuyant sur des faits réels, un « roman » plein de haine pour le système en place qui prend le peuple pour plus bête qu'il ne l'est. Il se dégage aussi un vide affectif chez chacun des personnages et ils paraissent complètement en dehors de tout, dans leur bulle.
Un petit éveil des consciences, c'est ainsi que je définirais ce roman.

Site de Flore Vasseur : http://florevasseur.com/fr/
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Ce livre dénote dans le paysage du roman contemporain en ce sens qu'il aborde un univers peu évoqué mais pourtant d'une brûlante actualité. Il nous plonge au coeur des nouvelles sphères dirigeantes et agissantes, celles qui unies comme les doigts de la main tirent les ficelles dans nos économies mondialisées et plus spécialement un groupe de quarantenaires issus d'une grande école de management (HEC ?) et qui se trouvent en poste de responsabilité, d'influence, de manipulation. Groupe en train d'exploser en vol à l'occasion de la crise financière.

Avant de dérouler l'histoire de cette explosion Flore Vasseur consacre à chaque acteur de ce mirage, qui va bientôt tourner au cauchemar, un chapitre de présentation.

Un des protagonistes trop compromis dans les arnaques financières d'une grande banque (FOLMANN SACHS) et victime du lâchage de ses chefs et c'est tout une suite de désillusions qui s'enchaînent, cortège de mensonges, de trahisons, de séparations, de remises en question, de remords. Qui, Dircom d'une grande banque, Consultant senior de premier plan, journaliste financier ayant pignon sur rue, grande prêtresse dans la communication, chef de cabinet d'un ministre, très bien payés et solidaires dans la réussite voient cette union superficielle et leur propre destin se déliter rapidement lors d'un gros coup de tabac.

Un grain de sable dramatique dans cette machinerie jusqu'ici fort bien huilée, une vieille histoire sentimentale qui remonte et la réapparition d'un ancien compagnon d'étude qui n'avait jamais voulu jouer le rôle que ses beaux diplômes lui avaient assigné en s'investissant en robin des bois de la piraterie informatique vont ramener plus ou moins durement sur terre ses hyper cadres devenus "hors sol".

Certes ces personnages sont romanesques, mais ce monde lié de la finance, du pouvoir, de la communication, des nouvelles technologies est très réel. Pour le souligner Flore Vasseur ponctue son récit de la référence de liens internet, sortes de panneaux vous indiquant où vérifier et approfondir les faits qu'elle relate.(A ne pas suivre lors d'un première lecture, au risque de rompre la fluidité du récit).

Ce livre est incisif, direct et de lecture facile. Ce roman fait oeuvre de pédagogie aussi en ayant le grand mérite d'éclairer sur les turpitudes de jeunes élites, qui ne sont pas les moins coupables des dérives de la croissance économiques à tout va.

Un livre qui tient en haleine, qui s'apparente autant à un thriller qu'à un documentaire. Un roman complètement moderne en somme.

Je conseille ce livre à qui aime prendre plaisir à lire un roman bien écrit, enlevé, et à s'instruire et réfléchir en même temps sur le monde actuel. En cela "En bande organisée" est exemplaire.
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En bande organisée

A la sortie du livre, la question du « qui gouverne ? » du politique ou de l'économique a traversé les pages des critiques littéraires. Une fois le livre refermé, on ressent une colère face à une politique devenue la marionnette consentante de la finance, un peuple gavé de jeux télévisés et calmé par une presse consensuelle.

Cela débute par une galerie de portraits. Des quadragénaires tous issus des Hautes Etudes Commerciales. Banquier, journaliste, spécialiste de la communication, financier de haut vol ils ont fait leurs études ensemble et sont liés par le pacte de ceux qui veulent le pouvoir et l'argent et qui finissent par tremper des affaires politico-financières dont le seul but final est de s'en mettre plein les poches en gardant le pouvoir.
Entre roman et documentaire, Flore Vasseur qui sait de quoi elle parle dévoile les mensonges d'état, la construction d'une Europe basée sur le traficotage des comptes de la Grèce. L'arrogance du monde économique, la soumission des politiques, les petits arrangements entre amis et la mort de ceux qui dérangent un ordre qu'une oligarchie entend bien perpétuer. A juste titre, Vasseur parle de « la paralysie consternante des foule » qui malgré les informations des lanceurs d'alerte restent indifférentes, préoccupées par un quotidien accaparant et des loisirs abêtissants.

Nos compères ont fait carrière, tous bien placés, ils se rencontrent encore de temps en temps. Quand l'un deux, Sébastien responsable de la communication à Foldman Patch commence à s'inquiéter de la tournure que prennent les choses, la situation va déraper et les histoires individuelles avec. Un ancien fort en thème Antoine va ressurgir réveillant les fantômes d'un passé où ils rêvaient d'un monde meilleur avant de devenir des êtres sans scrupules.

Originalité du livre, les flashs code en marge du roman pour donner de profondeur de lecture. C'est très efficace et nécessaire car le maquillage des comptes au plus haut niveau par des mathématiciens chevronnés, les stratégies d'effacement des comptes ne sont pas toujours facile à suivre et à comprendre. En revanche, la manipulation de l'information, le peu d'intérêt que le pouvoir porte au le peuple, l'intérêt individuel avant le collectif et l'effondrement d'une civilisation basée sur la soumission aux marchés cela reste captivant.
Si les personnages sont fictifs tout le reste, l'Europe, les banques, les relations de pouvoir, les « négociations » ... est vrai et c'est effrayant et déprimant.
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critiques presse (4)
Bibliobs
25 novembre 2013
Flore Vasseur n'invente rien, ni le parachutage des anciens banquiers de Goldman au sein des grandes institutions internationales, ni le maquillage des comptes européens [...] Elle livre ses sources, accessibles, au moyen de flashcodes, en ligne. Après ça, on ne s'interroge plus sur les promesses évanouies, l'inertie des politiques. Tout devient limpide.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Culturebox
19 novembre 2013
En bande organisée explique ce qui pêche dans la construction de la zone euro, à la lumière de scandales passés inaperçus [...] Grande force de son roman, la galerie de portraits de quadragénaires HEC, qu'elle dépeint à merveille.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Lexpress
15 novembre 2013
Flore Vasseur signe un roman haletant sur les grandes manoeuvres politico-financières.
Lire la critique sur le site : Lexpress
LeFigaro
05 septembre 2013
Entre Bret Easton Ellis et le Grisham de La Firme, Flore Vasseur a écrit un roman percutant et attachant, le portrait d'une génération et le tableau crépusculaire de la fin d'une époque. Tous les quadras CSP + et les autres devraient le lire d'urgence. Le rêve de la romancière? Que des journalistes d'investigation s'emparent de l'affaire qu'elle soulève, qui a profité aux banques et précipité la faillite de l'Europe…
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Une nuit de septembre 2011 à Paris, il reçoit un appel de la firme. À l'époque Céline, son épouse, ne l'a pas encore quitté. Elle supporte sa mauvaise humeur, ses réponses laconiques, se satisfait de ne rien comprendre à son travail. Le CEO 1 Monde le convoque à New York pour une affaire urgente.

Il prend le vol du matin, n'emportant rien. La firme met costume et nécessaire de toilette à sa disposition. Elle connaît son poids, sa marque de dentifrice, son taux de cholestérol.

À la faveur du décalage horaire, il atterrit en fin de matinée. Une des voitures de la banque, une Mercedes Benz S550 noire aux vitres teintées, l'attend à l'aéroport JFK. Elle tente d'entrer dans Manhattan par le Brooklyn Bridge. Les voitures sont scotchées à l'asphalte, celle de Sébastien immobilisée au milieu du pont. La climatisation crache un air froid parfumé au bubble-gum. Sur la banquette de cuir anthracite, Sébastien se change en glaçon.

- UN Week, sir, explique le chauffeur portoricain.

C'est la semaine de l'assemblée générale de l'ONU, pas son jour de chance. Avec cent quatre-vingt-treize chefs d'État en ville, Manhattan est sur les dents. La chambre de Sébastien au Waldorf Astoria, au cas où la réunion le contraindrait à rester pour la nuit, n'a pu être réservée. Mahmoud Ahmadinejad monopolise tout un étage. La circulation est coupée sur la 6e Avenue afin que son Hummer aux vitres fumées et sa chasse gardée se déplacent sans accroc. Pendant quelques jours, le FBI et le NYPD assurent la sécurité de l'homme qui empêche Obama de dormir.

Sébastien sent son ventre se tordre. UN Week ou pas, le boss de Folman Pachs n'attend jamais. Il se glisse à l'extérieur de la limousine coincée au milieu du Brooklyn Bridge. Couleurs d'automne, soleil implacable, c'est l'été indien. Il prend une grande inspiration. Saturé de particules métalliques, l'air de New York enflamme ses poumons. La Grosse Pomme pue le poisson pourri et le soufre. Sébastien part sans un mot pour le chauffeur. Avançant vers Manhattan, cerné de carlingues et de klaxons en furie, il songe un instant à tout plaquer, à se fondre dans la foule qu'il aperçoit, à la sortie du pont.

Arrivé sur l'île par Wall Street, il n'a qu'à traverser d'est en ouest pour atteindre le siège mondial de la firme. C'est l'heure de la pause déjeuner. Au coin de la rue, des ouvriers du chantier du World Trade Center mangent des chips. Des filles en tailleur et baskets courent à leur club de gym pour l'heure de sport réglementaire. Des livreurs virevoltent, plateaux-repas en main, pour nourrir l'armée de travailleurs enchaînés à leur bureau. Les vendeurs de rue débitent hot-dogs et kébabs à la chaîne. Sur sa guérite, l'un d'eux juge utile de préciser :
«Ici, poulet véritable.»
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Il est incroyable de voir comme le peuple, dès qu'il est assujetti, tombe soudain dans un si profond oubli de sa liberté qu'il lui est impossible de se réveiller pour la reconquérir : il sert si bien, et si volontiers, qu'on dirait à le voir qu'il n'a pas seulement perdu sa liberté mais gagné sa servitude...)
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Trente mille milliards, c’est le montant cumulé des plans de relance et de sauveteage de 2008 à 2011. La masse monétaire mondiale a été multiplié par trois en quatre ans. Les politiques gagnent du temps en injectant massivement de l’argent, de la monnaie de singe. L’inflation arrange tout le monde ; elle masque l’appauvrissement général, une humanité en plein déclassement.
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Stars du show biz, entrepreneurs survoltés, loups du CAC, ils jouent à se faire peur. Mais jamais avec leur vie. Ils évitent de rentrer chez eux, de se confronter à la question terrible, au fond :" Qu'as-tu fait de ta journée?" Rois de l'absurde, ils ne sont plus convaincus d'en avoir eu une.
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Changer, c'est quand même l'un des trucs les plus angoissants au monde.
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Seigneur de la com, Sébastien enchaîne soirées annulées et vacances reportées. Depuis l'implosion des subprimes, il ne gère que des scandales.
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Vidéo de Flore Vasseur
A l'occasion des Tribunes de la Presse 2021, rencontre avec Flore Vasseur, écrivaine et documentariste, autour de " Pourquoi j'ai réalisé Bigger than us". Rencontre animée par Philippe Thureau.
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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