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EAN : 9782267025286
155 pages
Christian Bourgois Editeur (29/08/2013)
3.56/5   268 notes
Résumé :
Las du quotidien de sa vie de bureau, Donald décide de partir naviguer seul pendant trois mois en mer du Nord. Maria, sa fille de sept ans, le rejoint pour la dernière étape qui doit les ramener du Danemark aux Pays-Bas, où ils retrouveront sa femme. Mer étale, complicité entre le père et la fille: la traversée s’annonce idyllique. Mais rapidement, les nuages noirs se profilent à l’horizon, et Donald semble de plus en plus tourmenté.
Jusqu’à cette nuit cauch... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (76) Voir plus Ajouter une critique
3,56

sur 268 notes
Ne vous fiez pas à la belle mer étale en couverture du livre de Toine Heijmans, le roman annonce plutôt un fort avis de tempête.
La traversée ne sera pas de tout repos, alors gare au roulis !

Depuis trois mois, Donald voyage en solitaire sur la mer du Nord. Loin des problèmes de bureau, loin des promotions espérées en vain, loin des regards pesants des collègues, rien d'autre que lui, ses pensées, son voilier et la mer. La croisière s'achève dans quelques jours et pour la circonstance, Hagar, la femme de Donald, a accepté que Maria, leur fille de 7 ans, accompagne son père pour la dernière étape du voyage. Pour Donald, qui est resté éloigné de sa famille durant de longues semaines, c'est une joie d'accueillir Maria à bord du voilier. Deux jours pendant lesquels, unis, complices, père et fille vont partager les bonheurs de la navigation avant de rentrer aux Pays-Bas où les attend Hagar. La traversée s'annonce donc idyllique. Mais lors de la seconde nuit, le temps change brusquement. Les nuages se sont rassemblés et « voguent en rangs serrés autour de l'étrave ». Bientôt la tempête se déchaîne autour du petit bateau et Donald semble totalement perdre le contrôle de la situation.
Le voilà qui descend dans la petite cale pour voir si l'orage n'a pas réveillé Maria. Il touche le matelas mais ne sent rien…Il balaie du bras les couvertures, les fouille, les tire, met à sac le petit lit. Rien ! Maria n'est pas là ! Maria a disparu…

La sentez-vous la tension dramatique monter au creux de vos reins ? Celle qui fige les nerfs et glace les sangs à l'idée du malheur qui a pu frapper cette frêle embarcation malmenée par une mer déchaînée ? Elle vous accompagne tout le long du récit cette tension sournoise et électrique, d'autant plus accrue à mesure que la psychologie de Donald se révèle dans toute son impuissance à faire face aux évènements.

Car Donald est le genre de personnage qui met d'emblée mal à l'aise. Ce type, on ne le sent pas, il n'est pas net. Et quand on sait que sa fille de 7 ans est seule avec lui sur ce bateau en pleine mer, le malaise au début imperceptible devient de plus en plus envahissant, oppressant, d'abord comme une toute petite bulle qui se forme à la lisière de la conscience et qui grossit, grossit, grossit jusqu'à éclater dans un trop-plein de panique, de peur, de colère, mais aussi d'espoir malgré tout.

Tout le long de ces interminables petites 150 pages qui ne ménagent guère de détente, dans un état de contraction allant crescendo, l'on garde sur la rétine l'image de cette petite fille dans son pyjama rose et de cette mer du Nord démontée, froide, meurtrière, capable de réduire à néant n'importe quel bateau d'un seul mouvement de lame.
Et plus on découvre Donald, plus on perd confiance. le bonhomme, de nature introverti, nous apparaît comme un être fragile et désemparé, frôlant l'abattement moral. Sa déprime nous inquiète, son désir de bien faire aussi.
A trop vouloir être un mec bien, un bon père, un bon mari, un bon employé, celui sur qui l'on peut compter en toutes circonstances, Donald finit par se noyer dans un océan de doutes. Si bien que la peur de l'échec le fait souvent agir en dépit du bon sens et prendre de mauvaises décisions. L'image qu'il renvoie est alors celle d'un homme aux failles profondes, et malgré la compassion qu'il inspire, sa chétive condition n'est que plus évidente au milieu des flots, dans cet encerclement bleu où se débat sa pensée chaotique.

Louvoyant dans les eaux troubles de nos angoisses, l'auteur néerlandais Toine Heijmans joue avec nos nerfs, fait monter la pression et nous maintient dans une cabine de pressurisation morale avec une très efficace façon de créer le suspense dans le pressentiment plutôt que dans le rythme.
Peu d'actions en fin de compte mais un récit bâti sur ce que le lecteur tend à s'imaginer, sur les tragiques représentations mentales qu'il se forge. Ainsi, c'est lui-même qui va échafauder ce suspense au cordeau en projetant dans le roman ses propres appréhensions du drame absolu - qui plus est pour des parents – qu'est la perte d'un enfant.

Dans un contexte maritime, c'est un peu la même étreinte affolante que l'on pouvait ressentir à la lecture de « Sukkwan Island » de l'auteur américain David Vann. Les mêmes émotions gouvernent la lecture de « En mer » : le sentiment de malaise irrépressible devant un danger potentiel, la peur-panique qu'un drame affreux ne se produise et pour couronner le tout, le cadre majestueux d'une nature imprévisible et hostile qui vient conforter l'anxiété s'amplifiant au fil des pages.

Le décalage entre une narration terre-à-terre et des éléments extérieurs déchaînés scande le trouble en incessant ressac. L'écriture âpre et sans apprêt de Toine Heijmans, la frugalité de ses mots face aux tumultes de l'océan, jouent un rôle d'accélérateur de tension, et l'on ne goûte l'air frais du grand large qu'avec le relent âcre de l'inquiétude au fond de la gorge.
Si le roman nous submerge habilement par son climat pesant et irritant dans une description plutôt alarmante de l'intimité masculine, le style mesuré de l'auteur néerlandais, d'une simplicité concise et réfléchie, recèlent de belles fulgurances marines ainsi qu'une réflexion judicieuse sur la solitude, la dépression, la paternité, les relations de couple, les aléas du monde du travail…tout ce que nos sociétés modernes produisent de tracas et que l'océan, dans toute son auguste puissance, balaie d'un revers de vague.
«En mer » : Prix Médicis 2013 du roman étranger…Attention ça va gîter !
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Voilà un roman qui à le mérite de vous embarqué de façon pernicieuse. Toine Heijmans se glisse dans les pensées de Donald, qui a décidé de partir trois mois en mer après avoir obtenu un congé sabbatique et le oui de son épouse. Pour sa dernière étape qui le ramène au bercail, il retrouve Maria sa fille de sept ans, pour effectuer les derniers miles. Mais une météo peu clémente se profile. Ces dernières quarante huit heures seront les plus difficiles de sa parenthèse solitaire. Angoissant à souhait, ce jeune auteur Hollandais nous glisse dans les pensées de Donald, qui trouve le besoin de se ressourcer à travers ce voyage. le roman devient très vite addictif, Heijmans installant des situations anxiogènes. Difficile de lâcher ce court roman. Privé de sommeil, le cerveau de Donald mouline à plein régime. Une façon très originale de parler de la place d'un homme tant dans sa vie privée que professionnelle. le récit de Heijmans trouve toujours le ton juste, angoisse et quiétude se chevauchant avec un bel équilibre. Ce huis-clos maritime ne perd jamais le cap. Un auteur à suivre indiscutablement, couronné par le Médicis étranger.
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Ismaël est son voilier, la mer son terrain de jeu.
En navigateur averti, Donald sait que les moments qu'il partage au quotidien avec sa fille Maria sont privilégiés.
La maman, assise sur une bitte d'amarrage, guette le retour de ses héros.
Tirant tribord sur le grand foc à près de 12 noeuds direction plein Est - astuce, il suffit de repérer la mousse au pied des arbres - la balade s'avère idyllique, la mer d'huile, l'ambiance digne des plus grandes soirées mousse sur la croisette. Bref, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Mais ne dit-on pas que c'est pas l'homme qui prend l'amer, c'est la mère qui prend l'ohm. Si, on le dit, avec juste raison.
Ce qui ne devait être que bidonnage et barres de lol va très rapidement virer au cauchemar...

La balade est agréable, pas inoubliable.
Retraçant le parcours de nos deux moussaillons de A à Z, l'auteur n'aura pas su insuffler la tension nécessaire à un tel récit. Introspections poussées à leur paroxysme, soit, mais toujours ce sentiment persistant de déjà vu.

A sa décharge, Heijmans parle de la mer avec une passion communicative. Le bateau et ses moult manoeuvres sur terrain gras, voire pentu, n'auront plus aucun secret pour vous. Le bonhomme connait son affaire et la dispense sans jamais saouler le néophyte, chapeau pour la perf'.
Là où le bât blesse, c'est l'anticipation d'un final à 1000 miles nautique à la ronde.
Zéro surprise, juste la confirmation d'une évidence et ce dès le tout premier quart de la moitié et je retiens 2, c'est dire.

En mer vous dépaysera, de là à vous submerger...



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Voila longtemps que je voulais lire En mer et je dois dire que je ne suis pas déçue, bien au contraire. Toine Heijmans nous livre ici un roman très court mais tellement intense qu'on le dévore d'une traite.

On fait la connaissance de Donald, qui prend trois mois pour partir réaliser un rêve de longue date : naviguer en solitaire sur un voilier. Pour conclure cette aventure, il embarque sa fille de sept ans pour une dernière escale : "Elle comprenait ce qui allait se passer. D'après moi, elle en avait même envie. Quelques jours seule avec son père, le pirate. Oui, elle se sentirait comme Fifi Brindacier. une enfant qui ne recule devant rien. Dans les bras de son père, et dans les bras de la mer."
Mais tout ne se passe pas vraiment comme prévu...
"Ce fut mon choix à moi. Je voulais l'aventure. Quand on lit des livres d'aventure, on lit des récits de héros. L'homme contre l'eau. L'homme contre la montagne. L'homme contre la jungle, contre la nature. Mais maintenant que moi-même je me retrouve dans une aventure, ça n'a rien de romantique. Ici règne un froid de pierre.
Les gens normaux évitent l'aventure - ils ont raison. Quand tu escalades une montagne, ton sort est entre les mains de la montagne. Qu'est-ce que ça peut lui faire, à la montagne, si tu tombes?"

Le suspense monte progressivement et la construction du roman est habile : des le départ on sait qu'il se passe quelque chose de grave mais l'auteur choisit un flashback pour nous faire doucement patienter. Il joue avec ses lecteurs avec cette fin qui bouscule toutes nos certitudes de lecture. J'ai vraiment beaucoup aimé ce roman et cette première rencontre avec l'auteur. le personnage de Donald est lui aussi attachant même si au final, il reste un grand mystère. Je reste sur ma fin et je suis curieuse de savoir ce qu'il est devenu après son arrivée au port....
Lien : https://missmolko1.blogspot...
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Il voulait emmener Maria en mer. Seuls, tous les deux, père et fille.
Et quand il voulait quelque chose, il le faisait !
Hagar a accepté pour ne pas jouer les emmerdeuses, pour ne pas faire de peine à sa fille.
La fillette rejoignit son père pour la dernière étape d'un périple qui a duré trois mois.
Ils sont heureux de se retrouver pour partager la grande aventure.
Puis le ciel s'obscurcit, les vagues battent la coque du bateau, le vent se lève et la grêle se met à tomber comme des billes sur le pont. Et brusquement, Maria est introuvable !
Le lecteur tout comme le bateau est balloté dans un suspens allant crescendo dans l'angoisse.
Toine Heijmans parvient à créer cette ambiance terrible qui ne laisse rien présager de bon, il conserve le mystère jusqu'à l'ultime page, qui éclaire enfin l'ensemble de l'intrigue !
J'ai adoré ce roman impressionnant d'un auteur incroyable qui joue avec les mots autant qu'avec les sentiments pour berner le lecteur du début à la fin...
Je vous conseille vivement de larguer les amarres et… bon vent !

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critiques presse (2)
LaLibreBelgique
03 décembre 2013
Un livre court et fort comme une tragédie grecque. Il évoque comment la beauté côtoie le drame et il met en scène un lieu et une situation où la mort jouxte l’extase.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Culturebox
17 septembre 2013
Le suspense parcourt sans relâche le récit de ce huis-clos en pleine mer. Le romancier embarque habilement le lecteur dans les profondeurs de l'âme d'un homme que les interrogations et les angoisses poussent au seuil de la folie.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Citations et extraits (40) Voir plus Ajouter une citation
Ce fut mon choix à moi. Je voulais l'aventure. Quand on lit des livres d'aventure, on lit des récits de héros. L'homme contre l'eau. L'homme contre la montagne. L'homme contre la jungle, contre la nature. Mais maintenant que moi-même je me retrouve dans une aventure, ça n'a rien de romantique. Ici règne un froid de pierre.
Les gens normaux évitent l'aventure - ils ont raison. Quand tu escalades une montagne, ton sort est entre les mains de la montagne. Qu'est-ce que ça peut lui faire, à la montagne, si tu tombes?
Mon sort est entre les mains de la mer. Qu'est-ce que ça peut lui faire, à la mer, si j'échoue? Jusqu'à présent, je voyais dans la mer une compagne, une amie pour faire route ensemble. J'avais trois vrais amis: Hagar, Maria et la mer. Mais la mer ne peut pas être une amie. L'eau n'a ni sentiment ni histoire. Elle ne fait rien, elle est, c'est tout. Si elle t'assassine, si elle te noie, il n'y a là rien à rechercher que ta propre stupidité. La mer n'est ni une amie ni une ennemie.
C'est un fait: tu es là dans l'eau. Que tout ton avenir en dépende, le tien et celui des autres - l'eau n'y peut rien. L'eau s'en fiche complètement.
Le problème de l'homme, c'est qu'il anthropomorphise tout. L'homme pense que l'eau a un plan. L'homme veut se montrer plus fort que l'eau, alors qu'il ne s'agit que d'eau: de l'eau sans pensées, sans arrière-pensées.

(P124)
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La mer portait délicatement le voilier. La mer est une boîte de Petri remplie de plomb liquide. Quelqu'un tient la boîte et la fait osciller, avec régularité et attention, de façon à créer une onde longue et houleuse. La proue glissait dessus sans problème. Les vagues étaient suffisamment grandes pour soulever haut le voilier. Et après avoir soulevé le voilier, elles le laissaient redescendre avec mille précautions. Comme si elles reposaient un bébé dans son berceau.
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Pendant tout le voyage,il faudrait que je sois de quart en continue. Deux fois vingt-quatre heures de concentration maximale, deux nuits sans dormir, voilà une chose à laquelle j'étais capable de me préparer. Je comptais sur le café et le Red Bull pour m'aider à surmonter les heures les plus difficiles, les heures sombres entre minuit et quatre heures du matin. Le quart du chien. Lorsqu'il n'y a rien en mer, en dehors des loupiotes des bouées et des plateformes pétrolières. Lorsque le froid glisse ses longs doigts sous les vêtements de marin.
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Les enfants ne distinguent pas le rêve de la réalité. Parfois ce serait bien que les adultes en fassent autant.
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Tu aimes partir en vacances, mais quand tu es en vacances, tu aimes bien rentrer à la maison.
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Vidéo de Toine Heijmans
À l'occasion de la 33ème édition du festival "Étonnants Voyageurs" à Saint-Malo, Toine Heijmans vous présente son ouvrage "Dette d'oxygène" aux éditions Belfond.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2729917/toine-heijmans-dette-d-oxygene Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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