Roman noir d'une renaissance.
Commandant Henri Saint-Donat, le printemps, entre Marseille et Toulouse : le décor est planté.
Encore un flic qui se balade entre ses démons intérieurs et ceux extérieurs et bien réels. Mais ce scénario lui va finalement aussi bien qu'à bien d'autres personnages de ce type dans d'autres polars. Il fait son job : on n'a plus qu'une envie, le suivre.
Christophe Gavat - lauréat du Prix du Quai des Orfèvres 2021 - pose ici des questions qu'on pourrait appeler philosophiques, sur la vie et la mort, sur l'expression du bien-fondé de notre existence. Sans ménagement, il nous met face à la tristesse, à la douleur et nous expose au drame qu'est bien souvent la vie.
Au travers de son personnage principal, nous traversons une panoplie d'interrogations. Et bien vite nous décelons que son plus grand doute est : existe-t-il encore une once d'espoir face à l'adversité, face à certains monstres?
Alors que cadavres et proxénétisme pullulent dans sa région, Mathilde, sa supérieure, croit bon de l'expédier à l'autre bout de la planète, à un colloque au Québec. L'idée est louable ; le voir se ressourcer un peu.
Puis, lorsque son plus proche collaborateur est enlevé, survient un profond sursaut de la psyché de Saint-Donat. S'en suit un réveil de tous ses instincts de flic. L'enquête est alors rondement menée et là, plus question de lâcher le bouquin.
La géographie locale est décrite de telle manière qu'on pourrait se croire originaire, nous aussi, de Marseille. Pareil pour le fonctionnement des institutions gravitant autour de la crim'. Les personnages rencontrés au fil de l'enquête, qu'il s'agisse des « méchants » comme des « bons », ont un réel intérêt pour la mise en lumière de l'énigme. La langue et le style sont fluides.
Tout cela pour dire que ce polar est dynamique, bien construit sur des mots à la plume élégante, soutenue et incisive. Quelques traits d'humour sont parsemés, allégeant la noirceur et la dureté de l'histoire. L'enquête est rondement menée. Aucun temps mort !
Une phrase qui résumerait l'esprit :
« C'est désespérant de croire en l'homme, mais y a-t-il le choix? »