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EAN : 9782812614507
176 pages
Editions du Rouergue (01/11/2017)
3.43/5   15 notes
Résumé :
Garry a roulé toute une journée pour arriver à La Meute, ce village dans le Jura, terre d’enfance où il n’a pas mis les pieds depuis plus seize ans mais où il est venu chercher un refuge, où il pense que personne ne pourra le trouver. Avec lui il y a un gamin, un Yannis de huit ans qui n’est pas le sien. Et finalement il le retrouve, le chemin de la cabane, là où vit toujours le Vieux, avec son fusil et son chien. Est-ce que c’était une bonne idée, de revenir au déb... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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J'avais déjà eu un bel aperçu du style sans concession de l'auteur Jérémy Bouquin dans “Moktar” . Cette nouvelle lecture le confirme.
Difficile de lâcher ce roman qui confronte la violence des zones urbaines et le calme (relatif) de cette cabane perdue dans la forêt jurassienne.

Nos narrateurs sont deux frères : Garry et Karl Lazare . Ils ne connaissent que la banlieue parisienne , ses ZEP , ses blocs hérissés de tours HLM entourées de pelouses pelées . Des quartiers où les rois sont les trafiquants de drogues et leurs armées de guetteurs , de revendeurs et de nourrices. Deux frères qui ont pris des chemins différents mais pas nécessairement du bon côté de la barrière malgré les apparences .
Si Garry a quitté la région parisienne pour se planquer dans la cabane dans laquelle son grand-père vit en quasi ermite , c'est parce que son boss, Joe, lui a demandé d'y emmener son gosse de huit ans, Yannis. Joe c'est le caïd de la cité et, bien qu'il soit derrière les barreaux, continue à diriger diriger d'une main FD fer son business depuis sa cellule VIP . Garry c'est un peu son homme de confiance et c'est la raison pour laquelle il lui a confié cette mission. Car Joe a bien l'intention de ne pas moisir en prison mais de se faire la belle dans les prochaines heures avant de retrouver son fils . Mais tout ne va pas se passer comme prévu et le business de la came c'est comme un peu comme la nature : elle a horreur du vide.

Un roman que j'ai lu d'une traite, immédiatement embarqué dans cette histoire aux sérieux rebondissements.
La vérité se dévoile au fil des pages et se distille au compte-goutte pour mieux nous tenir en haleine. Quels secrets se cachent derrière cette famille Lazare décomposée où l'ancêtre survit au fond des bois dans cette masure décrépie alors que sa fille et ses deux enfants ont déserté les lieux pour rejoindre cette cité populaire ? Car le passé finit toujours par se raccrocher au présent même si on avait tout fait pour le fuir . Ne vous attendez pas pour autant à du Proust . Nos narrateurs ne sont pas des enfants de coeur : leur langage, comme leurs actes, disent la violence et le système D. La loi du plus fort dans une jungle urbaine possédant ses propres codes et ses propres règles.
Des règles qui peuvent très vite être exportées dans ce coin de nature , vers ce refuge coupé du monde , quand des enjeux extérieurs l'exigent.
Alors tout est possible, même le pire , quand la haine et une inhumanité la plus totale s'engagent dans la voie de la destruction.
L'écriture incisive de Jérémy Bouquin ne finira jamais de me surprendre tant son talent éclate ici sans filtre . C'est noir. Intense. Radical. Frappant de réalisme.
Du grand roman noir !






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Je ne sais pas comment ils font chez Rouergue mais c'est bien simple : je ne suis jamais déçue par leurs publications, que ce soit littérature générale ou polars. Et une fois de plus, avec Enfants de la Meute de Jérémy Bouquin : bingo ! Ce roman m'a soufflée ! Mais d'abord, il faut que je vous prévienne, c'est noir, noir de chez noir même si l'on est au coeur de l'été et que tous les personnages crèvent de chaud. Quel rythme, quelle vivacité dans les dialogues, quelle construction narrative !… Tout nous est révélé au compte-gouttes, au détour d'une phrase et l'on reste pantois, estomaqué, médusé : on relit en se disant, non, ce n'est pas possible. Jérémy Bouquin (quel nom génial pour un écrivain!) n'a peur de rien : pas de tabous. Rien n'est intouchable, inviolable. Alors, si vous êtes prêts, accrochez vos ceintures, on va démarrer…
Ils sont deux dans la voiture : un gamin qui pigne parce qu'il a une envie pressante (« Des plombes qu'il me tanne pour pisser », phrase d'ouverture du roman...) et un homme qui n'a pas l'intention de s'arrêter. Ils n'ont pas l'air de se connaître plus que ça, ces deux-là. L'homme finit pas stopper la voiture. le gamin descend, fait ce qu'il a à faire, remonte. Maintenant, il a faim et se jette sur ce qu'ils ont acheté à l'arrache sur une aire d'autoroute. La voiture tourne en rond, le moteur chauffe, les roues s'enlisent sur l'asphalte qui fond, l'homme est perdu. Ils ont quitté l'autoroute voilà une heure et ils ont commencé à gravir la montagne. Mais l'homme n'a plus de repères. Et pourtant, ce coin, il le connaît, il le connaît même très bien : il y a passé du temps quand il était jeune. Alors, quand son pote, Joe, lui a demandé de planquer le gamin, il a tout de suite pensé à ce trou paumé.
Ils repartent, maintenant le gamin vomit, les virages, c'est pas top pour digérer. L'homme est furieux, le cuir de sa belle bagnole sera irrécupérable. Enfin, ils arrivent au village « La Meute », il faut encore trouver la cabane, l'espèce de taudis minable où vit le vieux que l'homme appelle papy et dont il dit au gamin, pour le rassurer, qu'il est très gentil. Je ne sais pas si c'est le mot qui convient mais bon… C'est le début du roman, on y croit encore...
Qui est ce paria qui vit coupé de la civilisation au fin fond des bois avec son fusil et son chien ? Qui est cet homme qui peste depuis le début après un gamin qu'il connaît à peine ? Pourquoi doit-il cacher ce gosse terrifié qui réclame sa mère ?
Enfants de la Meute est un huis clos étouffant : tout est tension, silences, non-dits, sentiments refoulés. Ah, quand le passé refait surface, ce n'est pas toujours très bon...
La violence est là, prête à surgir d'un coup lors d'une nuit d'orage, dans une atmosphère de fin du monde, une violence terrible qui frappe quand vous ne l'attendez pas. On est dans une tragédie. Un monde sans pitié. Un monde de fureur et de haine où tout est permis même le pire. Les mots crus, les dialogues bruts, l'écriture ciselée, rythmée et nerveuse happent le lecteur, lui envoient un direct en pleine poire, le réalisme social et la précision de la description sidèrent, l'effet de réel en devient saisissant, le suspense (la construction est excellente) est tel qu'il est impossible de reposer le bouquin (le livre, pas l'auteur… ah, ah)
Vous sortirez de là complètement sonnés mais bon… je vous aurai prévenus !
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Voilà quelqu'un qui porte bien son nom. S'appeler Jérémy Bouquin quand on est écrivain, ça ne peut pas être un hasard. N'ayant jamais entendu parler de lui, j'ai voulu voir si ce hasard avait bien fait les choses.

Dès les premiers mots « Des plombes qu'il me tanne pour pisser ! », j'ai compris que je n'avais pas affaire au nouveau Marcel Proust. Mais de mon point de vue, ce n'est pas forcément une critique. Parce que ce langage sied comme un gant à cette aventure. En effet, les narrateurs qui nous rapportent les évènements sont des personnes très mal élevées. Ils ont été éduqués au fin fond du monde et vivent dorénavant dans une triste banlieue où le banditisme fait la loi. Ils relatent donc les faits avec leurs mots. Ils parlent comme ils pensent, avec un vocabulaire familier, souvent vulgaire. C'est un peu inattendu au premier abord mais je me suis accommodé rapidement. Ce style se lit très bien et est même adapté à l'atmosphère du livre.

Le récit au présent de l'indicatif permet au lecteur de vivre l'instant présent. Celui-ci se situe dans un coin retiré du Jura. Les protagonistes sont de retour dans ce décor qui a bercé leur enfance. Ce retour forcé par le destin permet de faire ressortir le passé. On découvre alors la vérité sur cette famille déchirée par les mauvais souvenirs. Leurs retrouvailles fortuites vont alors être à la hauteur de leurs rancoeurs. Et pour ne rien vous cacher, ça cogne fort !

L'écriture, le scénario, les personnages, le paysage, l'ambiance, tout est taillé à la serpe. L'auteur ne fait pas dans la dentelle. J'ai été scotché de bout en bout par le réalisme des situations et la justesse du propos. J'ai été emporté par cet univers humainement sombre qui fait ressortir la dureté de l'Homme et ses pires instincts.

Ce livre est une vraie pépite de roman noir qui va vous frapper à coups de batte et vous laisser agoniser sur le bord de la route. C'est violent, c'est brillant et ça laisse des traces…Bravo à M Bouquin, dont le patronyme n'est tout compte fait pas usurpé !
Lien : https://leslivresdek79.wordp..
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Il y a les vies qui éclosent et celles qui se fracassent dès leur première sortie. "Il y a ceux qui grandissent et ceux qui changent". Et quand on vous enracine dans un terreau pourri, la chance de pousser est maigre. Peu importent les coups et les déchirures, que le quartier se charge d'infliger à ses sujets bringuebalants, tout cicatrise. Tout, sauf la blessure originelle, léchée mille fois par l'animal en rage, empêchant la plaie de se refermer.
Garry est une des fourmis évoluant dans un quartier, qui pourrait être situé dans n'importe quelle grande ville. Une fourmi qui prend sa place dans la hiérarchie locale des petits trafiquants de drogue. Une fourmi qui prend du grade lorsque le grand patron doit s'évader de prison, et qu'il exige que son fils Yannis fasse partie de la cavale. Mais Garry n'est pas de ceux qui voyagent le sabre fier à la main. Alors dès l'enlèvement du précieux nectar, même le retour à une fange dont le souvenir soulève l'estomac est préférable à l'inconnu complet. Retour aux sources crasseuses, chez le Vieux, au fond d'un encaissement jurassien, au fond du rien, dans le village de la Meute. Là même où une enfant a poussé, s'arrachant la fleur de l'âme ; là où ses deux garçons ont été gardés par Papy.
Les Enfants de la Meute, Garry et son grand frère Karl, en révolte des l'enfance. Une meute qui n'a rien de l'unité qui devrait la caractériser.
Au coeur de ce huis-clos, les éléments se déchaînent, le temps s'accélère et l'apocalypse promise fracasse de son bras vengeur un petit coin de forêt...
Encore un roman noir qui vous colle à la peau, encore une pellicule qui se plaque et vous interdit d'oublier ces personnages, encore un fil attaché plus étroitement aux écrits de Jérémy Bouquin !
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Par une journée caniculaire, une grosse Subaru débarque dans le hameau de la Meute, dans le Jura. Dedans, un homme de mauvais poil et un gamin apeuré. On le comprend assez vite, Garry, le conducteur, débarque d'un quartier de banlieue dans lequel il fait partie de la bande qui tient le trafic de drogue, et Yanis, l'enfant, n'est pas le sien, mais celui du boss censé s'évader bientôt de prison.
Mais alors que Garry s'enterre à La Meute, où vit le Vieux, son grand-père aussi fascinant que sauvage et détesté, les messages du quartier qui arrivent sur le téléphone de Garry, lorsqu'il capte un peu de réseau, se font de plus en plus inquiétants. Quant à La Meute, il faudra vite se rendre à l'évidence, c'est un cul-de-sac.
Avec Enfants de la Meute, Jérémy Bouquin propose donc avant tout un roman d'ambiance. Une ambiance extrêmement lourde et tendue le temps d'un peu moins de deux cents pages durant lesquelles la violence sourde ne fait que monter crescendo en même temps que s'amoncellent les nuages d'orage et que la ligne téléphonique de Garry se fait de moins en moins active.
Cette ambiance, la façon dont l'auteur gère la tension, mais aussi les silences plombants entre Garry et le Vieux sont incontestablement la réussite de ce roman. On se montrera plus circonspect sur l'intrigue générale qui l'accompagne, trop souvent aux limites de la vraisemblance, et sur l'histoire familiale qui vient s'insérer là-dedans et justifie l'arrivée de Garry à La Meute. Plein comme un oeuf de ces différentes strates et fils narratifs, le livre de Jérémy Bouquin peine du coup à rendre totalement crédibles tous ces éléments où à les approfondir assez pour leur donner plus d'épaisseur que celle d'un décor un peu chargé.
Enfants de la Meute est un exercice de style plutôt réussi et Jérémy Bouquin montre là qu'il sait manier le suspense et laisser planer une menace sourde assez inconfortable. Sans doute cela aurait-il mérité un roman un peu plus long pour résoudre l'équation de l'égale qualité de la tension et de la crédibilité de l'intrigue et des personnages.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Yannis et moi le regardons s'agiter. Les efforts du vieux pavent Il finit par retourner sa barque, il doit trouver la bâche en plastique maintenant!
- Il fait quoi?
- Il a peur, jexplique au petit.
- Il a peur de quoi?
- De lorage.
- Et toi tu as peur? Yannis me retourne la question.
Le gamin me fixe. Je suis pas bien, il le voit. Il attend une réponse, je n'ose lui dire pour son père qu'il attend, ton papa est mort. Impossible.. c'est quoi la mort ? Cest quoi la vie ? C'est quoi de vivre sans papa ? moi je n'en ai jamais eu... - J'ai toujours peur, je fais à Yannis.
- Tu as peur de quoi?
Impossible de lui expliquer. Mais pas un jour, pas une heure ne passent sans que j'éprouve ce sentiment permanent la peur. Je pense alors à Karine... j'hésite à l'appeler. Je sais pas pourquoi je pense à elle.
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Cette nature me file une drôle de sensation. La nostalgie, le retour au pays, pas de celle qui t'éveille le coeur et fait remonter des souvenirs. Non, cette saloperie de nostalgie qui te trouble, te donne envie de gerber. Celle des moments enfouis, des vagues de cauchemars immergés. J'en ai la chair de poule.
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La priorité c’est le vol.
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Vidéo de Jérémy Bouquin
Jérémy Bouquin, "Sois belle et t'es toi !", Editions Lajouanie, 20 mai 2016
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