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EAN : 9782749120805
288 pages
Le Cherche midi (30/11/-1)
3.36/5   51 notes
Résumé :
"La plupart des hommes de ma famille font de leurs épouses des veuves, et de leurs enfants des orphelins. Je suis l'exception. Ma fille unique, Kate, est morte renversée par une voiture alors qu'elle rentrait de la plage à bicyclette, un après-midi de septembre, il y a un an. Elle avait 13 ans. Ma femme Susan et moi nous sommes séparés peu de temps après". Ainsi commence Enon, du nom de la petite bourgade de Nouvelle-Angleterre où Charlie Crosby, percuté de plein fo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (27) Voir plus Ajouter une critique
3,36

sur 51 notes
Comment peut-on vivre, ou dirais-je simplement survivre, après la perte d'un enfant, surtout lorsque celui-ci ou celle-ci a été enlevé alors qu'il était à l'aube de sa vie ?
C'est tout le thème de cet ouvrage mais avant de commencer ma critique, je tenais à remercier Babelio ainsi que les éditions Cherche Midi pour m'avoir gracieusement envoyé cet ouvrage dans le cadre de l'avant-dernière édition de Masse Critique.

Ici, le lecteur se retrouve dans le petit village d'Enon en Nouvelle-Angleterre où Kate, âgée de seulement treize ans, se fait brusquement fauchée par une voiture alors qu'elle était en vélo. Pour ses parents, Susan et Charlie (surnom de Charles) Crosby, c'est bien plus qu'un terrible et dramatique accident. Leur mariage, déjà si frêle, qui était consolidé par l'amour qu'ils portaient tous deux à leur fille unique et qu'ils chérissaient plus que tout au monde, va donc indubitablement battre de l'aile. Alors que cette tragédie aurait dû les souder encore plus afin de faire face à l'inacceptable, elle va au au contraire, continuer à ruiner leur mariage. Si Susan a assez de force en elle pour accepter que la chaire de sa chair lui aie été injustement ravie, Charlie, lui, au contraire, se refuse à l'admettre. Aussitôt commence alors une interminable dégringolade dans l'enfer, celui des médicaments, de l'alcool et de la drogue. Cet homme qui a tout perdu, femme et enfant, se retrouve encore plus bas que terre en devenant une véritable loque humaine, entraînant le lecteur avec lui dans sa chute.

Un roman absolument poignant, criard de vérité mais qui, bien que nous montrant l'enfer tel qu'il peut être sur Terre, nous donne aussi de sacrées leçons de morale.
Un roman que je ne peux donc pas qualifier de léger tant les thèmes abordés ici sont extrêmement durs mais qui se lit pourtant très rapidement. Il faut dire aussi que je l'ai lu pendant ma semaine de congés (eh oui, j'ai le chic pour prendre mes vacances alors que tout le monde est soit retourné à l'école pour certains, au boulot pour d'autres et enfin que les derniers n'ont tout simplement pas eu de vacances alors je ne me plains pas !). En tout cas, je ne peux que vous recommander cette lecture qui ne vous laissera pas indemne. Aussi, un bon conseil lisez cet ouvrage quand vous êtes reposé surtout, quand vous avez un moral d'acier !
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Dans son deuxième roman publié en 2013, et en France dans la collection Lot 49 du Cherche-midi en 2014, Paul Harding révèle toute l'intrigue au premier paragraphe, plongeant son lecteur sans affect au coeur de ce trou noir, la perte d'un enfant.

«La plupart des hommes de ma famille font de leurs épouses des veuves, et de leurs enfants des orphelins. Je suis l'exception. Ma fille unique, Kate, est morte renversée par une voiture alors qu'elle rentrait de la plage à bicyclette, un après-midi de septembre, il y a un an. Elle avait treize ans. Ma femme Susan et moi nous sommes séparés peu de temps après.»

Reclus dans sa petite maison du village d'Enon, transformée en bloc de désespoir et de silence après le décès de Kate et le départ de sa femme, Charlie Crosby abandonne toute activité et se laisse tomber dans l'abîme du chagrin, une déchéance pour s'approcher au plus près de la frontière des ténèbres, entouré des fantômes de sa fille et de tous les disparus qui peuplent sa mémoire.

«J'étais affamé de mon enfant et je venais me repaître dans le cimetière, dans l'espoir qu'elle me rejoigne, à mi-chemin de nos deux mondes, ou juste au-delà, ne fut-ce qu'une nuit, ne fut-ce que pour un instant – qu'elle se dresse de nouveau, debout sur ses pieds nus, et foule l'herbe humide ou les feuilles mortes ou la terre enneigée de l'Enon vivant afin que nous puissions échanger elle et moi ne fut-ce qu'un seul, un dernier mot humain.»

Avec pour seul soutien les drogues et le whisky pendant cette année de descente aux enfers, Charlie se remémore, en une mosaïque de souvenirs et d'hallucinations d'une étrange beauté, l'achat de la première bicyclette pour sa fille et leurs ballades dans les environs d'Enon, ses propres jeux d'enfants et les souvenirs de son grand-père horloger, les histoires des habitants et ancêtres de ce village de Nouvelle-Angleterre tels Sarah Good, exécutée pour sorcellerie en 1692 et dont il imagine la rencontre avec Kate, et la sépulture :

«Mais les bois d'Enon regorgent de très vieilles pierres tombales, dépourvues de toute inscription, et il se peut que la sienne s'y trouve, parmi d'autres ossements de bêtes et de bons citoyens : moutons et chiens, pères et frères, boeufs et chevaux, mères et tantes, cochons et poulets, fils et filles, chats et chouettes anonymes, Puritains et Indiens, enfants à jamais innommés, et dont les os se mêlent aux alluvions de la terre et de l'eau souterraine, migrant sous les fondations de nos maisons et les fairways du parcours de golf, troquant leur thorax, leurs dents, leurs tibias, leurs phalanges, circulant sous le diamant des terrains de baseball et le lit des cours d'eau, s'accrochant aux racines et à la roche, aux tables granitiques et aux méandres d'argile. Enon compte sans doute plus d'habitants sous ses 2200 hectares de surface qu'on en recense au-dessus. Juste sous nos pieds, de l'autre côté de la croûte terrestre, se trouve un autre Enon, un Enon souterrain, qui dissimule ses activités en les menant avec une telle lenteur que les vivants ne sauraient en appréhender l'exacte teneur.»

Dans cette époque où le spectacle submerge tout d'émotions artificielles, ce roman de la souffrance intime d'un homme est d'une intense et authentique tristesse, un récit d'une poésie hypnotisante.
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Je n'avais pas réussi à finir Les Foudroyés, l'ouvrage précédent de Paul Harding mais j'ai fait l'effort d'aller jusqu'au bout de ce nouveau roman.

Bien sûr le sujet est sensible puisqu'il s'agit de la perte d'un enfant et vraisemblablement cela bloque des rouages dans le subconscient du lecteur (dans le mien en tout cas ...)

Charles Crosby perd accidentellement sa fille Kate de 13 ans et se sépare rapidement après de sa femme.

Il raconte son enfance à Enon avec son grand-père, sa rencontre avec Susan sa femme et sa vie avec Kate .

Cela n'a jamais été une vraie vie de famille, chaque parent étant en fait, un parent seul avec son enfant , Kate étant devenue très vite le seul ciment de la cellule familiale .

Ces évocations sont mêlées astucieusement à l'histoire de la petite ville d'Enon qui intéresse depuis longtemps Charlie .

Peu à peu , ces souvenirs se mélangent aux délires et aux rêves sous l'emprise de l'alcool,des médicaments et de la drogue, Charlie devenant un être solitaire, une épave errant la nuit dans le cimetière ou s'introduisant dans les demeures .

Autant la première période où il raconte les histoires avec son grand-père horloger et les ballades dans la nature avec lui ou sa fille est plaisante autant les descriptions sous l'emprise des différentes substances m'ont dérangée, mais tout ceci n'est que mon ressenti !
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Un couple perd sa fille unique, écrasée par une voiture. Comme c'est malheureusement souvent le cas, le couple se délite. La femme part, l'homme ne la retient pas. C''est alors la descente aux enfers pour le père, Charlie, qui tombe dans la drogue et l'alcool, qui le pousse jusqu'à s'introduire chez ses voisins pour leur voler leurs médicaments.

Malgré le sujet tristeent banal, on lit ce livre d'un bout à l'autre. L'intéret tient à la ville d'Enon, lieu du récit, et des descriptions émouvantes du bonheur passé. Charlie arrive t-il à s'en sortir ? Et comment ? Nous le saurons dans le dernier chapitre, pour cela on va jusqu'au bout

Après les Foudroyés (prix Pulitzer 2010), Paul Harding signe un roman incandescent vibrant d'émotions et d'une infirme cruauté,comme la vie..
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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"La plupart des hommes de ma famille font de leurs épouses des veuves, et de leurs enfants des orphelins. Je suis l'exception. Ma fille unique, Kate, est morte renversée par une voiture alors qu'elle rentrait de la plage à bicyclette, un après-midi de septembre, il y a un an. Elle avait 13 ans. Ma femme Susan et moi nous sommes séparés peu de temps après".

Les six premières lignes du texte. Tout est dit. Charlie a perdu sa fille unique. Charlie a perdu sa femme. Charlie a perdu pied. Totalement.

Le Charlie, on a souvent envie de lui botter le cul, de lui dire qu'il n'est pas le premier à qui ça arrive et qu'il ne sera malheureusement pas le dernier. On a aussi envie de lui dire que c'est un peu facile de se laisser couler de la sorte plutôt que d'affronter la réalité en face. Mais ce que j'aime chez Paul Harding c'est qu'il ne saute pas à la gorge de son lecteur en hurlant « regarde et pleure ! » comme tant d'autres savent si bien le faire. Il dessine l'indicible par petites touches, il bifurque, il vagabonde sur des chemins de traverse, perd le fil de son récit pour plonger dans les souvenirs d'enfance de son personnage ou exposer l'histoire de la ville d'Enon et sa toponymie. Et sans crier gare il revient au quotidien de Charlie et nous immerge à nouveau dans son terrible voyage aux confins de la déchéance et de la folie. J'adore ce choix narratif plein de liberté, une manière de dire au lecteur « qui m'aime me suive, et tant pis si j'en perds en route ». Et puis il peut se le permettre parce qu'il écrit magnifiquement bien.

Un roman d'une beauté tragique, un roman anti « feel good » par excellence. Tout ce que j'aime, quoi.

Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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critiques presse (1)
LaLibreBelgique
30 septembre 2014
Dans "Enon", Paul Harding met en scène un père inconsolable après la mort de son enfant. Une dégringolade jusqu’aux limites de la folie, illuminée par une plume enchanteresse.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Le public, en regardant le mari, l'acteur qui joue le mari, l'acteur qui joue le mari qui s'efforce de dire les mots justes, comme s'il essayait d'inventer ses propres répliques, comme s'il s'échinait à trouver ses mots à lui, comprend peu à peu, même si la femme ne lui répond pas, que les vêtements qu'elle trie sont les siens et sont destinés à rejoindre la valise qu'elle fait, ou qu'elle envisage de faire, pour retourner dans sa famille. Le public sait déjà qu'elle va partir, et certains savent déjà, ou se doutent, qu'elle ne reviendra pas, mais le mari et la femme doivent jouer la scène jusqu'au bout, bien entendu.

[p37]
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Un son retentit, inaudible à aucune oreille humaine, provenant d’un endroit invisible à aucun œil humain, du plus profond de la terre mais aussi du plus profond du ciel et de l’eau et de l’intérieur des arbres et de l’intérieur des pierres. Ce son est une voix, issu des profondeurs de la gorge du monde. Ce son est une note, d’une tessiture si basse qu’elle ne peut être entendue, mais elle trouble bon nombre des habitants du village dans leur sommeil. C’est une note tirée d’une chanson dont la forme est trop vaste pour être jamais connaissable. Elle englobe et exprime tout ce qui est humain mais elle-même n’est pas loyale à l’humain, seulement à ce qui est latent en l’humain.
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"J'étais profondément, viscéralement attaché à l'idée que la vie n'est pas quelque chose que nous sommes contraints d'endurer mais plutôt quelque chose à quoi nous sommes privilégiés d'avoir été autorisés à participer."
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C’était une nuit sans lune et le ciel était encombré de nuages si épais que l’obscurité qu’ils produisaient les rendaient eux-mêmes invisibles. Ils étaient si bas que je devais avancer voûté pour ne pas m’y fendre le crâne. Mon esprit brasillait de mensonges exaltés. Je ne peux accepter ce don qui m’est fait d’être moi-même, me disais-je, moi-même en tant que don, le don d’être ma propre personnes, le don d’avoir cet esprit qui ne s’arrête jamais de brûler, qui se trahit et se consume et s’immole et croit à ses propres mensonges et s’étrangle sur la vérité brute.
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Ce livre décrit la descente aux enfers d'un père dont la fille de 14 ans vient de mourir percutée par une voiture lors d'une balade à vélo. Le couple battait de l'aile. Lui travaillait à son compte comme jardinier. La femme quitte le domicile et il se retrouve seul à pleurer sa fille. Après s'être explosé la main en tapant dans un mur, il use et abuse de médicaments anti-douleur mélangés à l'alcool et devient vraiment accroc. Il sombre totalement. Délires éveillés. L'auteur nous décrit avec force détails tant la déchéance que ses cauchemars.
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