La croyance populaire veut que, dans l’histoire de la tour de Babel, son effondrement ait été un véritable malheur. Que ce soit l’égarement, ou le poids des langues innombrables, qui ait précipité la chute de sa structure. Qu’une unique langue monolithique aurait accéléré sa construction et permis d’atteindre le paradis. Le paradis de qui ? se demande-t-elle. Et quelle sorte de paradis ? Peut-être était-il prématuré, un peu hâtif, de vouloir atteindre le paradis, alors que personne ne prenait le temps de comprendre d’autres langues, d’autres points de vue, d’autres récits. Si quelqu’un l’avait fait, il aurait peut-être découvert ce paradis imaginé à ses pieds. Un paradis compliqué, exigeant certes, mais un paradis synonyme de vie, non d’après-vie.
Le langage sexiste, le langage raciste, le langage théiste — tous ces langages propres au maintien de l'ordre et à la domination — ne permettent pas, interdisent même, l'acquisition de connaissances et l'échange d'idées.
Nous mourons. C'est peut-être le sens de la vie. Mais nous créons la langue. Et c'est peut-être la mesure de nos vies.
Vendredi 18 septembre 2020 / 9 h 45
Jean Guiloineau part sur les traces des petits cailloux semés par Geneviève Brisac et qui font écho ou référence à l'oeuvre de Virginia Woolf.
Lectures par Anne Mulpas, poète, performeuse et artiste multimédia.
Directeur de la revue Siècle 21, Littérature & société. Jean Guiloineau est aussi traducteur : Nelson Mandela, Toni Morrison, Nadine Gordimer, André Brink, etc.